Coups de couteau || Pv. Illa

Invité

Aendil n'avait pas dormi de la nuit.
D'une part, par ce qu'il n'était pas encore totalement rétabli de sa maladie, liée aux retrouvailles avec son cher et regretté oeil gauche mais aussi, et surtout, par ce qu'il n'était pas en paix avec lui même. Le soucis le plus important, c'était Ska. Il n'avait pas croisé son môme depuis un moment et ne savait, par conséquent, pas comment se portaient ses blessures. Taormine lui avait dit qu'il se rétablissait petit à petit, qu'il avait retrouvé l'appétit et gambaderait bientôt dans des champs de fleurs. Mais malgré ces affirmations, Aendil ne parvenait pas à se détendre totalement. Il craignait que les brûlures s'infectent et que son môme souffre. Tout comme il devait souffrir de se trouver privé de ces longues promenades qu'il affectionnait tant.

La seconde raison, c'était Illa. En temps normal, il n'aurait eu aucun scrupule à râler à son propos et à lui balancer ses quatre vérités. Sauf que, voilà, elle avait quand même sauvé Ska de maux bien pires et qu'elle n'était, contrairement à lui, pas une connasse égoïste. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il s'était promis d'être doux. Dans la limite du possible. Si ça n'avait pas été, de son avis, absolument nécessaire, il aurait même renoncé à aborder ce sujet avec elle. Par peur de la vexer et par ce qu'il estimait Caïn. Mais il en allait de la sécurité de la meute.
Il inspira profondément et s'arrêta à l'entrée de la tanière qu'elle partageait avec ses louveteaux.

▬ Illa, je dois te parler... Est-ce-que tu as un instant ?

Il avait du mal à cacher sa nervosité.

▬ T'inquiètes pas pour tes gamins, Taormine viendra les surveiller. Mais j'aimerais qu'on discute seul à seul. C'est important.

Par ce que Aendil -et moi aussi du coup vu que c'est ma PNJ- avait cette fâcheuse tendance à exploiter sa sœur, déjà pas mal débordée par tous les soins qu'elle avait à donner à gauche et à droite, pour lui rendre service.
D'un signe de tête, il incita Illa à le suivre dans un coin un peu plus reculé du Squat.

Sujet: Re: Coups de couteau || Pv. Illa Dim 24 Jan 2016, 02:15

ιℓℓα

Une fois n'était pas coutume, Illa se détendait quelques secondes.
Elle soupira alors que Pensée et Isiah capahutaient alors que Tweet dormait paisiblement dans un coin de mousse. La seule femelle de la bande de trois avait une grande envie de dévorer l'oreille de son frère à bouclette. Comme Isiah ne poussait aucun râle de douleur ou autre couinement du même registre, Illa laissait donc faire les jeux des jeunes. Elle passait quand même un regard de temps en temps histoire de surveiller que rien ne tourne au sang. Il ne faudrait pas que ces moments leur laisse des cicatrices, ils étaient encore trop petits pour s'en faire. On arborait les cicatrices bien qu'avec l'âge, comme elle ou leur père Caïn ainsi que quelques autres de la meute Brethen.

Au devant une silhouette se dessina, troublant la période de quiétude de bon matin où tout le monde n'était pas encore éveillé. Sauf les petits garnements évidemment, qui avaient pour passion de sauter sur les ventres de leurs parents encore à moitié ensommeillés en s'époumonant pour avoir à manger ou jouer. Les enfants, après tout, n'avaient pas la même horloge biologique que leurs géniteurs, parfois au grand regret de ceux-ci. Illa en faisait partie et ses mômes faisaient office de réveil-matin, pleins d'énergie. Ils étaient une ressource inépuisable de bêtises et de frayeurs mineures auquel on ne s'attendait pas. En attendant, le loup venu la quérir se tenait là et la héla.
Aendil.

─ Illa, je dois te parler... Est-ce-que tu as un instant ? T'inquiètes pas pour tes gamins, Taormine viendra les surveiller. Mais j'aimerais qu'on discute seul à seul. C'est important.
fit donc l'ex Conseiller.

