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Interruption d’introspection

Je levais mes yeux fatigués vers le ciel, profitant de la douce brise qui agitait mes poils délicatement. J’étais venu en ce lieu pour la première fois depuis bien longtemps, et il avait étonnamment changé. Everbloom avait apporté son lot de modifications dans la faune et flore locale, il fallait l’avouer. Je soupirai bruyamment en pensant que les séides connaîtraient pour longtemps encore, les stigmates de cet évènement sanglant. Tant de pertes, tant de douleurs et tout ça pour quoi ? Ce monde était devenu fou, et je m’interrogeais de plus en plus souvent sur la volonté de nos Dieux. Les problèmes ne cessaient de s’accumuler depuis des mois, et la fatigue psychologique commençait à s’imposer à moi.

J’étais venu me poser dans le Nasrin pour réfléchir aux évènements récents avec, en tête de liste, le changement d’alphas. J’avais assisté à la discussion qui s’était passée pour le relais des alphas, j’avais été attristé pour le départ des anciens, et je connaissais peu les nouveaux. Cependant ma fidélité à la hiérarchie m’avait convaincue de ne pas émettre une quelconque opinion désagréable face à ce changement. Everbloom avait eu raison d’eux, le flambeau devait être transmis. J’aimais la simplicité de ces faits, simplement ils n’en étaient pas plus faciles à accepter.

Je pris le parti de poser mon postérieur le long du ruisseau qui se faufilait entre les nouvelles racines. On pouvait voir en ma présence, un besoin d’introspection j’imagine. Entre le changement des alphas, le retour des Précursors et mon manque de missions des derniers temps je commençais à devenir fou. L’inactivité entamait petit à petit les quelques restes de mon équilibre mental. Déjà que celui-ci n’était que rarement convaincant, si je continuais sur cette voie j’allais probablement mourir d’ennui au sens littéral.
En regardant autour de moi à travers mes yeux aux iris désormais ternes, je tentais de visualiser ce qu’il adviendrait de nos terres si jamais les Précursors venaient à vouloir tout décimer. Des terres parviendraient-elles à survivre à leur passage ? L’Histoire et les légendes avaient un goût amer dans nos mémoires en ce qui concernait ces bêtes sauvages. Les négociations devaient être engagées à l’heure actuelle, et nous ne pouvions que nous tourner les coussinets en attendant d’espérer voir revenir nos alphas. Et ce serait encore mieux s’ils revenaient avec un compromis correct, après tout rêver était à peu près tout ce qu’il me restait à l’heure actuelle, alors pourquoi m’en priver ?

Par les Dieux je devais me rendre à l’évidence, en cette si belle journée de printemps, ma petite personne avait une baisse de moral. Instabilité mentale certains diront, mais je les emmerde purement et simplement. Et puis de toute façon ma coquille de rustre me plaît, et les entendre discuter de mon sale caractère me fait sourire. Sans compter que ça avait l’avantage de me permettre d’être tranquille la majorité du temps. Si j’avais pu j’aurai aimé pouvoir utiliser l’expression « tout le temps », mais une odeur canine me parvenait désormais à la truffe. En cette période il n’était pas difficile de les sentir arriver, fichues femelles. Je pouvais d’avance dire au revoir à ma tranquillité, je l’aurai probablement parié si j’avais eu quelqu’un avec qui miser. Humpf.

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En espérant que la réponse te plaise !

Le lapin pendait mollement entre les crocs de la jeune louve.

Cette dernière s’était mise à la chasse il y avait peu de cela car la faim lui avait tiraillé le ventre. Bon en vérité chasser n’était en fait qu’un prétexte de plus pour avoir la paix. Les séides ressemblaient de plus en plus à une ruche en émoi, ce qui était d’ailleurs parfaitement compréhensible compte tenu des derniers événements. Le départ de Paprika pour fonder sa meute en avait secoué plus d’un. Naoūt quand à elle n’avait pris aucun parti. Elle se contrefichait pas mal que tel ou tel loup soit alpha du moment qu’il s’occupait bien de la meute, et ce même si il s’agissait de la mère de ses amis. Bien qu’elle regrettait le règne de son ancien mentor. Au moins elle n’entendait pas trop Quartz la ramener, ce qui au fond était un bon point pour lui. Elle croissait les griffes pour que le nouveau couple d’alphas se montreà la hauteur face à la menace qu’allaient représentés les Précursors.

