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| Faces dévoilées | Heever | |
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Ehnala » Coriace
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| Sujet: Faces dévoilées | Heever Lun 08 Jan 2018, 13:05 | |
| [Cette scène se déroule après le sujet "Nouvelles Fondations" et la naissance de Spleen, et avant la fin de l'Event de Pontos]Le matin était gris et morne. C'était à peine si le soleil lançait une pâle lueur à l'horizon, déjà à demi-étouffé par le lourd voile nuageux qui s'amassait dans le ciel. L'hiver était là, avec son froid qui arrachait au monde ses couleurs et aux loups des gerbes de vapeur à chaque expiration. Au loin, on pouvait apercevoir les cols blancs des hautes montagne,s devant lesquelles s'étendaient des plaines aux herbes givrées et des forêts aux troncs dénudés. Cette mauvaise saison s'annonçait particulièrement froide et mauvaise. Au milieu de la blancheur des premières neiges, le manteau immaculé de l'Herboriste Lazuli semblait en harmonie. Seuls dénotaient les bandages corbeau qui enserraient ses pattes et la lueur émeraude de son glowstick, qui pendait à son cou. Sa mine s'accordait elle aussi parfaitement à ce décors glacé, sérieuse et sans afficher la moindre émotion.
Il avait quitté le camp avant le lever du jour ce matin-là, pour se rendre jusqu'aux plages où, semblait-il, le groupe de solitaires mené par Paprika avait plus ou moins élu domicile. Des rumeurs étranges couraient à propos d'une cache secrète qui leur aurait été aménagée quelque-part, mais cela semblait bien difficile à croire. D'autres rumeurs, en revanche, préoccupaient bien d'avantage le mâle blanc, et c'était ces rumeurs là qui jetaient l'ombre que l'on voyait dans son regard. Des dires à propos d'une blanche enfant née d'une louve grise aux yeux turquoises. Dires qui faisaient naître en lui comme une appréhension. Depuis la confrontation qui avait eu lieu au sein du camp Lazuli et où Heever lui avait vertement reproché son alliance avec Hikotsu et où Volstein avait démontré à tous son amour pour la grise, une tension régnait. Des non-dits qui empoisonnaient ses pensées. Mais alors qu'il avait soigneusement préparé ses aveux à Hikotsu lui était parvenue la rumeur quant à l'enfant d'Heever. Cela lui avait fait l'effet d'une violente grêle, une tempête qui faisait voler en éclat tout ce qu'il avait espéré. A savoir, que ce qu'il s'était passé n'ait pas de suite, que cela reste un épisode, un écart, dans le parcours de sa vie. Il avait alors décidé d'aller à la rencontre de la louve avant de faire quoi que ce soit, car il devait en avoir le coeur net. Ils devaient discuter aussi, si ses craintes étaient fondées. Mais il préférait pour le moment se dire qu'il venait simplement éclaircir avec elle quelques points et s'assurer que tout cela n'était que des rumeurs, justement. Ce n'était pas impossible, après tout. La bande de joyeux lurons qu'elle avait rejoints étaient bien capable de faire circuler de tels racontars simplement pour l'amusement, en ignorant combien cela pouvait le préoccuper lui.
Il ralentit l'allure en parvenant sur la plage. Les coquillages minuscules qui se mêlaient au sable crissaient doucement sous ses coussinets. Il ignorait où était exactement le quartier général de la meute, mais il se rappelait également les promenades matinales qu'il faisait avec la grise du temps où elle était encore son apprentie - temps si lointain que c'en était presque irréel. Il avait le mince espoir qu'elle ait gardé l'habitude de ces excursions matinales. Dans le pire des cas, l'un des membres du groupe finirait bien par montrer le bout de son museau et il pourrait lui demander des informations. Il se posta sur un bras de sable un peu avancé vers la mer qui refluait, et s'assit. Son regard papillonnait, se perdant tantôt à l'horizon, tantôt guettant un signe de vie sur l'étendue irisée de la côte. Il se demanda ce qu'il ressentirait en la voyant. Lors de leur dernière rencontre, un duel s'était engagée entre elle et Hikotsu, qui l'avait mis dans une bien fâcheuse posture. Elle avait d'ailleurs essayé de s'en prendre à lui également. Il se rappelait bien la lueur bravache qu'il avait vue dans son regard, et qui avait comme fissuré quelque-chose au fond de lui. Il savait que, qu'il le veuille ou non, elle faisait partie de son existence. Lorsqu'elle était partie de la meute sans rien dire à personne, il l'avait laissée partir comme un oiseau que l'on laisse s'envoler. Partir de sa vue, partir de son coeur presque réparé. Emportant avec elle leur histoire fugace et qu'il croyait sans regrets.
Et elle avait resurgi, furieuse et avec dans les yeux une lueur presque folle, alors qu'il pensait avoir enfin trouvé un peu de paix auprès de sa compagne et de ses enfants. Il l'avait trop vite crue partie à jamais, de toute évidence. Il avait été, de prime abord, étonné qu'elle soit revenue auprès de Paprika malgré son abandon. Mais il avait lui-même constaté combien elle pouvait être prompte à pardonner lorsqu'il s'agissait de loups qui comptaient pour elle. Il savait qu'il ne représentait pas rien pour la grise, tout comme elle représentait beaucoup pour lui. Il vouait à Hikotsu un amour sincère et désirait moins que tout au monde faire quelque-chose qui puisse la blesser. Mais il y avait aussi dans son coeur ce qu'il avait ressenti lors de cette nuit où, tous deux perdus, ils étaient devenus amants sous l'éclat de la lune.
Un mouvement attira son attention, et il tourna légèrement la tête, le coeur battant.
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| | | Cro » Héroïque
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CIMERII
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Lien empathique avec Astrid.
Bracelet des Récifs : Protection, tout prédateur marin hésitera plus longtemps avant d’attaquer le porteur.
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| Sujet: Re: Faces dévoilées | Heever Dim 21 Jan 2018, 16:30 | |
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« Faces dévoilées
« Heever & Spleen & Roy
Spleen était plutôt matinale, elle dormait peu et préférait sentir l'air vif et iodée des vents marins jouer dans ses cheveux plutôt que de subir les respirations paisibles de ses congénères Raeders endormis. Et puis sa mère lui avait apprit à travailler tôt pour être présente dans l'après-midi et en soirée, moment où les loups admettaient plus aisément qu'au réveil qu'ils avaient besoin d'un Médecin. Et puis, Heever avait raison aussi en disant que c'était bien plus agréable d'être seule et isolée pour s'affairer à cueillir des plantes. D'autant plus que la nuit, comme les yeux étaient moins utile, il s'avérait qu'on pouvait mieux utiliser sa truffe. Et puis, c'était un peu plus aisé de repousser la morosité lorsqu'il n'y avait pas les enfants de Thyara autour d'elle pour lui rappeler qu'eux ils avaient un père et des frères et sœurs. Silencieuse, la tête basse pour fouiller les bosquets autour de la plage et le pas fluide, Spleen ressemblait à un fantôme errant sous les caresses de la lune. Astre nocturne qui se voila peu à peu a mesure qu'à l'horizon le ciel s'éclaircissait. Nulles couleurs chatoyantes ne vinrent égayer les prunelles de givre de la louvette qui suivait sa mère de loin. A croire qu'aujourd'hui encore la grisaille et le froid viendrait enserrer les Punk-Wolfiens de leur étreinte léthargique. Heever semblait très bien s’accommoder à la saison froide. Un peu comme si son corps était aussi froid que son coeur. La louvette blanche se mordit la babine inférieure. Elle était mauvaise langue, sa mère était chaque jour un peu plus gai. Petit à petit, toutes deux liait une relation distance mais solide et profonde. Spleen ne pouvait en vouloir à sa mère de ne pas être câline. Et puis Paprika comblait assez bien ce manque de contact chaleureux.
Alors que doucement, le soleil cherchait à percer vainement les lourdes couches de nuages en s’élevant inexorablement, l'apprentie Médecin étira sa route vers l'autre côté de la plage tandis que la grise se rapprochait de la maison. De temps en temps, elle jetait un regard inquiet à sa fille, s'assurant qu'aucun danger ne venait perturber sa quête d'Euphorbe maritime. Un fin sourire étira les babines de la Médecin Raeder qui reprit sa propre recherche. Elle était assez fière de voir comme Spleen apprenait vite ! Peut-être pourrait-elle bientôt soigner ses premiers petits bobos ? Cette dernière avait marqué une pause pour se perdre dans la contemplation d'un horizon morne et déprimant. Dans un soupir, elle avait décidé de rejoindre la rive et tremper les pattes dans l'eau glacée. La morsure du froid accompagné du sel provoquait une sensation d'intense chaleur. Elle avait apprit tôt que eau gelé plus sel ne faisait pas bon ménage, aussi retira-elle ses pattes rapidement pour les frotter dans le sable et les nettoyer consciencieusement entre les coussinets. Parfois, de petits coquillages s'y logeait et incisait la peau en de mini-coupures plutôt gênantes. C'est là qu'elle le vit. Cette grande silhouette fantomatique qui surgissait de nulle part et attendait sur sa bande de sable comme une âme perdue au bord de l'océan. Elle n'avait jamais vu de loup aussi blanc, aussi immaculé que la neige elle-même. Aussi pâle qu'elle. La curiosité poussa la jeune femelle à s'approcher pour aller voir, qui était cet énergumène qui n'était pas Raeders sur leur plage ?
