Dans la boue jusqu’au cou ♛ Nephtys

Embourbé jusqu’au cou. Voilà comment se trouvait actuellement Alys. Clairement pas une situation de rêve… Enfin, remontons aux circonstances qui ont poussé notre loup à se retrouver embourbé dans un marécage.

Il était parti du camp des Etelkrus il avait de nombreuses heures de cela, des nuages gris flottant au-dessus de sa tête. C’était le jour où habituellement il chassait pour sa déesse, une proie qu’il se voulait à chaque fois particulière, cela pouvait être par sa taille, un détail physique ou même par sa rareté. C’était donc avec l’idée de tête de se trouver une proie exceptionnelle qu’il était parti chasser, et pas n’importe quoi attention ! Alys avait entendu dire que dans les splendides marais où se trouvait la fontaine de Kiro, circulait des crocodiles, des bêtes incroyables possédant des rangées de dents immenses et pointues. Le mâle n’avait pas eu besoin d’en entendre plus pour se lancer à la chasse aux crocos. Quelle idée il avait eu là… Le Bêta avait bel et bien trouver ce qu’il cherchait, malheureusement, le reptile s’était montré beaucoup plus malin qu’il ne l’aurait cru… Il était parvenu non seulement à blesser le loup en le mordant juste au niveau des bandages où ce dernier effectuait ses saignées, mais en plus il l’avait piégé en le poussant dans une zone marécageuse le laissant s’enfoncer. Par chance, l’animal avait disparu mais Alys était convaincu qu’elle traînait encore quelque part attendant son heure pour surgir.

Cependant pour le moment, le bêta était coincé ne parvenant pas à se retirer de cette fichue boue. Quelle manière pitoyable de terminer son existence… Gloriel en rirait sans aucun doute… et il ne serait pas le seul… Le disciple de Dairo tenta de retirer en vain ses pattes avants de la boue mais ce simple mouvement lui arracha un gémissement de douleur étirant sa blessure ouverte à la patte. Bon sang mais dans quel merdier il s’était mis !

« — Eh merde ! »

Combien de temps pouvait-il bien tenir ainsi avant de s’enfoncer complètement ? Il ne le savait pas et il allait certainement le découvrir dans peu de temps à moins que quelqu’un vienne à son aide...

J’étais partie de bonne heure en cette journée automnale. L’envie d’aller me poser dans un coin loin de toute l’agitation du nerf central de ma meute était venue me susurrer des promesses de détente et de cavalcade et j’avais succombé sans trop de résistance à son appel. La grisaille s’était imposée depuis plusieurs jours sur nos terres, et l’humidité avait imbibé la terre d’une étreinte passionnelle. Je contemplais mes pattes, couverte d’un masque de boue, vestige de ma course à travers les arbres de la forêt. J’avais erré quelques temps, ne profitant que de la simplicité du monde qui m’entourait, avant d’avoir une petite fringale. Ce n’est qu’une fois un jeune lièvre passé à trépas que je pus calmer ce besoin primal de satisfaire mon estomac.

Je m’étais alors détournée de la forêt pour investir un lieu qui était cher à ma génitrice : le marais aux lianes. Les gènes de reptiles présents dans la famille avaient évidemment créé une connexion avec la faune de cet environnement. Bains de boue, dégustations de batraciens, ou encore repos dans le calme environnant, tout était fait pour convenir à Nout. Et je devais avouer que j’aurai aimé partager ce plaisir naturel à me trouver dans cet espace, mais un mal-être persistait à venir me gâcher ce sentiment de plénitude. J’étais de faible constitution comparé à ma fratrie, et je n’étais pas sure d’être faite pour vivre au milieu de prédateurs aussi vifs et puissants que les crocodiles.

Je soupirai et allongeais ma foulée dans la terre marécageuse, slalomant lestement entre les diverses mares qui parsemaient le terrain. Certaines étaient même associables au sable mouvant, embourbant quiconque ayant la folle idée de venir défier la toute-puissance de Mère Nature. Je me rendis au temple, pour une énième introspection et réflexion pour décider de mon avenir. Mes un an étaient révolus, et il allait falloir que je fasse un choix quant à l’allégeance que je comptais donner. Aka me tentait, mais je savais pertinemment qu’il n’était que la représentation de ma volonté à être plus forte que je ne l’étais. Tenter son épreuve deviendrait alors du suicide à l’état pur si je n’y allais pas dans un état de confiance totale. Mes pensées se tournaient alors vers les deux autres Dieux vénérés par notre meute, mais mon indécision me conduisait à laisser s’écouler le temps sans prendre de décision. Il allait être temps, mais ça ne serait pas encore pour aujourd’hui.

Je ressortais alors, n’ayant aucune idée du temps que mes pensées s’étaient accaparées. Reprenant la route de la tanière, une forme sombre non loin et un juron perdu attisèrent l’intérêt de mes pupilles fendues. Je marquais un temps d’arrêt devant la scène improbable qui se jouait devant moi. Comment diantre avait-il bien pu réussir à se mettre dans une telle situation celui-là ? J’étais prise entre l’envie de rire et le stress de trouver une solution pour le tirer de ce mauvais pas. La glaise était un fléau et bon nombre d’âme finissaient par abandonner le combat pour disparaître entre les crocs des prédateurs du coin. La raison prit le dessus, et je regardais autour de moi.