La louve sirotait doucement le sang de sa proie tout en marchant. C’était l’un des seuls avantages d’être de nature vampirique, il n’était pas nécessaire de se poser quelque part pour grignoter. Néanmoins un lapin ne suffisait pas à la rassasier du moins pas totalement voir presque pas et puis c’était nettement moins bon que du sang canin. Il fut un temps où elle avait réussi à charmer un loup pour qu’il consentisse à la nourrir de son sang mais il avait finir par partir et ne jamais revenir. Ce qui laissait la fille adoptive de Garion dans une situation plutôt délicate pour se nourrir.

Un éternuement échappa à la truffe de la séide. Tss ! Fichues fleurs. Elle n’avait pas fait attention que son chemin l’avait mené jusqu’au Nasrin. Il y avait beaucoup trop de fleurs à son goût mais il fallait admettre que l’endroit avait son charme. Elle continua donc d’avancer parmi les fleurs tout en serrant fermement son lapin maintenant vide de la moindre goutte de sang entre ses crocs. Elle n’allait tout de même pas le laisser pourrir en pleine nature aussi près de la statue de Moiro !

C’est alors qu’elle l’aperçu. Il était assis près du ruisseau qui traversait le Nasrin et semblait plongé dans ses pensées. Naoūt avait déjà aperçut le mâle dans les rangs des Séides sans pour autant lui avoir adressé la parole. Elle haussa les épaules avant de se diriger vers lui, faire la causette lui ferait sûrement du bien et lui éviterait de se concentrer sur les gargouillements incésent que produisait son estomac. Le court d’eau n’était certes pas très large mais la louve choisi de ne pas le traverser. Elle posa son arrière train en face du mâle et lâcha son lapin qu’elle laissa tomber près d’elle.

« Hum… Peut-être serais-je en train de déranger ta personne qui semble en profonde réflexion ? »

Elle pencha sa tête sur le côté tout en observant le Glowstick du mâle qui brillait d’une douce couleur orangé. Son ventre poussa une nouvelle plainte lui arrachant une moue gênée. Elle lança un regard d’excuse en direction du mâle.

Interruption d’introspection

Je me contentais d’observer son arrivée en silence. La jeune louve eue l’intelligence de ne pas venir empiéter dans ma bulle, ce qui pouvait s’expliquer de deux façons. Soit elle était véritablement intelligente, soit son instinct de survie était assez développé pour lui éviter de faire des bourdes. Je la détaillais du regard, jugeant à la fois son aspect esthétique et ses capacités physiques. Elle devait faire chavirer certains de mes congénères à n’en pas douter. Selon les standards, j’imagine que je devrai la qualifier de mignonne.
Les chaleurs touchaient à leur fin, et je me sentais soulagé de cet état de fait. Nous pourrions enfin nous concentrer de nouveau sur les missions plus sereinement. Non pas que les attraits des louves m’atteignent en ces périodes, simplement il était plus difficile de se dédier entièrement à nos tâches quand nos truffes étaient emplies d’hormones du sexe opposé.

Cette dernière n’était absolument pas faite pour la discrétion. La blancheur de son pelage la trahissant trop facilement. Et finalement sa silhouette démontrait qu’elle ne tiendrait pas la longueur face à un mâle. Un être faible en définitive, tout comme la majorité de ses pairs. Il était triste de se rendre compte que finalement presque toutes les femelles pouvaient se briser bien trop facilement. Tout comme elle. Je repoussais au loin ce souvenir qui continuait à venir persécuter mon esprit fragilisé.
Je plongeais mes pupilles dans ce regard d’or avant de lui répondre.