Il était nerveux, elle eu une pointe d'anxiété rien qu'à le regarder.
Elle sentit son cœur accélérer légèrement dans sa cage thoracique et une petite sueur froide la prendre. Rien de bien grave, mais assez pour l'alerter : Aendil était mauvais comédien. Et il ne venait pas la voir pour lui demander de l'aide, ça elle en était certaine. Cependant, pour rester cordiale et la plus polie possible, elle suivit son invitation à le suivre suite à son signe de tête. Elle laissa donc sa progéniture à contre-cœur et laissa ses pattes la guider à la suite du loup blanc.
La mine un peu antipathique et ses semblant de sourcils froncés, elle agitait la queue nerveusement, comme un chat inquiet. Son poil était légèrement gonflé aussi au niveau de l'échine, elle ne s'attendait à rien de plaisant, sûrement même à quelque chose de dérangeant, vu l'attitude du mâle et tout son langage corporel involontaire. Elle n'était pas bête.
Elle décida qu'elle irait donc droit au but.

─ Quel est le problème ? Car il y en a un, n'est-ce pas ? lança t-elle, clairement sur la défensive.

Elle se souvenait très bien de son comportement, lord du changement de Conseillers. Elle avait été triste à ce moment là pour lui. Elle avait été interpellée lors-ce qu'ils avaient tous retrouvé Ska et lui échoués aux Dolmens, dans un sale état. Elle avait soigné Ska même ce jours là. Et elle espérait bien qu'Aendil en tiendrait compte pour lui parler.
Parce qu'elle ne sentait pas cette discussion, mais alors vraiment, vraiment pas.

Invité

Ça ne sentait pas bon.
Illa semblait de mauvaise humeur. Par ce qu'elle était dérangée ou par ce qu'elle avait deviné, à son expression, que quelque chose n'allait pas ? Peut-être pour les deux cas. Ca n'avait pas tellement d'importance puisqu'il ne pouvait pas y remédier dans l'immédiat. Les dés étaient jetés et il allait devoir assumer. Lorsqu'ils regagnèrent le couloir, il héla sa sœur Taormine qui s'y trouvait et lui demanda de faire ce qu'il avait promis à Illa. La jeune louve blanche exécuta ses souhaits sans broncher et il put partir tranquillement avec Illa.

─ Quel est le problème ? Car il y en a un, n'est-ce pas ?

Elle se défendait avant même qu'il ait formulé la première attaque. Si on pouvait considérer cela ainsi.
Ils n'étaient pas ennemis, bordel. D'ailleurs, si ça avait été le cas, il n'aurait pas pris de gant et l'aurait virée sans autre forme de procès. Il supervisait toujours le clan et guidait les nouveaux conseillers jusqu'à ce qu'ils soient complètement autonomes, après tout. Suète n'étant pas plus légitime que lui dans ses décisions, il avait tout à fait le droit de s'opposer à la figuration d'Illa au conseil. Quand bien même ça devait emmerder la louve rouge de le voir râler, encore, il n'en avait plus rien à foutre.

▬ Oui, et pas des moindres.

Il l'invita à s'asseoir d'un signe de tête. Ils en avaient probablement pour un moment et mieux valait qu'elle se mette à son aide pour qu'ils puissent causer tranquillement. Enfin, relativement tranquillement.

▬ Tout d'abord, sache que je n'ai rien contre toi en tant que louve. Mais... Mais je crains que Suète ai fait une erreur en te nommant membre du conseil et, même si ça ne me plait pas, je dois m'opposer à cette décision. Pour le bien du clan.

A coup sûr, ça n'allait pas lui plaire.

▬ Je suis au courant, comme bien d'autres puisque vous n'avez pas cherché à le cacher et c'est tout à votre honneur, de ta relation avec Caïn. Je l'ai tolérée, ça ne me posait pas de soucis tant que tu n'avais pas de responsabilités et je n'avais aucune raison de vous empêcher de vivre votre idylle. Mais les choses ont changées, tu es désormais membre du conseil et c'est à toi et aux autres de mener les camarades.

