À la recherche d'une issue dans ce monde de crainte.. - MORROW [Libre]

A la recherche d'une issue
dans ce monde de crainte..

Tout était identique à hier, les mêmes arbres, le même ciel morne qui décolorait chaque partielle de terre environnante, la même brise tiède et humide venant de l'Ouest, la même gravité toujours aussi lourde et fatigante, la même atmosphère figée et taciturne. Mais pourtant, tout était différent. Les insectes ne sont plus les mêmes, ils ne sont plus à la même place. L'effluve qu'apporte la brise est plus désagréable, plus nauséabonde. Ce monde reste toujours aussi fade est répugnant aux yeux de la solitaire. Aucune nouveauté, aucun miracle, aucune joie à l'horizon. Cela faisait plusieurs lunes que Morrow était partie de son foyer sans donner de nouvelles, s'éloignant toujours plus loin à chaque pas. Cette fois-ci, son chemin l'avait mené dans un paysage sombre et fétide où elle s'y enfonçait sans crainte, poussée par sa soif de découverte. Tout paraissait mort par ici, vide, et cela ne lui déplaisait pas pour autant car elle s'y accordait très bien, son humeur reflétait parfaitement les lieux.
Elle bondissait de bout de terre en bout de terre, bien que parfois ses pattes glissaient et se baignaient dans la bouillasse putride, elle voulait y voir l'autre bout. Qui sait ? Peut-être que ces lieux cachent une autre partielle de terre encore inexplorée.
Une grande étendue d'eau aux couleurs verdâtres l'arrêtât cependant dans son élan, recouverte de nénufars, habitée par d'infectes insectes volants. Elle scruta les environs de son regard perçant, tournant parfois en rond autour de ce vaste étendu, mais aucun autre chemin n'était possible. Un arbre était enfoncé dans le marécage un peu plus loin, s'enfonçant dans sa profondeur jusqu'au milieu de celui-ci. Il était trop loin pour qu'elle puisse l'atteindre, mais une autre motte de terre à quelques pas pouvait faire office de pont. Reste encore à y parvenir... La femelle tricolore savait que si elle voulait continuer, elle devrait se mouiller un peu plus que les pattes, ce qui est bien contraignant car cela la pousserait à aller se jeter dans l'eau après..
Peu importe, l'aventure est trop palpitante, son démon intérieure lui murmure de continuer quoi qu'il en coûte. C'est avec une légère hésitation qu'elle s'élança jusqu'à l'arbre, ses pattes s'enfonçant dans la terre spongieuse à mesure qu'elle progressait. La mine déterminée, les arcades sourcilières froncées, ses canines serrant ses babines inférieures, elle réussit tout de même à atteindre l'arbre qui, à mesure qu'elle tentait de s'y agripper, se décomposait et s'embourbait. Voyant qu'il était impossible de passer dessus, elle regagna la motte de terre et y resta debout, essoufflée par cet échec. Elle devait rester là un petit moment, hébétée par son action démesurée, et chercher une autre alternative.

Personnage utilisé : Abélard

♪ Wake E-Bow - Crywolf
Soyons clairs, Abélard n'était pas un fervent prieur des Dieux. Tout juste tolérait-il leur existence, aussi incongrue soit-elle, elle était bien pratique. Mais il ne croyait pas en eux. Il ne croyait pas en leur toute puissance. Les événements qui se passaient actuellement en étaient bien la preuve non ? Pour lui l'existence d'un Dieu tout puissant impliquait plusieurs choses : a) qu'il n'était pas libre de son destin et qu'il n'était qu'une marionnette avançant vers l'inexorable et b) que les Dieux pouvaient arranger les affaires des modestes mortels mais qu'ils n'intervenaient pas car ils n'en avaient alors rien à foutre.
Non décidément, le mâle blanc n'était pas de ceux qui allait les prier en cas de détresse.

Mais alors comment expliquer son pèlerinage vers la fontaine du Dieu Mido ?
La nostalgie d'abord. Il n'y était pas retourné depuis son épreuve et le paysage avait quelque peu changé à cause du passage d'Everbloom. Il arrivait néanmoins à reconnaître quelques endroits et chaque endroit reconnu s'accompagnait d'un souvenir de son insouciante et heureuse jeunesse.
La fuite ensuite. Comme lors d'Everbloom, il s'était barré. Il ne pouvait pas.
Il ne pouvait pas contempler impuissant le visage des membres de la meute qu'il aimait, défigurés par la peur. La peur encore l'avait fait fuir de chez lui.
Abélard n'était qu'un lâche, qui servait avant tout son intérêt. Il agissait par égoïsme et voyait ce qu'il se passait ensuite.
Mais n'était-ce pas les héros surnaturels et les lâches en fuite qui survivaient à l'Histoire ? Parce que les courageux mourraient bravement, Everbloom l'avait encore une fois prouvé.