« Vous êtes définitivement incompréhensibles vous, les femelles. Alors même que tu te doutes du dérangement tu viens tout de même engager la conversation. »

Je penchais légèrement la tête, dans une énième prière qui me permettrait de décrypter leurs cerveaux ambigus. Je me rendis soudain compte que j’avais adopté la même position que ma congénère involontairement. Surprenant. Et dérangeant, je me redressais de manière à me tenir bien droit cette fois-ci. Plus alerte, plus impressionnant, bref plus mâle en quelque sorte. Certaines me traiteraient probablement encore de goujat si elles savaient ce qui me passait par la tête en ce moment même. Un sourire en coin vint étirer le coin de ma gueule.

« Et puis-je savoir comment j’ai réussi à éveiller l’intérêt de ce ventre vide qu’est le tien ? »

Je n’étais pas connu pour ma délicatesse ni pour ma politesse avec le sexe opposé. Et clairement, les gargouillis de son estomac n’étaient pas véritablement discrets. Limite je les considérais comme irritants plus qu’autre chose.

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Naoūt remua sa queue féline.

Elle sentait bien que le mâle la détaillait et garda le silence préférant attendre qu’il réagisse. De son côté elle fit rapidement de même. Il était d’une apparence plutôt massive et semblait être taillé pour les tâches difficiles et physiques. Son pelage était de différentes couleurs et son cou était entouré d’un foulard orangé. Une chose était sûre, il ne devait pas souffrir du froid et encore moins en été…

Il la regarda alors droit dans les yeux et débita quelques mots. La vampire remua l’une de ses oreilles quelque peu intriguée par la manière dont le séide avait de désigner les femelles. Ce qui aurait pu passer pour une sorte de mépris semblait être en vérité le fond de sa pensée. Un sourire vint étirer les babines de la louve. Penser ainsi semblait fort intéressant. Elle mâchouilla un peu le collier qu’elle tenait entre ses crocs avant de répondre.

« Le simple fait de ma présence t’a sans aucun doute dérangé alors autant te parler. Tu préférerais que je me taise et te regarde dans les yeux ? Je trouve que cela serait quelque peu déstabilisant mais si c’est que tu souhaites… »

Elle avait employé un ton tout à fait amical. Après tout son objectif premier n’avait pas été d’embêter son confrère, elle voulait surtout parler c’était d’ailleurs pour cela qu’elle était resté de son côté du ruisseau. Enfin, parler mais cependant éviter le plus possible le sujet du clan. On lui bourrait suffisamment le crâne quand elle était au camp pour qu’on soit également sur elle lorsqu’elle était à l’extérieur.

« Oh ne t’en fais pas, le simple fais de ta présence suffit à ce que mon estomac s’emballe c’est tout à fait normal. Il te considère comme son prochain repas. »

Enfin pour lui ça devait être tout sauf normal… Alors qu’un nouveau grondement plus léger cette fois se fit entendre, elle sourit dévoilant un peu plus les canines qui dépassaient de sa gueule.

« Ne t’en fais pas je ne te bondirais pas dessus, du moins tant que tu ne saignes pas je parviendrais à me contrôler alors ne te blesse pas s’il te plaît, d’accord ? » Elle marqua une courte pause. « Pourrais-je connaître ton nom ? Je t’ai certes déjà vu de loin au camp mais ton nom m’échappe encore désolée… »

