Tout le monde, et toi [Pv. Illa]

Les cliquetis de ses griffes sur le sol lui plaisaient, elle se mit à sourire.
Elle oublia ses propres troubles précédents, ses retrouvailles brève avec un Sohah solitaire en pleine forme qui avait laissé son glowstick. Elle était rassurée pour ce fils et avait commencé à l'aimer et se trouvait triste de l'avoir laissé reprendre la route. Elle regrettait de ne l'avoir gardé auprès d'elle, cette fois.
Mais ces pas la rassurèrent.
Elle reconnaissait ce petit rythme, ses pas qui s'enchainaient avec une légère latence pour la patte arrière gauche. Vestige de bien des choses. Elle l'entendit entrer, se déplacer et suivre les effluves qu'elle avait, pour comprendre où elle se trouvait et la rejoindre presque immédiatement. Elle aimait ça, qu'il vienne juste pour elle, bravant les temps et les blessures. C'est sans modestie qu'elle appréciait ces geste, sentant son égo ronronner à chacune de ses attention. En contrepartie elle flattait le sien tout autant le plus souvent, faisant grossir ces masses invisibles dont ils étaient dotés tous les deux. Se déplaçant à son tour, elle fit vibrer ses perles et ses breloques sur le sol lisse du palais, où se reflétaient le soleil et les objets. Chaque fois le même manège se réitérait et ils se retrouvaient encore et toujours. C'était leur vie, leurs habitudes.

Aujourd'hui n'aurait pas du déroger à la règle.
N'aurait pas du, et pourtant...

Il l'interpella de sa voix forte et grave, comme toujours. Dès les premières notes de cette symphonie à ses oreilles Illa se mit à avancer plus vite pour découvrir son prince qui se tenait là. Il était dressé plus prestement que d'habitude, rempli de joie et d'une farouche satisfaction, Illa pouvait le comprendre. Elle comprit bien vite quand il termina sa phrase.

─ Alors, on ne vient pas accueillir le nouveau Bêta ?

Elle l'observa, elle s'était stoppée.
Le nouveau Bêta ?
Elle avait bien comprit, oui, il avait eu une promotion suite à des bonnes actions dans la meute et il avait accepté ce rang avec fierté. Il avait grimpé les échelons en prêtant allégeance à Raw, l'Alpha Séide. L'Alpha qu'elle n'avait jamais approuvé, qu'elle-même avait rejetée. Et Illa avait un mauvais défaut. Elle était assez jalouse et l'information venait de triturer une partie de son égo. Elle se voyait idiote et profondément bête d'ainsi se sentir lésée parce qu'il aimait sa propre meute... Alors qu'elle en faisait de même. Elle ne savait pas quoi penser du fait qu'il était Bêta de l'autre meute... Mais alors qu'elle lui faisait confiance lui pour que cela ne change rien... Elle ne se faisait pas confiance elle. Quand elle l'apprit donc, elle sentit son visage se décomposer une instant. Il fut une seconde trop tard pour annuler ce geste qui, elle le savait, allait froisser aussi Caïn qui s'attendait probablement à une explosion de joie de sa part.
A la place, il y avait une graine de peur.

Pas tant pour lui, mais pour le reste de la hiérarchie Séide.
Et la petite graine avait déjà alors fleurie en Illa. Elle baissa les oreilles. Car elle aussi était montée en grade. Elle faisait partie du conseil Brethen désormais et portait en elle le statut proche d'Alpha. Son œil unique passa rapidement sur le sol car elle ne sut vraiment plus comment soutenir le regard de son compagnon, elle se sentait vraiment et profondément débile. Elle n'arrivait pas à chasser ces sentiments alors que le regret s’ajoutait par dessus. Elle regrettait d'être aussi bête des fois.

─ ... Bonjour, Bêta. De la part de la nouvelle Conseillère Brethen. souffla t-elle, baissant le museau.

Elle se sentie forcée de s'expliquer, elle présenta des excuses même d'emblée pour cette pauvre, pauvre réaction de pauvresse de pauvreté pauvre. Elle le regarda, et avala sa salive. Elle l'aimait, elle l'aimait éperdument et si ils se ressemblaient, elle espérait vraiment que la dévotion parallèle à leur meute ne fasse pas réagir Caïn comme elle. Elle ne voulait pas continuer de se sentir jalouse du reste de la meute Séide et essaya tant bien que mal de cacher cette demi-vérité qu'elle n'acceptait pas sous la peur principale qui lui rognait les tripes.
Elle s'approcha de lui, car elle avait besoin de son contact.
Elle avait besoin de le toucher pour se persuader de ne pas être jalouse.

─ Dis. commença Illa doucement. Ces nouvelles positions, cela n'affecte en rien notre couple ?

Elle marqua une pause.

─ Ils savent, chez les Séides ? Qu'en disent-ils ? Elle plongea son regard dans le sien, sentant sa voix tremblante et troublée. Qu'en diront-ils en apprenant que je suis du conseil, tu penses ? lâcha t-elle enfin, laissant sa peur la ronger au grand jour. Mais elle ne se laissa pas faire par la jalousie.