Ses yeux clairs rivés sur lui, elle avança sans une once d'hésitation, ignorant le danger potentiel qu'était un inconnu sur leur territoire. En même temps, depuis combien de temps espérait-elle croiser quelqu'un lui ressemblant ? Heever disait qu'il existait beaucoup de loup blanc et que sa couleur de pelage pouvait très bien venir de ses ancêtres maternels. Mais elle ne l'avait jamais affirmé complètement, laissant planer le doute et donc encourageant inconsciemment l'imagination fertile et sans bornes de l'enfant qui voyait déjà son père comme un ange nimbé de lumière divine. Le manque d'alerte de Spleen n'était pas partagé par Heever qui, ne voyant plus sa fille prêt des bosquets, bondit en arrière pour fouiller la plage de son regard glacé et l'apercevoir avec soulagement prêt de l'eau. Avant de paniquer. Il y avait quelqu'un d'autre derrière sa fille. Quelqu'un de très clair, aux longs cheveux de la même couleur. Heever se figea une seconde alors que son coeur semblait cesser de battre. Non. Elle ne voulait pas que ça arrive. Pas comme ça. La tête lui tourna, parce qu’elle constata que même en courant plus vite que ce qu'elle n'avait jamais couru, Spleen arriverait jusqu'à Roy bien avant elle. L'enfant aboya docilement pour interpeller l'inconnu et lui annoncer sa présence. La voix de l petite femelle électrisa Heever qui se jeta en avant pour les rejoindre le plus vite possible. Mais déjà, Spleen engageait la conversation avec son père biologique. Celui là même dont tout le monde avait refusé de lui parler jusque là...
« Bonjour ! Vous êtes un ange ? On vous a coupé les ailes ? Ou alors vous vous faites passer pour l'un d'entre eux. C'est pas sympa de faire qu'on est quelqu'un d'autre que soit. »
Fronçant le museau en se rappelant qu’elle devait quand même se méfier et défendre sa position de pirate, elle reprit rapidement :
« Vous n'avez pas le droit d'être sur notre plage sans que Mam- la Capitaine n'en soit informée. Même si vous êtes un ange déchu. »
Du coin de l'oeil, Spleen remarqua que sa mère était à côté des grottes et qu’elle venaient à leur rencontre en courant, les oreilles couchées contre la tête et la queue haute. Maman était angoissée ou fâchée ? Mais pourquoi ?
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| | | Ehnala » Coriace
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| Sujet: Re: Faces dévoilées | Heever Lun 22 Jan 2018, 09:32 | |
| La première chose qu'il aperçut fut une petite silhouette claire qui s'approchait de lui avec un jappement joyeux. Il sentit ses muscles se tendre et se redressa, s'efforçant de ne rien laisser paraître alors que ses prunelles claires détaillaient avec précision celle qui s'avançait. Il avait sans doute envisagé toutes les possibilités de rencontre avant de venir ici. Avec Heever, avec l'u des membres du groupe, avec Volstein toujours prisonnier, même avec Paprika elle-même. Toutes sauf une. Celle de tomber sur la petite en premier. Les paroles de la petite n'avaient pas de grand sens, paroles enfantines et innocentes jetées d'une voix fluette qui lui serra le coeur. Il aperçut au loin l'ombre douloureusement familière d'Heever qui se précipitait vers eux. Et comprit qu'il n'était pas le seul à ne pas avoir songé à cette damné possibilité. Garder contenance n'avait jamais été une épreuve trop lourde pour lui, mais cette fois-ci il dut réellement se faire violence. Il y avait quelque-chose d'irréel dans la vision de cette petite louve devant lui, au pelage de neige et aux motifs turquoise. Elle était aussi irréelle pour lui que lui semblait l'être pour elle, qui le prenait pour un ange. Quelle drôle d'ironie. S'il y avait bien un qualificatif qu'il ne méritait plus d'avoir, c'était bien celui-ci. Il s'écoula donc un long instant où il la contempla, sans savoir que dire ni que faire, avec dans ses yeux un maelstrom d'émotions variées qui reflétaient la tempête grondant dans son esprit. Il finit par répondre d'un ton presque égal :
"Non, je ne suis pas un ange. Je suis venu pour parler à ta Maman."
Il hésita, déchiré. Une part de lui l'invectivait et le sommait de réduire au minimum la conversation qu'il avait avec cette petite. Avec la haine qu'il avait lu dans les yeux d'Heever lors de leur dernière rencontre, lorsqu'elle s'était jetée sur lui, il était persuadé qu'elle ne le verrait jamais comme un père pour son enfant. Volstein finirait sans doute par prendre sa place pour rétablir une sorte de cercle familial, et la petite porterait avec elle un secret lourd et les stigmates de ce qu'elle pensait être une erreur. Lui ne parvenait pas à regretter, c'était peut-être le pire de la situation. Il n'avait pas d'attaches alors, il était au fond du gouffre, noyé dans une amère déception face à ce que la vie avait fait de lui. Cette nuit-là avait été quelque-chose de lumineux au milieu des ténèbres, une folie qui avait envoyé en éclat son univers un peu trop raisonnable, quelque-chose qui, peut-être, l'avait aidé à remonter la pente. Et le fait que la petite chose au pelage de neige devant lui existe n'était pas suffisant pour qu'il en vienne à regretter complètement ce qu'ils avaient fait. Mais cela, personne ne pourrait le comprendre. Mieux valait le taire et l'enterre à jamais. Il y avait donc cette part de son être qui voulait rejeter loin cette enfant, faire un simple échange de mots avec sa mère, mettre les choses à plat. Et en finir avec tout ça.
Mais... Mais une autre part de lui s'accrochait désespérément au regard couleur d'eau de la blanche petite, voulait en apprendre plus sur elle, reconnaître autant dans sa personnalité que dans son pelage le sang qu'ils avaient en commun. Cette part qui était comme une faiblesse et qui faisait s'effriter beaucoup de choses en lui, alors que s'approchait comme une tornade l'ombre grise aux yeux turquoise qui l'avait tant hanté.
"Comment t'appelles-tu ?" Finit-il par lancer, la voix un peu plus hésitante et blanche.
Il ignorait si elle aurait le temps de répondre avant que ne parvienne l'échéance, qui approchait avec le bruit des pas de sa mère. Mais durant un instant, il se trouvait face à elle. La rumeur, l'enfant surprise. Celle que personne n'attendait, et surtout pas lui. Et qui se trouvait là pourtant, à lui sourire par ce froid matin d'hiver.
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| | | Cro » Héroïque
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| Sujet: Re: Faces dévoilées | Heever Lun 22 Jan 2018, 21:18 | |
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« Faces dévoilées
« Heever & Spleen & Roy
Spleen avait très vite développé un sens de l'observation assez précis, et un mode de pensée plus logique que la moyenne des enfants. Faute à sa mère qui la tirait vers le haut, la poussait à être toujours plus débrouillarde et réfléchie afin d'en faire une louve forte et indépendante. Heever ne réalisait pas complètement ce qu'impliquait de traiter son enfant comme une adulte miniature au lieu de la laisser vivre pleinement son enfance. Le fait est qu'elle reproduisait plus ou moins ce qu'elle avait vécu avec Leemoncello, sans le côté impatient et déçu des progrès trop lents. C'était peut-être aussi pour cela, puisque la grise encourager Spleen a faire toujours mieux au lieu de râler qu'elle ne faisait pas assez bien, qui permettait à la louvette de grimper peu à peu les échelons de l'évolution. Ce développement boosté permis donc a la petite femelle d'assembler plusieurs éléments et de comprendre, ou d'en déduire plutôt, qui était le loup en face d'elle. Le regard clair du mâle trahissait une gène et l'expression de sa mère qui arrivait en courant exprimait quelque chose de pire que la colère ou l’inquiétude de la voir parler à un inconnu. A croire que la Pirate Médecin voyait sa pire crainte arrivée avec ce loup-là. Spleen ne se rappelait pas avoir vu sa génitrice si... expressive à l'extérieur. Bien sûr, elle souriait, elle grognait ou faisait des mimiques quelconques mais... Sitôt qu'elle était en société ou hors de leur cocon familial, elle restait dans la retenue, ne laissait transparaître qu'à peine ses émotions. Heever réservait son peu de tendresse à leur prisonnier Volstein, Paprika et sa fille. D'ailleurs la louvette blanche se dit que le Nakhus n'était pas vraiment traité comme on devait traité ceux que l'on gardait en geôle. En tout cas dans les histoires, ils n'avaient pas autant de chance que lui. Peut-être était-ce parce que sa mère aimait passé du temps avec lui ? Spleen pencha la tête sur le côté, laissant disparaître son sourire pour une mine plus inquisitrice. La curiosité l'emportait toujours.
« Spleen ! Mais Maman n'a pas l'air ravie que vous soyez là... Ou que je vous parle plutôt. »
Spleen fronça le museau en une moue embêtée. Les pièces du puzzle se mettait en place l'une avec l'autre et elle pensait vraiment que la solution était là, évidente. Et pourtant trop facile. Qui pouvait donc mettre Heever dans un tel état de peur si ce n'est...