Interruption d’introspection

Je l’écoutais débiter sa tirade d’une oreille semi-attentive. Pourquoi fallait-il que les femelles soient si bavardes ? La logique aurait voulu que si elle se rende compte du dérangement imposé par sa présence, elle parte sans demander son reste, non ? Et puis, en quoi fixer les individus dans les yeux devrait-il déstabiliser, c’est bien ce que nous venions de faire l’un après l’autre. Non décidément le fonctionnement des neurones du sexe opposé était tout sauf simple à suivre pour une personne telle que moi.
J’allais rétorquer que ce que je souhaitais réellement c’était la paix, mais elle ne m’en laissa pas le temps. Et je sentis mes yeux s’écarquiller de stupeur en entendant la suite. Elle… Oh par les Dieux avais-je bien entendu ? Tentait-elle réellement de me faire passer un message subliminal ?! Jamais, c’était inconcevable que je puisse ne serait-ce que de m’imaginer en train de répondre à son appétit sexuel ! Mais où étaient passées la délicatesse et l’innocence soit disant naturelles des femelles ? J’étais choqué devant tant d’impudence.
Et devais-je mentionner la suite de son monologue ? Elle voulait… Me faire saigner en plus ?!!! J’avais entendu parler de ce genre de pratique mais diantre jamais je n’aurai pensé que certains les assumaient aussi facilement. Et puis soyons honnête, où était l’excitation de la souffrance durant l’acte ? Rien que d’y penser j’avais des sueurs froides. Cette louve était vraiment effrayante. Je déglutis discrètement avant de répondre.

« Ce n’est pas parce que les chaleurs te montent à la tête que tu dois laisser tes pulsions primaires prendre le dessus. C’est… Pitoyable, et à la limite je devrai même qualifier ce comportement de honteux. Un peu de tenue bordel femelle ! »

J’avais dit ça d’un ton offusqué, limite agressif. Pour qui me prenait-elle au juste ? Un gigolo ? Mon ego ne supportait pas très bien l’offense qu’elle venait de me faire sans même, semblerait-il, s’en apercevoir. Mais à quel moment lui vient-il en tête l’idée de faire de telles avances à quelqu’un qu’elle ne connaissait que de vue en prime ? J’étais totalement dépassé par ce qu’il se passait. Ma queue fouetta l’air et je la considérai d’un air sévère avant d’enchainer.

« Je suis Ezhekiel, mais très sincèrement je suis ne pas sûr d’avoir envie de mon côté de connaître le nom d’une… Obsédée de ta trempe. »

Mais où était passé la jeunesse ? Elle semblait jeune et pourtant si… En avance sur son temps. Ou était-ce moi qui été vieux jeu ? Humpf plus cette rencontre avançait et plus je me posais de questions, pas très concluante cette petite introspection pour faire le point. J’étais perturbé. Fichue femelle.

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Naoūt observa avec scepticisme le mâle. Pourquoi fallait-il qu’il aborde une expression aussi blasée ? A moins qu’il ne s’agisse de son expression habituelle en présence de femelles ? Elle parvenait cependant mieux à supporter ce comportement, c’était après tout nettement plus agréable que le sourire narquois qu’affichait sans cesse Quartz, tss, elle l’aurait bien noyé dans le ruisseau si jamais il avait eu le courage pour s’y ramener. Encore faudrait-il qu’elle puisse le toucher sans le traverser ce qui d’après certains racontars n’étaient plus possible...

C’est alors que le séide en face d’elle, commença à débiter un flot de paroles qui sonnèrent bizarrement aux oreilles de la louve. Une seconde. Il était en train de la prendre pour… pour quoi là exactement ? Elle ouvrit la gueule s’apprêtant à répliquer mais le dénommé Ezhekiel ne lui en laissa pas l’occasion prononçant ainsi ses dernières paroles. Une...une quoi ?! Venait-il de la qualifier d’obsédée ? Elle espérait avoir mal entendu. La vampire ne comprenait rien à la situation ni comment le mâle était parvenu à ce genre de conclusion. Elle resta abasourdie quelques secondes ne sachant comment réagir avant de pencher un peu la tête sur le côté pour répondre.

« Alors premièrement, je ne sais pas qui souffre le plus des chaleurs mais ce n’est certainement pas moi. Enfin en tout cas, je n’ai pas un esprit aussi tordu que le tien pour en venir à de telles conclusions. Secondement je te prierais de ne pas me qualifier « d’obsédée de louve », s’en est offensant surtout qu’il n’y avait rien de sous-entendu dans mes paroles et ce quoique tu es pu comprendre...»