─ Certes, nous nous verrons peut-être un peu moins qu'avant. Mais ne t'en fais pas, notre couple ne s'ébranlera pas pour si peu.
─ Hnn.

Répondit-elle machinalement, fermant l’œil sous le geste d'affection de Caïn.
Il avait les mots rassurants, plein de confiance. Il aurait pu avoir une auréole derrière la tête que cela ne l'aurait pas étonnée ; détenteur des vérité et de la sagesse il était. Tournant la tête, elle resta coincée un moment dans un mur de silence, dévisageant son reflet dans le sol. Elle observait la cicatrice qui barrait son visage, celle de son cou en forme de dents -un joli souvenir de Krilla- et celles qui barraient ses épaules. Son glowstick trônait au milieu de tout ce foutoir et brillait jusque dans le sol qui lui renvoyait un éclat azur. Son apparence, son âge, tout avançait et tout filait. La dernière fois qu'ils avaient doutés l'un de l'autre... Non.
Ce n'était pas ça !

─ Je ne doute pas de toi. fit-elle. Je doute de moi.

Elle enfouit sa tête dans son poitrail, elle ne voulait pas affronter son regard. Elle avait, comme toujours, besoin de lui. Et comme toujours, elle était idiote et surtout comme toujours, les progrès qu'elle pensait avoir fait par rapport à son estime d'elle-même n'étaient que poudre aux yeux. Elle s'aimait juste assez pour manger et maintenir un rythme de vie pas trop chaotique. Mais elle se détestait encore beaucoup, trop. Elle se fustigeait sans cesse et cela l'épuisait elle-même. Elle avait l'impression de rester derrière, de toujours être prise dans ses explosions de négativité. Elle serra les dents.

─ J'ai revu Sohah plus tôt. Commença t-elle, la voix à demi étouffée dans les poils de Caïn. Il m'a pardonné, tout, tu sais ? C'est bête. Je me sens bête. Il m'a dit à quel point j'étais formidable, tu me le dis aussi, souvent.

Elle releva la tête, l’œil rougit par des larmes piquantes qu'elle ne voulait verser.

─ Et moi, qu'est-ce que ça me fait ? Ça me file des états-d'âmes ! Egoïstement j'ai envie d'avoir une autre portée maintenant, et en plus par dessus le marché alors que je devrais me réjouir pour toi, bah ta nomination me rends jalouse. Elle souffla bruyamment. J'ai aucun droit d'être jalouse quand moi-même je monte en grade. C'est quoi ces pensées et ces sentiments ?

Terminant de se fustiger, elle regarda le sol, incrédule de ses propres cheminements de pensées. Elle aurait voulu progresser de ce côté là et avoir la sagesse de se détacher de tout cela avec calme. Mais elle n'y arrivait pas, elle parvenait quelques fois avec peine à se raisonner et à avancer plus sereinement mais elle ne parvenait jamais à oublier cette part sombre d'elle-même. Elle n'acceptait pas ses défauts, elle ne désirait pourtant pas être parfaite ! Juste réussir à être quelqu'un de meilleur et ne plus tuer, blesser, froisser ou douter. Elle était puérile.
Car...

─ Ces pensées ne font aucun putain de sens. soupira donc Illa.

Elle repensa à ses désirs de maternité nouvelle, elle fronça les sourcils et s'écrasa sur elle-même. Attitude typique qu'elle avait quand elle ne se sentait pas bien. Et elle trouvait qu'elle ne se sentait pas bien trop souvent. C'était redondant et perturbant même pour elle.
Elle avait peur de lasser Caïn, à la fin.
Elle voulait courir, rattraper Sohah, ramener Caïn avec elle et partir vivre dans un Igloo.

─ Illa...

Son souffle, sa patte sous son menton. elle obéit et laissa son museau se relever sous son geste et son injonction orale. Elle le regarda dans les yeux, enfin, tâchait malgré sa condition de dame borgne. Il lui fit la promesse que tout irait bien, que tout irait pour le mieux. Elle se laissait faire, se sentant comme une poupée de chiffon et soutenant le regard de Caïn avec peine, il la rassurait, encore. Accepter ses sentiments, être jalouse, ses désirs et le reste. L'imprécis, le flou, l'abstrait et le confus, tout cela lui rappelait qu'elle était en vie, entière et qu'elle existait ?

─ Quant à ton envie de nouvelle portée... Je le ferais, si c'est ce que tu veux. Si malgré le fait que je ne saurais être présents pour eux, ils te permettent d'aller mieux, de te forger une image positive, alors je t'accorderais cet effort. Pour toi.