« Vous devez être celui dont on a pas le droit de parler, celui qui n'existe pas. »
Se dépêcha de continuer l'enfant, avant que ne sonne le glas de la quiétude de cette rencontre personnifié en la personne de la Raeders arrivant au pas de course. Un sourire étira finalement les babines de la gamine lorsque elle acheva sa phrase en baissant le ton, non sans fierté et qu'Heever arrivait auprès d'eux.
« Le fantôme. »
La grise et turquoise prit le temps d'inspirer avant de s'asseoir derrière sa fille, leur fille, et d'essayer de cacher son angoisse. Elle n'aurait jamais imaginé que Roy vienne la trouver ici, et forcément, elle n'aurait jamais pensé qu'il tombe comme par hasard sur le fruit de leur seule nuit partagée. Evidemment, espérer que l'existence de Spleen ne lui arrive jamais jusqu'aux oreilles avaient été stupide. D'un autre côté, elle n'avait jamais vraiment voulu lui cacher la petite... Mais il avait eu une famille ailleurs et même si sur le moment elle s'était sentie blessée de n'avoir été qu'un coup d'un soir, elle avait réalisé depuis que ce qu'il y avait entre eux n'avait jamais été fait pour se retrouver sur ce chemin là. Le destin avait tout de même voulu que qu'une enfant les lient définitivement, et Heever n'aimait pas moins sa fille à cause de sa conception inattendue. Elle en avait voulu à son ancien mentor de son omission : les deux mioches qu'elle avait vu chez les Lazulis étaient plus âgés que Spleen, d'un point de vue strictement logique, le loup blanc avait déjà fondé sa famille lorsqu'il avait passé la nuit avec elle. Hors une fois apaisée, et elle l’admettait volontiers, grâce à la présence du petit frère du disciple du Raptor, elle avait réalisé à quel point ça ne lui correspondait pas. Pas qu'elle sache exactement comment il aurait agit, elle n'osait pas prétendre le connaître si bien d'autant plus que tous ce qu'ils avaient pu vivre ces dernières années pouvaient changer l'âme d'un loup... Toutefois, elle trouvait peu probable que le blanc ai mené une double vie, même l'espace d'un soir. Il y avait forcément quelque chose de plus compliqué là dessous. Mais comme de l'eau avait coulé sous les ponts, et qu'Heever s'épanouissait avec le disciple de Yurai, et avec sa fille à élever, il n'était resté qu'un grand point d'interrogation.
Incompréhension mêlée aussi à l'angoisse, car cela venait avec le rôle de mère, qu'un jour Roy ne découvre Spleen, qu'il ne prenne mal le fait qu'elle ne lui ai pas révélé tout de suite son arrivée dans ce bas-monde, sa potentielle rage ou son écœurement. Ou pire, l'idée qu'il puisse vouloir lui prendre sa fille. La Médecin avait imaginé les plus horribles scénarios, jusqu'à ceux où c'était Hikotsu qui débarquait comme une furie pour l'égorger ou s'en prendre à son bébé. Alors, par peur, par doutes, la pirate avait préféré cacher sa fille prêt de l'océan, et avait repoussé toujours plus loin l'échéance d'aller parler à Roy. Jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Jusqu'à ce que ce jour fatidique ne devienne aujourd'hui. Une boule douloureuse barrait la trachée de la femelle grise et turquoise et fit trembler sa voix lorsqu'enfin, après de longues secondes à fixer le mâle couleur de neige, elle le salua sobrement.
« Bonjour, Roy. »
L'ancienne Lazuli observa sa fille, son langage corporel et l'intelligence qui pétillait dans ses prunelles de givre. Nul doute que la femelle cendrée aurait des explications à donner à la gamine. Peut-être n'aurait-elle pas dû la pousser à être si sérieuse et méthodique. A croire qu'elle l'avait fait pour se retrouver un jour dans cette même position d'inconfort face au regard attentif et sage de son enfant, comme si inconsciemment, elle avait voulu que Spleen ne devine toute seule l'étonnante vérité sur ses origines. Protectrice, la mère posa une patte possessive sur sa petite boule de poil blanche et l'attira contre elle. Puis, la Médecin releva ses orbes pâles vers ceux, assez similaires, de son ex-mentor-ex-ami-ex-Alpha-ex-amant. Devant sa fille, maintenant, il était plus facile de trouver une contenance et de s'y accrocher pour paraître droite, fière et confiante. Tout l'inverse de son esprit chamboulé et paniqué. Sentant que le silence risquait de devenir très difficile à supporter, elle ajouta, comme pour lancer la conversation :
« Tu es toujours aussi matinal... »
Moment exacte ou Spleen décida de rappeler qu’elle était toujours là, après que les adultes ce soit échangé un si long regard, en superposant sa voix a celle de sa mère.
« Roy ce n'est définitivement pas un nom d'ange. Mais un nom de chef. Tu es un chef ? Tu as la posture d'un chef. Le chef des fantômes. »
Les oreilles de la gamine se redressèrent et elle repris une posture assurée en voyant qu'Heever ne l'enguirlandait pas pour avoir parler à un étranger. La réaction de sa mère lui confirmait bien que ce loup là ne pouvait être q'un seul personnage : celui dont on ne prononce jamais le nom. Celui dont on ne savait rien. Celui que sa mère ne voulait surtout pas évoquer. Celui qui était à l'origine de sa naissance. Avec sa mère bien sûr. Celui qui, comme elle se l'était toujours imaginé, portait un pelage pur et immaculé, qu'il lui avait légué. Et une sacré masse capillaire, aussi.
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| Sujet: Re: Faces dévoilées | Heever Sam 03 Mar 2018, 15:41 | |
| Elle eut le temps de lui répondre. Et ses paroles laissèrent en lui un curieux mélange de sentiment, de surprise, de perplexité, de méfiance, et peut-être même d'une infime point d'attendrissement. Celui qui n'existe pas. Il avait eu le droit à bien des qualificatifs durant son existence qui commençait à se faire longue dans ce monde, mais jamais encore celui-ci. Certains même particulièrement fleuris lui revinrent avec le souvenir du face à face qu'il avait eu avec Reno, bien des années auparavant. La fougue qu'il l'avait guidé alors, il ne l'avait plus ressenti depuis bien longtemps. Il se rappelait la haine qu'il avait ressenti envers ce loup brun qui avait osé porter la patte sur l'être le plus cher à ses yeux. Il réalisait qu'aujourd'hui, quelque-chose de semblable ne paraissait même plus l'habiter. Il avait fait face à Heever avec calme et froideur lorsqu'elle avait attaqué Hikotsu, sa compagne, sous les yeux de leurs enfants. Mais peut-être était-ce parce que c'était Heever. Il ne la haïssait pas. Il ne le pourrait jamais. Il espérait ne jamais être de nouveau poussé à une telle colère. Peut-être qu'une action portée contre la louve blanche, Bree ou Irwell saurait l'y reconduire, et c'était ce qu'il souhaitait le moins au monde. Peut-être également si quelque-chose arrivait aux deux êtres qui se trouvaient devant lui, et envers lesquels il se sentait une responsabilité croissante... Bon sang mais qu'est-ce qu'il se disait ? Il aurait secoué la tête pour chasser ces pensées floues et dénuées de certitudes s'il n'avait pas dû garder la face. Il se contenta d'écouter les mots prononcé sur un ton presque malicieux. Des mots qui résonnaient encore à ses oreilles avec une netteté déconcertante lorsque leur dialogue fut interrompu par l'arrivée du troisième protagoniste de l'affaire.
Ses prunelles de glace ne se décrochèrent de la petite que lorsqu'Heever parvint à leur hauteur. Comme s'il avait attendu le dernier moment pour ce nouveau face à face. Il la retrouvait une fois de plus telle qu'il se la rappelait, et changée à la fois. Ce jour-là, elle n'était plus enveloppée d'une cape de colère noire et de rancoeur. Il l'avait si bien connue qu'il détecta chez elle, dans son inspiration un peu précipitée avant que leurs yeux ne se croisent pour la première fois, comme une angoisse. Une semblable tension que celle qui régnait dans l'esprit du blanc devait sans nul doute l'habiter, maintenant qu'ils se retrouvaient ensemble face aux conséquences de leurs actes. Il se doutait fort qu'elle aussi devait avoir appris, en le côtoyant, à décrypter certaines de ses mimiques, les infimes changements de son ton, les choses qui perçaient parfois la glace pour allumer ses prunelles. Elle le connaissait bien plus que bien d'autres loups. Lui la connaissait de même, en quelque sorte. Sa voix tremblait lorsqu'elle le salua, son regard le fuit pour s'accrocher à l'ancre qu'était la petite louve entre eux. Durant quelques instants, il se demanda si elle reprendrait contenance. Ou bien si elle finirait par ou s'effondrer, ou se jeter à sa gorge. Il l'avait connue plus distante que cela avec les inconnus - la pensée qu'il faisait partie de cette catégorie, plus ou moins, lui était étrangement désagréable - et jamais dans cet état de fébrilité incertaine.
"Bonjour Heever." Répondit-il d'une voix égale.
