Renouveau et découverte {Sarcan - Lagherta}

Dans une tanière, blottie contre un ventre chaud, une petite louve se réveillait doucement, éclairée par les premiers rayons du soleil qui passaient pas l'entrée de la tanière. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle ne vit pas le ventre noir d'Ezhekiel, celui qui était devenu son sauveur. Elle était déjà en meilleure forme, mais pas totalement guérie. Le guérisseur lui avait donné son accord pour sortir se dégourdir les pattes, mais pas loin et peu de temps et elle avait ordre de ne pas courir, bondir, se rouler par terre et tout autre activité physique, hormis marcher, par risque que ses plaies les plus profondes, pas encore totalement cicatrisées, se rouvre. En gros, elle n'avait le droit que de marché quelques heures par jour. Elle n'avait pas encore totalement récupérer de ses blessures, avait encore certaines fonctions de son corps qui n'étaient pas encore parfaitement rétablie, comme maintenir sa chaleur corporelle à la bonne température durant son sommeil, c'est pour cela que tant qu'elle dormait, elle devait dormir toujours blottie contre le ventre chaud d'un adulte... Alors, quand Ezhekiel devait partir faire une ronde tôt le matin, il demandait à quelqu'un de bien vouloir venir dormir près de la petite pour lui permettre de rester au chaud. La guérisseur avait dit que ce serait bientôt terminé, ses fonctions vitales reprenaient doucement mais sûrement leurs fonctions complètes et totales.

Elle se leva doucement et remercia le loup qui était resté près d'elle aujourd'hui et lui demanda de bien vouloir l'aider à remonter hors de la tanière. Il failli la prendre par la peau du cou avant que la petite se retourne et lui mordre légèrement le museau :"Non ! Tu vas rouvrir mes plaies ! Celle sur mon dos est très fragile, elle se rouvre souvent encore... Tu dois me laisser aller devant et me pousser du museau, c'est le seul moyen..." Le loup obtempéra, surtout parce qu'il avait peur du courroux d'Ezhekiel si jamais il arrivait quelque chose à la petite. Au sein de la meute, il n'était pas vraiment connu pour aimer qui que ce soit, mais son caractère, lui, n'était pas inconnu.

Une fois dehors, le loup demanda à la petite si elle pourrait se débrouiller seule et lui répondit que oui, alors il l'a laissa là et s'en alla prendre son poste. La petite s'étira doucement, en faisant bien attention à ne pas trop tirer sur son dos. Puis, elle se mit en route, en marchant, vu qu'elle n'avait pas le droit aux autres allures. Elle était maintenant chez les Séides depuis environ 1 mois et n'était jamais retournée là ou le drame, puis le miracle s'étaient produits. Mais il fallait qu'elle y retourne, elle le sentait au plus profond d'elle-même...Alors elle demanda son chemin puis marcha jusque là-bas. Une fois arrivée, elle essaya de retrouver le lieu à l'odeur mais elle remarqua qu'elle ne faisait que tourner en rond. L'odeur était trop vieille et son nez pas assez entraîner pour pouvoir la détecter et la suivre. Et lorsqu'elle se résigna à rentrer en se disant que ça ne servait à rien, elle ne sut retrouver son chemin. Elle était perdue...

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Le petit matin venait de percer les méandres de la nuit, dispersant les derniers restes des noirceurs de la reine nocturne et recouvrant les étoiles d'un voile lumineux. Sarcan était blotti dans une crevasse. Pour bien des loups, il aurait été dans une position inconfortable mais pour lui, ce n'était le cas. Son lit de pierres ne le gênait nullement malgré son pelage fin. Il avait le regard dirigé vers la toison colorée, souriant. Il appréciait les spectacle et celui-ci ne le décevait jamais, bien au contraire, il ne l'appréciait que plus encore. Il ne dormait plus que rarement au Creux aux Loups, préférant le couvert de la nuit à celui des grottes séides. Il ne voyait plus que rarement les autres loups de son clan mais au final, qui ça gênait réellement ? Il était un zélote qui passait plus de temps sur les routes, voyageant d'une fontaine divine à une autre, déposant une offrande le matin et le soir. Il enchaînait les kilomètres, sa musculation s'en était retrouvée que plus développée sur son corps svelte mais le prix était dur à payer. Sarcan ne s'était encore jamais fait de réels amis. Il avait côtoyé la mercenaire qui travaillait pour les séides, Hikotsu, mais en une rencontre, il n'avait pu réellement établir un lien. Puis ses autres rencontres avaient connu le même destin.