Il ne saurait être présent pour eux, elle le savait.
Elle le savait, qu'il n'aimait pas les louveteaux, qu'il n'arriverait pas à approcher leur progéniture. Et elle, elle ne se connaissait que trop bien pour pouvoir accepter ça. Elle dégagea son menton de sa patte, d'un geste vif et rapide. Elle avait l'air fermée, les paroles de Caïn étaient belles, magnifiques, idéales, et elle se fustigeait encore intérieurement. Elle se dégoutait ! Mais lui, là, comme toujours, sans défaut. Lui et son moral d'acier, lui aurait mérité le glowstick bleu, pas elle. Elle ne comprenait pas pourquoi elle continuait d'avoir cette rage au cœur, cette rage au ventre. Elle savait que c'était une bêtise de se conduire comme ça, qu'elle agissait comme une gamine. Et puis crotte. Qu'elle soit jalouse, alors !

Elle se colla à lui, plus près, plus fort. Elle donna presque littéralement un coup de boule contre le poitrail de Caïn, frappant presque sans vouloir le toucher lui, la frustration débordant juste par tous les ports de sa peau. Elle ne pouvait pas se calmer. Elle ne pourrait pas.

─ Je ne sais même pas... Je te hais.

Il savait bien que ce n'était pas vrai. Mais il était parfait, lui, là ! Immaculé de toutes traces de sentiments idiots , exempts de pensées bêtes et épargné par les défauts. Il était un salaud, et avec elle il était juste perfection. Elle, n'y arrivait pas, elle n'y arrivait pas ! Et pourtant elle aurait sans doutes été prête à aller lui décrocher la lune aussi. Il céderait, elle n'avait qu'à demander, et l'idée la hanta encore plus violemment. Elle hésitait, énormément. Cette envie, fallait-elle la satisfaire ? Fallait-il risquer le fait qu'elle supporterait mal qu'il ne soit pas là à pouponner avec elle ? Elle ne savait pas. Elle ne savait pas quoi faire, elle se laissait happer par tout, tout ce qu'elle ressentait. Tout ce mélangeait en elle et elle avait des papillons dans le ventre, pas dans le bon sens de l'expression, tout se nouait, se tordait et faisait des rotations à 180°c.
Même si elle savait à quoi s'en tenir normalement, même si elle savait qu'elle n'accepterait pas ça et qu'elle le forcerait, qu'elle l'emmerderait sans doutes à vouloir le faire rencontrer leur progéniture... Et bien elle oublia tout ça. Tout. Tout s'envola d'une seconde à l'autre alors que son inconscient décida de céder. Elle croula sous les émotions et son ventre se transforma définitivement en champs de bataille, sa tête devint un blanc intersidérale ou rien n'était distinguable et son corps bougea sans qu'elle ne s'en aperçoive.
De sa gorge se formèrent des mots d'une voix qui était sienne.
Vibrante, brûlante, délivrée de ses chaines mentales.
Les chaleurs embaumaient l'atmosphère.

─ Alors dans ce cas, enlace-moi.

Dans un mouvement tendrement violent, elle le bouscula presque, féline et gracile. Le repoussant de quelques mètres vers un endroit plus intime, elle prit donc les devants presque sans complexe. Dans l'alvéole du palais, ils quittèrent le sol lisse et lumineux pour un sol immitant l'herbe, mais fait de tissu, une moquette sombre d'une couleur chaude. Qu'importait, alors ! Q'u'importait. Tous les gestes qu'elle fit étaient instinctifs, pas calculé pour le moindre sou. Puis-ce qu'elle n'avait plus rien à perdre et qu'elle écoutait donc sa part sombre, alors elle laissait son cerveau en pilote automatique. Elle se colla à lui le regard fiévreux, d'un mouvement lent elle approcha son propre museau et souffla sur sa joue avant d'enfouir sa tête dans ses cheveux. Elle se délecta de son odeur, alors qu'elle n'avait plus aucun contrôle sur la sienne. Elle lécha doucement son visage et oublia qu'elle n'avait jamais su être tentatrice en le devenant, dangereuse louve, aguicheuse.
Tant pis pour le monde, rien d'autre ne comptait plus.
Elle consommerait donc sa relation avec le mâle, et porterait de nouveau la vie.
Elle resta donc tout contre son compagnon gris.
Cette fois, elle soutenait son regard.

─ Sâche que je ne ferais jamais un bon père. J’aimerais ne rien avoir à faire avec eux, ne pas qu’ils m’appellent Papa. N’être qu’un adulte un peu distant, considéré comme un chasseur solitaire. Je veux m’en occuper le moins possible, à peine les voir. fit-il, l'ayant bloquée quelques secondes, le temps de lui parler.

Le temps de lui redire ce qu'elle avait anticipé.

─ Je serais toujours là pour toi, mais pas pour eux. Si malgré ça, tu désires toujours tes enfants avec moi, ne m’en veux pas pour la suite.

