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EDNA ▬ Solitaire
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Sujet: Le début de l'éternité. | Morokei Ven 03 Aoû 2018, 16:40
Le ciel n’avait jamais été si beau.
La sécheresse en avait fini de lui. Enfin, les clapotis de l’eau contre le sol sec de leurs terres avait résonné aux oreilles de tous les loups. Après avoir vaillamment combattu un cerf assoiffé, imprégné de la liqueur de Yurai, le peuple de Punk Wolf avait pu voir un miracle opérer. La réapparition de pluies et, avec ça, quelques innocentes inondations.
Mais pour Aurélion, le combat allait s’arrêter ici.
Il avait puisé dans ses dernières forces pour faire face au cerf avec les siens pour la protection de sa meute. Le dragon n’était plus. La liqueur violette ne brillait presque plus. C’est donc avec connivence que les deux amants de la pleine lune s’étaient regardés. Aurélion lui avait souri. Son amour pour elle était intact, toujours aussi brûlant. Son coeur palpitait à chaque fois qu’il fouillait son regard, et à chaque fois qu’elle lui parlait. Et pourtant, ils ne prononcèrent mot pour le moment. Le temps était à autre chose, sur une décision de laisser aller.
Ils foulèrent les terres des Nakhus pour la dernière fois. Ils le savaient au plus profond d’eux. Nul besoin de parler. Nul besoin d’exprimer quoi que ce soit pour se comprendre. Leur amour était un rêve éveillé, et allait très bientôt commencer l’éternité pour ce dernier. Côte à côte, fourrure contre fourrure ils allaient, à leur rythme, vers la plage de sable où de multiples coquillages nacrés jonchaient le sable.
Le ciel n’avait jamais été aussi beau. Une toute douce et subtile brise les caressa tour à tour, comme un encouragement. Dans un long soupir, le prince déchu balaya l’horizon magnifique. La plage semblait luire comme l’or, ornée des coquillages qui donnaient alors un ton de froid en contraste avec le reste, qui n’étaient que camaïeu de rouges, orangés, et dorés. Le soleil lui semblait tremper dans l’eau, comme éteignant peu à peu son feu brûlant, et ses rayons qui disparaissaient comme un mirage. Il crut voir des étoiles perler le ciel rose et rouge. Minuscules petits brillants sur l’immense toison colorée. Quand à la mer, le bruit du va et vient de cette dernière résonnait comme une mélodie réconfortante. L’endroit semblait comme respirer de nouveau. Comme si tout avait été balayé pour ne laisser que les plus belles choses en valeur. Comme si la météo n’avait pas si mal affecté cet endroit.
Il s’avança vers la mer, avant de s’assoir sur le sable humide. La sensation était délicieuse, et rafraîchissante. Il contempla le ciel en pensant sa vie. Peut-être cliché, mais tellement important à ses yeux. Si on le lui avait demandé, encore adolescent, à quoi il pensait que sa vie ressemblerait, il serait tombé à côté de la plaque, puisqu’en fait, rien ne s’était passé comme prévu. Tout était si surprenant. Il regarda Morokei avec un sourire un brin triste et fatigué mais emplit d’amour. Elle avait été sa flamme tout le long. Sa vie n’avait presque tourné qu’autour d’elle. Et il en était si fier. Il ne pourrait jamais oublier sa rencontre avec sa dame de glace. Ce rêve, qui avait continué tout le long. Il pensa à ses enfants. Azkaban et Descada. Ils semblaient perdus, l’un comme l’autre, mais il ne pouvait être plus heureux car ils se soutenaient mutuellement. Qu’ils étaient tous les deux dans les mêmes questionnements de vie et qu’ils restaient ensemble. Ce qui le chagrina finalement, c’est qu’il ne sera plus là pour voir comment ils évolueront. S’ils trouveront eux aussi l’amour comme celui exceptionnel de leurs parents. S’ils auront des enfants à leur tour. S’ils seront heureux ou malheureux. S’ils réussiront à se relever de leur tout prochain deuil. S’ils seront suffisamment entourés. À cette pensée, le coeur du vieux papa se serra et il ne put empêcher un sanglot, avant d’adresser un regard d’excuse à Morokei, suivit d’un sourire. qui se voulait rassurant. Il n’était pas triste. Juste un peu déçu que cela doive s’arrêter maintenant et qu’il doive abandonner ses enfants. Il regarda le soleil disparaître, et observa son propre souffle lui manquer peu à peu. Il serra alors Morokei contre lui, sentant une faible chaleur émaner d’elle.
