Une amitiée qui se poursuit... (PV Morokei)

[Cette scène a lieu juste avant que Morokei ne passe son épreuve de glowstick ^^]

L'ambiance était, il fallait le dire, plutôt sinistre au camp. Entre les plantes omniprésentes sur le territoire, qui rendaient la chasse très ardue, et les malades dont l'état ne faisait qu'empirer - même si les Savants tentaient parfois d'être optimistes, elle voyait bien à leur mine fatiguée et aux regards en coin qu'ils lançaient au-dehors que pour le moment, ils demeuraient impuissants. La jeune louve ne pouvait pas les aider, n'ayant aucune connaissance en médecine, et ses parents lui avaient demandé, si possible de rester loin des Mines où l'on avait emmené les contaminés. Ce matin là, lorsqu'elle se leva, elle croisa le groupe de Savants et leurs assistants qui s'engageaient justement de bon matin vers l'hopital de fortune, après quelques heures de repos. Elle ne les avait pas entendu rentrer pendant la nuit, aussi devaient-ils n'être revenus qu'à une heure très tardive. Elle salua son neveu Roy en le croisant. Le loup blanc l'avait auscultée quelques jours avant, lui confirmant qu'elle ne présentait aucun symptôme et lui recommandant de rester loin des endroits où fleurissait Everbloom. Chose qu'elle s'était empressée de faire puisqu'elle n'était pas spécialement tentée par une approche des plantes carnivores. Elle avait passé de longs moments à la Bibliothèque, en compagnie d'Aristote. Son beau-frère était très travailleur - et surtout très inquiet, puisque sa compagne Romance faisait partie des malades - mais il était un bon mentor et l'avait convaincue que sa place future serait chez les Archivistes.

Elle eut un petit sourire à cette pensée, tout en étouffant un bâillement. Au même instant une odeur agréablement familière vint chatouiller ses narines. Elle se retourna en sentant quelqu'un lui toucher le dos et reconnut avec ravissement la silhouette claire de Skrunkie. Un sourire illumina son visage caramel.

"Oh, bonjour Skrun' !" Lança-t-elle avec un ravissement non feint.

Depuis la toute première fois qu'elles s'étaient rencontrées, alors que Morokei n'était encore qu'une toute petite boule de poils, elle s'étaient revues à de nombreuses reprises et un lien fort s'était tissé entre elles. Elle avait appris à apprivoiser la timide louve, qui elle, lui avait presque autant servi de guide que ses deux parents. Elle lui avait confié ses peines, ses curiosité, ses joies, sa déception de ne pas encore avoir de glowstick. La louve claire avait toujours été là pour l'écouter.

"Plutôt bien par rapport à d'autres." Répondit-elle."Et toi ? Pas de symptômes de la maladie ?"

C'était bien la dernière chose qu'elle souhaitait, de voir son amie dans un état aussi triste que tous ceux qui souffraient au fond de la Mine. Elle jeta un regard autour d'elle. Le groupe étant passé, il n'y avat pas beaucoup de loups dans le camp, mais elle savait que la louve crème n'appréciait que très moyennement la compagnie de ses congénères lorsqu'ils étaient nombreux, aussi proposa-t-elle :

"Je n'ai pas pris l'air depuis des jours tant mon mentor me fait travailler. Ca te dirait, une petite marche ?"

Cela les éloignerait de la population lupine. Elle redressa les oreilles à travers sa tignasse blanche, attendant la réponse de Skrunkie.

Elle fut soulagée d'apprendre que pour le moment, Skrunkie se portait comme un charme. Toute cette vigilance accrue des Savants, qui les examinaient régulièrement, poussaient presque à la paranoïa. Mais elle savait tout ce branle-bas de combat nécessaire pour que la maladie ne se répande pas plus qu'elle ne le faisait déjà. Pour le moment, aucun autre malade que ceux de la première vague ne s'était déclaré. Ils touchaient au moins du bois sur ce côté-là des choses - parce que bon, sur les autres pas tellement. Sans surprises, la louve crème sembla ravie à l'idée de s'éloigner un peu du camp où circulaient leurs congénères, et les deux louves quittèrent le Creux au Loup. Leurs pas les guidèrent en direction des Bois de l'Oubli. Il flottait dans l'air une tension presque palpable, ou que l'on aille sur les terres. Les bruissements lointains des plantes géantes et des insectes se faisaient entendre où que l'on soit et rappelaient sans relâche à tous les loups la menace qui pesait sur leur meute. Sur tous les canidés du continent d'ailleurs. Dans les Bois de l'Oubli, les végétaux mutants n'avaient pas encore gagné la bataille. Oh, il y avait bien certains coins où il valait clairement mieux ne pas s'aventurer, mais leur odeur lourde et les bruits qui en émanaient permettaient de localiser rapidement les endroits dangereux. On leur avait signalé aussi d'éviter de marcher sur la mousse qui se répandait par larges plaques au sol et sur les troncs car elle pouvait sans doute aussi contaminer. Mais ils pouvaient encore sortir de chez eux, à quelques rares endroits épargnés.

