Verdure [Morrow]

Cro a écrit:

Feather, Quartz ira à la Passe Ventue, en pleine nostalgie et avec l'herbier de son père, pour en ajouter une ou deux page déjà, par rapport aux nouvelles plantes de l'endroit. N'ayant pas réellement d'attache dans sa meute actuelle il fera une petite introspection sur ce que ses parents aurait pu faire !
Bonne écriture !

Il s'ennuyait et depuis qu'il n'avait plus Ezkhiel à embêter, ça devenait infernal. C'était probablement ça qui l'avait poussé à aller récupérer le vieil herbier de son père qui prenait la poussière sur une des étagère de la bibliothèque. Un travail de toute une vie, un bouquin contenant la totalité des connaissances d'un seul loup oublié tout comme son ouvrage. Tsss Ether avait toujours été quelqu'un de bien trop discret. Quartz ne connaissait pas grand chose aux plantes, il ne s'y était jamais vraiment intéressé bien qu'il ait passé beaucoup de temps dans l'atelier de son père. Mais lui qui n'avait ni besoin de chasser pour manger, de dormir pour se reposer ou de marcher pour trouver le point d'eau qui le désaltérera, il pouvait bien essayer de compléter les connaissances de son paternel. De toute façon, il était le dernier de sa famille à être en mesure de le faire, l'Apocalypse ayant balayé tout le monde.
Ah la Passe Ventue, son père aurait adoré ce qu'était devenu cet endroit. Ancien lieu aride, elle était devenu une sorte de biome tropical, regorgeant de plante en tout genre. Une verdure luxuriante à la canopée regorgeant d'oiseaux colorés mais renfermant derrière chaque feuille un insectes venimeux. Un mélange d'espèces uniques qui ne poussaient et vivaient qu'ici. Un havre de vie et de verdure qu'on ne pouvait trouver qu'ici, sur le cœur mort d'Everbloom.
Quartz détestait cet endroit. Il ne pouvait pas faire un pas dans se faire traverser par une branche, une feuille ou un insecte. Il avait aussi du mal à garder en gueule l'herbier de son père tout en essayant de ne pas le détruire dans cette forêt trop humide. Il détestait de voir toute cette vie grouiller alors que lui, mort, s'emmerdait comme un rat crevé. Et puis cette sortie était un échec. Il était incapable de savoir si telle ou telle feuille était de la même espèce, si cette fleur était une orchidée ou une tulipe, si cet arbre existait dans l'herbier de son père. La botanique c'était chiant, comme le vieux loup blanc avait-il pu y consacrer sa vie ?

Quartz remonta les falaises qui englobait la forêt de la passe. De la haut il se sentait moins perdu que dans cette verdure. Posant le livre à côté de lui, il regarda la vie en contrebat en soupirant. Le renouveau l'ennuyait. Qu'aurait fait l'herboriste Ether s'il l'avait vécu ? Quartz eu un petit rire nerveux. On ne l'aurait plus revu ouais ! Autant de paysage à redécouvrir, de flore nouvelles et un désintérêt complet pour les relations sociales, un mélange parfait pour un chercheur botanique, il aurait eu de quoi se refaire une nouvelle vie. Et sa mère ? Oh bah elle se serait cassé en n'assumant rien comme d'hab'... Attendez, c'est ce qu'elle avait fait ! Au moins Quartz n'avait plus à entendre ses conneries, il ne s'était jamais senti proche d'elle de toute manière.
Le mâle tricolore s'approcha de la limite de la falaise, regardant le contrebas. Il ferma les yeux, voulant profiter d'une bourrasque de vent mais... il ne sentit rien évidemment, il n'avait pas de corps physique pour ça. Il rouvrit les yeux, regardant à nouveau le fond du trou, il se laissa hypnotiser par l'appel du vide. Ce qui était bien lorsqu'on était déjà mort, on pouvait se laisser à ce genre de fantaisie sans jamais rien craindre.

Tsss c'était con comme idée et ça serait un coup à perdre l'herbier.

Au delà de ses sombres réflexions de fantôme, un bruit de pas progressait le long de la falaise. Autant le dire, Quartz en avait strictement rien à faire. Que ce soit un membre de sa meute, ce qui était le plus fort probable, un intrus ou un ours, peu lui importait. Il y avait peu de chance qu'il tombe sur une créature qui puisse le voir, l'entendre ou le sentir et même si elle le pouvait, le seul qui encourait était qu'on vienne lui faire la discussion... Oh wait ! Ok il était temps, il était temps d'aller voir ailleurs s'il y était, la perspective d'avoir une conversation avec quelqu'un le saoulait déjà. Le fantôme attrapa alors l'herbier de son père, dû s'y reprendre à plusieurs fois pour faire comprendre à son fichu corps ectoplasmique que ça, il aimerait bien le prendre dans sa gueule puis il s'apprêta à partir, faisait demi-tour par rapport au précipice pour s'en aller mais une louve hurla un qui va là qui lui fit lâcher son bouquin, abîmant la reliure.

« Techniquement, là c'est plus toi qui va que moi la greluche » râla-t-il plus pour lui même que pour l'autre qui de toute évidence, ne le voyait pas.

