▬ VANITAS
4 ans et 4 mois
Ces derniers temps, Vanitas n'est pas d'excellente humeur. La perte d'un être proche est de base un évènement peu réjouissant, et chez leur petite famille, cela avait plus eu tendance à les rendre un peu tendus que dépressifs et mous. Le jeune loup, dont les traits deviennent de plus en plus marqués par la maturité physique, se retrouve l'esprit préoccupé de questions peu amusantes, bien moins oisives que celles à laquelles il a été habitué jusque-là. Il lui faut reprendre leur conquête, l'avènement de l'ombre sur ces terres, lui, le Prince, futur Roi.
Leurs travaux avancent, mais lentement, se rend-t-il compte depuis qu'il suit avec plus d'attention les actions de leur groupe. La Chapelle est en construction ; enfin ils posséderont une terre impie, marquée de leurs maléfices, capable d'ensemencer des horreurs au fond de la Sylve, et en souiller le sol pour des millénaires. Il était temps de bâtir. Bâtir pour mieux
détruire.
Par ailleurs, pris dans ses plans et l'organisation, même en se retrouvant plus occupé que d'habitude, il a pourtant découvert depuis la mort d'Emilitia une nouvelle facette de lui-même...un manque, une faim, qu'il avait pourtant toujours ressentie quelque part au fond, mais se faisant aujourd'hui plus entêtante. Comme un vide intérieur, quelque chose de dévorant, lui donnant une perpétuelle envie de casser des choses, ou y planter ses crocs.
Aujourd'hui, il plane au-dessus d'une partie de la Sylve, pour aller rejoindre son père où qu'il ait pu aller se terrer. Un autre avantage de leur future Chapelle ;
enfin ne plus avoir à chercher son père perdu dans ses phases de démence. Il se promet qu'une fois restaurée, il l'y
attacherait.
Soudain quelque chose attire son attention. Tissée au fil des années de fils invisibles de flux démoniaques, la Sylve lui murmurait désormais contre son gré lorsque quelque chose d'inhabituel y erre. Cela ne l'aide pas particulièrement à chasser, les flux d'énergie étant capricieux, mais une subtile perturbation le pousse à s'arrêter dans les hautes branches d'un arbre. Il cherche un peu, avant de remarquer une fourrure claire en contrebas. Son coeur s'excite brièvement d'un battement, mais son museau se déforme tout aussi vite d'une grimace de dégoût en constatant que la carrure n'a rien à voir avec celle de Wymond, même si la teinte caramel est présente. Un
intru. Dans
leur forêt. L'était-elle légalement, la leur, peu de personnes l'approuveraient certainement ; mais depuis quand les démons vivaient dans une quelconque légalité.
Il se pose au sol non loin derrière elle, repliant ses ailes d'ombres avant qu'elles ne disparaissent dans une volute de fumée.
« Ahem, » lâche-t-il sardoniquement.
De plus près, il avise désormais l'épée, et les jolis cristaux brillants sur la tête de, semble-t-il, la demoiselle. Sa faim de chaos est attisée, et il pondère s'il a envie de les lui dérober en attendant sa réaction.