Bravement, elle finit par se reprendre. Doucement se recomposa sur son museau l'air assuré qu'il lui connaissait. L'angoisse se dissipa alors qu'elle posait la patte sur le dos de la petite dans un geste protecteur, et qu'elle relevait les yeux vers lui pour véritablement lui faire face. Tant de choses déjà, en un simple regard. Le souvenir commun et qui ne pouvait être douloureux de cette nuit qui devait changer leur existence. La conscience soudaine et profonde de n'être plus dans la fougue de la jeunesse, mais portant la responsabilité de ce qu'ils avaient fait. Les images de leur dernière rencontre mouvementée. Le grand flou qui demeurait autour d'eux et de ce qu'ils étaient l'un pour l'autre. A mesure que s'écoulaient ces pensées et que surgissaient des images, une constatation apparaissait au blanc. Leur histoire d'une nuit n'avait pas fait d'eux des compagnons, loin de là. Ils avaient chacun construit leur vie ensuite avec le loup destiné à le devenir. Pourtant, chacun d'eux était condamnée à vivre avec le fantôme de l'autre à jamais. Heever faisait partie de sa vie, depuis le jour où ils s'étaient connus. Elle serait toujours là, présence sur les terres qu'il arpentait comme dans ce coeur qu'il protégeait jalousement. Il ne pouvait pas l'oublier. Il ne pouvait pas prétendre que rien ne s'était passé, que toutes ces années n'avaient pas existé. Alors qu'il plongeait dans ses prunelles turquoises dont la vision l'avait presque hanté depuis qu'il avait appris pour la petite, ce constat n'éveillait en lui aucune crainte. Il l'avait sans doute toujours su. Il ne se l'était simplement jamais avoué.
Ses yeux descendirent de nouveau sur Spleen lorsqu'elle parla à son tour, coupant court à la conversation que sa mère semblait vouloir courtoisement lancer. Il ne put s'empêcher de lui adresser l'ombre d'un sourire. La même qu'il laissait paraître face aux autres de ses enfants, auxquels il n'était peut-être pas le moment opportun de penser. Il avait, avec cette aventure, rayé toute possibilité de faire de la fin de sa vie une image parfaite de famille harmonieuse. Car son sang coulait tout autant dans les veines de Spleen, elle était tout autant de sa famille.
"Je suis un guérisseur, pas un chef." Répondit-il doucement, en inclinant légèrement la tête.
Il releva les yeux vers Heever. Un court instant de silence, à peine le temps d'un battement de coeur, avant qu'il n'ajoute :
"J'aimerais... te parler." Sa voix s'était faite un peu plus basse. "Si tu l'acceptes."
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| | | Cro » Héroïque
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| Sujet: Re: Faces dévoilées | Heever Dim 04 Mar 2018, 12:58 | |
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« Faces dévoilées
« Heever & Spleen & Roy
« Oh. Tu soigne les autres comme Maman ? »
Questionna encore l'enfant. Si la propension a la curiosité de Spleen semblait innocente et vierge d'arrière pensées, il n'en était rien. Derrière les prunelles pâles de la louvette blanche et turquoise, dont le sourire s'effaçait périodiquement alors qu'elle suivait un cheminement de pensée qui l'emmenait loin de la réalité de l'instant, de gros rouages faisaient turbiner son esprit vif. Et chaque précision apportée lui donnait plus de matières à moudre afin de remplir les cases manquantes et de terminer le puzzle. Cette fois-ci Heever répondit, avec l'ombre d'un rictus amusé, parce que même si elle était peu capable de montrer de la tendresse tactile ou de l'affection directe à sa fille -leur fille, cette idée lui devenait plus lourde et imposante à chaque seconde, comme si la présence de Roy la forçait à accepter l'idée qu'elle n'était plus le seul parent-, elle la connaissait assez bien pour imaginer les schémas et équations mentales de la docile petite femelle blanche.
« C'est l'inverse. Roy m'a beaucoup appris. »
La Médecin releva son regard glacé sur son ancien mentor, ancrant ses iris froides dans celles du Lazuli. Et son sourire s'effaça lentement à la suite des images de son enfance qui s'évaporaient tranquillement pour laisser place à la suite. Il était évidemment vrai qu'en bon professeur, le guérisseur avait su transmettre avec efficacité nombre de leçon à son élève assidue. Rapidement, la grise et turquoise se remémora quelques matinées à chercher quelques plantes dont elle ne connaissait encore rien et qu’elle devait trouver grâce à un sens aigu de l'observation et de la déduction. Lorsque ensuite elle rapportait son butin, elle avait droit aux explications. Il y avait aussi eu les heures à s'entraîner aux cataplasmes, aux pansements et aux protections des plaies ouvertes ou des traumatismes corporels. Elle se rappelait bien la première fois qu’elle avait eu affaire à une hémorragie violente. Cela ne lui avait pas semblé aussi effrayant que lorsqu'elle avait vu Leemoncello vomir ses tripes avant de mourir, quelques mois plus tard pourtant. Et puis il y avait toute la dimension émotive. Roy lui avait appris aussi à se fermer aux autres, à ressentir la compassion du soigneur, de celui qui fait son possible pour aider mais sans jamais se noyer sous les sentiments. Il lui avait montré comment faire la part des choses, comment gérer le stress et l'impuissance dans certains cas trop graves où seule la décision des Dieux pouvait encore sauver ou non l'un des leurs. En bon mentor, il l'avait aidé à se construire presque complètement, presque jusqu'à l'âge adulte. Presque.
Juste avant de la délaisser pour un rôle bien plus important et vital pour la meute, certes. Le seul loup ayant à la fois autorité sur elle et lui portant de l’intérêt s'était effacé de son existence au moment où elle avait perdu sa mère. Quelques jours a peine avant qu'elle ne perde aussi celui qui l'avait élevé. Roy avait été le mentor, l'ami, et le fantôme de son adolescence. Puis alors qu'il évoluait chacun de leur côté, la vie les avait réunis sous une nouvelle bannière, à égalité, à une période ou ni l'un ni l'autre n'espérait plus retrouver un semblant de stabilité, alors qu'aucun deux ne savait vraiment ce qu'il adviendrait de la suite. Parce que malgré tout, le blanc avait toujours eu une place particulièrement importante pour Heever, elle avait été heureuse de retrouver en lui quelque chose de similaire à ce qu’elle voyait en elle. Cette nuit restait inoubliable. Elle restait une pause dans sa vie qui lui avait fait réaliser ce dont elle avait réellement besoin pour avancer. Elle avait alors tout abandonne pour retrouver Paprika, pour balayer une fois pour toutes les regrets. Et puis elle était devenue mère, pour la plus grande des surprises. Ce nouveau statut lui avait finalement fait accepter définitivement que les choses ce soit passées comme elles le devaient pour en arriver là. Elle n'avait eu aucun remord, plus aucuns doutes ne l'avait assailli. Jusqu'à ce qu'elle se retrouve ce matin-là, sur la plage. Avec Roy. Et Spleen au milieu. Ici et maintenant.
Dans tout ça, et malgré tout, elle ne vit pas Volstein. Bien sûr elle l'aimait et avait voulu lui offrir la place qu'il méritait depuis toujours dans son coeur, et elle réalisait maintenant que malgré tout ses efforts, elle n'avait fait que le blesser au travers de ses actes ou paroles. Il n'avait toujours eu que la seconde place, derrière son grand frère. Pourtant le lien qui avait unit les deux soigneurs n'était en rien comparable à celui qu’elle partageait avec la disciple de la Corneille et qu’elle aimait sincèrement. Il ne s'agissait même pas du même genre d'émotions. Et pourtant, c'était cette relation là qui avait été omniprésente dans sa vie, jusqu'à en dissimuler les autres plus ou moins involontairement. Heever baissa le regard sur la conséquence de tout ça. Un très léger sourire égaya les traits de la femelle cendrée un court instant. Pour rien au monde elle n'aurait accepté qu'on lui prenne Spleen. Pour rien au monde elle ne voulait imaginer une vie sans leur fille. Bien sûr au tout début, avant que le choc de sa naissance se passe, elle avait paniqué. Elle avait haït cette boule de poil qui rendait trop réel, trop palpable, cette nuit hors du temps. Et puis elle avait appris à l'aimer, à la chérir et à accepter que rien n'arrivait par hasard. En fin de compte, Heever comprenait que l'arrivée de l'enfant avait été le déclic pour la faire bondir dans l'âge adulte. Le vrai. Celui fait de responsabilités, de raison, mais aussi de relativité et de plaisirs simples et immatériels.
Le seul point noir du tableau, c'était les souffrances psychologiques infligés au pauvre loup aux chatoyantes ailes de cristal qui ne méritait pas ça. C'était le seul regret que formulait Heever. Et chaque jour elle priait les Dieux pour que Volstein aille mieux, pour qu'il guérisse de cette trahison. Qui n'en était pas réellement une à ses yeux, puisque chaque décision le concernant avait été prise ensuite. Et même si Heever souhaitait avoir la bénédiction un jour, de porter les enfants de son compagnon et prisonnier, elle n'imaginait pas Spleen avec un autre géniteur. Les Dieux s'amusaient-ils à leurs dépends ? S'amusaient-ils à les torturer ? Peu importait au fond. Rien n'arrivait par hasard. Les divagations mentales de la Raeders cessèrent lorsque la voix de Roy la tira de ses constatations non avouables. Il voulait parler. Si elle acceptait. Heever releva le museau vers le géniteur de sa fille. S'il n'y avait aucune animosité ou ordonnance dans le ton de son ancien mentor, elle sentit son estomac se crisper sous l’angoisse. L'ex-Lazuli ne sentait pas son congénère en colère ou craintif. Voir apparaître sous ses orbes clairs le fruit de leur nuit passionnée et pourtant si lointaine qu'elle en paraissait chimérique ne paraissait l'avoir offusqué ou inquiété. Heever n'observait pas d'émotions négatives dans le langage corporel de Roy. Cela la perturba davantage. Les oreilles de la femelle grise et turquoise s'arquèrent un instant vers l’arrière, signe éphémère du malaise.