Elle avait dû sentir la vieille odeur de séide que portait le livre. Visiblement, personne ne l'avait touché depuis qu'il avait été abandonné à la Bibliothèque et au final ce n'était pas plus mal. D'ailleurs il n'aurait jamais dû en sortir et Quartz allait réparer de ce pas cette erreur. Se penchant pour récupérer le bouquin, il remarqua la reliure abîmé par le choc lorsqu'il l'avait fait tomber, ce qui lui fit agiter sa longue queue, fouetter l'air étant impossible, et rabattre ses oreilles en arrière. Le loup tricolore releva alors la tête pour jeter un de ses regards les plus haineux sur la louve.

« Bordel, t'as vu ce que t'as fait ? Jamais je vais pouvoir réparer ça. »

Il avait envie de l'insulter juste parce qu'elle le faisait chier là, à cet instant présent mais comme elle ne l'entendrait pas, il se contenta de ramasser à nouveau le livre avant de traverser la louve avec son sale caractère juste pour le plaisir de lui donner ce frisson glaciale que ressentait les autres quand ils lui rentraient dedans.

La louve était devenue nerveuse. Face à un ennemi invisible, il y avait de quoi mais son agitation agaça plus Quartz et son caractère de grincheux qu'autre chose. Il fut cependant assez étonner de constater qu'elle l'entendait, ses oreilles pivotaient vers sa voix. La rouge savait qu'il y avait une présence mais pourtant, elle ne croyait pas suffisamment aux fantômes pour le voir alors elle s'occupait à le provoquer dans l'espoir qu'il se dévoile. Désolé très chère mais cette capacité ne dépendait pas du mâle, celui que tu accuses est en réalité la victime de cette histoire.

« Est lâche celui qui refuse de voir la vérité. Les fantômes existent très chère et si tu veux que leur présence te soit dévoilée, il va falloir y mettre du tiens pour y croire. »

C'était la première fois que Quartz tombait sur une louve qui pour être persuadé qu'il y avait quelqu'un, pouvait l'entendre sans pour autant le voir puisque pour cela, il fallait être convaincu de la réalité du paranormal. C'est ce qui incitait le mâle tricolore à rester, sinon il aurait abandonné plus d'une fois la gueulante à ses provocations en haut de la falaise.
Il s'était assis en face d'elle, à quelques pas, la fixant de son regard vert, le livre de son père à ses pattes. Le vent soufflait assez fort, faisant voler les poils de la femelle alors que les siens restaient tristement insensibles aux éléments, manquant d'aspect physique pour cela.

« Je ne me cache pas, en fait je suis même sous ta truffe si tu veux savoir. De toute façon, c'est pas comme si j'avais à craindre quoi que ce soit de ta petite personne mais au lieu d'accuser des innocents fait un effort peut-être ? Ta capacité à me voir ne dépend que de toi, pas de moi. »

Au final, même si elle avait éveillé un mini intérêt pour le faire rester, Quartz continuait sur son ton légèrement méprisant.

En guise de réponse la louve rouge balança sa patte devant elle, comme si elle espérait l'attaquer, probablement. Son expression affichait un agacement suspicieux, pas franchement convaincue des paroles alors qu'elle y croyait forcément déjà un peu puisqu'elle l'entendait. Alors que la patte de la rouge vient traversé le visage de part et d'autre du fantôme, Quartz lui affichait un air complètement, agacé qu'à chaque fois on test ce genre d'expérience sur lui. Qu'est-ce que les autres ne comprenaient pas sur le fait que c'était désagréable ? Bon pour la défense de la femelle devant lui, elle, elle ne le croyait juste pas et chercher simplement à l'attraper.
Elle finit par se calmer, s'asseyant pour bouder... ou juste réfléchir. Quartz avait perdu tout intérêt pour elle et décida qu'il était temps de prendre congé. Quittant la rouge, il chercha dans l'herbe l'herboriste de son père. Il était sur le point d'essayer de le saisir en gueule qu'un ton terriblement agaçant de provocation lui titiller l'oreille. Il se retourna vers la femelle, si elle aurait été capable de le voir, elle aurait vu ses oreilles en arrière et son poil fantomatique hérissé. Elle aurait aussi vu une sorte d'aura bleuté autour de lui comme si l'émotion rendait son glowstick plus actif. Quartz était de ces loups au sang chaud qui s'énervait facilement, sa faible expérience sociale depuis sa mort n'arrangeant en rien les choses. Il s'approcha à nouveau de la rouge, les babines retroussées dans un sourire forcé et mauvais. S'il supportait la provocation à petite dose, beaucoup moins quand ça durait trop longtemps. Il essaya cependant de paraître calme dans la voix, question de fierté bien qu'un léger ton agacé s'entendait dans les paroles

« Parce que ne pas voir ne te suffit pas ? Pourtant tu dois bien y croire à moitié puisque tu m'entends. »

Son ton se fit alors plus moqueur, plus méchant.

« Un traumatisme d'enfance peut-être ? Madame croit encore au fantôme qui vient tirer les pattes des loups pas sage la nuit ? »

Il était à nouveau juste en face d'elle sauf que cette fois son museau était tout proche du sien, juste pour pouvoir lui envoyer le souffle glaciale de la mort qu'il incarnait.

« La lune révèle aux yeux de tous la véritable apparence des damnés, je me ferais une joie de venir te tirer les pattes à ce moment là. »

Les os cliquetant sur la pierre de l'Antre aux Crocs, la lumière nocturne dévoilant l'être décomposé et le cœur enfermant le liquide bleu que Ao avait donné en échange d'une vie.