Le mâle soupira puis il se leva. Il chassa l'humidité qui s'était déposée en de belles gouttes sur son pelage, puis il sauta de son lit de pierre. Il le retrouverait dans la soirée, sauf si son office religieux prenait plus de temps et que du coup, il se stopperait ailleurs pour y passer la nuit. Sarcan éternua, s'ébroua. Il soupira puis avec douceur, il étira chacun de ses membres, les dés-ankylosant de cette nuit. Il n'avait que trop peu dormi, réveillé par des corbeaux en furie. Il en avait été étonné pour cause que ces charognards ne s'aventuraient guère dans l'empire nocturne et pourtant ils avaient fait un tel tapage qu'il n'était pas impossible que leurs bruits d'ailes se soient entendues jusque dans les tréfonds du Creux aux Loups. Si leur boucan avait réveillé le prédateur lupin, il n'avait guère bougé mais la curiosité le poussait désormais vers la raison de la présence des corbeaux bien plus tôt.

Sarcan prenait donc le chemin vers la source de conflits des corbacs, sautant de pierres en pierres, évitant les chemins trop étroits pour ne pas chuter dans des pièges de rocs mortels. Il lança un regard vers le soleil qui commençait son ascension et il grimaça. Il allait être en retard à son office. Est-ce que les dieux lui en tiendraient rigueur ? Il ne l'espérait pas car il ignorait ce qu'il allait trouvé … Peut-être des indices quant à la faiblesse de dame Dairo et de sir Aka ? Un signe d'invasion des Précursors ? Tant d'idées alors qui ne pourrait s'agir que d'une simple charogne.

Un mouvement se fit voir.

Sarcan se stoppa net, sur une petite corniche, un peu en surplomb de ce qu'il venait d'apercevoir. Il tendit le cou, cherchant à retrouver du regard la silhouette qui venait de passer. Il la vit enfin de nouveau, entre deux crocs rocheux. C'était une enfant. Il sauta rapidement de son surplomb et fila vers elle. Plus il s'approchait, plus il pouvait voir l'horreur qu'elle avait subi. Elle avait été soignée mais les blessures continuaient à se voir, marquant ce frêle corps.

« Tu ne devrais pas être seule ici.

Il regarda autour d'eux, s'assurant qu'il n'y ait de gros prédateurs tel qu'un ours ou un puma qui erraient dans ces chaînes de montagnes. Les deux loups étaient seuls. Le zélote soupira de soulagement et reporta son regard sur la demoiselle.

« Je me présente, je suis Sarcan. Et toi, quel est ton nom ? Pourquoi es-tu seule ici ?

Elle portait une légère odeur séide, rien qui pouvait vraiment indiqué qu'elle faisait entièrement partie du clan. Même les nouveaux nés possédaient un fumet plus fort du clan. Sarcan voulait tant la questionner mais il fit tourner sept fois sa langue dans sa gueule, en attendant qu'elle lui réponde. Il ne devait pas la brusquer. Elle était déjà en piteux état, nul besoin de la faire se braquer, surtout s'il voulait la ramener à ses parents.