Voulait-il alors, s'il n'était amené que par de bonnes intentions, faire partie intégrante de la vie de Spleen ? Souhaitait-il obtenir un droit de visite régulière ou pire, un droit de garde ? Oserait-il prétendre avoir des droits sur cet enfant ? Essayerait-il de séparer la mère et la gamine ? Irrationnellement, Heever avait bien moins de contrôle sur elle lorsqu’il s'agissait de la protection de Spleen. La louvette reconnaissait dans ses rares fissures de l'armure de glace de sa mère, les signes muets de son amour. Depuis longtemps elle avait compris que la Médecin n'était pas expansive ou jovial, et elle savait reconnaître les humeurs de la grise. Aussi décida t-elle de s'éloigner pour permettre à l'adulte de se reprendre avant que toute son échine n'ai doublée de volume.
« Je peux aller chercher quelques feuilles de Réglisse ? J'ai un peu mal au ventre. »
Brave gamine. Intelligente petite. La diversion de Spleen était bien vue, car cela fonctionna à merveille. Si elle s'éloignait, Heever craignait moins d'entendre ce que le disciple du Raptor avait a dire. Et elle pourrait, elle aussi, lâcher cette boule d'anxiété qui bloquait sa gorge actuellement. La mère regarda la petite courir récupérer quelques coquillages avant de prendre le chemin de la grotte. La louvette blanche reviendrait bien assez vite après avoir rangé ses trésors. La curiosité et surtout, la possibilité d'avoir enfin des réponses sur les trous de son histoire la rappelleraient bien trop vite auprès d'eux. La Médecin inspira et déjà son masque implacable retrouvait sa place sur son visage de marbre. Une nouvelle fois ses yeux vinrent à la rencontre de ceux de Roy et elle répondit après ces quelques secondes de silence :
« Je t'écoute. »
Imperceptiblement, la louve grise redressa sa posture alors qu’elle ramenait la patte qu’elle avait posée sur Spleen plus tôt, sur le sol. Sauf que l'occasion était trop belle, le manque de mots trop violent pour se taire. Le blanc et elle n'avait jamais eu à beaucoup discuter pour communiquer ou se comprendre. Sans doute parce que Roy avait façonné la louve à son image au début de son apprentissage.
« Non. Moi d'abord. »
Coup d'oeil sur la silhouette fine de la gamine qui disparue, engloutie par la gueule béante de la caverne des Raeders, de l'autre côté de la plage.
« Je ne t'empêcherais pas de la voir, si c'est ce que tu veux. Mais tu ne l’emmèneras pas. »
Je ne te laisserais pas me la prendre. Toutes les fibres maternelles que pouvaient contenir son corps svelte étaient en tension sous son poil cendré, faisait étinceler les yeux de givre de la louve. Ce n'était pas une menace, un simple avertissement. Elle tolérerait sa présence s'il voulait être présent pour Spleen. Bien sûr, elle n'avouerait pas qu'elle en serait même heureuse pour la petite. Après tout, elle savait le besoin de sa fille -leur fille- de trouver une figure paternel. Qui de mieux que son vrai père pour l'être ? Elle savait aussi qu'il n'était pas rare que des louveteaux naissent de parents vivants dans un groupe différent. Bien sûr en général cela arrivait parce que les parents s'aimaient, ce qui n'était pas exactement le cas ici. Mais cela pouvait bien se passer non ? Tant que Roy acceptait de devoir se déplacer s'il souhaitait réellement la voir. Et s'il préférait simplement faire comme si Spleen n'existait pas, soit. C'était un peu tard vu qu'ils avaient eu la chance de se croiser en premier aujourd'hui, au grand dam de l'ex-Lazuli, mais soit. Il était libre de ses choix. Et jusqu'à présent, elle ne s'était pas trop mal débrouillé avec la gamine. D'ailleurs elle remerciait Paprika d'avoir été présente pour elles deux. Si Roy préférait rejeter Spleen et les mettre en garde de ne jamais s'approcher de sa vraie famille, elle ne pourrait rien y faire.
Cela serait, évidemment, la solution de facilité pour tout le monde. Sauf peut-être pour la louvette au pelage pâle, mais elle finirait par s'y faire. Après tout, elle avait bien réussie jusque là, sans avoir de père. Quelque part, tout au fond, quelque chose se révolta dans les entrailles d'Heever. Elle voulait le meilleur pour sa fille. Même si cela signifiait qu’elle devait prendre sur elle tout les jours, même si cela signifiait qu'elle devait avouer verbalement à Volstein l'ascendance de Spleen. Et même si cela signifiait la perte définitive de toute espoir de famille auprès du plus jeune des deux frères... Mais le bien-être de Spleen passait bien loin avant le sien. Bien que le choix ne lui appartienne pas, elle espérait que Roy ne choisisse pas de fuir sa fille bâtarde et de l'abandonner. Ce qui poserait aussi le soucis, bien petit, en comparaison, d'expliquer à Spleen pourquoi on lui avait menti jusqu'à aujourd'hui.
« Nous... Spleen a besoin de son père. De toi. »
Au cas où la paternité te laissait encore un doute. Les yeux de la louve cendré quittèrent ceux du blanc pour courir sur l'horizon. Il était hors de question qu'elle laisse sous entendre qu'elle serait, elle aussi, soulagée, que Roy joue le rôle qui lui revenait auprès de leur fille. Auprès de leur famille désunie. Même si les critères habituels pour fonder une famille étaient bien loin d'être remplis. Il ne s'agissait pas ici de vivre ensemble, bien sûr que non. Ils avaient chacun leur vie, chacun une famille, ou du moins une qu'ils essayaient de construire bon gré mal gré. Chose plus ardue pour Heever avec Volstein d'ailleurs, avec l'arrivée au monde de la petite pirate au long cheveux. Il était simplement question d'accepter et surtout de revendiquer tout ce qui s'était passé entre eux. Pour le meilleur et pour le pire. Cette idée amusa la femelle qui esquissa un sourire. Au fond, quel mal y avait-il à avoir fait un détour de parcours ? Était-ce si répréhensible d'avoir tout mis de côté, le temps d'une nuit insensée au clair de lune ? Devait-on forcément tout perdre pour un écart de conduite qui avait donné quelque chose d'aussi beau que la vie elle-même ? La moralité était une affaire de point de vue, non ? Les prunelles pâles comme du givre revinrent s'ancrer dans les yeux aussi clairs du mâle. Heever se demanda ce qu'ils partageaient vraiment tout deux, en dehors d'un long passé commun et d'une fille alors qu’elle jaugeait ce loup qu’elle ne pouvait plus juger.
« Que voulais tu me dire ? »
Questionna la louve Raeder finalement, laissant enfin une chance au blanc d'expliquer les raisons premières de sa venue.
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| | | Ehnala » Coriace
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| Sujet: Re: Faces dévoilées | Heever Mer 07 Mar 2018, 18:26 | |
| Ainsi donc, Heever avait continué son office en tant que guérisseuse même en rejoignant le groupe des habitants des plages. Cela ne le surprenait pas vraiment, au fond, elle avait été une élève douée. Le mâle blanc avait conscience d'avoir été l'un des soigneurs les plus prometteurs de son temps. Fruit d'un travail acharné et non de quelque don du ciel, son talent était reconnu et il aurait sans doute mieux valu qu'il s'en tienne lui aussi à ce rôle pour lequel il avait été formé, désigné dans sa jeunesse. Il avait tâché de transmettre à la louve grise alors bien jeune les principes et les valeurs qu'il suivait, à lui apprendre tout ce qu'il avait dû apprendre en se retrouvant à l'âge d'à peine une année révolue auprès des malades d'Everbloom. Avant elle, il ne serait jamais vu mentor de quiconque. S'il avait conscience de ses capacités dans le domaine médical, il avait une conscience toute aussi aiguë des lacunes qui venaient les contrebalancer. Il était un loup peu chaleureux, avare de mots, distant, très exigeant envers lui-même. Sans doute le pire profil imaginable pour faire un bon pédagogue. Il avait accepté de se plier à ce jeu, d'essayer d'être le maître face à l'élève, et avait même parfois tâché de s'inspirer de la manière dont Romance lui avait transmis son savoir. Mais sa mère et lui étaient aussi opposés que le jour et la nuit à ce niveau. Toutefois et aussi étonnant que cela avait pu paraître, il s'était plu dans ce rôle bien plus qu'il ne l'imaginait. Bien loin de le trouver ridicule ou désagréable, Heever faisait montre d'un respect à son égard qui l'encourageait, d'une grande attention et d'une studiosité presque sans failles qui lui faisaient chaque jour trouver cela de plus en plus naturel. Certes, il l'avait formée bien jeune, dès la prime enfance, et lui avait malheureusement transmis bien plus que ses seules connaissances. C'était sans doute lorsque cette distinction n'avait plus existé qu'il avait commencé à tisser entre eux un lien bien plus fort que prévu. Lorsqu'elle avait commencé à devenir celle à qui il parlait bien plus qu'aux autres, celle à qui il enseignait la médecine tout comme sa vision de l'existence. Celle qu'il devait protéger car il avait le devoir d'en faire une adulte.