Sans trop tergiverser, je me pressais jusqu’au bourbier où s’était fait prendre le malheureux et lançais rapidement sur un ton légèrement amusé :

« Ne te débats pas ça va t’entraîner au fond, je reviens tout de suite Monsieur le gros malin. »

Toute la complexité allait de trouver une liane dans la végétation environnante assez longue pour qu’elle puisse l’atteindre, mais aussi que je puisse l’emmener jusqu’à un arbre. Car j’avais bien conscience au vue de la carrure de l’inconnu qu’il allait m’entrainer avec lui si jamais je me contentais de tenir la liane. Il fallait que je sois plus maligne que ça, et il ne me fut pas difficile de trouver une solution à ce problème. Résistance et longueur étaient importantes, heureusement qu’on parlait de liane. Toussotant rapidement, je finis par trouver mon bonheur au bout de quelques instant et retournais voir mon compère.

Il n’était pas très éloigné du bord de la mare qui l’avait aspirée, mais assez pour que je doive réfléchir à la manière de lui faire parvenir le bout de corde improvisée. Larguant la liane à côté de moi, je m’en saisi à pleine gueule en faisant attention à laisser une certaine marge avec son extrémité. Nous en venions donc au moment où j’allais perdre toute grâce et légèreté dans mes gestes. Adieu féminité, bonjour louve en mode survie qui oublie les bonnes manières. Je pris quelques foulées de recul et m’élançais ; je bondis aussi haut que possible et balançais ma tête de droite à gauche d’un mouvement brusque et sec pour faire tracer un arc de cercle à l’outil de fortune.
Je retombais en maintenant le fouet qui scindait désormais l’air pour lui impulser de la vitesse et une ligne de conduite. M’écrasant sur le flanc, je sentis l’impact résonner dans mes côtes et grimaçais de douleur. Je restais là quelques instants sans bouger, reprenant mon souffle pendant que la douleur refluait. Un petit mammouth en action, mais quand je tournais ma tête vers l’individu, je vis que la liane était presque sur lui. Il devrait réussir à l’attraper en se décalant un brin. La voix un peu rauque et l’inspiration encore un peu soufflante je ne pus m’empêcher de dire en souriant :

« Pas mal pour un premier test non ? »

Je me relevais, surveillant les signes d’un point de douleur plus prononcé que de normale, mais le soulagement m’envahis : je n’avais rien. Je m’ébrouais vivement et donnais mes directives tout en m’activant.

« Je vais aller jusqu’à cet arbre juste à côté. Je le contournerai avec la liane et y prendrai appui pour essayer de tracter la corde. Où à défaut, je pourrai au moins la tenir tendue pour que tu te débrouilles par la force de ta mâchoire pour te tirer de ce mauvais pas Monsieur Pas doué. »

Je ne parvenais pas à me retenir de lui trouver des sobriquets qui devraient probablement l’irriter au vu de la situation peu glorieuse dans laquelle il s’était mise, mais mieux valait que j’en rigole plutôt que je le laisse planté là feintant l’ignorance non ? Je pris place en silence, et tirais sur notre corde de secours. A lui de jouer maintenant.

C’était pathétique, et pire que ça même, lui-même se rendait pathétique ! Son honneur en prenait un sacré coup… Visiblement le destin semblait vouloir s’acharner contre lui quoique il essayait plutôt de l’aider au final car une femelle pointa le bout de sa truffe. Elle était plutôt jolie, une sauveuse carrément canon même ! Sur ce point-là, le bêta n’avait pas à se plaindre. Il leva un sourcil en écoutant les directives de la demoiselle, eh bien il ne risquait pas de s’ennuyer ! Un sourire énigmatique vint étirer ses babines.

« — Je ne risque pas de m’envoler demoiselle.»

Elle s’absenta quelques minutes le laissant seul, cependant, il écouta ses consignes et resta immobile bien que ce n’était pas l’envie qui lui manquait de sortir de là le plus vite possible... Lorsqu’elle revint, l’Etelkrus – car elle en portait l’odeur et qu’il se souvenait l’avoir déjà croisé au camp – avait avec elle une liance du genre bien solide. Bon au moins si il restait enfoncé là-dedans, il pourrait toujours se pendre avec… ahah… La situation le rendait quelque peu nerveux bien que son côté créatif lui permit de comprendre rapidement les intentions de la louve. Cette dernière parvint à lui lancer la liane non loin de lui, pas assez près pour qu’il l’attrape de là où il l’était, mais suffisement proche pour qu’il parvienne à se mouvoir vers elle. Aussi, tant bien que mal, Alys déplaca son corps centimètres par centimètres avant de parvenir à saisir la liane entre ses crocs. Tout en écoutant les directives de la demoiselle, il testa la résistance de la liane en tirant dessus, elle ne semblait pas lâcher, tant mieux. Il releva ses prunelles vairons vers la femelle.

Avant qu’il ne puisse lui répondre, elle était déjà prête, tendant la corde pour lui permettre de s’extirper de la mélasse dans laquelle il s’était fourré. Alys hésita avant de tirer sur la corde de peur de l’entraîner avec elle mais elle semblait avoir un bon appuie, du moins il l’espérait. Cependant si jamais il la voyait flancher il n’hésiterait pas à tout lâcher, inutile qu’ils se retrouvent à deux dans cette situation délicate.