Leurs yeux étaient plongés l'un dans les autres.
L'oeil d'Illa brillait encore, toujours. Elle s'était stoppée inconsciemment, écoutant aussi son partenaire. Quelque part, au fond de son crâne, elle avait du s'attendre à être repoussée, elle avait su dans ses entrailles que Caïn aurait des scrupules et que ses pensées n'étaient clairement pas tournées vers ça. Elle avait espérée peut-être au fond que sous l'impulsion du moment il ne lui redirait pas ça, qu'il ne repréciserait pas cette peur qu'elle avait en elle et qui lui sciait l'âme comme un couteau en plein cœur. Elle soutenait toujours son regard, aussi pénible que cela pouvait être, elle ne pouvait plus se dérober non plus. Tout en elle criait de le faire taire, tout bouillonnait en son être et pourtant elle restait immobile. Elle ne cilla pas ni n'esquissa un seul mouvement, son regard brillant ne faisait que fixer Caïn de la même façon qu'elle aurait fixé la mort en face d'elle. Rien dans son regard pourtant n'indiquait la tristesse, ni même la colère, aucune haine ne s'y reflétait et il semblait presque normal. Son visage se tordait juste dans une expression subtile et indescriptible.

─ Je sais. souffla t-elle, dans un murmure. Je te connais.

Je ne le sais que trop bien. Je te connais par cœur, sur le bout des doigts.
Elle aurait voulut le formuler comme ça, mais elle ne réfléchissait plus tellement. La tête vrillée par cette décisions enflammée, elle ne savait plus rien et laissait tout venir, comme ça venait. L'instinct déchainé brûlait tout mais elle restait exceptionnellement calme en apparence, puis-ce son corps avait compris que ces marques insistantes et cette demande pressante avaient gêné le mâle gris. Comme si on être avait compris sans que sa conscience ne le fasse, Illa ne bougeait plus, elle avait juste la mort dans l'âme.

Elle ne savait plus si elle devait égoïstement continuer, ou lui dire qu'elle savait, mais qu'elle ne l'accepterait pas. Mais si ces mots franchissait ne serait-ce que sa gorge, même étouffés, elle savait que Caïn n'accepterait pas sa demande, qu'il la laisserait là le temps qu'elle se calme. Et quand elle serait calmée, qu'elle aurait compris qu'elle avait agit comme une petite louvette idiote, qu'elle aurait besoin de lui, ils se retrouveraient et se consoleraient sans doutes. Ils s'aimeraient. Parce qu'ils s'aimeraient pour toujours. Actuellement, même si les mots de Caïn la dévastaient, ce n'était pas lui qu'elle détestait, mais forcément toujours elle-même. Elle se sentait brisée parce qu'elle continuait de vouloir, malgré tout, ces petits. Les leurs. Une famille. Et elle le savait, lui, qu'il ne voyait pas ça sous un bon jour. Peut-être qu'une fois adulte il les supporterait, et encore. Cette réalité en tête, Illa était effectivement atteinte.
Elle trembla.
Elle glissa doucement tel un liquide sur le corps de Caïn. Défaisant son avantage, se mettant presque inférieur à lui alors qu'elle aurait voulu mener la danse quelques instants plus tôt et se faire dominante. Mais au final, elle se retrouva à sa hauteur, d'égal à égal. Elle se décida à être honnête.

─ Je sais tout ce que ça implique. continua t-elle. Tu me connais aussi. Tu sais que ça me dévastait d'avance. Parce que je sais que je ne pourrais pas toujours tout respecter.

Qu'y pouvait-elle ?
Rien, pas grand chose tout du moins pour les sentiments, elle le voyait bien.
Mais elle pouvait agir, alors ? Peut-être. Sans doutes.

─ Mais moi aussi je veux faire l'effort pour qu'on vive en harmonie en respectant ce qu'on désire. Pause. Accepte juste qu'ils t’appellent papa, juste ça. Ne les voit pas beaucoup, ou pas du tout, n'en parle pas si ça te chante. Mais laisses-les avoir un père définit, au moins. Laisses-moi juste ça, pour ne pas avoir la même peine qu'avec Sohah. Le reste... ainsi soit-il.

Elle essaya très fort de ne pas sangloter à nouveau, cette fois elle parvint à retenir ces larmes qui au final n'avaient pas de sens. C'était une demande honnête, raisonnable, justifiée. Elle n'avait pas à en avoir honte, finalement. Elle releva le nez, retrouvant son regard vibrant précédent, la flamme intarissable de ses désirs revenus. Il brillait encore, un peu. Mais elle était décidée, et cette-fois peut-être le geste serait-il un peu plus serein, sans le faire d'une façon égoïste en cherchant à ignorer les difficultés à venir. Vouloir oublier de le faire sans lui dire qu'elle aurait du mal aurait été une erreur.
Maintenant, ils avaient tout, tous les deux, en tête.
A voir ce qu'il en ressortirait.
Illa s'attendrait donc à une réponse positive, négative ou à de plus amples négociations.

C'était fait.
Une approbation de sa demande, un geste. Il s'était faufilé, elle s'était redressée par automatisme. Il avait grimpé, avait fait ce qu'il fallait. La lueur de son glowstick s'était éteinte, supprimant les risques de contamination zombifiante. Elle ne cilla pas quand il se retira. Lui retourna s'assoir, poser son arrière train qui venait d'être utilisé sur le sol.