La très jeune femelle venait de se rendre compte qu'elle s'était perdue. Tournant sur elle-même, revenant sur ses pas essayant d'user de son flair, elle cherchait quelque chose de familier, un arbre, un chemin, un arbuste, qu'elle aurait croisé en venant... Mais rien ne lui paraissait familier, ce qui était normal. La première et dernière fois qu'elle était venue ici, elle était totalement paniquée et en fuite à son arrivée, et à son départ, elle était à moitié morte, transportée par Ezhekiel, et dans les vapes la moitié du temps en plus... Soudain, derrière elle, elle entendit une branche craqué et se retourna vivement, pour faire face à ce qui allait arriver. Trop vivement car la cicatrice sur son dos l'a rappela à l'ordre et lui arracha une grimace de douleur. Elle resta pourtant droite sur ses pattes bien raides et attendit que celui ou celle qui se trouvait là, se montre. Ce fut un loup qui pointa son museau devant elle. Elle fut soulagée que ce ne soit pas un ours ou un lynx. Certes, elle était coriace, vaillante et brave, mais en ce moment, elle était surtout frêle, fragile, blessée et son énergie lui était comptée. Il ne prit même pas la peine de la saluer, percutant droit au but :

- "Tu ne devrais pas être seule ici."

Oui, ça, elle avait cru le comprendre, dès le moment où elle s'était rendue compte qu'elle était parfaitement incapable de retrouver le chemin qui l'avait menée ici... Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de répondre une petite pique bien sentie dont elle avait parfois le secret, il se présenta, sous le nom de Sarcan. Drôle de nom soit-dit en passant, mais qui lui allait plutôt bien, elle devait le reconnaitre. Puis il lui demanda de se présenté à son tour et ce qu'elle faisait seule ici... Bien qu'elle ne le connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, il était un adulte, ne semblait pas lui vouloir de mal et portant une odeur Séide assez puissante pour qu'il fasse partie de la meute. Et puis, elle avait déjà remarqué que lorsqu'elle mentionnait que Ezhekiel se mettrait probablement à la chercher tôt ou tard, bizarrement, tout le monde se dépêchait de la raccompagné à sa tanière si tel était son souhait... Ezhekiel avait apparemment un fort caractère et peu de monde avait envie de se risquer à s'attirer ses foudres... C'était bon à savoir et plutôt utile, il fallait se l'avouer... Dans la mesure ou se loup ne semblait pas lui vouloir de mal et était son seul espoir de rentrer au camp, surtout que son énergie commençait à diminuer, et le gérisseur avait particulièrement insister sur le fait de ne pas forcer, elle choisi d'obéir et de se présenter :

- "Je suis Lagherta, orpheline, sans meute, recueillie par Ezhekiel. Je suis donc sous la garde et la protection des Séides jusqu'à nouvel ordre. Je voulais me promener, maintenant que j'en ai enfin le droit, mais je me suis rendue compte que j'étais perdue juste avant votre arrivée. Vous voudriez bien me raccompagner au camp, s'il vous plait ?"

Elle avait à demi marmonner la dernière partie, celle ou elle racontait qu'elle était perdue. Durant toute sa courte vie, avouer ou montrer ses faiblesses lui avait valu des corrections qui avaient laissés des marques, autant physiques que psychologiques, alors même si elle avait apprit, avec le guérisseur, à dire quand quelque chose n'allait pas, elle avait encore du mal à le faire naturellement et devait se forcer un peu.

Invité

Le mâle s'aventura plus proche de l'enfant, franchissant les quelques centimètres qui les séparaient. Elle avait semblé paniquée. Elle avait du s'attendre à voir un autre prédateur qu'un chasseur à l'apparence de loup. Il ne pouvait que trop bien comprendre. Il était déjà tombé truffe à truffe avec une puma qui avait protégé sa progéniture par des feulements et des menaces. A cet époque, il s'en était vite éloigné, ne faisant guère le poids face à un félin. Aujourd'hui, il ne donnerait pas non plus chère de sa peau … Il était musclé que par la marche mais ne maîtrisait nullement l'art du combat mais exerçait dans celui de la fuite. Sarcan n'était guère un guerrier après tout.

