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"Elle est ici." Répondit une voix douce et enjouée.

La silhouette argentée de Romance s'approcha, s'extirpant des hautes herbes dans lesquelles les enfants l'avaient entraînée. C'était l'une de leurs premières sorties, et la première fois qu'ils allaient si loin dans les territoires Séides. Romance avait attendu de pouvoir elle-même se repérer à peu près correctement avant d'y emmener les louveteaux, histoire d'éviter de se perdre avec eux. Aristote leur avait bien recommandé de ne pas s'éloigner d'elle car elle ne pouvait pas les voir lorsqu'ils sortaient, surtout s'il n'y avait pas d'autre loups alentours. Et elle devait s'avouer qu'elle n'était pas mécontente de l'arrivée de Zizana. Même si son ouïe lui permettait de localiser à peu près correctement les cabrioles des deux petits, une paire d'yeux pour la soutenir dans sa surveillance n'était pas malvenue, bien au contraire.

Elle s'avança jusqu'à Zizana - du moins jusqu'à l'endroit où elle devinait qu'elle se trouvait - et s'arrêter à quelque distance pour la saluer d'un signe de tête.

"Comment vas-tu en cette belle journée, Zizana ?" demanda-t-elle avec gentillesse.

Elle savait que la louve rousse était Archiviste, il était d'autant plus surprenant de la croiser en pleine journée au milieu des terres. Même s'il était vrai que depuis sa convalescence, son compagnon Aristote passait lui aussi bien moins de temps à la Bibliothèque. Mais sa toute récente cécité et la naissance de leurs enfants jouait sans doute énormément dans ce nouveau comportement, tout comme la triste annonce des Savants qui leur avaient dit que leur fille Maisie ne vivrait plus que peu de temps. Il y avait un étrange décalage entre le comportement et l'apparente guérison de la louve ailée et cette vérité. Elle semblait si sincèrement aller mieux que Romance oubliait bien souvent que le temps lui était désormais compté. Elle ignorait si elle devait le dire aux plus jeunes. Peut-être même ne se souviendraient-ils quasiment pas d'elle, si elle partait soudainement et tôt. Elle passait de longues heures éveillée la nuit à écouter la respiration délicate et régulière des louveteaux, plongée dans une terrible hésitation.

Pour l'instant, elle avait décidé qu'ils étaient trop jeunes pour comprendre. Ils ne comprendraient pas non plus le chagrin qu'aurait la famille si Maisie s'en allait, ils étaient trop petits. Mais si les choses duraient... Elle aurait le temps d'y réfléchir de nouveau, s'était-elle dit.
Elle s'assit près de Zizana et tourna la tête dans la direction de laquelle lui venaient les jappements de ses enfants. Elle reconnaissait la voix sans cesse apeurée de Karigan, et celle plus téméraire de Volstein. Ils étaient si différents l'un et l'autre. Le sourire sur son museau s'attendrit.