Skrunkie lui demanda des nouvelles, et Morokei se fit la réflexion qu'avec tout le bazar qu'avait été le déclenchement d'Everbloom et la maladie, cela faisait effectivement quelques temps qu'elles n'avaient pas pris le temps de parler.

"Oh, je ne sais pas trop." Répondit-elle. "Toujours pas de signe d'un dieu quelconque. Et je vois assez peu ma famille en ce moment."

Elle baissa légèrement les yeux à cette remarque. En effet, son frère travaillait dur avec les autres Savants à la guérison des malades, au fin fond des Mines Abandonnées - qui ne l'étaient plus tellement par conséquent. Quant à ses parents... C'était plus compliqué. Elle voyait tout à fait que sa mère allait de plus en plus mal et que son père était de plus en plus démuni face à ce qui se passait.

"Plume Blanche, ma mère, ne va pas.... très bien en ce moment. Elle n'est pas malade," Ajouta-t-elle, se doutant que ses paroles pouvaient être mal interprétées. "Elle est... déprimée. A cause de ses crises certainement. Et mon père est très inquiet."

Elle contempla ses pattes qui foulaient doucement la terre, puis releva finalement la tête vers Skrunkie avec un petit air désolé. Air qu'elle avait à chaque fois qu'elle lui confiait quelque-chose de personnel et qui n'était pas une explosion de joie. Elle se sentait coupable de lui donner une partie de son petit fardeau de tristesse en lui disant et ne savait jamais si c'était vraiment une bonne idée. Mais elle avait en la louve une confiance aveugle, et devait avouer que cela lui faisait du bien de se confier à une si proche amie.

"Et toi alors ? Quoi de nouveau ?"

Morokei rendit son étreinte à Skrunkie avec une tendresse amicale. Le geste de la louve crème, qui semblait si peu apprécier les contacts avec les autres loups, était d'autant plus précieux et réconfortant. Un petit sourire se dessina sur le museau de Morokei et elle lança un regard reconnaissante à son amie. Celle-ci lui confia qu'elle se sentait seule, quelque-chose dont elle n'arrivait pas à se défaire. La jeune louve avait parfois l'impression que ce sentiment était renforcé par le temps et l'espèce de timidité dont Skrunkie faisait montre lorsqu'elle approchait d'autres loups. Mais elle ne doutait pas que d'autres loups finiraient par découvrir la douceur que cachait le côté solitaire de la louve. Elle était adorable, et ferait sans doute un jour fondre le coeur d'un loup. Ce n'était pas une agressivité certaine ou un comportement vraiment repoussant qui la gardait isolée, et cette isolation prendrait sans doute un jour fin. Il était simplement compliqué de deviner qui devrait faire le premier pas.

"Avec le grabuge qu'il y a au clan, des expéditions sont organisées." Lança Morokei. "Tu seras sans doute désignée pour en faire partie."

Contrairement à elle justement. Avec le mal qu'elle avait à se tirer de sa condition de louveteau sans glowstick, elle savait que Leemoncello ne la désignerait pas pour l'instant comme candidate potentielle pour une telle expédition. Alors que Skrunkie, même si elle vivait à l'écart, avait prouvé sa fidélité au clan et ses capacités - et vivre seul en ce moment était sans doute bien plus ardu que d'ordinaire. Il y avait besoin de main d'oeuvre pour rapporter des plantes médicinales, pour aller étudier les horribles végétaux qui les envahissaient ou bien pour partir à la recherche de ce qui avait déclenché l'Everbloom. Les tâches ne manquaient pas. De son côté, Morokei avait entamé sa formation avec Aristote et espérait être bientôt capable d'aider le clan en tant qu'Archiviste.
Si bien sur elle obtenait un glowstick, ce qui ne tombait pas forcément sous le sens.