Le mâle accéléra l'allure pour chasser ces sombres souvenirs. Il fut néanmoins obligé de s'arrêter devant un étang verdâtre qui lui coupait la route. Il s'apprêtait à faire demi-tour lorsqu'il aperçu un loup sur l'autre rive. Ab' pointa les oreilles, intrigué par son manège. Il ne put retenir un petit rire devant cette tentative désespérée de traverser.

Il semble que tu sois obligée de rester sur cette rive ! lança t-il à ce qui lui semblait être une femelle de loin.

Il aimerait l'aider, mais avec son pouvoir, il n'était pas certain de réussir à déplacer d'aussi gros objets et de si loin. Il pouvait peut-être déplacer les nénuphars en espérant qu'ils flottent assez bien pour servir de bateau ? Mais même ces derniers étaient retenus par une tige.
Oh ! Bois flotté !
Abélard mis à l'eau un large morceau d'écorce. Il était assez léger pour qu'il puisse le déplacer par la pensée sur l'eau calme.
Se concentrant très fort sous le clignotement de son glowstick, il parvient à faire voguer l'écorce jusqu'à la motte de terre ou était réfugiée la femelle rouge.

Monte .. à tes risques et périls. Je ne suis pas certain d'arriver à le déplacer avec toi dessus. Et je suis même pas sûr qu'il flotte. .. No offense.

Il ne voulait pas sous entendre que la demoiselle grosse mais assurément elle l'était pour ses capacités limitées.

A peine eut-elle le temps de reprendre son souffle et de s'ébrouer le pelage de toute cette boue, qu'elle fut surprise par l'arrivé d'un autre canidé. Comme prise sur le fait après une bêtise, elle eut presque un sursaut de peur, ne s'attendant pas à une autre venue. Ses oreilles s'étaient dressées vivement vers le ciel morose et ses pupilles — affinées comme de minuscules billes sur un océan de blanc suite à l'effet de surprise — se dirigèrent vers le porteur de la voix.
Elle ne l'avait pas senti venir celui-là, en même temps.. avec cette odeur nauséabonde qui l'entourait et qui s'était saisit de son pelage, elle ne pouvait pas sentir grand chose d'autre. Le magnifique poil blanc et soyeux de son ventre et de ses pattes s'était teinté en un vert kaki répugnant, le rendant terne et âpre. Elle fronça les arcades sourcilières et dévisagea la rive de façon à affiner sa vision et percevoir le canidé dans tout ce vert et ce gris. C'est alors qu'elle perçut les couleurs clairs du canidé.

D'un regard froid et méfiant, la queue et les pattes raidies, elle toisa le mâle de loin, désapprouvant son entrée.
Qu'est-ce que... un glowstick ! Pensa-t-elle tout en le détaillant à distance, mimant toutefois l'indifférence. C'était sans aucun doute un membre d'une meute voisine dont lui avait mis en garde sa mère adoptive.
« Ne t'approche jamais d'eux, ils ont des pouvoirs et ils n'aiment pas les anarchistes comme nous. Nous n'avons pas de règles en tant que solitaires alors ils ne nous aiment pas et nous chassent. Fuis les, c'est tout. » Répétait-elle sans arrêt, expliquant l'histoire qu'elle avait vécu avec certains d'entre eux.

Morrow restait tout de même focalisée sur cette petite lumière scintillante, qu'elle voyait pour la première fois. Elle s'était imaginé à quoi pouvait ressembler les "glowstick" avec les descriptions que lui faisait sa mère adoptive, mais elle ne pensait pas que cela serait aussi.. lumineux.
Elle reprit vite ses esprits et croisa le bleu cyan des yeux du mâle, relevant légèrement le museau en biais.

Je contrôlais parfaitement la situation. Lança-t-elle d'un ton sec et d'une voix légèrement élevée, de façon à se faire entendre par l'autre canidé.