Elle résuma en une brève phrase le cheminement de ses pensées, en accrochant de nouveau leurs regards. Il vit que sa question, pourtant des plus simples - elle n'était pas obligée d'accepter et pouvait simplement l'envoyer sur les roses avec toute la violence qu'elle désirait - provoquait une série d'émotions qui assombrirent les prunelles turquoises de la grise. Toute son attitude suintaient soudain quelque-chose de négatif, de la crainte, une sorte de colère, quelque-chose qui tendait ses muscles et faisait frémir imperceptiblement son échine. Même la petite le remarqua. Et proposa avec une subtilité surprenant de la part de quelqu'un de son âge une activité qui l'éloignerais des deux adultes pour les laisser discuter entre eux. Peut-être avait-elle simplement compris, lorsque Roy avait demandé à parler à Heever et à Heever seulement, qu'il serait préférable qu'elle s'éloigne. Mais c'était peut-être un code qu'elle n'avait pas encore appris contrairement à ceux qu'envoyaient sa mère lorsqu'elle se sentait mal à l'aise. Des questions surgissaient dans son esprit. Il ne connaissait pas cette enfant surprise dont il était soudain devenu père, il ne savait rien d'elle à part ce qu'il avait pu déduire des quelques mots qu'ils avaient échangés. Et la part de lui qui désirait la connaître se faisait insistante à mesure que s'écoulaient les instants en sa compagnie.
Lorsque la petite forme blanche eut disparut à l'horizon, il sentit la louve grise reprendre contenance et revêtir la face qu'elle présentait au monde. Ce visage sans expressions qu'ils avaient en commun, et que chacun connaissait comme un masque sur le faciès de l'autre. Ils avaient eu l'occasion de s'en dévêtir, bien des lunes auparavant, et s'étaient révélés faces dévoilées au clair de lune. Désormais la nuit était passée, et le jour, comme un maléfice, faisait renaître sur leurs museau cette carapace. Restaient leurs regard, au travers desquels ils savaient lire bien plus que de simples couleurs. Ce fut dans les iris clairs de la louve qu'il lut sa première phrase, avant même qu'elle ne la prononce. Elle signifiait que le véritable but de leur rencontre, cette conversation, pouvait vraiment commencer. Elle décida rapidement de prendre les devants, et il l'écouta sans broncher, acquiesçant d'un hochement de tête léger à sa prise d'initiative.
Il fut surpris par la hargne qu'il sentait poindre lorsqu'elle lui fit clairement comprendre qu'il ne l'emmènerait pas. Surpris par cette tension soudaine qui avait habité la louve au moment où cette pensée s'était formulée en paroles, tout autant que par l'essence même de ce qu'elle disait. Ainsi donc, elle était persuadée qu'il était venu pour récupérer son enfant ? Leur enfant ? Un être passionné et qui aurait été pris d'un élan soudain et irrationnel aurait pu. Mais pas lui, pas alors qu'il venait tout juste d'être assuré de son existence, pas alors qu'il avait une compagne, une famille qui l'attendait au camp des Lazulis. Il était évident que même s'il avait voulu l'emmener avec lui, même si Heever acceptait que Spleen l'accompagne, jamais elle ne trouverait sa place au sein du couple qui était le sien. Hikotsu en serait terriblement blessée, ses enfants risquaient de la rejeter pour ce qu'elle était, et il la priverait de sa véritable mère avec qui elle avait grandi. Cela lui paraissait la plus cruelle des initiatives. Non, il n'était pas venue pour l'emmener, bien loi de là. Cependant, la phrase de la grise était teintée d'incertitudes. Elle l'autorisait à la voir, alors qu'il aurait compris qu'elle ne le veuille pas. Après l'épisode de l'attaque d'Hikotsu, après ce jour où elle n'avait été que haine et rancoeur terrible, il s'était mis en tête qu'elle devait cultiver à son égard un profond ressentiment. Il avait constaté d'ailleurs une bien étrange chose : Spleen était plus petite et paraissait plus jeune que ses deux enfants légitimes, alors même que la seule nuit qu'il avait partagée avec Heever avait eu lieu avant sa déclaration à la louve blanche. Il y avait là-dessous un mystère que le guérisseur qu'il était avait bien du mal à comprendre, et il rejetait l'hypothèse que les enfants d'Hikotsu ne soient pas de lui. Parce qu'elle était des plus désagréables, parce que le temps qui s'était écoulé était logique sur ce point, parce que la ressemblance était bien trop frappante entre lui et ses deux autres petits. Cette dernière particularité était sans doute valable pour la petite troisième, d'ailleurs.
La phrase suivante était étrangement touchante, autant par ce qu'elle disait que par l'hésitation que la louve eut à son entrée. Lui non plus n'était donc pas rien aux yeux de la grise. Il ignorait la vie que pouvait mener la petite auprès de sa mère, et comment elle vivait l'absence paternelle. Car visiblement, personne ne s'était embarrassé de lui faire croire que Volstein était son géniteur. Il l'aurait cru pourtant. Elle n'y aurait sans doute vu que du feu, car les deux frères se ressemblaient sur certains points. Un pelage de neige, notamment, qui aurait empêché bien des tracas à Heever au moins durant la jeunesse de Spleen. Cependant, il admirait son honnêteté, car elle avait sans doute dû faire face dès le plus jeune âge de la louvette à des questions auxquelles il était bien compliqué de répondre. Elle avait choisi le chemin ardu de la vérité. Quand ce fut son tour de parler, la question le prit presque de court. Il lui semblait avoir tant de choses à dire, tant de pensées si difficiles à mettre sur des mots. Il n'avait jamais été doué pour cela. Et pourtant s'il y avait un jour où il devait l'être, c'était bien celui-ci.
"Je ne suis pas venu pour l'emmener, ne t'inquiète pas." Répondit-il doucement en posant son regard dans les prunelles turquoises qui lui faisaient face. "Je devais... être certain de son existence."
Il était presque irréel de songer qu'un moment auparavant, il s'était assis sur cette plage avec le crâne empli de rumeurs qu'il ne savait s'il devait croire ou non. Désormais, cela lui apparaissait comme une sorte de rêve.
"C'est toi que je voulais voir. Notre dernière rencontre a été... mouvementée."
Elle pouvait sans doute au moins lui accorder ceci. Une sorte de trac lui serra l'estomac d'un spasme léger. Comme c'était compliqué de devoir ainsi soulever son armure pour révéler ses pensées. Il le fallait. Il le fallait et pourtant... par les dieux, comme c'était difficile.
"Je n'ai jamais voulu te blesser." Finit-il par lancer. "Peut-être que tu ne comprendras pas mais... je ne regrette pas ce qui s'est passé. Pas même avec l'existence de... Spleen. Je regrette ce que j'ai vu dans ton regard la dernière fois que nous nous sommes croisés." Il observa attentivement ce qu'il pouvait lire dans le regard de la grise. "Si tu désires que je sorte de ta vie, je l'accepterais Heever. Pour son bien ou pour le tien. Tu peux me haïr autant que tu le souhaites."
Il était d'un calme surprenant, soudainement. Il avait conscience qu'il n'y avait plus de retour en arrière possible maintenant, et que ses futures relations avec la petite ombre blanche se jouait à cet instant, dans les mots qui se diraient ensuite.
"Mais je serai honoré de pouvoir apprendre à la connaître, si elle le veut."
Son regard se perdit sur l'horizon, où la petite avait disparu. Il y avait, sous cette conversation, bien des interrogations. Bien des non-dits. Heever et Spleen ne pouvaient construire avec lui une famille comme on l'entendait d'ordinaire, un couple aimant et qui bâtissait son existence autour de sa couvée. Pourtant elles étaient sa famille, d'une certaine manière. De ces êtres importants qui partagent a mieux votre sang, au pire d'autres choses plus profondes. pris d'uns soudaine inspiration, de peur qu'elle ne s'envole à jamais, il ancra de nouveau ses yeux de glace dans ceux de la grise et murmura :
"Que suis-je à tes yeux, désormais ?"
Il se souvenait avoir cru longtemps qu'elle le haïssait, pour finalement la découvrir de nouveau et dépourvue de haine lors d'une nuit au clair de lune. Etait-ce la même chose désormais ? Ou cette fois-ci, les choses étaient-elles allées trop loin ? Avaient-ils fait le pas de trop dans l'irréversible, et qui l'avait projeté au-delà de l frontière, dans le monde des détestés ?