La mine de Caïn en disait long.
Il avait posé ses yeux sur elle, ne disant rien de plus. Rien ne franchit ses babines et pourtant elle aurait pu deviner ce qui se tramait dans sa tête à chaque mots près. Sa psyché ne devait réfléchir qu'au conséquences de son acte, à ce futur qui se profilerait au fil des semaines au fur et à mesure que son propre physique changerait. Elle repasserait par les mêmes étapes qu'elle avait déjà traversé. Quand elle vit qu'il détourna les yeux pour les poser sur le sol, qu'il regrettait presque immédiatement ce qu'il venait de faire, elle baissa les oreilles. Il ne cachait rien et tout dans sa posture montrait qu'il était amplement dégouté, amèrement même. Le regard d'Illa ne croisa qu'une seconde Caïn pour voir sa posture et finalement regarder le sol à son tour.
Elle se sentait gênée, et oscillait entre la tristesse de le voir ainsi et la rancœur. Elle avait cette pointe de déception. Elle avait envie de lui dire d'au moins bien se comporter, qu'elle n'avait pas besoin de le voir comme ça, mais à quoi bon ? Il était honnête, il l'avait toujours été, c'est ce qu'elle aimait chez lui. Mais dans cette situation précise cela ne lui faisait aucun bien. Même pire, elle se sentait quelque peu brisée. Où la joie de savoir qu'il avait accédé à sa requête était ? Non. Elle ne pourrait en ressentir, pas dans ce contexte bancale. A ce moment précis tout s'était passé avec trop de choses en tête pour qu'elle en soit heureuse. Pas avec le père de ces enfants dans cet état.

Cette conception était en demi-teinte, elle le serait pour toujours, c'était trop tard. Ils ne pouvaient plus revenir en arrière tout comme elle ne pourrait pas le faire changer d'attitude. Elle ne pourrait pas se réjouir de tout ça auprès de lui non plus, lui raconter à quelle point cela lui faisait plaisir, comme elle les aimeraient. Et au final, c'était peut-être ça qui la brisa à l'intérieur. Il n'apprécierait jamais ces petits et elle se sentit honteuse d'avoir demandé tout cela. Elle décida de rejeter la faute sur la vie et sur le temps plutôt que sur lui, elle essaya très fort de ne pas lui en vouloir pour ça. Elle se sentait juste tellement impuissante. Il avait accepté par amour mais cela ne changerait jamais rien à ce décalage et à ces silences qui suivraient ce sujet. Elle resta immobile, au contraire de Caïn, elle ne tremblait plus, ne tremblait plus depuis qu'ils avaient commis le péché charnel. Elle ne voulait, ne pouvait plus bouger foncièrement, trop emprisonné dans sa déception. Dans ce sentiment d'impuissance, elle était fébrile presque, la chaleur couvrant ses joues et lui donnant l'impression que ses pommettes saillantes s'étaient rehaussées et avaient doublé de volume.

Seul un silence étouffa ses cordes vocales.
Elle releva le nez vers Caïn, quelques instants.
Elle le quitta à nouveau des yeux.

Les sentiments débordaient toujours, elle n'avait plus du tout le contrôle sur elle-même depuis qu'elle avait tout laissé échappé, plus tôt. La honte rognait toujours son visage et ses entrailles. Les chaleurs avaient disparues de l'atmosphère lourde. Trop lourde pour elle.
S'en était trop, beaucoup trop. Elle se remis à trembler et regarda une dernière fois Caïn, les babines vrombissant sous tout la gêne qui l'accablait.

Que pouvait-elle y faire, à tout ça ? Rien.
Et c'était ça qui la détruisait en dedans.

Elle commença à esquisser un mouvement. Un petit pas hésitant qu'on aurait cru aller dans la direction de Caïn... Mais finalement non. Elle bondit en dehors de l’alcôve. Elle passa l'arche de pierre blanchâtre sans aucun mot final. Sans larmes. Elle se mit à galoper. Vite, très vite, elle gratta le sol lisse de ses griffes qui ripaient. Ses pas s'enchainèrent à une vitesse folle alors que les larmes perlaient à son œil. Tout se déroula dans une seconde trop rapidement écoulée. Tout ce qu'elle fit par la suite fut courir droit en dehors du palais.
Pour finalement riper pour de bon, et s'échouer sur le sol dehors. Elle se releva et continua frénétiquement en clopinant alors de s'éloigner de l'endroit, de lui, de tout.
Pour aller se calmer dans un endroit inconnu même d'elle.