Il s'assit.

▬ Je ne sais pas si tu le sais, mais nos relations avec les Séides ont toujours été un peu tendues. J'ai négocié, jadis, avec Raw, pour que nous puissions obtenir certains privilèges et la paix mais... cette paix est tellement fragile ! Tout a failli exploser lorsque Tequeela à retrouvé son gamin mort et elle semblait prête à nous tomber dessus ! On ne peut pas exclure l'éventualité que cela se reproduise un jour et, si jamais nous devons combattre contre les Séides, que feras tu ? Seras tu prête à te battre contre ton amant pour ton clan ou quitteras-tu le navire ?

Il se releva et commença à faire les cent pas.

▬ Notre clan est petit, nous ne pouvons pas prendre le risque de perdre une membre du conseil à l'aube d'une bataille. Je t'en supplie, Illa, sois raisonnable. Tu as largement fait tes preuves en tant que Lanterne. Ne met pas notre clan, ce clan pour qui nous avons risqué nos vies, en danger. C'est tout ce que je te demande.

Sujet: Re: Coups de couteau || Pv. Illa Ven 29 Jan 2016, 16:53

ιℓℓα

Un long monologue.
Illa le regarda tout du long, l'écouta silencieuse. Elle l'observa s'assoir, se relever, faire des aller-retours en alignant les pas, allant et venant ainsi plusieurs fois de suite en expliquant ce qui lui pesait sur le cœur depuis visiblement quelques temps déjà. Il s'agitait, il savait que ces paroles n'allaient pas lui plaire. Il le savait et les disait quand même, il alignait ces mots, ces paroles qui pleuvaient sur la femelle comme des couteaux dans sa chaire. Comme les couteaux qu'elle avait lancés sur Eliakim. Ces mots, ces maux, comme elle aimait parfois le dire dans sa tête, pour jouer sur les sonorités proches. Elle avait fait souvent la comparaison entre ces deux termes, les rassemblant pour décrire son passé, son présent et désormais visiblement le futur qui s'écrivait. Qui s'écrirait aussi en fonction de sa réaction. Mais sa réaction ? Elle ne savait pas.
Dans son regard, régnait le vide.

Elle le regardait, de son œil unique, elle fixait l'autre borgne en face d'elle.
Elle n'avait rien en elle, rien de plus que du rien. Du néant en petites doses qui flottaient dans son souffle lent et long. Une lassitude qu'elle ne réprimait aucunement et qui s'exprimait pas un gouffre visible sur son visage et dans son regard. Le rien transpirait simplement par son attitude léthargie, distante, comprimée entre l'inaction et la passivité. Dans sa tête flottaient ses songes, bien loin d'elle ou d'une quelconque envie de réfléchir.
Se posait sur Aendil juste l’œil blanc d'Illa.

Le silence régnait. Illa ne voyait en Aendil qu'un petit louveteau dont on aurait piqué le hochet. Un héro déchu, qui se voyant ainsi inutile et n'étant plus acclamé comme à la belle époque, s'aigrissait avec chaque matin qui se levait. Il avait le syndrome du soldat, celui revenu de guerre qui avait eu le droit aux honneurs et aux louanges, pour finalement se retrouver dans une réalité vide, terriblement vide. Ce même loup qu'elle avait suivit, parce que leurs idéaux étaient communs. Parce qu'ils avaient en tête la liberté et la paix, parce qu'ils avaient tous regardé dans la même direction au même moment et que dans leurs paroles s'étaient retrouvé un but semblable. Ce loup même qui aujourd'hui fustigeait sa liaison, sa place pour une question d'équilibre que lui-même ne comprenait pas. Que personne ne pouvait comprendre. Que l'on pouvait seulement tenter d'éviter.