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| | | Cro » Héroïque
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| Sujet: Re: Faces dévoilées | Heever Dim 11 Mar 2018, 15:14 | |
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« Faces dévoilées
« Heever & Spleen & Roy La vie de Pirate lui avait appris en quelques mois à accepter les épreuves et les frustrations, à reprendre du recul. En quelque sorte, devenir Raeder avait permis à Heever de se reforger une armure stable et solide, mais bien plus aisé à retirer à contrario de la forteresse de glace où elle s'était emmuré autrefois, chez les Séides. Roy lui avait enseigné l'importance de la réflexion, la patience de la sagesse et la nécessité d'une distance affective à respecter. Paprika lui avait rappelé ô combien il était apaisant et épanouissant de laisser tomber les masques par moment. Et il s'agissait de l'un de ces instants privilégiés. Le disciple du Raptor méritait qu’elle cesse de se cacher, qu'elle arrête de fuir derrière un écran de fumée sec et aigre. Peut être que la réponse attendue soulagea la louve grise suffisamment pour qu'elle arrive à un constat conciliant : le loup à la silhouette fantomatique ne lui voulait pas de mal. Il ne souhaitait pas la blesser, ni même la heurter. Il ne l'avait jamais fait consciemment. Hors enlever Spleen aurait été un acte cruel et barbare. Le Lazuli était assez intelligent pour comprendre ça et imaginer à quel point ce serait douloureux pour une mère, aussi maladroite soit-elle avec sa progéniture. Evidemment qu'il ne pouvait lui faire de tort. Leurs faire du tort. Roy n'était pas de ceux là. Au fond, elle le savait déjà. Mais devenir mère avait aussi fait naître des peurs irrationnelles et stupides, infondées. Heever pensait que c'était la preuve de son attachement à son enfant, à défaut de pouvoir l'enlacer ou la câliner comme le faisait la Capitaine avec sa petite fille adoptive. La femelle soutint les yeux clairs de son interlocuteur, tout en laissant, très lentement, transparaître une autre émotion encore indescriptible dans ses prunelles.
Les oreilles de la louve cendrée et turquoise tiquèrent sur certains mots. Mouvementée. C'était un euphémisme. En même temps, aurait-elle dû s'attendre à une rencontre moins brutale ? Pontos, le roi des océans l'avait missionnée, avec Mylo, pour trouver deux prisonniers qui auraient ensuite travailler dans leurs grottes à la confection du breuvage que tout bon forban vénérait. Comme ses compères Raeders avaient déjà cherché bien des noises aux Etelkrus, il avait semblé logique alors, d'aller embêter l'autre meute divine. Cela lui donnait l'occasion de tirer la langue aux Alphas d'un clan qu'elle avait fuit par manque d'idéologie. Et de revoir quelques rares vieux amis. Voir comment certaines personnes avait pris son départ par exemple... Pas qu'elle ai eu beaucoup de connaissances hein. Une seule suffisait. Mais découvrir dans le feu de l'action que les rejetons de son amant d'une nuit semblait avoir plusieurs mois déjà avait remis en question le clair de lune partagé. Cette nuit là, elle s'était retrouvée dans le loup blanc, elle avait trouvé un écho à son coeur perdu, solitaire et déboussolé. Elle avait cru partagé un instant hors du temps, qui n’appartenait qu'à eux, un moment loin de tout et du monde où elle avait pu déposer tous les fardeaux de son existence le temps de respirer, de ressentir et de trouver une lumière dans l'obscurité. Une veilleuse qui l'avait ensuite guidée vers un nouvel avenir à porter de patte alors même qu’elle pensait ne plus rien trouver. Heever n'avait bien sûr jamais imaginé que cette histoire sans lendemain n'ai des conséquences qui les rapprocheraient. Au contraire, quand elle s'était éclipsée au petit matin, elle avait une nouvelle route à suivre et espérait qu'il en était de même pour Roy.
L'âge de Bree et d'Irwell cependant la confondait : leur conception semblait antérieure à leur nuit volée. Ce qui signifiait que le guérisseur n'était pas aussi isolé et égaré que ce qu'elle avait cru. Il lui avait menti sans mots. Là était la source de sa soudaine colère; de cet élan de rage et de peine. Il l'avait trahis en brisant les règles tacites du silence : il avait réussi à feindre ce qu'il n'était pas. Cette constatation avait brisée quelque chose en elle, car voir son ancien mentor et ami se ranger du côté de ces autres mâles lambda et irrespectueux l'avait atteinte plus que ce qu’elle n'aurait dû le permettre. La réaction d'Heever avait alors provoqué une avalanche d'autres plus négatives les unes que les autres. Volstein avait prit sa hargne pour de la jalousie, alors que ça n'en était pas vraiment. Il en avait été blessé profondément. Trop pour permettre à leur histoire de s'en remettre. Hikotsu avait cru que la grise en voulait à ses gamins, alors que la Raeder était Médecin, et par extension que jamais elle ne ferait volontairement du mal à l'un de ses congénères. Le petit frère avait voulu les défendre, Roy et l'Alpha avait débarqué alors qu’elle espérait ne croiser personne de plus et ça avait dégénéré. Elle avait du fuir avec le Nakhus en pseudo otage volontaire et en abandonnant son compatriote Pirate derrière elle. Pire, en rentrant à la maison elle avait été prises de violentes douleurs. Des contractions. Le tourbillon d'émotions et de stress avait déclenché des contractions. Et Spleen était née, comme tombée du ciel. Loin d'être attendue, elle provoqua une sacré surprise à Heever et Paprika. Et Volstein. Et elle apportait la preuve que les premiers enfants de Roy avait été conçu bien avant la loupiote blanche.
C'est seulement par la suite, alors qu'Heever apprenait à être mère, que chaque jour elle faisait un pas de plus vers cette enfant bâtarde qu'elle parvenait à peine à accepter comme étant sa fille, qu’elle avait réalisé que la chronologie des éventements ne collaient pas. Elle s'était penchée assidûment sur les derniers mois pour éviter de penser à la présence de la petite qui ne réclamait que chaleur et réconfort. A mesure qu'elle acceptait le contact de ce petit corps calme et fragile contre son ventre, la Médecin avait compris que quelque chose clochait dans la suite des événements. Prenant le parti qu'elle connaissait assez le mâle blanc pour croire qu'il ne l'ai pas truandé de cette façon sale et cuisante, assumant l'idée qu'elle avait pu vivre auprès de Paprika plus longtemps que ce qu'elle pensait de prime abord avant de se retrouver en terres Lazulis, elle parvenait à retrouver une certaine logique. La naissance de Spleen, bien plus tard que le terme cohérent en tenant compte de la seule nuit passée ensemble, bousculait tout. Mais Heever avait décidé de faire confiance au blanc, de croire en lui. Parce que malgré tout, il était resté le seul pilier immuable de sa vie. Alors pourquoi la grossesse avait été si longue et si... Inaperçue ? La seule explication plausible était une plaisanterie divine de mauvais goût. La femelle aux yeux turquoise avait depuis longtemps arrêté de prier et de croire en ces Dieux qui n'agissaient que selon leur bon vouloir en dépit des épreuves qu'affrontaient leurs disciples. Donc même cette interprétation ne lui convenait pas. De toute façon, Spleen était là, grandissait là et était indubitablement la descendante de Roy. Le doute n'était pas permis. Alors Heever s'était focalisée sur sa confiance pour le mâle blanc pour lâcher tout type de colère ou de rancoeur.
Elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle ne voulait pas lui en vouloir. Après tout, n'étaient-ils pas coupables tout les deux de ce rapprochement unique et éphémère ?
« Je suis désolée. J'aurais dû te la présenter tout de suite. »
Le regret que le Lazuli énonça à voix haute, concernant ce qu'il avait lu dans son regard embrasé de rage ce jour-là, la déstabilisèrent un peu. Il était l'aveu d'un certain attachement. Heever baissa le museau et pencha la tête sur le côté. Un peu comme elle le faisait avec Spleen quand son attention était soudain agrippée fermement par un mot ou une action curieuse. Dans son poitrail, la femelle sentit une vague de chaleur s'étendre vers ses extrémités. Il lui semblait, encore une fois, trouver un miroir dans ce que le blanc lui confiait. Lui non plus n'aurait pas changé ce qu'il s'était passé. Lui non plus ne souhaitait pas revenir en arrière, et ce, même s'il avait trouvé compagne et relation stable. Heever ne pouvait pas en dire autant, parce qu’elle savait au fond d’elle même qu'elle ne retiendrait pas Volstein très longtemps et qu'il était trop tard pour recommencer, même si elle continuait de l'espérer douloureusement. A l'image de cette nuit sans promesses et sans attentes, la louve cendrée trouvait du réconfort dans ce qu'elle pensait lire dans le coeur de Roy. Il est dit que les yeux sont les fenêtres de l'âme. Ceux de la Raeders se plissèrent dans un sourire simple, inattendue, presque tendre.
« Je ne t'ai jamais haïs. Je ne le pourrais même pas. »
Tu m'a tant donné. Ta science et ton savoir en premier, ton temps et ton écoute, puis tu as permis mon indépendance, ma force et ma persévérance. Puis tu m'a offert une fille. Le plus beau des trésors. Heever avait vaguement conscience que la relation qu'ils entretenaient était compliquée, indescriptible et qu'elle ne correspondait à aucun code. Peut-être même qu'elle était malvenue, après tout, Roy avait été son maître en premier lieu. Il avait été son tuteur avant de devenir bien plus. Il n'était pas rare bien sûr que quelque chose de puissant se noue entre un professeur et son élève, mais c'était encore autre chose. S'il avait pu influencer sa pensée ou son comportement autrefois, c'était loin d'être encore le cas aujourd'hui. Ils avaient dépassé ça. Elle n'était plus son apprentie. Et n'était plus son mentor ou son alpha. Il était le père de leur fille. La vie réservait bien des surprises quand même... Bien que son regard soit éloquent sans non plus hurler ce qui traversait l'esprit de la femelle, elle estimait nécessaire de parler, de répondre.
