Les Souvenirs du Dragon Bleu

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Rien n'est éternel. Encore moins les souvenirs matériels d'un Combat. Tu aurais voulu pouvoir exposer ce cuir et cette corne de Dragon dans l’Église. En faire un mémorial. Mais il te semble que l'ancien lieu de culte est encore en travaux.

Tu as donc songé à la conservation. Les Terres Nakhus offrent naturellement un climat propice à ton désir. C'est dans la Grotte aux Cristaux que tu seras le plus à l'aise pour travailler. Un lieu où l'humidité et la température restent constantes. Pratique pour éviter une détérioration de tes ingrédients.

C'est caché derrière ce mur végétal et éclairé par des cristaux que tu déballes ton premier objet.

Tu commences par la Corne de Dragon. Des sentiments contradictoire t'envahissent à sa vue. Des flashs de l'affrontement. Tu les laisses refluer.

Tu dois débuter par racler toutes les traces de peau, de chair ou d'écailles. Il faut que la base de la corne soit propre et dénuée de matière organique. Sinon, elle pourrira. Un silex fait l'affaire. Il faut simplement bien doser ta force pour ne pas érafler ton objet. Tu n'hésites pas à creuser légèrement l'intérieur pour avoir quelque chose de sain.

Ensuite, tu passes au nettoyage. Tu as lu qu'une eau savonneuse permet d'enlever les tâches, le gras, les bactéries. Tu ne peux pas te permettre d'utiliser n'importe quelle plante. Car une corne peut très rapidement être souillée définitivement par une couleur trop vive ou des tanins. Tu as alors fait un petit tour du côté sud du continent pour récolter de la Saponaire. Une fleur adaptée aux peaux et aux objets délicats.

Tu découpes ta récolte en morceaux que tu disposes dans un bol. Tu ajoutes de l'eau de pluie. Tu remues le tout jusqu'à l'apparition d'une mousse blanche. C'est elle qui t'intéresse. C'est elle qui possède les propriétés nettoyantes. Tu la sépares du reste.

A petite touche, tu appliques de la mousse sur la corne et tu frottes doucement avec. Comme ce matériau n'apprécie pas de rester humide trop longtemps, tu t'empresses de sécher la zone traitée à l'aide d'un tissu. Et tu répètes ce traitement sur la globalité de la Corne.

Une fois bien débarrassée de tous ses résidus, il ne te reste plus qu'à la protéger avec de l'huile. Avec le magnifique Jardin que possèdent les Nakhus, ce ne sont pas les plantes à huile qui manquent. L'huile de lin que tu utilises pour protéger ton Armure de Mosasaure conviendra parfaitement. Peut être même que tu vas en profiter pour en mettre un coup sur ton armure, tiens.

A l'aide d'un bâton à l'extrémité poilu, ton pinceau, tu imprègnes la corne d'huile. Tu enlèves le surplus à l'aide d'un chiffon.

Tu fais un peu de rangement en attendant qu'elle sèche. Tu n'auras pas besoin de tout çà pour le Cuir du Dragon. Tu as un autre objectif prévu pour lui.

Tu termines ta conservation en enveloppant la Corne dans un emballage en cire d'abeille. Une enveloppe naturelle et antibactérienne, grâce à du coton et du chanvre recouvert de cire et de résine. Une fabrication artisanale assez simple. Et très pratique.

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Maintenant, tu peux t'occuper du plus compliqué : le morceau d'aile.

Malheureusement, la peau ne peut se conserver à vie. Tu sais qu'elle finira par pourrir. Tu ne veux pas de çà. Tu vas être obligé de la travailler. De la transformer. Mais en quoi ?

Tu as longuement examiné ce cuir sous toutes les coutures. Tu t'es interrogé sur ses propriétés. Tu as cherché une idée qui collerait avec la symbolique qui te tient tant à cœur. Le drapeau blanc. Qui repousse la guerre. Tu as parcouru à de nombreuses reprises les rayons de la Bibliothèque. Tu as couru à droite et à gauche pour rassembler du matériel.

La seule option raisonnable pour éviter un gâchis est de mettre en avant sa solidité naturelle. Tu te souviens parfaitement qu'il a été difficile de trouer ses ailes. Elles doivent être aussi résistantes que la toile d'une Araignée à son niveau. Et comment peut te servir cette particularité ?

Tu as songé aux ailes d'un moulin. Mais celui-ci n'a jamais vu le jour. Et si ce projet complexe aboutit, le cuir sera sûrement devenu poussière.

C'est maintenant que tu dois le sublimer. Sans attendre.

Alors, tu passes à l'action.

Première étape: le tannage. Il en existe de plusieurs sortes. Mais comme tu n'es pas un expert, tu comptes faire comme Maman. Tu as retrouvé quelques notes écrites de sa patte.

