Passing Afternoon - Prio Winni'

Le printemps était une bonne fois pour toutes revenu. Le soleil se couchait plus tard, offrant aux loups la possibilité de se balader jusque tard dans la soirée, et une douce odeur de fleurs régnait dans l'air. Les chaleurs étaient enfin passées, Winnifred se sentait libérée et surtout maîtresse d'elle-même. La louve au pelage de biche avait besoin d'herbes, pour regarnir son stock d'herbes médicinales et elle savait qu'elle trouverait son bonheur aux Plaines Savanes. Pendant qu'elle effectuait sa cueillette, son compagnon de route, Salazar, se baladait de son côté, serpentant entre les herbes, vaquant à ses occupations reptilienne alternant entre dormir au soleil, manger une souris et faire peur aux oiseaux. Il s'avançait, heureux de pouvoir enfin toucher le sol sans risquer de ressentir un froid polaire. Malgré son sang froid, le serpent était frileux alors l'hiver était toujours une période difficile pour lui. Il vit au loin un gros point blanc et pensant à un rocher. Il s'y précipita, se voyant déjà conquérir la plaine du haut de son caillou et se dressa de tout sa hauteur pour juger le rocher. Étrange, il était blanc comme la neige, encore plus bizarre, il était poilu. D'un coup, le caillou blanc ouvrit la gueule et gueula envers Salazar. Il sursauta d'effroi et se mit à ramper le plus vite possible vers Winnifred, qui arrachait des brins d'herbe avec sa gueule un peu plus loin. Elle entendit le cri et s'avança à la rencontre de Salazar, il s'enroula autour d'une patte et elle posa son regard sur la cause de la mini crise cardiaque du reptile. Un loup, de sa meute, blanc était vautré entre les herbes. Il avait une magnifique crinière blanche dont les pointes tiraient sur le vert. Elle s'apprêtait à le saluer quand il grogna quelque chose. Elle se ravisa, effaça son sourire et regardait au loin, puis elle entendit le compliment et sourit pour de bon. Elle s'assit, détendue de voir qu'il se recouchait.

"Bien le bonjour. Vous êtes également très élégant, monsieur...?"

Sa voix était douce, maternelle et bienveillante, elle était très heureuse de rencontrer d'autres membres de sa meute. Elle songea toutefois qu'elle ne l'avait jamais vu, ni au squat où la meute vivait ni dans les terres environnantes. Elle soupira, s'accordant une pause lors de sa cueillette et sourit encore, attendant sagement que l'individu en face d'elle lui décline son identité.

Winnifred ne connaissait absolument pas cet Abélard et elle songea qu'il devait être très discret. Elle sourit en apprenant qu'il était du même rang qu'elle, peut-être était-il herboriste ? Il montra son intérêt pour Salazar, qui s'était enroulé autour de la patte de Winnie et qui respirait d'une façon saccadée, sûrement la frayeur qu'il avait eu.

"Oui, il se nomme Salazar. Excusez-le, il a du avoir peur, d'habitude il n'est pas si timide."

Elle secoua sa patte pour le faire tomber et son petit corps serpentin tomba effectivement sur le sol. Il se redressa et fixa Abélard d'un regard méfiant, essayant de se donner l'air dangereux mais malheureusement, sa réputation de froussard était dévoilée. Winnifred sourit et demanda à Salazar d'être sympathique et de, au moins, saluer le loup blanc.

"Que faites-vous par ici ? Êtes-vous herboriste ?"

Elle sourit encore une fois, curieuse d'en apprendre plus sur ce Brethen décidément très discret.

Pour la première fois de sa vie, un loup accordait de l'attention à Salazar, de l'attentione positive. Il disait avoir des points communs avec le serpent et Salazar siffla d'un air désapprobateur puis se ravisa, il fixa le loup blanc et hocha la tête. Winnifred savait très bien que son compagnon reptilien aimait lui aussi lézarder au soleil. La louve fut très surprise de la réponse de son frère de meute. Elle n'avait jamais entendu parler d'un tel poste, et elle ne voyait pas trop l'utilité mais elle était beaucoup trop polie pour remettre en question ce poste qui, semblait-il, convenait parfaitement à Abélard. Elle songea même à le remercier car, après tout, c'était peut-être grâce à lui que le gibier était bon. Elle pensa avec curiosité qu'elle se documenterait pour savoir qui faisait le goût du gibier.

"Oh, que suis-je étourdie. Excusez mon manque de politesse, je me prénomme Winnifred. Et oui, le stock d'herbes médicinales se fait de plus en plus vide. Je ne voudrais pas prendre le risque d'être à-court, et les Plaines sont un endroit merveilleux pour les plantes."

Elle s'arrêta et regarda le sol, à court d'idées de conversation. Elle voulait lui demander si les pierres étaient confortables par-ici mais elle ne cernait toujours pas si c'était une blague ou un vrai poste.

"Vous n'auriez pas vu des alchemilles par-ici ? s'enquit-elle, avant de poursuivre, vu l'air sceptique du loup blanc, des fleurs vert clair, toutes petites."