Elle poussa un soupir lassé. Franchement certains étaient vraiment bizarres, pas étonnant que la meute des séides ne soit plus aussi unie que qu’avant… Cependant elle releva la tête n’en ayant pas encore fini.

« Vous les mâles, vous vous permettez de juger les femelles, cependant vous êtes plus guidé par un esprit corrompu que nous. On a l’impression que c’est plus aux mâles dans ton genre que les chaleurs montent à la tête. Je n’aurais pas cru que j’aurais en face de moi un loup aussi pervers d’esprit… » , soupira-t-elle.

La louve était tout simplement choquée et déçue mais par-dessus outrée. Comment un loup à qui elle n’avait jamais adressé la parole pouvait se permettre de la qualifier ainsi ? Enfin peut-être étais-ce également de sa faute… Il était fort possible qu’elle n’est pas employé les bons mots.

Interruption d’introspection

J’étais… Soufflé. En plus de retourner la situation à son avantage, cette vile femelle se permettait en prime de soupirer de bon cœur comme si MOI je la fatiguais ! Et puis laissez-moi rire, comment pouvait-elle prétendre que les chaleurs m’atteignaient alors même que j’étais le reflet même du self-control ? Je sentais doucement mais surement l’agacement monter en moi pour terrasser la surprise de cette situation. Sincèrement était-elle vraiment stupide ou était-ce seulement un air pour mieux tromper ceux de mon sexe ?
Dans tous les cas ses dérives verbales me laissaient un arrière-goût amer sur la langue quand je l’écoutais débiter ces inepties sur le cerveau des mâles. Enfin bon, je ne pouvais pas contredire, tous n’étaient pas comme moi, mais cette généralisation m’irritait. Evidemment personne ne relèvera le fait que je faisais la même envers ces dames, mais c’était différent dans ce cas.
Je finis par l’empêcher d’enchainer en lui explicitant le fond de ma pensée.

« Bien sûr, retourne la situation à ton avantage de manière à te dédouaner de tes paroles ! Ça passera mieux auprès des autres si cette histoire venait à s’ébruiter après tout. Faire passer le mâle pour le gros obsédé de service c’est tellement facile, ça vous ressemble bien à vous autres j’aurai dû m’en douter ! »

J’étais rarement aussi bavard mais là ce n’était juste pas possible de ne pas répliquer avec véhémence face à un comportement aussi inapproprié. C’est pourquoi je me mis sur les pattes arrière en secouant dans le vide celles de devant, et balançais d’une voix aigüe qui se voulait féminine :

« Houuulala je veux te manger, mon estomac s’emballe, sois mon goûter ! Mais je te sauterai pas dessus tant que tu me feras pas signe, je suis bien élevée moi hihihi ! Kissuuuuu~ ». Je repris ma voix habituelle, me rassis droit comme un i, et la fusillais du regard. « Sincèrement comment veux-tu que je te pense sincère quand tu dis qu’il n’y a pas de sous-entendus quand tu me sors des conneries pareilles ? Et tu oses dire que JE suis un obsédé ? J’aurai tout vu. »

J’étais frustré et je me tus de peur de dire des choses vraiment désagréables pour cette petite … Je ne savais plus trop comment la qualifier, « la Peste » lui irait bien. Nan mais qu’on me prenne pour un goujat quand je me comportais comme tel, soit. Mais me faire traiter de la sorte alors même qu’elle m’aguichait sans vergogne je trouvais ça d’un déplacé sans pareil ! Si elle continuait comme ça j’allais lui refaire son éducation moi à Miss Peste. Une petite raclée pour la remettre à sa place ne lui ferait pas de mal. Evidemment aucun autre moyen de correction ne me venait en tête après cette conversation. Absolument aucun. Ahum. Je grimaçais, cette rencontre était vraiment la plus déjantée que j’ai eu l’occasion de faire, et je n’étais pas sur de vraiment l’apprécier.