Le tannage végétal nécessite de laisser tremper la peau dans une eau mélangée avec une matière astringente. L'eau, ce n'est pas un problème. Il y a un ruisseau qui court librement dans la vallée. Il te suffit de trouver un récipient assez grand. Comme un seau par exemple.

La matière astringente t'a demandé plus d'effort. Il a fallu que tu cherches la définition et trouver quelque chose qui corresponde.

Tu as fini par comprendre. Tu sors de ta sacoche de grosses poignées d'écorces fraiches du matin. De trois espèces différentes pour accentuer le tan et accélérer le processus. Chêne, Châtaignier et Mimosa s'uniront dans cette tâche.

Çà te fait toujours un peu bizarre de dénuder les arbres ainsi. Parfois, tu te demandes si cela leur procure de la souffrance ? Tu chasses cette pensée parasite de ta tête. Tu auras tout le temps d'y méditer pendant le temps nécessaire au tannage.

D'abord, tu dois broyer les écorces en une poudre aussi fine que possible. Tu verses une partie des écorces dans un récipient. Tu les écrases avec un pilon. Tu ajoutes progressivement le restant d'écorce. Tu préfères faire trop de poudre que pas assez.

Une fois ta poudre obtenue, tu vas remplir un seau emprunté au Jardin. A cette eau glacée, tu ajoutes tes écorces broyées. Tu remues le tout, un peu hésitant sur le dosage.

Tu déroules le cuir de dragon avant de le plonger dans le seau. Tu l'immerges complètement.

Tu n'as plus qu'à revenir demain pour découvrir si ton tannage a eu les effets escomptés.


[3 Dés Réussite ING + 1 de Spé pour le Tannage]

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Le lendemain, tu retournes à la Grotte aux Cristaux. Tu te penches au-dessus du seau. L'une de tes pattes attrape la peau et la remonte. Tu vérifies sa texture. Tu la tâtes. Tu l'observes.

Ça n'a pas fonctionné. Le cuir est dans le même état que la veille. Il va falloir que tu changes de méthode. Tu te replonges dans les livres évoquant le tannage. Puisque le tannage végétal n'a pas marché, tu vas essayer le tannage minéral.

Tu vas rincer ta peau et ton seau au ruisseau. Tu reviens avec de l'eau fraîche et pure. Tu déposes le tout dans un coin.

Tu pars ensuite à la recherche des minerais décrits dans ton bouquin.

Pour le Sulfate de fer, comme çà parle de mine, tu penses directement à Mossie. C'est vers la Forgeronne que tu vas quémander de l'aide. Tu es prêt à troquer ce qu'elle souhaite. Un repas, un soin, une dette. Vous finissez rapidement par vous mettre d'accord sur un échange équitable.

Pour le Zirconium, il te faut te rendre près de l'océan. C'est dans les alluvions que tu guettes la présence du zircon. Çà te prend bien une bonne journée de recherche.

Enfin, tu reviens à la grotte avec tes minerai vert et gris. Il est plus compliqué de les transformer en sel. Tu n'es pas le plus fort des Nakhus. Mais à force d'agacement, ta Corneille Indigo se réveille. C'est sous la forme d'une Panthère que tu obtiens la qualité physique qu'il te manque. Un gros chat qui joue à briser des cailloux. Cibles ridicules de sa colère.

Et quand tu reviens à toi, tu es exténué. Comme tu n'as toujours pas compris que cette fatigue et absence sont dues à l'utilisation de ton pouvoir, tu es étonné de retrouver le Sulfate de Fer et le Zirconium réduits en poudre. Bon, il y a pas mal de bordel aussi. Des choses renversées comme ton seau que tu dois aller remplir une troisième fois.

Bref. Tu ajoutes tes sels dans ton seau. Et tu fais couler le cuir dedans.

Plus qu'à croiser les doigts pour que le tannage minéral soit plus efficace que le tannage végétal.

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Te voilà à l'aube du troisième jour. Tu te penches vers le fameux seau. Tu refais comme la dernière fois. Tu attrapes la peau pour l'examiner. Et cette fois-ci, c'est un sourire victorieux qui éclaire furtivement tes babines. La Peau est devenu Cuir. Imputrescible et souple. C'est surtout ce dernier paramètre que tu testes. Tu l'étires et la roule en boule. Oui, elle semble suffisamment maniable et élastique pour le rôle que tu comptes lui attribuer.

Tu vas vider ton seau et le rendre aux jardiniers. Quant à la peau, tu l'étends au-dessus d'un feu pour la faire sécher plus vite. En attendant, tu t'attaques à la partie qui va accueillir le souvenir du Dragon Bleu.

Tu as décidé de faire un Tambour. Un tambour de paix. Un instrument, qui par son son, ferait fuir les créatures et éviterait ainsi les combats inutiles. C'est ce que tu as imaginé dans ta douce rêverie et volonté d'honorer l'adversaire reptilien massacré.