Alors qu'elle dévia son regard vers l'étendu d'eau faisant mine de réfléchir, elle fut stupéfaite par le déplacement d'une grande écorce jusqu'à sa motte de terre. Il en fallut de peu pour qu'elle entrouvrit la mâchoire inférieure à la vue du pouvoir du mâle, ébahie par celui-ci. Elle resta cependant très stoïque et fixa l'écorce d'un air toujours aussi méfiant.

C'est vraiment lui qui l'a faite bougé jusqu'ici ? Non mais j'y crois pas. Et il croit que je vais monter sur cette... chose ? Morrow restait de marbre et ne semblait pas vouloir bouger d'un poil, entêtée et trop fière pour se laisser amadouer. La gueule toujours aussi crispée, elle releva son regard vers le mâle, silencieuse, pensive.
Elle n'avait pas beaucoup d'autre choix, mais cela semblait beaucoup trop simple à ses yeux, c'était sans aucun doute un piège pour l'emmener où il voulait.
Elle ferma les paupières, serrant ses mâchoires, puis lâcha d'une voix acerbe et offensive :

Tu crois sincèrement que je vais me mettre là dessus ? Ce n'est pas de cette façon que tu m'auras. Qu'est-ce qui me dit que tu m’emmèneras là où je veux aller ? Ou que tu ne vas pas me laisser tomber en pleins milieu de ce foutu marécage pour que je m'y enfonce ?

Ses paupières restaient légèrement plissées et son regard en devenait presque menaçant, ses iris ambrées brûlant comme une flamme dans l'obscurité des lieux.

Les oreilles du loup se rabattirent en arrière avant une moue désolée.
Pourquoi ce faisait-il incendier là tout de suite ? C'était sa façon d'aider et il ne s'attendait pas à un tel retour de flamme.

Mais la suspicion exagérée de la rouge lui arracha un rire incontrôlé.

Tu as raison tu ne me connais pas. Je suis peut être un sombre psychopathe qui attire les jolies louve sur une embarcation douteuse pour les dévorer ensuite mhh ?

Abélard commença à longuer la berge, avant son indolence habituelle.

Avec un peu de chance tu arriveras à traverser à la nage.

Un mauvais conseil sans nulle doute.

Spoiler:

Spoiler:

L'épaisse couche de vase fraiche et nauséeuse collait et durcissait sur le pelage de la belle à mesure qu'elle restait figée sur place. Il lui faudrait vite s'en débarrasser ou elle pourrait bien être parcourue de démangeaisons sanglantes sur toutes la longueur des pattes et sur son ventre. Elle sentait déjà des picotements lui parcourir le bout des pattes, bien qu'elle restait immobile.
Son interlocuteur ne s'en préoccupait pas davantage et se foutait royalement de sa gueule. Elle était vraiment dans une foutue merde, c'était le cas de le dire !

Le sarcasme du mâle lui arracha une grimace et son visage devint blême de colère. Elle cracha une injure dans sa tête et retroussa sa babine supérieure, dessinant une sorte de faux rictus narquois. Elle n'osa pas rétorquer car elle savait que cela ne ferait qu'amuser l'inconnu, alors elle se contint et le toisa avec provocation, agrandissant son sourire et découvrant la pointes de crocs acérées. Elle laissa un long silence peser, son regard ne cilla pas, même lorsqu'une chouette vint s'élever et briser ce silence, montant la tension d'un cran. Elle lâcha un long soupire et roula des yeux, examinant la buche à quelques pas d'elle.
Elle le savait, c'était soit ça, soit elle replongerai au risque de rester enfoncée. Son regard mystérieux allait et venait entre la buche et l'autre canidé, hésitant. Elle donna un coup de patte sur la buche qui bougea légèrement sous la force de celle-ci, puis elle la redéposa sur sa motte de terre, encore dubitative.

Qu'est-ce qui me certifie que tu ne me tends pas un piège ? Répliqua-t-elle d'une voix relativement calme et dans les tons graves, la mine amusée.

Si le canidé n'avait pas de glowstick elle aurait sûrement pu ravaler sa fierté et accepter son aide, mais d'un autre côté si celui-ci n'en avait pas il ne pourrait pas faire bouger cette buche. Il était donc d'une aide indispensable, mais elle voulait s'assurer qu'il ne la laisserait pas tomber dans le trou le plus spongieux du marécage. Si la situation était différente elle lui aurait bien fait ravaler ses mots, mais le choix, elle ne l'avait pas.

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