La guerre.
La guerre, les soldats y pensaient toujours, elle hantait leurs esprits. Mais à la question d'une guerre, Illa ne répondait pas par choisir un camps entre amour et meute. Elle ne répondait pas par se positionner dans une troupe ou une autre. Elle répondait pas le souvenir de ce déchirement qui avait mené à une bataille gigantesque et qui avait mené à un hiver trop long. Un souvenir qu'elle n'aimait pas, qu'elle n'avait jamais aimé. Ça avait été le prix à payer pour leur liberté, mais aujourd'hui ils n'étaient plus que trois pauvres Séides démunis.
Elle l'observait toujours, de son regard vide.

─ Où est passé ton idéal de liberté, Aendil ? lâcha t-elle, inconsciemment. Où est passé l'envie de paix, et de travailler dur pour la garder ?

Elle ne comprenait pas.
Il avait négocié pour celle-là même, pour qu'ils aient des glowsticks. Pour qu'ils vivent bien. Et aujourd'hui il était là, tel un vieux con ronflant. Et il la blessait. Il lui faisait mal avec ces mots qu'il lui avait jeté à la figure sans aucune forme de pitié. Sans cérémonie.

─ Es-tu mal à ce point de ne plus être conseiller, pour agir ainsi, et blesser les autres ?

Car dans l'oeil d'Illa, il y avait une larme.

Invité

─ Où est passé ton idéal de liberté, Aendil ? Où est passé l'envie de paix, et de travailler dur pour la garder ?

Aendil frémit.
Il se souvint.
Il se souvint de cette discussion dans un renfoncement rocheux à la passe ventue, de ces discours révolutionnaires et de ces regards brûlants échangés avec Suète.
Il se souvint du jour naissant se reflétant sur l'étang, de Raw qui les dominait, de Suète, encore, qui s'avançait et appelait leurs congénères à les suivre, Eandir et lui à ses côtés.
Il se souvint de cet hiver sans fin, de ce combat contre la faim et l'oppression Séide, des longues négociations avec Raw pour permettre à ses frères d'avoir accès aux glowticks.
Il se souvint de ce combat dans la mine pour défendre leurs idéaux.
Pour tout ça et plus encore, il avait risqué sa vie. On aurait pu le surprendre, dans le canyon. On aurait pu le tuer, à l'étang. Raw aurait pu lui tendre un guet appens, à la cordillère, lorsqu'il s'y était rendu seul.
Sa mâchoire trembla et c'est d'une voix brisée, rendue rauque et vacillante par l'émotion, par la tristesse qui l'étreignait, qu'il s'exprima.

▬ J'ai tout fait pour cette meute. Je vous ai donné tout ce que je pouvais.

Pour ce clan, il avait même abandonné ses propres enfants. Il n'avait fait qu'une erreur, celle de s'absenter une nuit, de se rendre à la cordillère pour les voir pendant quelques minutes.
A part ça, il n'avait jamais ployé. Quand bien même la vie lui en avait fait baver. La meute n'avait jamais eu à souffrir de ses mésaventures et il était resté debout même lorsque son œil gauche avait éclaté sous les griffes d'une patte alliée.
Et on lui crachait à la figure.

▬ J'ai tout sacrifié... J'ai tout fait pour que tout se passe bien. Je me suis battu pour ce clan. Mais il n'a suffit que d'une chose, que je perde ce foutu dernier œil pour finir aux oubliettes.

L'espace d'une seconde, son regard s'embua de larmes, mais rien ne sortit.
Il baissa la tête.

▬ Et toi tu... Tu as ta petite vie parfaite, tu ne feras évidemment aucune concession mais c'est pas graaave puisque tu t'es attirée les faveurs de la belle et grande Suète ! Mais tu sais quoi ? Ce n'est pas elle qui a couru à la cordillère pour que tout le monde puisse avoir un glowstick. Contre les Precursors, par contre, c'est elle qui s'est enfuie la queue entre les pattes pendant que je me faisais gentiment mutiler par ces enfoirés. C'est elle qui donne les ordres, debout sur son rocher, pendant que je me coltine le sale boulot. C'est elle qui nomme des nouveaux conseillers pour pouvoir faire l'ermite dans je ne sais quel trou perdu. Comme si elle n'en avait plus rien à foutre de tout ce qu'on a construit.

