Strange morning. | Rin

Cela faisait bien longtemps que Rin n’était pas partie aussi loin. Une éternité sûrement même, oui, c’était bien ça. Cette vie de garde lui prenait tout son temps et franchement, ça lui suffisait. Mais on ne peut pas toujours faire les mêmes rondes incessantes, d’autres pouvait aussi le faire. Ce jour ci, c’était le cas. D’autres s’affairait à sa place, des congénères stupides mais qu’importe, le monde ne s’effondrerait pas en quelques heures d’absence.

Rin parcourut, toujours aussi mollement, ce pays qui l’avait adopté. Sans but, sans envies, ses pattes foulaient la terre à un rythme bien particulier. Quelques fois, la rosée s’accrochait à sa fourrure, glissait ensuite pour retourner à la surface qui avait causé sa création. La brume enveloppait encore de son voile éthéré l’astre solaire qui peinait à monter dans le ciel. De ses billes azurées, la louve observait les rayons blafards tenter de percer cette toile pour réveiller le monde. Pourtant cela ne lui faisait ni chaud ni froid, et prestement, le soldat se détourna pour continuer sa route.

La grève gelée se dessinait à mesure que ses membres la portaient. La dernière frontière avant les océans de glace. Rin s’arrêta un cours instant face à l’étendu blanchâtre. Son souffle régulier se muait en buée et son regard placide ne laissait rien passer. Par contre, la silhouette canine ne passa pas inaperçu. De loin, la louve n’aurait su dire ni le genre, ni le nom de cet individu. Il semblait bien occupé, fixant quelque chose. Mais quoi ? C’était peut être bien un des rares moments où ce qu’on peut appeler la curiosité traversa l’esprit de la dame grise.

Cette interrogation la poussa à se rapprocher. Laissant traîner sa longue tresse, Rin vint au niveau de l’inconnue. Sans un bruit, elle se pencha vers elle puis lança sur un ton monocorde.

« Bonjour. »

L’odeur ne trompait pas, c’était une solitaire que la séide s’empressa de détailler. Elle n’était pas laide mais quelque chose d’étrange l’entourait. Peut être une aura différente de sa meute ? Difficile à dire. Rin se demandait bien ce qu’il y avait d’intéressant à voir par ici et chercha donc le sujet que l’autre fixait. Une rigole, un petit courant d’eau glacée aux multiples reflets qui laissait penser que le liquide se mouvait encore en dessous. Elle enchaîna sans varier les sons que produisaient ses cordes vocales :

« Comment vous appelez vous ? »