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Décidément, une fois qu’il avait commencé, il était impossible de l’arrêter en plein élan. Ce fut donc les yeux ronds et la gueule entrouverte sous la surprise que Naoūt écouta le Séide débiter son flot de paroles en se demandant bien pourquoi elle parlait avec un obsédé pareil. Pire, ça n’existait pas… De plus il avait une telle image en tête des femelles que cela en exaspérait la vampire, comment espérait-il trouver un jour une compagne si il était aussi fermé d’esprit concernant le sexe opposé ?! A moins que… Oui, si ça se trouve Ezhekiel était homosexuel ! Elle l’observa septique. Bien sûr elle n’avait rien contre ce type d’orientation sexuelle qui pour elle lui paraissait normal mais enfin, un mâle pouvait-il supporter un autre mâle avec un caractère aussi… aussi pourri ?!

Nan parce que là, y’avait franchement un sacré niveau en face. Obsédé, rustre, blasé de la vie et pire encore avec des idées toutes fondées sur les femelles alors que si ça se trouve il n’en approchait jamais ! Il fallait peut-être qu’il envisage de demander de l’aide d’un spécialiste parce que là à moins de trouver une compagne ou un compagnon masochiste il irait pas loin... La louve décida de mettre un terme au petit délire du mâle.

« Oh ! Mais en fait tu as vraiment l’esprit mal tourné ! Tu as vraiment cru avoir en fasse de toi une obsédée sexuelle ?! Bon sang ! » commença-t-elle en riant.

Elle ramassa le lapin qu’elle avait posé lors de son arrivée à côté d’elle et le lança à côté du mâle de l’autre côté de la rivière. Sa queue féline remua doucement tandis qu’elle plongeait ses prunelles dorées dans celle d’Ezhekiel.

« Regarde le cou du lapin. Tu vois il y a deux petits trous ? C’est la marque de mes canines. Quand je disais que mon estomac s’emballe en ta présence c’est juste parce que je me nourris de sang de n’importe quel être vivant, le tien comme celui des lapins. Malheureusement, une quantité de sang aussi maigre présente dans un de ces animaux ne me suffit pas ce qui fait que j’ai constamment faim, d’où mes gargouillements. » Elle leva les yeux au ciel. « Et si cela peut te rassurer, je doute que les membres de mon espèce, soit les vampires, aiment vraiment boire le sang de leurs victimes en… en plein acte. D’ailleurs je ne suis pas sûre de comprendre comment une idée pareille a pu germer dans ton esprit...»

Bien entendu, elle ne s’attendait nullement à des excuses de sa part, il semblait trop fier pour cela mais bon au moins se coucherait-il moins bête ce soir là. Naoūt l’observait du coin de l’œil histoire de voir comment il réagirait. En espérant qu’il soit pas buté au point de ne pas la croire parce que là franchement elle baisserait tout simplement les pattes...

Interruption d’introspection

J’allais m’emporter pour de bon après cette fichue femelle obstinée, quand ce qu’elle me révéla me pris de court. Comment ça elle se nourrit de sang ? Je scrutais du coin de l’œil la carcasse qui avait atterri à côté de ma personne. Devais-je la croire et prendre le temps d’observer plus attentivement la dépouille pour certifier ses dires ? Je me tâtais mais dans le même temps il fallait bien avouer que tout prenait sens dans ce cas. Mais en même temps s’il s’agissait bien de cela alors j’étais encore passé pour un fieffé goujat. Quoi que, après tout ma réputation ne me précédait-elle pas déjà ? Quoi qu’il en soit, je bombais le torse en la fixant dans les yeux.

