J'en ai pleins la boue !
Sa mère lui avait laissé champ libre pour l'après midi à condition qu'il ne s'approche pas des frontières, et Thalion s'était éloigné jusqu'au grand marais boueux. Il n'avait pas vraiment l'intention d'aller dans cette direction à vrai dire, mais il s'était égaré, idiot et désorienté qu'il est. Il suivait un sentier quand un gros papillon aux étranges tatouages l'a attiré dans les broussailles, loin, bien loin.
Mais ça ne lui faisait pas peur. Thalion trouvait même l'aventure palpitante ! L'adrénaline dans le sang, le petit louveteau adorait découvrir de nouveaux territoires. Etait-il encore sur celui de sa meute ?
Pff, on s'en fiche ! Foutu papillon, la prochaine fois tu ne t'échapperas pas.Il scruta les alentours mais à part des arbres aux branches dénudées et au tronc noirci, de la végétation aux couleurs cramoisies, et des marais mouvants aux odeurs putrides, il n'y avait pas une once de vie. Ah si ! Un insecte là.
Oh mon dieu il est moche.. c'est quoi cette chose immonde ? La créature avait un long et gros corps rayé, recouvert de piques, de longues pattes poilues repliées, de multiples yeux dont deux immenses de chaque côté de ce qui semblait être une tête, et enfin quatre petites ailes de couleur bleu.
Aaark tu dois pas être comestible toi ! Lâcha-t-il en tirant la langue, dégoûté. Son ventre gargouillait et il avait faim.
Faire demi-tour ? Oh ça non ! Ces marais sont un terrain de jeu parfait ! Un sourire farouche remonta sur ses babines, et il se mit à bondir partout où la terre était visible. Peut-être finirait-t-il par trouver une bestiole à son goût là dedans. Distrait, il sauta sur un tronc mort mais celui-ci se fondit sous ses pattes et il tomba tout entier dans la vase. Oh comme c'est rigolo ! Ses pattes s'enfonçaient dans la boue comme si elle l'aspirait, et amusé, il sauta dedans, s'éclaboussant la gueule, faisant fuir les petits insectes alentours.
Sans qu'il ne fasse attention, il venait d'éclabousser un autre visiteur. Relevant le museau, il s'arrêta et fixa l'inconnu, ahuri.
Un cri strident semblable à celui d'une fillette apeurée s'échappa de sa gorge en voyant l'immense bête brune qui empestait à des lieux, ses grands yeux rouge pointant vers lui. Thalion recula si vite qu'il se mélangea les pattes et tomba en arrière. Il voulut courir mais c'était chose impossible tant la boue le retenait, alors il poussa, poussa aussi fort qu'il pouvait, fuyant doucement mais sûrement.
Mon dieu je viens de voir le monstre des marais ! Pensa-t-il en jetant des regards affolés derrière son épaule gluante.