Sa voix mourut dans sa gorge et il du, une fois de plus, faire appel à toute sa force pour ne pas fondre en larmes comme un môme. Les choses n'étaient peut-être pas si horribles que ce qu'il annonçait. Pour cause, sa camarade carmin s'était tout de même rendue en courant dans la mine pour réduire son bourreau en charpie.
Et lui, comme le dernier des cons, la descendait en flamme, elle et tous ses projets. Comme si balancer tous ces mots violents allait calmer sa peine. C'était stupide. Lui qui aspirait seulement au bonheur se sentait triste comme jamais.
Il ne savait plus quoi faire.

▬ Le pire, c'est que tu n'y es absolument pour rien.

ιℓℓα

─ Et toi tu... Tu as ta petite vie parfaite, tu ne feras évidemment aucune concession mais c'est pas graaave puisque tu t'es attirée les faveurs de la belle et grande Suète ! [...] Le pire, c'est que tu n'y es absolument pour rien.

Et dans le regard d'Aendil, il n'y avait que de la tristesse.
Alors qu'elle-même avait séché la seule perle salée qui s'était échappée de son regard, lui il avait tremblé, frissonné comme s'il avait froid. Comme si le pire des vents du Nord avait balayé la grotte, comme s'ils avaient été au bord de mer, exposés à une grande marée. Secoué, il s'était gonflé de mélancolie à ce moment là et il avait cillé, laissant tomber le masque de son égo. Brisé sur le sol en milles morceaux, son honneur laissait place aux songes qu'il avait gardé en lui trop longtemps. Il déchargea tout. Ce qui lui pesait sur le cœur depuis des lustres, visiblement. Illa -même si elle avait séché ses propres larmes- avait à nouveau le regard brillant en l'écoutant, les babines déformées par une moue. Elle avait sur le visage quelque chose comportant trop de sentiments à la fois pour le décrire correctement. Ses traits tordus ne parlaient même par pour elle. Illa l'observait. Lui, là, elle le regardait. Lui qui l'avait à nouveau mal jugée, lui affublant une soi-disant vie parfaite. Lui qui avait en avait bavé tout au long de la sienne mais qui réfutait même la possibilité que les autres pouvaient avoir subit aussi milles choses. Elle se releva, et s'approcha de lui, le poil gonflé, imposante et le regard chargé d'un certain mélange de choses indescriptible. Alors qu'on l'aurait cru prête à lui sauter dessus, à l'égorger et ou à le gifler, elle en fit autrement.

Elle le poussa.
Ou plutôt, elle le rapprocha. Violemment, certes, mais elle l'amena à elle.
Étreinte réellement étrange, qui se voulait vive et ferme, pour qu'il ne se dégage certainement pas. Elle avait de la poigne, pour une femelle de son gabarit. Elle n'était pas grosse mais elle avait en elle justement toutes ces émotions. Si Illa n'arrivait pas à mettre un mot sur tout ce qui se passait en son fort intérieur, tout cela la poussa néanmoins à avoir énormément de détermination dans son geste, une fougue insolente. Pourquoi ? C'était bien là la question.
Et Illa y répondit tout de suite par l'oral.

─ Et tu penses que j'ai une vie parfaite ? fit-elle en tout premier lieu. Tu penses vraiment que si j'en avais eu une, je ferais ça ?

Elle avait la gorge réellement serrée.
Ce mélange de sentiment ce n'était pas de la pitié. Mais la compassion et la peine qu'elle ressentait parce qu'elle voyait que sa colère était injustifiée. Parce que ses doutes sur ce qu'il ressentait s'avéraient vrai, elle était infiniment triste de voir qu'elle ne s'était pas trompé et qu'il avait en lui toute cette rancœur du soldat déchu. Le général d’infanterie bafoué et laissé dans un coin, oublié de tous qui n'aurait plus aucun but dans la vie.

