Mon amour (Umaima)

C'était une journée calme, qu'elle passait à nettoyer les chemins de son cimetière. Il y avait eu beaucoup de vents la veille, et elle avait donc ramassé pas mal de branches et de cailloux dans les allées. Déposant finalement son balai, elle décida de prendre une pause. La sueur plein le front, elle avait un tissu afin de s'essuyer. Elle remarquait qu'elle commençait à se fatiguer plus rapidement, signe que l'âge commençait à la rattraper...

C'est là qu'elle entendit un sifflement distinct, un bruit de loutre. Cela ne voulait dire qu'une chose, et la croque-mort s'empressa de suivre le son, un sourire à la gueule. À la vue du familier de son compagnon, son cœur battait un peu plus vite. Prenant la bouteille qu'il tenait entre les pattes, elle ouvrit la lettre sans plus attendre, ses yeux bicolore allant de gauche à droite.

C'était une lettre magnifiquement écrite, qui la fit rougir comme jamais. Regardant autour d'elle - comme si le cimetière était un lieu occupée, elle se remit à lire son texte, encore et encore, sans gêne cette fois-ci. Il fallait qu'elle se prépare de ce pas ! Un bain à la rose, ainsi qu'un maquillage digne de cette soirée qui s'annonçait merveilleuse. Peut-être une huile à massage aussi ? Et une couverture, s'ils décidaient de dormir à la belle étoile...

***

C'est donc avec une sacoche à l'épaule, ses poils parfaitement brossés et une odeur de fleurs qu'Uma arriva au lieu du rendez-vous. Prête à se donner entière à son capitaine, et à recevoir de ses nouvelles. Elle regarda partout, cherchant son amoureux.

Le voilà qui arrivait vers elle, et la croque-mort ne pu s'empêcher de courir vers lui aussi.

Elle rit de bon cœur, se laissant aimer. Alors qu'il se sépare d'elle pour lui adresser la parole, elle soupire, déjà en manque de ses lèches. Il n'y avait pas de mots pour décrire ce qu'elle ressentait en ce moment. Un mélange de désir, de joie, de nostalgie, de fierté... il était à elle, et elle était à lui.

« Oh, mon Capitaine... »

Elle regarde son installation, la couverture, la nourriture, l'alcool, les jeux - les bijoux ! Elle s'installe sur la couette, le regardant avec des yeux sombres de désir.

« Qu'ai-je fais pour mériter tout cela ? »

Elle repositionna sa coiffe - ses perles surtout, laissant le tissu transparent habiller sa fourrure blanche. Elle espérait que ce nouvel accesoire lui plaisait autant qu'à elle. La louve se voulait désirable en tout temps, et ce, malgré le temps qui passait.

Ce mâle savait les bons mots, et ne pu s'empêcher de rougir de plaisir.

Elle reprit un air sérieux cependant, écoutant avec attention ses dires.

« Pourquoi ai-je l'impression que c'est un au revoir que tu me fais ? »

S'il y avait une seule chose qui pouvait bien les séparer, c'était la mort. Et elle pouvait le voir dans son regard, que le temps commençait à lui manquer. Ses traits qui se faisaient plus sévère, ses mouvements moins vifs. La louve ne pouvait pas comprendre comment le temps avait passé si vite et si lentement à la fois... ils étaient à présent grand-parents même ! Par adoption certes, mais c'était tout de même une génération supplémentaire qui avait bourgeonné sur l'arbre de la vie...

Elle prit une gorgée de sa boisson, et regarda son compagnon remplir sa coupe de nouveau. Était il... nerveux par hasard ?

Sa patte se promenait sur son torse, avant de lui faire une petite tape sur le museau.

« Tu ne vas pas me quitter si facilement, et pas de sitôt ! »

Elle lui tira la langue.

Elle lui fait signe qu'elle voulait un autre verre aussi.

« D'accord, d'accord. Ah Chima... »

Elle le regarde encore intensément, comme si ce n'était déjà pas le cas depuis tout à l'heure. Ses yeux de reptiles, ses dreads tout en désordre. Il allait avoir encore besoin qu'elle lui rafraichisse la chevelure. C'était un très long processus, mais elle savait qu'il adorait se faire jouer dans les cheveux par sa douce, parfois même s'endormant en plein milieu. La croque-mort devient silencieuse pendant un moment, regardant sa coupe d'alcool avec sérieux.

« ... Et si, pour finir mes beaux jours, je décidais d'aller vivre sur Morne-Œil ? »

Elle ne voulait pas lui donner faux espoir, mais maintenant que c'était dit haut et fort, son espoir allait peut-être exploser d'impatience. Ce qu'elle venait d'annoncer était loin d'être pour tout de suite - son cimetière était le travail de sa vie, et elle n'avait même pas encore de digne héritier... avait elle laissé échappé ce désir trop tôt ?

Elle se mordit la langue, finissant sa deuxième coupe.