Et elle s'y tenait.
Dans le cadre que l'arche de la sortie dessinait, la silhouette d'Illa se plaçait. Le souffle court, le cheveux ébouriffé, elle se tenait debout en relevant la patte qu'elle avait cogné plus tôt en loupant les marches. Pile au moment où Caïn releva la tête pour regarder, elle était arrivée, se stoppant ainsi dans l'espoir, elle aussi, qu'il se tienne encore dans le corridor.
Leurs espoirs inconscients s'étaient sans doutes entremêlés.
Elle tenait sa patte relevée, légèrement pliée. Douloureuse, elle avait rebroussé chemin à cause ou plus précisément grâce à celle-ci. La patte qu'elle avait jadis fracturée, dans la grotte. Dans sa course pathétique dans le sable elle avait revue la blessure, le jour fatidique où Caïn lui avait sauvé la vie pour la première fois. Son membre à la douleur pulsatile lui avait rappelé qu'il l'avait repêché du lac, qu'il l'avait sauvé in extrémis. Tout comme il l'avait sauvé in extrémis de la dépression et d'une autre mort certaine. Comme il l'avait toujours sauvée. Elle se sentait pathétiquement gourde, inutilement infestée d'émotions et toujours aussi incapable de sangloter alors que ses yeux la brûlaient.
Elle se tenait dans ces boucles et ces dessins, sous cette arche travaillée. Son oeil se posait sur le corps gris de Caïn. Elle n'avait pas entendu sa première phrase, mais à ce moment précis elle aurait sans doutes été complètement d'accord avec ce qu'il avait dit. A quoi s'attendait-elle ? Qu'y pouvait-elle ? Elle n'y pouvait rien, absolument rien et rien ne changerait ce fait. Il était simple de fuir et d'aller se calmer dans un endroit qu'elle aurait choisit au plus grand des hasard. Il était simple de tout ignorer et de fuir dans un monde imaginaire comme elle en avait le secret. Mais il était horriblement dur de ne pas le voir. De ne pas avoir sa présence. Et surtout il avait été indubitablement impossible de ne pas espérer qu'il soit là, qu'il l'attende. Il n'allait pas non plus venir la chercher et la stopper tel un chevalier retenant sa belle capricieuse, il n'était pas de ceux-là. Il était plus authentique, plus caractériel et pourtant plus doux encore. Elle non plus n'était pas une princesse, elle était bien plus vraie, égoïste et marginale. Par dessus tout, ils étaient amoureux.

Elle s'approcha finalement, trainant de la patte et sa queue raclant le sol.
Incapable de sangloter, de dire quoi que ce soit ou d'arrêter l'espoir qu'elle avait nourrie et qui s'était réalisée devant ses yeux. Il était encore là, il allait vraisemblablement partir vu la direction de son corps. Mais il avait tourné le museau. Il avait voulu la voir là, et elle était là. Ce n'était pas anodin.
Illa n'aimait pas s'en remettre au destin. Mais peut-être, peut-être qu'au fond celui-ci s'amusait avec elle avec grand plaisir ? Qu'en savait-elle. Tout cela était au-dessus d'elle également. Elle ne pouvait que fuir. Ou bien... Ou bien outrepasser tout ça, aller vers lui et au lieu de nourrir la tristesse et la frustration, alimenter ses espoirs et ses pardons. Elle pouvait accorder à leur imperfection un peu de grâce et se dire que malgré tout, elle les aurait, ces petits. Elle pourrait mettre au monde une portée qu'enfin elle aimerait de tout son être et qu'elle pourrait éduquer de la meilleure des façons. Rien ne serait sans doutes exemplaire, c'était normal ils étaient tous au final, si imparfait. Parfaitement imparfaits, tendrement bêtes et adorables. Tout le monde avait ses défauts, quoi de mieux qu'essayer de composer avec ? La nature mortelle offrait ce panel de possibilités et de choses négatives. Cela forgeait, et Illa devait s'y résoudre, elle avait atteint l'âge où elle ne pouvait plus agir comme une petite louvette et prendre la poudre d'escampette comme ça, à la première difficulté. Elle pouvait, elle était capable ! C'était ça qu'il fallait penser. Elle pouvait lui montrer à son compagnon, qu'il n'avait pas tout à fait raison non plus, au pire, non ? Que même si ça l'angoissait cette histoire de marmots, elle pourrait toujours tenter au moins de le rassurer. Elle se devait d'accepter sinon au moins ce qu'il pensait, elle l'avait fait en l'aimant, de le prendre tout entier.

Elle n'aurait pas un bon petit modèle de famille parfait, rien ne serait normal comme à leur image. Ils formeraient une famille marginale, comme ils l'étaient tous les deux. Ils composeraient quelque chose d'assez unique dans le paysage punk wolfien. Ils peignaient déjà le tableau d'une union inter-clan, c'était en soi déjà assez surprenant qu'ils ne soient pas le soir tous les deux dans la même grotte comme tous les autres couples papillonnants ensemble. Ainsi leur union, qui même si elle n'était pas critiquée, était déjà très étrange en elle-même donc la situation n'allait que dans le même sens, n'était-il pas ? Elle essaya de voir les choses ainsi en continuant de se diriger à petits pas vers le loup gris.

