Good morning sunshine · Onyx

Good morning sunshine

Ses pas lestes mais trop amples et un peu désordonnés l'amènent au Refuge aujourd'hui. Elle se découpe parmi la végétation, elle devenue entièrement blanche après toutes ces années. Cela ne la dérange pas, ceci dit, elle s'y est faite.
Le temps passe vite.
Et il emporte, encore et encore, avec lui ; Violette n'est plus.
C'est compliqué elle sait, pour Onyx, même pour Marty et Mica. Et quelle fonction peut-elle prendre à part celle de venir consoler son amie ? Aucune autre. Elle ramène avec elle quelques légumes, ainsi que les fameuses ramures de cristal que lui a passé Ted. Elle espère aujourd'hui distraire la petite licorne en les posant sur sa tête et en lui proposant de les conserver.
Leur éclat diminue déjà un peu, les polir, lustrer et elle ne sait quel autre traitement, devrait aider.

Dans tous les cas, quand elle arrive, elle tire son panier de son dos, et le pose là où tout le monde se rallie pour cuisiner par ici. Et puis elle part gentiment à la recherche de son amie. D'abord vers sa tanière officielle.

"Onyx ?"

Esprit es-tu là ?
Bon, elle ne blague pas encore, c'est peut-être trop tôt. Au fur et à mesure elle saura faire preuve d'assez de charme et de bagou pour peut-être lui tirer un sourire, qui sait.

Elle met de l’ordre dans sa tanière, espérant que cela l’aide à en mettre dans ses pensées.
Il y a des jours, comme ça, ou elle n’arrive pas à croire que Violette est parti. Elle l’a vu, pourtant, affaibli puis mort. Mais quoi ? Combien de temps ? C’est quoi, ces quelques heures en compagnie d’un corps sans vie face à son éternité à elle ?
Parfois, il lui semble entendre le bruit de ses pattes contre la pierre du Refuge et elle se redresse, convaincue qu’il vient lui rendre visite.
Ce n’est, finalement, que son esprit, cruel, qui lui joue des tours.

C’est dur pour les garçons, aussi. La dernière fois qu’elle a vu Mica, son fils peinait à retenir ses larmes et ses yeux rougis trahissaient toute sa tristesse.
Quand à Marty…
Elle soupire. Avec ce deuil à gérer, Onyx s’inquiète aussi pour ses enfants. Elle, elle a eu la chance de connaître son père longtemps : Mais eux non. Et si demain, c’était son tour ?
Qui, pour veiller sur eux ?
Son museau se plisse : La licorne n’est pas encore décidée à laisser la mort la saisir. Elle vieillit, pourtant, elle le sait à ces cheveux blancs qui s’invitent de plus en plus dans sa crinière, mais elle a encore besoin de temps, de bien des années, pour soutenir ses petits, profiter de la vie.
Connaître ses petits enfants, peut-être.

Est-ce que c’est normal, de refuser de se voir vieillir ? Est ce que son père pensait pareil et est ce que c’est ce qui lui a permis de tenir si longtemps ?
Désolée Vio, j’t’adore, mais j’ai pas envie de te rejoindre maintenant.

Un bruit de pas désordonné et fort reconnaissable lui fait bouger les oreilles.
Leur propriétaire n’a pas besoin d’ouvrir la gueule, pour qu’elle sache de qui il s’agit.

- Séléné ! Je suis là.

Elle non plus, n’est pas toute jeune : Même ses nuages ont été effacés par les années.

Good morning sunshine

Et bien voilà, elle est là !
Pas besoin d'aller courir à droite à gauche donc. Elle s'approche en direction de la voix et trouve bien vite la petite louve marron. Et comme de bien entendu elle vient à son contact, d'abord un coup de museau amical, puis épaules à épaules ou à peu près avec leur différence de taille.
Elle observe les affaires dans la tanière, il y en a pas mal dans différents endroits.

"Ménage de printemps ?"

On dirait bien !
Dans tous les cas, elle va l'inviter à s'interrompre à cette tâche.

"J'ai ramené des légumes du jardin aujourd'hui~ Je les aient posés dehors pour les cuisiner si tu veux. Tomates, laitues, panais et poireaux."

Petite sélection pas piquée des hannetons.

Elle contemple un instant tout ce qu’elle a sorti, tous ces souvenirs qui s’étalent à présent devant elle et un sourire pensif étire les commissures de ses babines.

- Cet endroit en avait bien besoin.

Elle, plus que l’endroit, en vérité.
La licorne a toujours été adhérente au concept de bazar organisée : Rien n’est à sa place, dans sa tanière, et pourtant elle sait retrouver chaque chose. Tout comme elle a toujours su retrouver Violette, peu importe l’endroit ou il se trouvait et ce qu’il faisait.
Ca va rester comme ça, un petit moment encore : Le bazar, et l’impression de pouvoir le trouver à chaque instant.
Elle ferme les yeux et serre fort les paupières, son coeur soudainement étreint d’une profonde tristesse.

Et elle renifle, et les larmes coulent sur ses joues.
C’est con, par ce que c’est pas le moment : Pas alors qu’elle a devant elle une si bonne amie et de si beaux légumes, c’est une émotion vive et primitive qui la saisit et décide de sortir, là, maintenant.

- Merci.

Good morning sunshine

Ah, les voilà.
Les larmes qui percent, qui finissent par s'échapper comme les perles d'un collier brisé.
Bien sûr, elle avait anticipé ce cas de figure. Oubliés les cadeaux du jour, ou l'idée de peut-être lui changer les idées.
C'est le contact de la petite louve qu'elle vient trouver.

Elle l'amène contre elle, et murmure doucement.

"Chacune son tour, n'est-il pas ?"

La première fois qu'elle l'avait trouvé, elle se recueillait auprès d'une tombe.
Puis ce fut son tour à elle de sombrer un soir dans la tristesse et ses bras. Ce n'est rien de plus qu'un cycle qui se répète, elle est là dans ce moment pour elle aussi.
Puis demain elle sera là en retour.
Ainsi vont les amitiés et la vie.

"Que veux-tu faire ?"

Pleurer, sécher ses larmes, oublier, se rappeler ?
La méthode tiendra de la volonté d'Onyx.
Pour le moment elle est son épaule pour pleurer.

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