Craving | ft. Nyméria

cela faisait maintenant plusieurs jours que la louve se sentait terriblement seule. Ni même les pains de Sakura, ni même le réconfort d'Anita n'arrivait à lui arracher un sourire franc. Toujours un coin de ses lèvres qui tremble un peu, mais rarement, voire jamais, quelque chose de plus.

Son meilleur ami n'était plus.
Son amant, son ami d'enfance, son pilier.

Alors elle menait un train-train un peu vide, se détachant de la louve ailée qui vaquait à ses occupations avec ses gentils bambins, ses rondes à répétition en évitant toujours soigneusement la direction de la Sylve. Maps avait préféré s'isoler, faire son deuil à sa manière, aller prier de temps à autre pour Iris afin qu'il puisse être en paix auprès d'Aka. Il devait être heureux, maintenant.

Cependant, elle n'avait jamais vraiment manqué ses rendez-vous avec Nyméria à la Lagune. Ca lui faisait du bien tout de même de voir une tête qu'elle ne voyait pas tout le temps, juste occasionnellement, pour des moments très doux et là aussi souvent sages. Et aujourd'hui n'échappera pas à la règle, ayant demandé congé pour la soirée et indiquant où elle se rendait. Elle ne se cachait pas spécialement de ce jeu.

Dans sa gueule, un petit sac portant accessoires et mets pour grignoter, des baies, fraises sauvages, quelques os à ronger. Tout pour se mettre à l'aise et pouvoir porter son attention sur autre chose. Ses chaleurs allégeaient un peu tout ça, reprenant doucement confiance en elle à certains moments et notamment en face des autres.
Le reste du temps, elle n'était qu'une ombre.

Le soleil était encore bien haut, commençant seulement à descendre. Une fois le cocon de ce soir installé, ses yeux bleus fixent l'astre chaud avant d'entendre un buisson bouger non loin.

Un grand sourire chaleureux accompagne ce petit coup de museau sur son épaule. Si bien elle était intime avec Nyméria, iel restait principalement un.e grand.e inconnu.e aux grands mots doux et charmeurs. Et il lui semblait, à Maps, que ça lui convenait. Des instants de légèreté sans se prendre la tête à savoir quel mot utiliser pour ne pas froisser, ne pas offusquer, et à qui elle n'avait pas à raconter ses journées banales et dénuées de sens.

D'ailleurs, malgré sa peine, iel n'était pas au courant que son amante avait perdu son meilleur ami.
Iel ne serait jamais mis.e au courant.

La louve accepte le bouquet de roses, de sublimes fleurs aux différentes teintes bien que ce soit subtil. Elle y enfouit son nez pour les sentir délicatement, et son air malicieux lui revient.

- Moiro serait bien froissée de t'entendre dire ça.

Sa queue remue en balayant le sable, et s'assied pour se remettre au niveau de la créature sombre. Iel s'était paré.e de ses plus beaux bijoux, sentait la rose, s'était fait.e parfait.e. L'Etelkru s'en flatte, que quelqu'un se prépare ainsi rien que pour elle. Ses yeux fendus se posent sur le pot présenté.

- Mh, j'en ai pas souvenir, non.

Dans le Nord, elle y avait surtout beaucoup flâné sans s'autoriser à s'accaparer les biens de là-bas. Sa meute lui manquait, et elle était encore rongée par la colère.

- Ca ira bien avec ce que j'ai apporté.

Et avec un petit clin d'oeil taquin, elle ouvre le petit baluchon rempli de fruits rouges en tout genre.

Elle rit doucement, appréciant la légèreté des échanges. Pas de prise de tête, pas besoin de réfléchir à quels mots utiliser pour ne pas faire un pas de travers qui pourrait réduire à néant cette bonne soirée en perspective. Sa question la laisse pensive, ses yeux roulés vers l'arrière.

Un sourire malicieux et timide à sa remarque, qu'elle accuse bonne réception d'un regard envoûtant, une douceur assurée et un brin de jeu.

- Eh bien ... Je dirais, les framboises. Les épines de leurs ronces les rendent difficiles d'accès. C'est tout un art de les cueillir.

D'ailleurs, elle en attrape une dans le petit panier, et la porte à niveau de tête de Nyméria, sa tête toujours en quête de quoi rebondir.

- Peut-être que ce miel doré sera aussi doux que ton regard.

Un effort pour parler plus doucement, sur le ton d'une confidence et plus enjôleuse.
Il fallait qu'elle arrive à penser à autre chose. Il n'y avait pas d'autre choix possible. Et elle comptait sur le flegme de lae Nakhu pour s'en imprégner et passer, enfin, un bon moment. Elle se sentait déjà un peu moins à vif, à vrai dire.