L’effort était rude pour le disciple de Dairo qui faisait sortir tant bien que mal ses pattes avants du marécages. De plus cela lui faisait mal à la machoire, décidément, la prochaine fois qu’il se lancerait à la chasse aux crocos il y réflechirait à deux fois… Lorsque ses pattes touchèrent enfin la surface dure du sol, Alys haletait, se traqueter avec pour seule force ses crocs n’étaient pas chose très agréable. N’en ayant plus besoin, il lâcha sa prise sur la liane. Il resta à moitié couché entre la terre ferme et le marais dont-il venait de se sortir essayant de reprendre ses forces. Il finit néanmoins par relever les yeux vers la demoiselle, le sourire aux babines.

« — Pffiou ! Pas mal pour une première fois nan ? »

En secouant sa tignasse dont une partie était couverte de boue, il se redressa. Winnifried aurait sûrement remuait ciel et terre en voyant son fils aussi peu présentable… Cependant l’attention de ce dernier était rivée vers sa blessure qui continuait de saigner, encore. Bougonnant, il détacha le bandage plus au moins propre qui entourait l’une des cornes de son capuchon et en entoura la blesssure. Son opération terminé, il leva ses yeux vers la femelle.

« — J’espère que vous n’êtes pas blessée gente dame… » Il marqua une pause en posant son arrière train sur le sol. Le mâle plaça sa patte avant valide au niveau de son coeur avant d’incliner la tête. « — C’est une fière chandelle que je vous dois-là, sans vous, je serais encore embourbée dans ces marais. Permettez-moi de me présenter, mon nom est Alys. Me permettez-vous de connaître le votre ? »

Oh par les Dieux ! Je fermais les yeux, appuyant de toutes mes forces contre l’écorce grasse de l’arbre. Mes griffes, face à l’effort, raclaient le cocon de l’arbre, laissant peu à peu la trace de mon passage ici. Mon souffle s’accéléra, et j’avais l’ignoble impression que ma mâchoire allait céder et se décrocher du reste de mon corps. Mais combien de temps lui fallait-il pour se sortir de sa pataugeoire au juste ? Je commençais à trembler, menaçant de lâcher ma prise un peu plus à chaque instant. Puis enfin je le sentis. Le relâchement dans la liane, signe certain que l’inconnu avait abandonné la plante. J’eus un instant d’inquiétude profonde, me demandant si il était mort coulé ou non pour que ce leste soit apparu, mais un regard en sa direction me soulagea profondément.

A mon tour, je laisser à terre notre corde improvisée et me dirigeais d’un pas mal assuré vers l’individu qui venait de surprendre ma journée. Son regard vairon m’agrippa et je fus happée dans leur contemplation. On pouvait dire ce qu’on voulait, les yeux vairons avait véritablement un charme particulier. J’accompagnais son sourire lorsque je l’entendis reprendre mot pour mot mes propres paroles. Un petit rigolo hein, sa tête me disait quelque chose mais je ne parvenais pas à le replacer dans son contexte. C’était… Frustrant. J’allais continuer de chercher pendant que je faisais son bilan.
Ce dernier point m’inquiétait, d’autant plus que je l’avais vu saigner. Je ne savais pas ce qu’il s’était fait, mais pour que ça saigne de la sorte ce n’était certainement pas bon. Je m’approchais, et m’asseyais pour l’observer en silence changer son bandage imbibé de rouge.

Et une fois de plus, il parvint à me surprendre à un point que je n’imaginais pas. Juste après l’avoir écouté, je me mis à rire à gorge déployée. Un rire innocent, syndrome du relâchement de la tension que j’avais accumulée, mais aussi de la situation que nous vivions tous les deux. Il y avait un tel décalage entre ce qu’il se passait et le comportement parfaitement poli et maîtrisé du loup que je n’avais pas pu me retenir de céder à l’envie de laisser mes cordes vocales s’exprimer.

« Oh par les Dieux je t’assure que cette situation est vraiment, mais vraiment trop bizarre haha ! D’abord je te trouve embourbé, puis on sue corps et âme pour te sortir de là. Et toi, alors même que de la boue dégouline de tes poils tu te tiens tel un gentleman ! Tu égayes ma journée Alys haha. » Je tentais de me calmer et de reprendre mon souffle et enchaînais. « Je suis Nephthys, fille de Nout et de Darius. »

Et c’est alors que je me mis à connecter les quelques neurones qui se baladaient dans ma matière grise et que je sentis mes yeux s’exorbiter et ma mâchoire se mettre à pendouiller bêtement. Il avait bien dit … Alys ?! Tout se recoupait dans ma mémoire défaillante et je sus alors à quel moment j’avais entendu ce nom, et vu ce loup.