─ J'ai eu une vie de merde, Aendil. J'ai vu la mort, je l'ai donné et j'ai perdu ma famille entière. Je m'étais enfoncée tellement loin que j'ai faillit crevée noyée, tu m'entends ? Elle le lâcha. J'ai perdu ce putain d’œil et gagné ces cicatrices dans le cou en m'occupant de cette meute aussi, bordel ! C'était avant que Caïn me sauve le cul, oui, mais ça change rien au passé. J'ai suivit la meute ce jour de soulèvement parce que les idéaux étaient dignes et beaux.

Elle souffla, la respiration sifflante. Elle l'observa, la bouche entrouverte par l'amertume mais surtout par le phénomène d'identification.

─ Et même toi, les deux yeux crevés t'avaient toujours ces idéaux, normalement. Elle souffla férocement par le nez. Même aveugle on est utile, t'as jamais été oublié. On s'est occupé de toi, j'ai soigné ton fils et on a calmé ta fièvre. On s'occuperait encore de toi même si t'étais galeux, baveux, sénile et couvert de puces. Elle racla le sol en se rasseyant.

Elle lui faisait toujours face.

─ La solitude, commença la femelle. Tu en souffres. Car je sais ce qui se cache derrière cet égo dont tu te maquilles, car je l'ai fait aussi et ce jusqu'au même point de me comporter comme une andouille. Elle le fixa profondément à cette phrase. Tu n'es pas un soldat inutile, juste un crétin qui manque de confiance en lui. Tu aurais pu continuer d'être conseiller, même aveugle. Il suffit juste d'être honnête.

Elle termina là-dessus, et soutint son regard.
Elle n'avait rien dit dans le but de le vexer, mais elle savait que ce serait une possibilité. Elle aussi venait de lui balancer les mots comme des pavés dans la figure. La vérité, moche et sale, en petits paquets lancés à son visage pour qu'il ouvre les yeux. Ou plutôt l'oeil. Pendant qu'elle posait elle, le siens, sur le sol de la grotte, et plus loin sur ses enfants. Il ne lui enlèverait pas d'avoir taffé dur pour avoir ce qu'elle voulait. Il ne lui enlèverait pas le fait qu'elle comprenait ce qui lui passait par la tête. Et Aendil n'ôterait pas la constatation qu'en tant que sa camarade, il fallait qu'elle porte le regard du mâle sur ses erreurs pour qu'il en apprenne et arrête de blesser les autres.
Peut-être n'y arriverait-elle pas. Elle s'attendait à cette possibilité.
Elle aurait essayé.
Mais elle ne rendrait sûrement pas son tablier de Conseillère pour ça.

Invité

Elle le ramena brusquement contre elle.
Aendil ne chercha pas à se dégager. Il aurait pu, pourtant. La louve avait beau avoir de la poigne, elle restait faible à côté de lui et de son niveau 21. Peut-être était-ce une erreur, peut-être qu'elle était suffisamment en colère pour planter ses crocs dans sa jugulaire. Il n'en avait absolument plus rien à foutre. Ces longues années passées à se raccrocher à tout ce qui pouvait l'empêcher de sombrer l'avaient épuisé.

─ J'ai eu une vie de merde, Aendil. J'ai vu la mort, je l'ai donné et j'ai perdu ma famille entière. Je m'étais enfoncée tellement loin que j'ai faillit crever noyée, tu m'entends ?

Evidemment.
Evidemment qu'il n'était pas le seul, sur cette foutue planète, a en avoir récolté, des vertes et des pas mûres. Par contre, il était le seul assez stupide pour ne pas accepter l'échec, pour le ressasser, encore et encore et pour ne pas envisager d'autres options que ce qu'il avait prévu initialement. Ainsi, quand les gamins avaient été abandonné -ce qui avait été sa première grosse erreur- il s'était entêté à vouloir les récupérer au lieu d'assumer. Là, ce n'était pas vraiment différent. Il était fou par ce que les choses lui échappaient. Par ce qu'il n'avait pas prévu d'être aveugle et que, par conséquent, il n'avait pas été capable de faire avec.
Brutalement, son identité s'était effacée pour laisser sa place au handicap. Il s'était profondément détesté pour avoir été aussi faible.
Il se détestait encore, d'ailleurs, pour être aussi imparfait.