Elle arriva près de Caïn et fourra simplement son nez contre son épaule.
C'était son geste, quand elle était désolée. Elle ne savait pas faire mieux, juste venir faire ça quand elle se sentait ainsi penaude. Elle ne pouvait qu'essayer de moins se détester au moment présent et tenter juste de ne pas laisser Caïn seul. Elle n'avait plus l'âge, comme elle se l'était dit, pour agir d'une façon si désordonnée et ne pas affronter les problèmes qui s'imposaient à elle. Qui était-elle donc pour ainsi se recroqueviller à la moindre contrariété ? Ha, elle n'avait pas vraiment fait ça, en fait. Elle avait eu surtout très peur d'être impuissante et que les conséquences de cette portée mettent à mal ce qu'ils étaient tous les deux et ce qu'ils formaient. Elle avait eu peur de ne rien pouvoir faire et de voir le loup gris lui filer entre les doigts, dégouté par son ventre rond ou le/les garnements qui en sortiraient. Elle avait peur de ne savoir comment gérer cette situation qui serait potentiellement anxiogène pour elle aussi. Mais qu'en était-il se lui ? Il avait sans doutes des peurs aussi, des peurs réelles. Comment ferait-il pour gérer lui aussi toute cette rocambolesque aventure qui se profilait en intégrant cette aversion pour les jeunes ?
Elle souffla, soupira, dégagea les pensées noir de sa tête dans une profonde expiration. Elle vida ses poumons jusqu'à ne plus avoir une seule molécule d'oxygène dans les organes. Puis elle reprit une grande inspiration et releva la tête pour la sortir de l'épaule musclée de l'Empereur. Elle le regarda, plein de fierté, encore désolée et le regard flamboyant de tout. Mais surtout d'amour. Elle avait la furieuse envie d'être à la hauteur et de tout surpasser avec lui. Il ne la lâcherait pas, elle en était sûre, elle s'en persuadait. Elle voulait laisser ses peurs derrière elle et elle essaya très vivement de le faire. C'était la seule chose qu'elle pouvait tenter, non ? Elle espérait très souvent être meilleur, juste pouvoir se débarrasser un peu de ses défauts. Mais croiser les doigts en pleurant ne la mènerait à rien. Elle garda donc son regain de motivation et de discipline pour retourner à nouveau sa tête et donner un tout petit coup de tête affectueuse à Caïn sous le menton, continuant de marquer son affection envers lui et qu'elle avait enterrée ses émotions négative.

Elle n'arrivait pas à parler mais elle avait la moue de celle qui voulait vraiment que tout de passe bien et qui était prête à tout faire pour. Cette petite expression, ce petit grain de vanité utile pour tout tenter et ne pas baisser les bras. Peut-être y arriverait-elle ? Peut-être pas mais au moins elle aurait le mérite d'avoir joué sa chance dans un monde rempli de destin assez vilain. Elle resta donc à côté du loup gris à le regarder dans les yeux, même si le silence régnait, cette fois il n'était plus pesant.
Elle n'était pas parfaite. Mais elle travaillerait dur pour essayer de s'en rapprocher.
Pour lui. Pour elle. Pour les futurs eux qu'elle aurait.

Son contact, sa voix, enfin.
L'accalmie, il s'était calmé et les sentiments négatifs s’étaient enfin ôtés de son visage pour que celui-ci redevienne plus neutre. Il n'affichait pas une immense joie, mais elle ne pouvait pas demander plus, c'était déjà inespéré que les choses se passent ainsi. C'était ce qu'on pouvait qualifier de "bien" et c'était déjà pas mal au vu de leur caractères et de ce qui aurait pu se passer si elle n'avait pas fait demi-tour. Cela n'aurait pas pu se passer sans accrocs, c'était impossible. Pas avec eux deux. Ils étaient tendrement imparfaits mais surtout quelques fois prévisibles dans leurs réactions pourtant hors norme. Mais tous ceux qui les connaissaient un minimum auraient devinés que cette discussion n'aurait pu être que houleuse et pas autrement. Ils avaient au moins évité le pire et l’engueulade pure et simple, il n'y avait même pas eu d'éclat de voix. Le choix de fuir n'avait pas été judicieux et la spontanée réaction dégoutée de Caïn non plus, mais ils s'étaient rattrapés aux branches avec de bons sentiments alors rien n'était perdu. Leur contact fit du bien à Illa, plus que ce qu'elle n'avait pensé. Elle continua d'avoir cette petite flamme hardie de motivation et écouta la voix du mâle qui venait de s'élever dans les airs.

─ Il faudra convenir d'une façon de m'avertir quand...lorsque tu mettras bas.