« Ne me dis pas que tu es… Notre bêta ?!!! Hahahhahaha et bien dis donc alors celle-ci je ne l‘avais vraiment mais alors vraiment pas vu venir hahahaha ! Rien de cassé monsieur le gros bêta ? Ne t’inquiètes pas, avec moi ton secret sera bien gardé. »

Bon ok j’y allais un peu fort mais vraiment c’était tellement inimaginable qu’une telle situation se produise ! Heureusement que j’étais déjà assise parce que dans le cas contraire je serai tombée à la renverse. Les yeux humides d’avoir tant ri, je toussotais maladroitement pour reprendre contenance. Le pauvre, son égo n’allait probablement jamais pouvoir s’en remettre. Et je serai là pour lui rappeler s’il l’oubliait soyez-en sûr ! Le sourire ne quittait plus ma figure et je sentais mes yeux briller de malice.

« Pardon, excuse-moi. C’est juste que … C’est tellement impensable ce qui se passe là, que j’ai du mal à y croire. Comment as-tu réussi à te mettre dans un tel guêpier ? Et au passage, ta blessure n’est pas belle, tu ferais mieux de passer au temple la nettoyer à la fontaine pour la nettoyer au mieux. Les infections sont monnaie courante avec tout ce qui traine dans le marais. »

J’aurai peut-être dû être plus formelle, après tout c’était mon supérieur. Mais au vu de ce que nous étions en train de vivre, je n’arrivais vraiment pas à lui donner du « vous ».

Alys écouta rire la louve, au moins prenait-elle cela sur le ton de la plaisanterie bien que la fierté du mâle, elle, venait de se barrer à des kilomètres de là… Il faut dire qu’il y avait clairement de quoi se moquer de lui ! De plus, le disciple de Dairo était bêta, rien de mieux qu’une situation aussi ridicule pour ternir son image. Enfin, ce n’était pas comme si il se préoccupait vraiment de cette dernière, tant qu’il faisait son boulot, les autres n’avaient pas à se plaindre de quoique ce soit… Il pencha ses oreilles vers l’avant en écoutant le nom de la louve, quelque peu surpris, le fils de Méléagant fit immédiatement le rapprochement entre la demoiselle Etelkrus ainsi que son frère, Grimm. Ce dernier était bêta avec lui et possédait de très grandes connaissances. La famille Viking était encore plus vaste qu’Alys l’avait pensé… et plutôt futée visiblement. Nephtys venait de montrer qu’elle était très débrouillarde et créative dans les situations les plus farfelues. Dairo aurait sûrement été fière de possèder une disciple comme la femelle.

« — Il serait impoli de ma part de me comporter autrement, surtout envers ma sauveuse… Je ne suis pas un rustre tout de même, enfin du moins je l’espère… » Il pencha légèrement la tête sur le côté. « Ravi de faire ta connaissance Nepthys, je me disais bien aussi que certains de tes traits physiques n’étaient pas sans me rappeler ton frère, Grimm. »

C’est alors qu’elle sembla le reconnaître et… parti d’un grand rire. Il faut dire que l’égo d’Alys venait tout juste de rendre l’âme… Cependant, contrairement à ses habitudes le loup n’était pas énervé, bien au contraire, curieusement cela l’amusait aussi. Pourquoi ? Il n’aurait sû dire, probablement qu’il aurait également rit si la situation aurait été inversée… Il toussota en entendant la fin des paroles de la Viking. Faire confiance à quelqu’un consistait déjà un réel défi pour Alys, mais alors à une louve, ces pipelettes encore moins. Il remua ses plumes colorées avant de prendre la parole.

« — Ah… ah… ah … Je me méfie toujours des dames qui prétendent garder vos secrets et les répètent à tout va, vous les demoiselles, vous avez souvent la langue bien trop pendue et puis quelle anecdocte cela doit être. Avoir vu son bêta dans la boue comme un crétin… Autant dire que ma fierté aura cessé d’exister… »

Un sourire énigmatique flotta sur les babines d’Alys. Étant donné la moquerie qu’il venait d’essuyer, il n’allait pas lui révéler toute l’histoire ! De toute façon au final, cela devenait aussi ridicule que tout le reste alors inutile d’en rajouter…

« — Tu n’as pas besoin d’en savoir plus, chère Nepthys, il s’agit juste d’un léger malentendu avec un croco… » Il jeta un coup d’oeil à sa blessure, nullement inquiet. « Oh, je ne me fais pas de soucis. Il y aura sûrement un des membres de ma fatrie pour m’amener de force voir les guérisseurs… peut-être plusieurs même… »

Il imaginait d’ici Mayu’ au centre de ce complot. La fourbe. Elle faisait l’innocente avec son handicap mais elle cachait fort bien son jeu… Alys allait devoir se faufiler en douce dans le camp avant de se faire intercepter… Quoique, cela allait l’obliger à essuyer une nouvelle honte devant les guérisseurs lorsqu’ils lui demanderaient les origines de sa blessures, enfin eux aussi n’avaient pas besoin de connaître toute la vérité. Fort heureusement d’ailleurs. Le reptile, qui devait se trouver dans le coin sûrement en train de barboter dans la boue du moins il fallait l’espérer se moquait probablement de la situation dans laquelle il avait laissé son advsersaire. Fichu croco à la con ! . Il frisonna légèrement en entendant la proposition de l’Etelkrus.

« — Il est absolument hors de question que je profite des bienfaits de la fontaine d’un dieu qui n’est pas le mien, ce serait des plus déplacé de ma part… Mais au fait belle Nephtys, tu ne t’es pas encore tourné vers une divinité ? Je n’entrevois de Glow nul part sur toi, à moins que tu l’es bien caché...»

