Filature - prio Justice

Tôt le matin, pour profiter de la fraicheur de l'air, Abélard s'était mis en chasse.

Il n'aimait pas particulièrement l'idée de se lever tôt, mais il aimait manger et cette constation primait sur la précédente. Il avait remarqué que les proies étaient préférentiellement de sortie à l'aube et au crépuscule et il comptait bien tirer parti de cette observation. Avec un peu de chance, il reviendrait triomphant avec un butin composé de multiples proies - ou une unique et très grosse- et n'aurait plus cette désagréable impression d'être un tire-au-flanc, une bouche inutile à nourrir.
C'était peut-être dans l'idée de soulager sa conscience finalement, qu'il arpentait le territoire Brethen.

Le mâle blanc entra dans un bosquet d'arbres où il ne tarda pas à apercevoir un petit renard. Abélard s'immobilisa et rampa silencieusement vers lui, dans la position du chasseur. Il était face au vent, la bête rousse ne pouvait pas se douter du danger qui la menaçait. Abélard n'était plus qu'à quelques foulées de lui lorsqu'un bruit se fit entendre. Le renard décampa en une seconde, tandis que le loup se redressa, pestant contre la cause de son échec. Il s'avança prudemment, dissimulé par les troncs des arbres. Il aperçut non loin une silouhette sombre qui se découpait dans la lumière naissante. Abélard cilla, éblouit. Ce même vent lui apportait l'odeur de cette silouhette. Cette odeur n'était pas celle de son Clan, ni même des Seides. C'était un étranger si il en jugeait par son allure qui n'avait pas vraiment l'air de celle d'une loup. Inquiet, Ab se plaqua un peu plus contre le tronc de l'arbre, continuant de l'espionner. Il réfléchissait.
Devait-il dévoiler sa présence ? Non, répliqua aussitôt son cerveau. L'autre était un étranger et il avait une allure des plus intimidante. Cela en faisait quelqu'un de différent et Abélard avait des préjugés plutôt négatifs envers la différence : le danger. Il était plus à son avantage de rester caché et de s'informer des intentions de l'intrus. Ab' n'était pas un éclaireur, il n'avait aucun devoir de demander à l'autre de lui rendre des comptes sur sa présence ici.

Avant qu'il puisse y réfléchir davantage, le mâle sombre poursuivitson chemin. Poussé par la curiosité, Abélard le suivit à une distance respectable.

Bientôt les arbres laissèrent place à une immense plaine. La végétation se disparaissait au profit de la pierre et le vent soufflait des bourrasques qui faisaient tituber le loup blanc. Il était à découvert, il allait être vu. .. L'autre avait-il comprit qu'il l'avait suivit ? Dans le doute Abélard prit les devants :

Errhm, bonjour. après cette entrée en matière, Ab' paniqua complétement : Oui .. je te suivais ! Tu n'as pas l'air d'ici, enfin tu avais l'air seul quoi et un peu paumé alors hm..hh.

Le loup blanc enroula sa longue queue sur elle même, prêt à décamper à la moindre alerte.