Pas de fumée sans feu. | Libre

« Pas de fumée sans feu. »
Libre à tous

Le temps de plus en plus aride était insupportable. Les herbes brûlaient rapidement, cassaient au passage de la plus petite souris qui galopait par-là, et surtout, il n’y aurait bientôt presque plus d’abris naturel dans le coin, donc des proies bien plus à la vue de tous, quasiment en permanence sous le soleil brûlant, il y aurait donc deux à trois fois plus de gibier mort que d’habitude à cette période de l’année. Pire encore, la saison affectait leur reproduction également, et amenait à un ratio négatif entre ce qui partait et ce qui revenait.

Gabryël y songeait beaucoup ces temps-ci. Cela le rendait d’ailleurs plus irritable que d’habitude, lui qui pourtant est si soucieux de sa relation avec les autres. Le moindre chiot qui jappait faisait monter l’adrénaline en flèche, et il luttait pour ne pas lui dire de se taire une bonne fois pour toute. L’eau se faisait très rare, bientôt même les plus grands lacs allaient disparaître et remettre des années pour se reconstruire. Malgré l’immense territoire des Etelkus, plus aucun endroit n’était assez humide pour ne serait-ce que boire ou se rafraichir. Même le marais n’était plus qu’un lieu désolé.

A la connaissance du mâle, il y avait bien un endroit où il trouverait de quoi étancher sa soif : la grève gelée. Des rapports venant de tous les clans amenaient que la banquise avait beaucoup fondu, et même qu’une partie s’était volatilisée. Il y avait bien la mer, mais boire de l’eau salée n’était pas très conseillé. Gab’ prit donc le chemin, sans avertir qui que ce soit, de cette large étendue de glace devenue liquide.

Marcher était relativement pénible, mais il ne pouvait pas se permettre de perdre de l’énergie en râlant après un phénomène dont personne n’était responsable, à part Mère Nature. Il se contint donc jusqu’au bout, et une fois arrivé sur les lieux … Plus un pet de glace. Parfois, un tout petit ilot bataillait pour rester solide, mais se faisait rapidement rattraper par la triste réalité. Il faisait tout de même moins chaud que sur le continent, et c’était déjà ça de pris. Gaby s’approchait de l’eau, sans faire gaffe à ce qu’il se passait ou pouvait se passer autour de lui, et bu à grande gorgées.