Winnifried lui aurait sûrement tapé sur le bout des pattes pour cette curiosité trop grande, mais il faut dire que la demoiselle intriguait pas mal Alys, surtout qu’elle venait de lui sauver la vie ! C’était le minimum de s’intéresser à sa sauveuse. Un sourire taquin étira les babines de l’ancien garde.

Je fus surprise qu’il parvienne à discerner des ressemblances avec mon frère. Après tout, si nous ne venions pas de la même portée, il n’en restait pas moins que j’étais le vilain petit canard de tous les enfants de ces géniteurs. Et au final hormis avec ma mère rares étaient ceux qui parvenaient à m’associer aux enfants de Darius. Je l’observais toussoter, et l’écouter tandis qu’il rappeler à nos mémoires les talents de la gente féminine pour taire certaines histoires croustillantes. Il n’avait pas tort, la majorité des femelles aimaient glousser en groupe et se lancer des œillades parfois peu discrètes. Mais aussi étonnant que cela puisse paraître, ce n’était pas mon cas. Cette situation ne s’y prêtait pas mais dans le quotidien j’étais quelqu’un d’assez introverti.

« Je dois te concéder que bon nombre de mes congénères auraient déjà filé pour raconter cette petite rencontre particulière. Mais tu as de la chance, je préfère conserver ce petit pouvoir son ton égo fort malmené aujourd’hui ! »

Un sourire taquin aux babines, je le fixais de mes pupilles d’or liquide. Puis je me mis à hausser les poils de mon arcade sourcilière en entendant son résumé de l’histoire. Eh bien, il avait vraiment dû jouer aux idiots pour ne pas m’en dire plus ! Ce beau mâle attisait de plus en plus ma curiosité. Un bêta encore bien innocent si vous voulez mon avis, ça promettait de beaux fous rires. Puis un grondement bas sorti involontairement des tréfonds de ma gorge. Je m’approchais, envahissant volontairement son espace vital.

« Comment ça ils vont t’emmener de force ? Mais mon très cher Alys, j’espère bien que tu vas y aller de ton plein gré et sans chichi ! Ne prends pas à la légère mes recommandations, laisse traîner ça et tu finiras avec une plaie purulente ignoble sous tes bandages rougi. »

Ces mâles je vous jure, il fallait toujours qu’ils se prennent pour des surloups. Je le regardais d’un œil mécontent et me décidais à ajouter :

« Pour le coup sois sûr que si tu n’y vas pas, cette petite mésaventure sera aux gueules de toute les femelles d’ici demain. Prends en considération les problèmes de ton corps, d’autant plus que tu as désormais des responsabilités à assumer. »

Je l’écoutais également se désister face à ma proposition, et je n’étais pas sure de sa logique. Les dieux veillent sur nous. Certes il ne s’agissait pas du temple du renard, mais aucune des trois entités ne s’acharneraient sur lui s’il y allait pour nettoyer sa plaie. Nous n’étions pas encore une meute très développée, perdre un bêta n’était dans l’intérêt de personne. Mais soit je laissais couler, d’autant plus qu’il aborda un sujet beaucoup moins plaisant pour ma personne. Je détournais la tête et me mis à fixer le vide.

« Non effectivement, ma première année de vie s’est écoulée sans que je ne m’en rende compte et aujourd’hui le choix me paraît bien complexe à effectuer. Mais sache que si je l’avais caché, tu ne l’aurais jamais trouvé de toute manière ! »

J’étais tiraillée entre l’amusement et la nervosité de tomber sur ce terrain. Mais le sourire qu’il me permit de voir calmer ma tension nerveuse. Et je reculais un peu, me rendant compte que je n’avais toujours pas repris ma place et que, par le fait, j’étais bien proche du grand mâle. Je sentis la peau de mes joues chauffer face à mon impudence. Jusqu’où tolérerait-il mes affronts ? La part rationnelle de mon cerveau me sermonnait en me disant que mieux valait ne pas le savoir. Mais une voix plus subtile me susurrait que cela pouvait être assez sympathique de tester ce Bêta. Dilemme mes amis !

Le mâle sourit en écoutant la louve défendre sa cause. Certes, toutes les femelles n’étaient pas des pestes, il n’empêche que la majorité faisaient partis de cette catégorie… même avec Korra, le bêta était bien servi , sa petite sœur contrairement à ce qu’elle faisait croire, manipulait fort bien les gens autour d’elle, sauf lui. Alys avait toujours était insensible à ses tentatives d’influences, certes il se souciait du sort de sa sœur, mais pas au point où cela le mettait dans une situation qu’il appréciait peu. En revanche Mayuri, elle, il ne parvenait à résister à ses charmes lorsqu’elle avait besoin d’aide. Décidément, difficile de s’ennuyer avec des louves autour de lui ! Il plissa les yeux en écoutant Nephtys lui garantir de garder son secret, Alys n’étaient clairement pas du genre à croire toute ce qu’il entendait, en revanche, il était prêt à accorder une once de confiance à l’Etelkrus en espérant qu’elle ne le trahisse pas.

