Wearing White | Vectra

Il faisait plutôt froid dans les hauteurs par rapport à la température encore clémente qui régnait plus bas. La mauvaise saison semblait pour une fois être de leur côté et tenter elle aussi de lutter contre l'invasion démentielle végétale qui recouvrait le continent. Pourtant, les températures chutaient peu et les plantes ne semblaient aucunement en avoir cure. Le loup blanc soupira. Maintenant que la situation à la Mine avait radicalement changé, il avait plus de temps libre qu'auparavant. En effet, même si personne n'osait le dire à voix haute, tous les loups avaient cessé d'espérer que les malades guérissent. Les Savants avaient laissé leur place aux gardiens et aux soldats, qui avaient pour charge de surveiller les monstres qu'étaient devenus les patients. Epuisé par les longues semaines de travail à s'échiner pour tenter de les guérir, Roy avait laissé sa place sans rechigner. Ce jour-là, il s'était isolé dans les hauteurs de la Jeune Cordillère, où la pierre faisait encore une efficace barrière aux plantes. Il n'avait jamais particulièrement apprécié ce lieu puisqu'il n'y trouvait aucune vie autour de lui. Il se sentait impuissant comme dans un désert au milieu de ces reliefs vide de toute énergie vitale. Hélas, c'était uniquement en de tels lieux que l'on pouvait être réellement en sécurité désormais. Plus pour longtemps certainement, puisque les remèdes qu'ils avaient trouvé avaient au moins permis aux loups non malades de se protéger lorsqu'ils se rendaient en teritoire à risque. C'était déjà ça.

Il avait suivi un long sentier qui partait du Creux aux loups et montait de plus en plus abruptement vers l'Ouest. En s'arrêtant, il contempla sans mot dire ce qu'était devenu sa terre natale. Le temps dégagé permettait de voir loin, et tout n'était que jungle verte et vaporeuse. Il était trop de loin de la mer pour distinguer la Crique et la Grève Gelées, seuls lieux véritablement épargnés. Il continua son ascension, et peu à peu s'engagea dans un chemin envahi de brouillard. Un frisson le secoua. Il savait fort bien qu'il ne devrait raisonnablement pas rester trop longtemps. Il devenait dangereux pour ses congénères lorsqu'il était malade, et il ne pouvait se permettre de s'absenter en ces temps de détresse pour la meute.

La dernière chose qu'il s'attendait à trouver ici était un autre être vivant. Bien avant ses sens, ce fut son pouvoir qui détecta une vie qui était bien plus importante que celle d'un buisson rachitique comme il en avait croisé quelques uns en grimpant. Il balaya les alentours du regard, mais les formes se mêlaient dans la brume et les rochers devenaient loups, les loups rochers, rien n'apparaissait avec certitude. Il s'arrêta, les oreilles dressées et la truffe frémissante Puis finalement il prit la directement qu'il pensait être la bonne. Après quelques pas, il constata ne pas s'être trompé. Il y avait bien un autre loup, perdu au milieu des nuages.