« Admettons que ce que tu dises sois la vérité, il faut quand même avouer que ce n’était pas malin de ta part de présenter les choses de la sorte. Tu devrais faire attention à tes paroles, femelle ». Je me rendis compte qu’avec tout ça, je n‘avais toujours aucune idée du nom de celle qui me donnait le change tiens. « Et puis je ne voudrai pas te faire la morale, mais tu aurais pu expliciter le malentendu tout de suite au lieu de me laisser dans l’incompréhension. Et je ne sais même pas à qui j’ai affaire, au final ça me perturbe. »

Mon orgueil était touché, était-ce vraiment dû à mon esprit que la conversation avait pris cette tournure ? Il m’était difficile de m’imaginer en obsédé comme elle l’avait assuré haut et fort. Bon, certes j’avais fait de même, mais c’était différent car c’était elle qui m’avait embrouillé ! … Non ? J’étais agacé et en même temps je me sentais un peu penaud. Evidemment je ne pris la peine de ne montrer que ce premier à la jeune louve aux allures félines. Fouettant l’air de ma queue, je m’étirai un bon coup pour me reprendre en main. Je lui lançais un coup d’œil furtif, à cette petite impudente qui s’était rie de moi. Ok c’était ma faute j’avais sauté sur une conclusion hâtive et facile, mais toutes les femelles me semblaient fourbes, et c’était bien souvent justifié d’ailleurs. Mais là, c’était ma faute. Je me le répétais intérieurement jusqu’à ce que je trouve le courage d’être honnête.
Je lui tournais le dos, et levais ma truffe vers le ciel. Me mettant en marche, je jetais une œillade en arrière pour croiser son regard d’or.

« Désolé jeune damoiselle. »

Puis je me détournais. Ça m’avait coûté tout mon courage pour ravaler mon égo et lui sortir ces quelques mots, il était temps que je fuis à la manière d’un roi. Ainsi mon malaise ne se verrait peut être pas. Libre à elle de faire sa vie, moi j’étais encore plus perturbé qu’avant mon arrivée en ce lieu. Je grommelais tout seul en avançant doucement dans les herbes. J'étais fatiguée.

Elle leva un sourcil. Dit donc mais c’est qu’il était buté dans son genre, elle lui révélait qu’elle n’était pas de la même nature que lui et il avait le culot de ne pas encore la croire. Sa queue remua quelque peu agacée, il était inutile de le couper la parole vu comment il semblait parti… En plus il lui reprochait de ne pas s’être présenté ? N’avait-elle pas tenté au début de leur rencontre avant qu’il ne la prenne pour une malade sexuelle ?! Au moins une chose était sûre, lui elle ne l’oublierait pas… Néanmoins elle décida de lui révéler son identité, peut-être prendrait-il un peu mieux la situation ? Hum, pas sûr...

« - Je m’appelle Naoūt. »

Dire que c’était généralement pas ce genre d’informations qu’on commençait lorsqu’on se parlait pour la première fois, vraiment… En plus se cacher derrière ce genre d’excuse nulle était quelque pitoyable mais mieux valait ne pas faire de remarques à ce sujet.

Le séide qui paraissait agacé, tourna le dos à la vampire qui n’effectua aucun mouvement. La truffe au ciel en lui jetant un regard en coin ~~regard plutôt douteux tout de même...~~ il lui délivra quelques excuses. Quelque peu troublée, la louve accepta ces paroles d’un hochement respectueux de la tête. Bon, elle l’avait plutôt mal jugé concernant son orgueil. Il n’empêche qu’il en restait toujours un obsédé ! Ce dernier partit sans rajouter une parole supplémentaire laissant Naout seule, qui elle, s’installa parmi les fleurs du Nasrin profitant de ce moment pour se reposer un peu après cette rencontre plutôt agitée.

Décidément elle souhaitait que le loup laisserait un jour son orgueil de côté pour devenir moins amer et moins culotté. Tu rêves ma petite! Un sourire vint étirer ses babines, au final cette rencontre s’était même révélée plutôt amusante. Embêter les mâles de cette façon était une source d’amusement à creuser...

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