« — En effet, tu ne me parais pas être comme le commun de tes congenères. En revanche, je suis pas sûr que mon égo préfère cette option mais qu’importe, je remets cette confidence entre tes pattes, pour le moment du moins. »

Il trouverait bien le moyen un jour de trouver une confidence à elle aussi qui la mettrait dans l’embarras. Ce n’était pas de la vengeance, bien au contraire, plus une source d’amusement. Alys écarquilla ses prunelles perplexes. Bon sang ! Venait-elle de grogner ? Il n’était pas sûre de bien avoir entendu, mais ses doutes furent confirmés en la voyant s’approcher ainsi de lui. Décidément, cette Nephtys n’avait vraiment peur de rien… Un véritable félin en cage qu’il avait en face de lui ! Il haussa les épaules peu ésurpris par les propos de la femelle.

« — Qu’importe puisque de toute façon, le lendemain il faudra que je réouvre ma plaie… mais si cela peut te faire plaisir petite lionne, je m’y rendrais. »

Il sourit. Demain c’était l’une des journée où il devait faire ses saignées. Enfin, il verrait son état car pas mal de sang s’était échappé de sa blessure. Si ce croco avait mordu ailleurs, je n’aurais pas eu besoin de me poser toutes ces question... Si jamais le reptile recroissait son chemin, Alys se promettait d’en faire une descente de lit !

« — Serait-ce du chantage que tu me faits là chère Nephtys ? Je pense que tu te préoccupes un peu trop de la santé du pauvre fou que je suis. »

Alys remua sa queue enroulée sur elle-même, plutôt ouvert à l’amusement. Il tenta de renifler mais sa truffe abîmée ne lui apporta aucune odeur particulière, fichu odorat ! Enfin, il n’avait pas besoin de ses sens en compagnie de la demoiselle. Il écouta cette dernière parler de son hésitation quant-à son choix de dieu. Chose qu’il pouvait fort bien comprendre. D’ailleurs, Gloriel n’avait-il pas eu lui aussi des difficultés à trouver sa divinité ?

« — Hum… complexe dans quel sens ? Ce ne sont pas les dieux qui manquent et croies-moi avec ton esprit futé et ta créativité, Dairo serait sûrement ravi de te compter parmis ses disciples. » Un sourire étira ses babines tandis qu’il plongeait ses prunelles vairons dans les ors liquides de la demoiselle. « Détrompes-toi, je trouve toujours ce que je cherche, peu importe les moyens. »

J’eus de nouveau envie de rire lorsqu’il admit que d’une façon ou d’une autre son égo aurait du mal à survivre à ce qu’il avait vécu aujourd’hui. Je me retins malgré tout, décidant que je l‘avais assez ridiculisé comme ça pour le moment. Puis toute envie de légèreté s’extirpa de mon esprit quand il parla de se saigner. Oh par les Dieux, nôtre bêta vouait-il un amour particulier à la douleur ? Mal à l’aise, je n’osais poser la question à haute voix, les pratiques de chacun étaient personnelles, je ne préférais pas savoir s’il faisait partie de ces âmes qui aiment avoir mal. Je tentais de faire fi du sourire qui accompagnait ce qu’il venait de dire. Dans tous les cas je m’assurerai tout de même qu’il veille à aller consulter les guérisseurs.
Je pris un air malicieux, issu du gène le plus primal des femelles pour répondre à sa petite remarque sur ma manipulation.

« Ooooh mais enfin mon ami ! Me penses-tu assez vile pour avoir besoin de recourir au chantage ? » Je papillonnais des yeux, prenant exemple sur bon nombre de mes congénères féminines que j’avais eu l’occasion de voir pratiquer. « Loin de moi cette idée, ce n’est qu’une simple remarque, d’une possibilité dont toi seul est le juge ultime. »

Je remuais le moignon qui me servait de queue, trahissant mon amusement. Je n’avais encore jamais été aussi entreprenante, et un enchevêtrement de joie, de malice et de stress formaient un ensemble cacophonique dans ma tête. Mon rythme cardiaque s’était accéléré, en réaction de ma première tentative de jeu auquel je n’étais pas familière. Diantre, si Geb et Grimm me voyaient je pense qu’ils me taperaient sur les pattes. Ils étaient si protecteurs tous les deux. Bien que je les vois beaucoup moins qu’avant à mon plus grand désespoir. Jouer les grandes avait quelque chose d’excitant. Et puis, après tout nous étions perdu au fond des marécages, et Alys ne connaissait pas ma famille de près me semble-t-il. Autrement dit, mon comportement décalé face à ce que j’étais en temps normal ne sortirait pas de cet espace marécageux. Comment ça, je tentais de me rassurer que je ne faisais pas une bêtise en me comportant de la sorte ?
Je me reconcentrais sur mon compagnon d’un jour et l’écoutais tenter de m’attirer dans les filets de Dairo. Et un sourire espiègle arracha mes babines lorsqu’il osa prétendre pouvoir trouver tout ce qu’il voulait.