Illa lui adressa à nouveau un regard, elle laissa ensuite celui-ci dériver vers les meubles.
Un signe, une façon de l'avertir malgré la distance ? Avec tous les pouvoirs et les dons qui trainaient dans les terres de Punk Wolf, Illa ne savait pas très bien quelle chose pourrait ressortir le plus dans ces contrées empruntes de magie. Quelque chose qui leur ressemblait collerait le mieux. L'empereur et l'Impératrice. Des images de tête couronnées, et au final, les deux clampins qu'ils étaient avaient réellement gravis les échelons pour devenir des haut-rangs. Certes il n'y avait pas de dimension royale à ces investitures mais ils détenaient quand même un rôle politique désormais. Elle eu un petit soupir en repensant à sa jalousie infondée et retint un rire qui termina en petit bruit d'expiration sifflant et joyeux. Son glowstick brilla une seconde et une petite couronne lumineuse bleue fit son apparition devant la tête de Caïn. Elle tournait sur elle-même, restant à la même place mais visiblement pas statique pour autant. La petite animation dans les airs en trois dimensions était très fidèle à celle qu'elle avait forgée jadis pour lui. Il devrait aisément donc reconnaitre celle-ci -ou plutôt sa représentation lumineuse donc- . Parfait symbole qu'elle avait choisit là, pensait-elle, il ne pourrait pas s'y tromper, c'était l'image de leur rencontre et de leurs doux sobriquets. Ces deux surnoms qu'il s'étaient donnés avant même de connaitre leurs véritables patronymes et qui avait dans son cœur une place toute particulière. Alors cette couronne qu'elle lui avait offerte avant même que ne fleurisse leurs sentiments était le message qu'elle se devait de lui adresser. Cet objet avait lié leur destinée et il avait une signification profonde, l'incarnation d'eux-deux et de leur union alors elle y croyait dur comme fer, il saurait voir par-là un petit témoignage d'affection -un parmi tant d'autres certes- envers lui en plus de cela.

─ Ça devrait fait l'affaire, non ? ironisa t-elle gentiment.

C'était, après tout, tellement eux.
Tellement tout ce qu'il avait vécu. Puis-ce qu'elle était sûre qu'il n'aurait pas d'excuses pour se tromper et donc pour ne pas venir, elle fut rassurée. Même si le ton de Caïn était encore un peu tremblant, elle avait regagné en détermination et saurait le guider. Elle espérait juste que tout se passerait bien et qu'elle ne porterait pas plus de mini-eux que son corps pourrait le supporter. Elle ne se voyait pas mourir en couche en mettant en vie 5 gamins... Cette perspective effrayante n'était sans doutes pas prête d'arriver, pensait-elle. Elle avait peut-être enfin une ligne digne de ce nom mais elle se souvenait qu'elle n'avait donné la vie qu'a un seul petit précédemment. Si les choses se repassaient ainsi elle ne devrait donc avoir qu'un enfant.
Rien n'était certain mais elle tablait sur ça, un ou deux. Puis elle osait quelque part, nourrir la fantaisie que plus le nombre serait proche de 1, plus Caïn serait tranquille d'esprit et prompt à passer la voir malgré tout. Elle redoutait quand même qu'il n'ose la croiser par peur de voir sa progéniture. Elle secoua la tête pour éviter de se prendre la tête sur ce sujet, ils discuteraient de tout cela, sans aucun doutes, mais pour l'instant Illa sentait la fatigue poindre. Cela avait fait beaucoup de choses d'un coup et ses muscles se détendirent presque automatiquement quand elle se rendit compte du sommeil qui commençait à peser sur ses épaules. Peut-être aussi s'affaissa t-elle pour avoir laisser tous ces sentiments la consumer. La vanité et la détermination étaient toujours là, mais plus sourds et tapis au fond d'elle plutôt que flamboyant désormais. Tout en elle se relâcha pour qu'elle s'apaise enfin. Elle poussa un soupir, toujours coller à Caïn.
Elle n'avait guère envie de le laisser filer, pas comme ça, pas après ça... Mais rester là, à ses côtés, c'était peut-être trop niveau demandes déjà mais aussi, il fallait qu'elle rentre au squat plutôt. Ils avaient des obligations à honorer en plus désormais. Elle ne pouvait pas décemment passer une de ses premières nuit en tant que Conseillère loin de sa meute. Puis elle imaginait que les deux meutes tolèreraient cette union inter-clan tant qu'ils respecteraient leurs engagements avant tout. Elle tourna la tête vers l'arche par où elle était venue, le sud qui filait tout droit vers le Dolmen des Perdus.
Elle voyait le soleil filer, au loin, au dessus des dunes.

Elle posa une lèche sur le museau de Caïn, les yeux trahissant un sommeil qui commençait à se faire présent. Elle souffla un air chaud dans le creux de ses pommettes et ses cheveux et se décolla enfin de lui. Il comprendrait son geste, comme toujours, il verrait ses yeux ensommeillés. Quand ils se retrouveraient ils parleraient des petits et du temps à venir, ou peut-être pas, mais en attendant il fallait qu'elle dorme.

─ Il est temps d'aller retrouver Morphée, je crois. le temps que lui rentre, le soleil serait très bas et la nuit presque là, donc oui, il était temps.

Elle serait plus près, cela lui octroierait le droit de voir où en était la meute et d'aller se trouver un peu de mousse pour tapisser son coin de nuit. Histoire de commencer à aménager l'endroit plus confortablement quand elle ne serait plus seule à y dormir. Doucement, elle s'arracha à la présence de Caïn, comme toutes les fois où ils se séparaient avec une pointe de tristesse. Puis elle esquissa des pas les uns après les autres pour se diriger enfin vers le QG de la meute Brethen.
Au delà des Dunes, le soleil brillait encore.