─ Et même toi, les deux yeux crevés t'avais toujours ces idéaux, normalement. Même aveugle on est utile, t'as jamais été oublié. On s'est occupé de toi, j'ai soigné ton fils et on a calmé ta fièvre. On s'occuperait encore de toi même si t'étais galeux, baveux, sénile et couvert de puces.

Justement.
Aendil n'avait jamais pu accepter de représenter un poids pour la meute. C'était pour cette raison qu'il s'était totalement effacé, conscient que sa condition d'aveugle le rendait plus ou moins dépendant de son entourage. Par ce que son ego démesuré ne pouvait pas le supporter. Il avait même envisagé de se jeter du haut d'une falaise afin que ses frères ne puissent plus voir sa déchéance. Qu'il ne puisse plus le comparer à l'Aendil d'avant, celui plus jeune, celui qui se battait corps et âme pour ses idéaux.
Celui qui était mort après avoir demandé à son frère d'emmener deux petits loups chez les Séides.

Depuis, la fatalité l'écrasait et il rendait sa survie plus difficile encore en se plantant des couteaux dans le dos.
Et par ce qu'il ne s'était jamais laissé aucune chance, il était devenu son propre pire ennemi. Pire encore, il avait été odieux avec Illa. Et avec Suète.
Petit con.

▬ Non, je n'aurais pas pu être un bon conseiller en étant aveugle. J'ai mis toute mon énergie dans les batailles de négociations. Avec mon handicap, je ne pouvais rien faire d'autre que me promener autour du dolmen et discuter avec mes frères pendant que Suète s'occupait du reste toute seule. Tu me diras que c'était toujours ça. Hélas, c'était insuffisant. Mon amie avait besoin de souffler.

Un nœud se forma dans sa gorge.

▬ J'ai refusé de voir ça. J'ai été injuste.

Son regard croisa celui d'Illa.

▬ M'est avis que tu feras une bonne conseillère. Fais seulement attention à l'affectif, Illa. Tu dois parer n'importe quelle éventualité. Nous avons peut-être la paix mais qui sait ci cela durera éternellement. Il n'est pas exclu que tu aies à te battre contre les Séides, un jour. Nos frères comptent sur toi. Tu ne dois jamais les abandonner. Quoi qu'il en coûte.

Pause.

▬ Je compte sur toi.

ιℓℓα

─ M'est avis que tu feras une bonne conseillère. Fais seulement attention à l'affectif, Illa. Tu dois parer n'importe quelle éventualité. Nous avons peut-être la paix mais qui sait ci cela durera éternellement. Il n'est pas exclu que tu aies à te battre contre les Séides, un jour. Nos frères comptent sur toi. Tu ne dois jamais les abandonner. Quoi qu'il en coûte.

Je compte sur toi, finit-il par conclure.
Il avait réussit à changer d'avis. Elle n'avait pas parlé dans le vide et la tension qui animait son corps se calma assez rapidement quand le loup blanc termina de parler. Elle n'avait pas parlé dans les vide et les mots qu'elle, avait pu sortir avaient eu l'air de réveiller un minimum le loup de sa famille. D'ailleurs, qu'était-il ? Son demi-cousin ? Un cousin, finalement, voilà. Ils avaient le même grand-père en tout cas si elle en avait cru la généalogie qu'elle avait pu apercevoir. Elle se sentait finalement au moins rassurée de ne pas s'être emportée contre lui, cela aurait été si rapide de s'énerver et qu'ils se déchirent. Elle en avait déjà fait l'amère expérience par le passé. Mais elle s'était tout de même sentie blessée, puis avait finalement compatis en trouvant sous la couche de rancœur une tristesse profonde chez Aendil. Il lui reconnaissait au moins qu'elle n'était pas une incapable, qu'elle n'était pas déméritante dans la meute.

─ Quelque part, je suis soulagée que tu dises que tu compte sur moi. J'espère en faire une bonne. déclara t-elle.