« Dans un premier temps, c’est complexe car tous les Dieux m’attirent. J’ai conscience que ma force, bien que présente, n’est pas en adéquation avec mon mental. Me reste le choix draconien à faire entre Dairo et Kiro. Si j’ai de la ressource pour oser me présenter au renard, mon esprit et mon corps entraîné m’appellent chez l’anaconda. J’imagine que je finirai par laisser libre cours à mon instinct pour choisir. Et pour ta gouverne, comme tu l’as si bien mentionné je suis futée et créative. Jamais tu ne trouverais quelque chose que j’aurai caché personnellement gros bêta. Désolé de te décevoir ! »

Ses yeux étaient vraiment saisissants, mais je ne le laisserai pas avoir le dernier mot. Si son égo cherchait un moyen de se rattraper, le mien ne supporterait pas de lui céder la main. Du moins pour le moment. C’est pourquoi je me mis à pencher la tête et à le regarder avec un regard mesquin. C’et d’une voix légère et qui se voulait innocente que j’enchainais donc.

« Et toi, pourquoi Dairo ? Non parce que, au vue de tes performances de tout à l’heure je n‘ai pas encore eu l’occasion de percevoir la ruse en toi vois-tu ?

Ami ? Le mâle fronça les sorucils, cette louve espérait un peu trop, certes sa compagnie était plaisante mais de là à ce que Alys la considère comme une amie, y’avait du chemin à faire. Les loups pouvaient-ils devenir aussi facilement amis ? Il faut dire que la réponse à cette question intriguait pas mal l’ancien garde, lui qui faisait en sorte de n’avoir que des connaissances et non pas des amis. Les amis représentent une source de faiblesse, l’on s’attache trop à eux jusqu’à ce qu’ils vous trahissent. Là on comprend que celui que l’on considérait comme un ami, n’est rien de plus qu’un loup trop ambitieux qui ne prend pas en compte les sentiments des autres. Le fils de Méléagant n’en connaissait pas un rayon non plus dans les relations sociales, mais du peu qu’il avait pu observé, cela avait tendance à se résumer à cela ; C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’était promis de ne jamais offrir son amitié à quiconque à moins qu’il se sente vraiment prêt, ce qui arrivait peu. Il poussa un léger soupir en répondant à Nephtys.

« — Vous les demoiselle, vous êtes une espèce à part dont la fourberie n’a aucune limite. »

Il s’était rapproché d’elle, brisant de nouveau cette limite qu’ils essayaient de mettre entre les deux. Alys sentait son souffle sur sa truffe.

« — L’instinct est ton meilleur guide dans ce choix à faire. » Il marqua une pause en arquant un sourcil. « J’aimerais bien voir ça petite lionne. »

Certes, son odorat était plus ou moins hors service, mais ses autres sens eux, ne le trompaient jamais. Il n’avait nul doute que si il cherchait quelque chose appartenant à Nephtys, il finirait pas le retrouver, tel un petit inspecteur. Bon, Winnifried trouverait ça impoli de fouiller ainsi dans les affaires des autres mais bon elle n’était plus vraiment là pour voir étant donné qu’elle était devenu une sorte de solitaire avec Méléagant… puis les rares fois où Alys les voyaient, ce n’était pas pour parler de ce qu’il avait bien pu faire à gauche et à droite, y’avait Korra pour ça, qui adorait converser avec leurs parents.

« — Dairo était un choix plutôt évident. Je ne possède pas la force nécessaire pour représenter Aka, ni la rapidité que souhaite Kiro à cause de mes… à cause de quelques petites choses. Quant aux autres divinités, il m’était tout simplement hors de question de changer de clan alors que j’avais tout ce qu’il me fallait auprès de la Renarde. » Un sourire amusé étira ses babines. « La ruse et l’imagination de Dairo se trahissent pas de nombreuses choses. Embourbé comme je l’étais, il était difficile detrouver une solution sachant que j’étais blessé. De plus, tu étais d’une grande rapidité pour trouver une solution qui me permettrait de sortir de là… »

C’était d’ailleurs un miracle qu’il ait parvenu à rester lucide dans cet état-là… Les mots ne lui permettaient pas d’exprimer la reconnaissance qu’il éprouvait à l’attention de la louve. Il trouverait bien quelque chose pour remercier son geste en temps voulu.

« — Si jamais tu as besoin d’aide pour en apprendre plus sur Dairo n’hésites pas, mais hâte-toi. Il serait regrettable que tu rates ta chance petite louve. » dit-il en effleurant la joue de la femelle du bout de sa griffe.

Quel gaspillage ce serait en effet de perdre un esprit d’une telle vivacité et créativité. Il se recula, reprenant sa position de base, nullement désireux de mettre mal à l’aise Nephtys. Un baîllement s’échappa de sa gueule qui masqua du mieux qu’il pouvait de ses pattes. Cela ne faisait pas très gentleman tout ça, enfin la faute était sûrement dut à cette satanée blessure qui lui faisait un mal de chien. Même les saignées étaient plus agréables que ceci...

Je laissais de côté sa remarque sur les femelles et leurs relations à la fourberie, et l’écoutais en riant intérieurement lorsqu’il m’associa au sobriquet fort peu représentatif de ma personne. « Petite lionne », en quoi ressemblai-je aux félins dont on nous contait les exploits passés ? Ces bêtes disparues étaient puissantes, fortes, et avec une détermination sans faille. On ne pouvait pas dire que cela me ressemble des masses. Mais je laissais couler et l’écoutais attentivement quand il m’expliqua comment il avait fait son choix. Cela paraissait tellement simple quand il présentait les choses de la sorte ! Et pourtant dans mon cœur le doute planait : étais-je réellement assez rusée pour me tourner vers la renarde ? Peut-être après tout, ou peut-être pas.