Il écouta la petite demoiselle après qu'elle eut réfléchie un instant. Elle avait sans doute songé à si elle devait ou non dire qui elle était mais si le mâle ne s'était attendu qu'à un prénom, il avait eu bien plus d'informations qui ne l'avait voulu. Il se mit à sourire. Il n'aura guère à gaspiller sa salive et l'énergie de la petite avec toutes les questions qui trottaient dans son esprit.
Le zélote tiqua à la mention d'un loup. Ezhekiel. Par peur de lui ? Par respect pour lui ? Non, Sarcan était ignorant de savoir qui était ce sauveteur d'enfant en déroute … Bien que le souvenir d'un mâle au pelage sombre et au sale caractère lui traversa l'esprit. Si c'était le loup auquel il pensait, il avait du mal à l'imaginer sauver un enfant. Mais après tout, il ne le connaissait pas personnellement.

« Enchantée. Ezhekiel est-il un loup noir arborant un épais tissu autour du cou ?

Le zélote se tourna vers un petit sentier. Il était étroit et quelque peu escarpé. Il détailla la demoiselle.

« C'est le chemin le plus court. Il est particulièrement escarpé et à certains endroits, la falaise manque de s'effondrer. Je doute que ce genre de chemin te convienne …

Sarcan marque une pause et réfléchit à son tour. Il connaissait de nombreux chemins vers le creux aux loups. Certains étaient plus dangereux que d'autres mais les plus sûrs demeuraient les plus longs donc il serait fastidieux pour l'enfant de marcher autant.

« Il y a d'autres chemins. Ceux en meilleur état sont malheureusement les plus longs et je doute que tu puisses tenir cette marche. Il y en a d'autres donc le sol est quelque peu vicieux mais je pourrais te porter sur mon dos. Nous irions plus vite et tu pourras te reposer durant le chemin de retour. La décision te revient, je te guiderais dans tous les cas.

Le loup gris s’approcha encore un peu et attendit. Comme rien ne vint, il finit par reprendre la parole en lui demandant si Ezhekiel était un grand loup noir vêtu d’une grosse écharpe autour du cou. La petite sourit et hocha la tête en répondant :

- "C’est bien lui. Vous le connaissez ?"

Le grand loup se tourna ensuite vers un sentier et reprit la parole en lui exposant les différentes solutions.

-"C'est le chemin le plus court. Il est particulièrement escarpé et à certains endroits, la falaise manque de s'effondrer. Je doute que ce genre de chemin te convienne …Il y a d'autres chemins. Ceux en meilleur état sont malheureusement les plus longs et je doute que tu puisses tenir cette marche. Il y en a d'autres dont le sol est quelque peu vicieux mais je pourrais te porter sur mon dos. Nous irions plus vite et tu pourras te reposer durant le chemin de retour. La décision te revient, je te guiderais dans tous les cas."

Ce qu’il ignorait probablement, c’est que la petite louve n’était pas du genre à rechigner devant un obstacle et encore moins encline à se laisser porter. Elle était forte, fière et ne voulait pas qu’on la prenne pour une pauvre petite chose, pas après tout ce qu’elle avait du subir pour en arriver là ! Mais elle savait également qu’il avait raison en disant que le chemin le plus court ne lui conviendrait vraiment pas. Elle était fière, mais pas folle, ni maso. Non seulement, si elle forçait trop, elle risquait de rouvrir la plaie de son dos, mais en plus, elle se prendrait une déculottée par Zek pour avoir filer, avoir mis sa vie en danger, ne pas avoir écouter ce que le guérisseur avait dit, et avoir trop forcé sur ses capacités physiques…
Le choix était donc assez facile, elle adorait Zek, mais il est vrai qu’il n’avait pas un caractère des plus facile et quand il s’agissait d’elle et de santé, elle devait reconnaître qu’il perdait très facilement son calme… Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi, elle était encore trop jeune…

- "Vous avez raison, le chemin le plus court, je n’y arriverais pas. Mais je ne tiens pas non plus à faire trop long. Prenons donc au milieu : un chemin pas trop long, et pas trop escarpé non plus…"

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