« Tu es le bienvenu ici... Tant que tu ne n'entraves pas la vie des Pirates. »
Souligna la Médecin Raeder avec un brun de malice dans son sourire. Le sous entendu était assez lourd selon elle. Elle ne souhaitait pas le voir s'effacer de sa vie, de leurs vies. Maintenant que Spleen l'avait rencontré, il semblait impossible à la mère de repousser Roy. L'enfant ne rêvait que de le connaître et le père acceptait l'idée de sa présence, au point de vouloir la découvrir. Heever ne pouvait plus se mettre au milieu de ça et empêchait son enfant de connaître la vérité. Bien sûr elle était encore trop jeune pour avoir le droit d'entendre l'histoire mouvementée de ses géniteurs mais le dialogue n'avait plus à être évité. Peut être ainsi Spleen lui en voudrait moins. Peut-être aussi qu'en faisant disparaître la gêne concernant le père, mère et fille pourraient nouer une relation plus étroite et confiante ? Les prunelles pâles de la louve suivirent celles du mâle blanc sur la petite silhouette couleur neige de la gamine qui revenait tranquillement, tout en papillonnant à droite à gauche pour observer des coquillages plus colorés que les autres. Elle jouait un peu avec la diffraction de la lumière du soleil, observait attentivement les reflets de lumières et allait tester une autre coquille nacré un peu plus proches d'Heever et de Roy. Innocente et pourtant déjà si vive et curieuse. La médecin regrettait un peu d'avoir inspiré un manque de confiance et de la mélancolie dans le coeur de son enfant en refusant de la présenter au disciple du Raptor tout de suite... La dernière question laissa Heever partagée. Elle ne pouvait pas répondre, parce qu'elle ne connaissait pas vraiment la réponse. Elle avait une très très vague idée. Il était trop chose.
« Celui qui est toujours là... ? »
Malgré tout. Ce n'était pas vraiment une interrogation, mais si c'était formulée comme telle. C'était un constat. Après tout ce qu'ils avaient chacun pu vivre, après tous les croisements entre leurs routes, après tout ce temps, il était encore là. L'idée du contrefort inaltérable la reprit une fraction de seconde. C'était ça, il était l'une de ses fondations. Celui autour duquel elle avait bâti toute sa vie sans y faire franchement attention. Heever reposa finalement ses orbes de givre dans les yeux du disciple de Mido alors que son sourire s'évanouissait pour retrouver un air enfin serein. Tu es la constance de ma vie. Le patte à terre vers qui l'on revient après chaque voyage en mer.
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| | | Ehnala » Coriace
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| Sujet: Re: Faces dévoilées | Heever Sam 14 Avr 2018, 17:44 | |
| Il hocha doucement la tête d'un signe négatif lorsqu'elle s'excusa de ne pas lui avoir présentée la petite plus tôt. Dès l'instant où elle avait compris qui elle était et ce qu'elle signifiait. Il comprenait parfaitement son geste. Par une sorte de caprice de la nature, Spleen était née ben plus tard qu'elle n'aurait dû visiblement, et la grise avait déjà découvert la famille qu'avait fondée le blanc, ses deux enfants de neige qui lui ressemblaient tant. Elle avait dû songer et de manière fondée qu'il avait complètement tourné la page. Comme s'il pouvait oublier, rayer cela de son histoire. Elle lui dit qu'elle ne haïssait pas, une fois encore, et ce fut comme une amusante répétition de l'histoire. Il lui vint soudain à l'esprit que ce n'était pas cette nuit où ils avaient dansé sous la lune qui avait été leur écart, leur faux pas, la chose qu'ils pouvaient regretter. Non. C'avait été cette rencontre où ils s'étaient montré les crocs, où aucun d'entre eux n'avait été capable de reconnaître en l'autre celui qu'il avait toujours connu. Et qu'il connaissait encore si bien.
Il fut surprise par le regard presque malicieux et le ton plus léger sur lequel elle lui annonça qu'il pouvait revenir, s'il ne cherchait pas des noises aux pirates. Ce fut d'ailleurs à cet instant précis que la méfiance s'envola, qu'il eut enfin l'impression de la retrouver telle qu'il aimait à se la rappeler. C'était comme une sorte de magie d'ailleurs, la manière dont ces quelques mots avaient chassé l'espèce de tension qui régnait jusque-là. Certes, dans un coin de son coeur il portait toujours le poids de la révélation qu'il allait devoir faire à sa compagne. Elle devait être au courant, après tout, et il allait devoir trouver le tact pour le lui annoncer la nouvelle de la plus douce des manières. Il craignait qu'elle ne développe envers la petite louve blanche une sorte de haine jalouse. Hikotsu n'avait pas sa maîtrise de soi et s'il aimait sa sensibilité, il savait qu'elle pouvait se montrer imprévisible parfois. Il ne souhaitait pas la blesser, elle non plus, même s'il savait qu'elle le serait forcément. Mais une partie du poids qui pesait sur ses épaules s'était envolé. Une partie du tissu de noeuds dans lequel ses pattes étaient empêtrée s'était défait.
"Je resterai à l'écart de votre groupe." Répondit-il doucement, simplement, sur le ton d'une promesse.
Il vit le regard de la grise obliquer et le suivit, pour constater lui aussi que la petite louve blanche revenait vers eux l'air de rien, en observant les coquillages qui recouvraient par milliers le sol de la plage. Maintenant que le soleil grimpait dans le ciel, il diffusait derrière le voile de nuages une lumière douce et immaculée, cette lumière qui rendait justice au nom des Côtes de Nacre. Spleen lui rappelait un peu son autre fille, Bree, mais elle paraissait bien plus aventurière. Avoir été élevée au milieu des Raeders y avait sans doute bien contribué, car elle ne tenait sans doute pas cela d'une quelconque fibre paternelle ou maternelle. Dans une autre vie, une vie sans Everbloom, peut-être Spleen aurait été son unique enfant, Heever sa compagne. Paprika n'aurait jamais été contaminée. Il n'aurait jamais fait cette expédition dans les montagnes seul pour chercher de quoi sauver les malades, durant laquelle il avait rencontré la guerrière au pelage rayé. Il n'aurait jamais été promu alpha, et sa relation avec Heever ce serait cantonnée d'abord à celle du maître et de l'élève, puis à amis, puis à ce que le destin avaient voulu qu'ils soient ensuite. Cette pensée était fascinante à matérialiser, et il songea qu'à cet instant, les deux destins auxquels il aurait pu être soumis s'entrecroisaient. Pour le meilleur, pour le pire, la vie avait été ce qu'elle avait été, et nul ne pouvait changer les choses. Ce moment unique apaisait son esprit. Il n'avait peut-être pas tout gâché durant sa vie.
La réponse d'Heever à sa question ne le surprit pas. Elle coula comme une évidence à ses oreilles. Lui avait déjà vécu un peu lorsqu'elle était devenue son élève. Mais elle était bien jeune alors, et malgré la houle de leurs existences respectives, ils avaient toujours fini par se retrouver à un croisement, même si c'était pour se quitter ensuite pour aller son chemin. Ce qu'il avait vécu à ces côtés, il n'espérait pas le vivre avec un autre apprenti. Aussi brillant que puisse être son ou sa future élève, il doutait fort qu'il vienne prendre autant de place dans sa vie que la louve grise. Maintenant qu'il savait qu'elle ne cultivait à son égard aucune colère et que les choses étaient apaisées entre eux, il s'autorisa à faire le constat qu'elle était sans doute l'un des seuls êtres de ce continent qu'il pouvait qualifier "d'amie". Elle était bien plus que cela, et ils avaient vécu bien plus que cela. Mais cette simple évidence était comme un pilier. Et même si le loup blanc avait une manière bien à lui d'exprimer son attachement, il savait qu'elle le comprenait. Et qu'elle l'éprouvait elle aussi.
Un sourire léger se peignit sur le visage du blanc, une rare perle de tendresse dans ses prunelles de glace et sur son museau si glacé d'ordinaire.
"Peut-être bien." Répondit-il en un murmure.
Il eut une sorte de soupir silencieux qui souleva légèrement ses épaules. Le temps courait, et sa famille l'attendait là-bas au camp des Lazulis. Avec elle arriverait une explication qu'il devait à Hikotsu. Mais il considérait la proposition avec calme désormais. Il ne pouvait changer les choses et il avait décidé de ne pas regretter ses actes. Spleen n'était pas une enfant que ses parents n'avaient pas voulue. Ils ne l'avaient pas attendue. L'enfant-surprise n'aurait pas une famille comme la plupart des autres loups, mais elle n'aurait pas à grandir dans l'ombre des regrets, comme une erreur.
"Je dois partir." Dit-il finalement en posant le regard dans les yeux de la grise. "Je te remercie pour cet accueil. Prends soin de toi. Et d'elle."
Il amorça un geste de demi-tour, et il y eut dans son mouvement comme un flottement, une hésitation. Il tourna légèrement la tête pour plonger de nouveau ses prunelles dans celles turquoises d'Heever. Il y eut un silence, un battement de coeur.
"Je suis heureux de t'avoir revu."
Après ces mots si simples, si sincères, il fit volte-face. Et le vent de la mer emporta avec lui la silhouette de neige du blanc, alors que le jour achevait de se lever, portant avec lui bien des révélations.
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