Je sentis l’épée de Damoclès luire au-dessus de ma tête quand il m’invita à me dépêcher. Je savais que les Dieux n’attendraient pas mon passage encore bien longtemps, et l’angoisse me noua les tripes. Si cela se trouvait, je n’aurai plus à faire ce choix compliqué car les portes me seraient déjà fermées. Et une bulle d’air afflua autour de moi lorsqu’il recula. Non pas que je n’apprécie pas la proximité, mais avec ce genre de conversation, cela ne s’y prêtait pas réellement. Aussi, si je n’avais rien dit, le trouble me donnait quelques tics nerveux du genre paupière qui tressaute. Super classe la louve n’est-ce pas ?

Je l’observais bailler aux corneilles, et sa fatigue fut révélatrice de nos états respectifs. Les émotions et les efforts m’avaient éreintée, et il devait en aller de même pour ce loup couvert de boue. J’eus un soupçon de peine pour lui, et j’essayais de ne pas trop regarder ses bandages. Quelque chose clochaient avec ces blessures, mais seuls les Dieux savaient pourquoi ! Ma curiosité était aux aguets, mais je n’avais pas l’impolitesse d’aborder un sujet aussi personnel. Je me contenterai de le forcer se faire nettoyer tout ça. Toussotant doucement, je repris d’une voix calme et un poil maternelle.

« Nous ressemblons à deux loques sales et épuisées Alys, je pense qu’il est grand temps de quitter cet environnement hostile pour retrouver le confort de nos paillasse. Je pense même que je vais te proposer ma compagnie, histoire de t‘accompagner faire un tour chez nos amours de guérisseurs vois-tu ? »

Bon d’accord je suis têtue, obstinée blablablaaaaa. Mais je maintenais que c’était important. Et puis, sa compagnie n’avait pas été désagréable. Cela faisait un moment que je n‘avais pas eu l’occasion de profiter de la présence d’un mâle à mes côtés, mes frères étant pris ailleurs. Ils me manquaient, je ne savais même pas ce qu’ils trafiquaient. J’avais vaguement eu échos que Geb s’était trouvé une amie, et que Grimm était très pris par ses nouvelles obligations. Ma famille me manquait, je devrai aller leur rendre une petite visite un de ces jours.
Je regardais ce jeune loup plumé, avec déjà tant de responsabilités. Finalement malgré ce qu’il m’avait laissé voir aujourd’hui, peut-être méritait-il tout de même mon respect. Mais jamais il ne parviendrait à trouver quelque chose que j’aurai pris le soin de planquer. Ces hommes, tellement sûrs d‘eux je vous jure !

Entendre la sœur de Grimm prononcer son nom d’une manière aussi sérieuse, avait quelque chose de destabilisant, surtout que le commentaire de la louve raisonna un instant dans l’esprit du jeune mâle. De vieilles loques… même ces dernières devaient être dans un état plus présentable que le leur, triste quand même. Il n’empêche que Nephthys avait raison, ils étaient dans un état déplorable, lui couvert de boue et elle, plus ou moins recouverte de diverses choses. Y’en avait encore au camp qui allait râler parce que l’on salissait l’ « environnement vital » des autres. Loul. Le permier qui faisait une remarque allait rejoindre les marais à son tour, haut gradé ou pas. Le mâle pencha légèrement sa tête sur le côté tandis qu’un sourire énigmatique étira ses babines. Il projeta ses prunelles vairons sur la louve, une lueur d’amusement dans le regard le trahissant.


« — Serais-ce une façon pour me forcer à me rendre chez les guérriseurs chère Nephthys ? C’est bien ce que je disais, la fourberie des femelles est sans limite… »

Cependant, le disciple de Dairo se releva. Sa patte blessée le faisait souffrir mais peu désireux de ternir davantage son image, il fit comme si de rien n’était. Déjà qu’il allait devoir se coltiner un aller simple chez les guérriseurs, mais en plus si il faisait le souffrant c’était pas gagné… Alys croissait les griffes pour ne pas croisser Mayuri en rentrant, cette dernière se montrerait encore plus déterminée que la petite lionne. Au pire il se cacherait derrière Nephthys en simulant… ça pouvait être une idée, quoique cela entraverait encore plus son honneur. Enfin, à choisir entre affronter Mayuri et ternir un peu plus sa réputation, le choix était vite fait non … ?

« — Enfin soit, je te suivrais. Il serait déplacé de ma part de refuser une telle proposition puis je suppose que tu veux t’assurer que le gros bêta que tu viens de sortir de la boue ne clams pas.»

Cela devait être à moitié vrai, quoique peut-être totalement étant donné la situation. Alys se plaça aux côtés de la femelle Etelkrus et d’un mouvement de la tête l’invita à ouvrir le chemin. Il la suivrait comme elle le désirait, inutile de froisser la demoiselle alors que la journée ne faissait que commencer et qui sait, ce serait peut-être l’occasion pour lui de se trouver une nouvelle amie avec le temps.