Tu penses que cette peau est magique car son propriétaire était une créature extraordinaire et dotée de pouvoir de foudre effrayant. Peut être qu'en tapant dessus, tu pourrais produire un bruit de tonnerre ? La plupart des êtres vivants se terrent en entendant ce bruit. Du moins, c'est ce qu'il t'a semblé comprendre. Toi, tu n'as jamais entendu un orage tonner.

Tu as porté ton choix sur le bois d'If. Parce que c'est un bois très dur et solide. Parce qu'il symbolise l'éternité et la continuité des cycles de vie. Parce que ses fleurs désignent la tristesse terrestre. Tellement de choses qui te parlent.

Alors, c'est parti pour la seconde étape : le travail du bois.

Tu as eu besoin d'un gabarit. D'un cercle de fer sur lequel te baser. Il a fallu d'abord estimer son diamètre en fonction de la quantité de peau que tu disposes. Tu ne souhaites pas non plus un instrument trop lourd ou encombrant.

Une fois cette pièce métallique définie et empruntée, tu peux t'occuper à l'entourer d'un collier de bois d'if. Pour cela, tu as agis comme avec tes flèches. Tu as utilisé le pouvoir de la chaleur d'un feu pour tordre progressivement le bois. Jusqu'à obtenir la forme arrondie. Tu n'as alors plus besoin de ton gabarit.

Comme c'est une récolte naturelle, tu dois le poncer pour donner un côté lisse à ton support. Et surtout enlever les échardes qui pourraient abîmer le cuir.

[2 Dés Réussite Dextérité + 1 de Spé pour le Travail du bois]

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Une fois que tes coussinets peuvent passer dessus s'en accrocher, tu lèves la tête vers ta peau. Tu vérifies qu'elle soit bien sèche. Oui.

Tu peux passer à la dernière étape : le montage.

Tu la décroches pour l'étaler au sol et poser ton cercle de bois dessus. Tu rabats les pans de peau à l'intérieur du cercle. Tu places le cuir uniformément et bien tendu. Tu découpes ensuite tout ce qui est excédent.

Tu prends soin de laisser un à deux centimètres de trop. Cela te sera utile pour percer et accrocher les liens.

Tu récupères les chutes de peau. C'est avec elles que tu vas faire les liens. Tu les étires avant de les découper en fines lamelles. Tu essaies de les faire de la même longueur.

Tu retournes ensuite près de ton tambour en cours de construction. Tu attrapes le premier rabat et tu le perces à l'aide d'un aiguille chauffée à blanc. Tu veux des trous nets et propres.

Tu prends le rabat opposé et tu le troues lui aussi de la même manière. Tu passes alors l'une de tes lamelle de cuir dans ces deux trous. Tu fais un nœud à l'une des extrémités. Tu tends biens la peau avant de nouer l'autre. Et un lien de fait !

Tu reproduis ce gestes pour tous les rabats. Et au fur et à mesure de la mise en place de tes liens, ta peau se tend de plus en plus. Jusqu'à former un soleil d'un côté. Et une surface bien lisse de l'autre. Qui appelle presque à la percussion.

Mais tu n'as pas terminé. Tu dois encore nourrir ta création avec de l'huile de Lin.

Une fois nourri et sec, tu retournes ton tambour maison. Il te reste une petite chose à inscrire.

Sur ces parties en bois où il n'y a pas de rabat de peau, tu graves la quinzième lettre de l'alphabet runique du Futhard. Algiz. L'Elan. Ou le Roseau. Protection et connexion spirituelle.

Voilà. Là, ton Instrument est complet. Tu peux te permettre de souffler tout en admirant ce qui est sorti de tes pattes et de ton imagination. C'est ta façon à toi d'honorer la mémoire du Dragon Bleu. Tu iras en jouer dans les Terres Sombres, près de ses ossements que tu as végétalisé avec ton Frère.

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Une patte hésitante vient tapoter dessus. Mais il ne se passe rien d'extraordinaire. Pourtant, tu le sens au fond de toi. Cette énergie, ce grésillement qui suinte de ton nouveau Tambour. De la Magie pure. Çà créerait presque une certaine appréhension à en jouer. Mais tu es un être bon. Rien de maléfique ne peut être fabriqué par quelqu'un de gentil, non ?

Douce utopie. Tu ignores encore la partie sauvage de cette Corneille qui illumine ton avant-bras. Cette face sombre qui a bien failli violenter ton propre Frère. Ta Dualité qui peut enfin s'exprimer concrètement via le Pouvoir qui t'a été offert.

Tu chasses tes doutes d'un mouvement du museau. Il te manque quelque chose. L'utilisation de l''Alphabet et des Runes.Tu n'as pas encore le savoir nécessaire. L'aboutissement du Tambour du Dragon Bleu n'est pas pour aujourd’hui. Mais pour bientôt. Car tu n'abandonnes jamais un projet.

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