Mais il continuait à penser qu'il faudrait faire un choix là où elle ne voyait pas pourquoi elle devrait en faire un. Il y avait à ses yeux, toujours une autre façon de faire, un autre chemin à emprunter ! Était-elle idiote d'y croire ? Peut-être était-elle la seule ? Elle espérait que les craintes d'Aendil ne seraient jamais vrai, qu'elle serait capable de l'empêcher. Elle voulait croire en elle et qu'elle parviendrait à ce qu'il n'y ai pas de conflit entre les meutes, elle en avait déjà trop vu avec les Précursors. Elle s'était déjà trop laissée aller au pécher de la colère lors de cet affrontement. La mort et le sang hantaient encore sa tête certaines nuits, la brûlure de ses blessures également. Elle avait encore mal à l'oeil qui n'était plus, sentait encore souvent ses mouvements, des picotements la prenait là où il n'y avait plus que de la chaire recousue. Ces douleurs fantôme étaient des plaies qu'elle ne voulait pas revivre ni infliger à nouveau. Elle ne voulait pas revoir Krilla, de peur de retomber dans cette certaine part sombre qu'elle avait, car elle savait qu'elle voudrait la tuer pour ce qu'elle avait fait à Caïn.
Alors si jamais un conflit éclatait et qu'elle tuait ceux que son compagnon respectaient... Elle le briserait. Et s'il le faisait elle serait détruite aussi. Tout cela ne rimait à rien, la violence était facile, mais une belle pente glissante et savonneuse. Impossible qu'elle retombe là-dedans. Pas à son âge, pas avec ses enfants, plus maintenant. Et c'était cette détermination qui la pousserait à protéger la meute, elle le savait. Elle fixa Aendil avait une lueur flamboyante dans l'oeil, un regard soutenu et presque intimidant.

─ Il n'y aura pas de conflit. souffla t-elle d'un ton sévère. Je ferais tout pour, c'est ça mon éventualité, je n'ai pas d'autre choix. Elle murmura en laissant son oeil retomber sur le sol. Je ferais tout pour que ça n'arrive pas.

Sa voix se brisa sur un ton frustré.
Elle se releva, quittant sa place et elle commença à faire les cents pas, tel un haut gradé militaire qui réfléchissait et accompagnait ses pensées de gestes pour mieux se concentrer. Elle fit des aller-retour à une allure assez lente tout en continuant de sa voix claire, pour mieux expliquer sa vision des choses. Peut-être ne le partagerait-il jamais, elle ne prétendait pas détenir la vérité ni même la raison. Mais il n'avait pas le monopole de l'intelligence.

─ Se battre pour la meute ne veut pas seulement dire combat, sang et sueur. Le maître mot n'est pas de répondre mais d'anticiper. S'ils veulent de la violence nous répondront par de la stratégie, on peut prévoir des plans. Elle soupira. Et même avant la subtilité militaire il y a aussi les échanges cordiaux pour maintenir une bonne relation, pardi. On peut contribuer à la paix de bien des façons. Avec des gage de bonne foi on peut aller très loin. J'ai l'impression que tout le monde l'oublie, ça.

Elle poussa un nouveau souffle un peu las. Plus personne ne croyait-il donc en la paix ? C'était la question redondante dans sa tête. L'éventualité qu'il y ai un conflit n'était que poudre aux yeux, ils pouvaient toujours souffrir d'une rébellion, d'un coup d'état, d'un soulèvement... Mais ne faisait-on pas ça qu'aux suzerains injustes et idiots ?

─ S'il y a des mécontents, ma foi, à ce moment là il y a des façons de se défendre sans envenimer le combat. Et d'autres méthodes encore pour mettre fin et étouffer dans l’œuf une attaque. conclut-elle.

Qu'on ne sous-estime pas sa stratégie.
Elle avait beaucoup d'idée à revendre.

» Verdoyante {Illa}
» Tout le monde, et toi [Pv. Illa]
» À tout jamais [Pv. Illa]
» D'une pierre deux coups | Dairo
» Casse-cou à tout les coups ! [Ft Meshret]