Il pensa alors aussi à Presuma. Il n’aura jamais résolu le mystère de cette voix rauque et féminine qui avait résonné dans sa tête à multiples moments de sa vie. Mais comme dit, rien ne s’était vraiment passé comme prévu. Peut-être était-ce un mystère que ses enfants allaient résoudre ? Peut-être, peut-être pas.
Je veillerai sur eux et je te promet de te rejoindre bientôt. Tu n’as qu’à prendre soin d’elle auprès de ton ancêtre la Lune qui a hâte de la rencontrer. Enfin, je présume…
Ehnala » Coriace
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Sujet: Re: Le début de l'éternité. | Morokei Lun 06 Aoû 2018, 19:56
Leur marche fut longue, et s'écoula pourtant si rapidement. Le ciel, resté si longtemps vierge de tout nuage, était maintenant moucheté des restes de l'averse qui s'était abattue sur les territoires pour sonner la fin de la sécheresse. L'air charriait avec lui une multitude d'odeurs qui semblaient nouvelles tant elles avaient été longtemps absentes. Des effluves de terre mouillée, de jeunes pousses, de proies revenues compléter le complexe cycle de la vie. La louve caramel avait eu envie de sourire à chaque foulée - et c'est ce qu'elle avait fait. Ils avaient laissé derrière eux les terres embrumées des Nakhus, dans un voyage qui serait le dernier. C'était un au-revoir, un adieu comme o fait à un vieil ami. Même s'ils étaient enfants de l'ancien monde, Aurlion et elle avaient fini par construire pendant de longues années leur vie au sein des cavernes de la sagesse. Ils les avaient quitté silencieusement, au milieu de l'euphorie après la victoire contre le cerf et le ciel redevenu clément, un sourire discret au babine et l'allure lente de vieux loups fatigués.
Lorsqu'ils parvinrent sur les Côtes de Nacres, désertes alors que les meutes fêtaient chacune chez elle le retour de la vie, elle s'assit à ses côtés. Ses paupière se fermèrent sous les embruns délicats qui faisaient voleter ses cheveux. Elle inclina la tête pour la poser contre l'épaule de son compagnon. Après la dure bataille qu'ils avaient dû mener, elle se sentait plus faible que jamais. Le poison d'Everbloom distillé dans ses veines achevait son oeuvre de tant d'années. Elle le savait, et pourtant cela ne lui faisait pas peur. Peut-être n'avait-elle plus l'énergie pour être effrayée maintenant que le plus grand des voyages allait débuter. Elle avait été surprise de voir combien ces gestes bien anciens lui étaient revenus, comme s'ils faisaient partie d'une sorte d'instinct bestial en elle. Les techniques de combat qu'elle avait apprises dans sa jeunesse avaient refait surface sans difficultés, et elle avait pu combattre avec brio aux côtés de ses enfants et de son compagnon. Un dernier coup d'éclat pour la guerrière aux pattes bandées.
Avoir revu ses enfants avait aussi été l'un des éléments les plus beaux de cette conclusion tout en beauté à sa longue existence. Ils avaient quitté le cocon familial un beau jour et n'étaient jamais revenus. Elle s'était doutée sans jamais en démordre qu'ils étaient restés ensemble. Et elle les avait vu revenir tous les deux en ce jour dramatique, devenus de magnifiques jeunes loups. Son coeur en était tout gonflé de fierté à cette pensée, et son sourire s'étira doucement le long du pelage d'Aurélion. Sa truffe frémit doucement, comme en un doux avertissement. Elle inspira profondément l'air salé qui fouettait ses cheveux, l'odeur de son compagnon qui s'y mêlait doucement. Il s'étaient rencontrés sur une plage comme celle-ci, sous un astre bien moins brûlante mais aussi riche de poésie.
Elle ouvrit doucement les yeux et détacha son museau de l'épaule d'Aurélion pour chercher son regard. Son museau frôla le sine en un geste tendre. Il est l'heure, disait son regard clair. Il est l'heure.
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Sujet: Re: Le début de l'éternité. | Morokei Mar 04 Sep 2018, 17:08
Le loup clair regardait sa compagne avec fierté. Ils avaient tant parcouru, ensemble. Leur long fleuve tranquille et agité à la fois touchait à sa fin.
Au regard bienveillant de sa dame, il ne vit aucune peur. Il chercha sa douceur encore une fois en posant son museau sur le sien.
Il est l’heure, oui.
C’était simple, désormais. Ils devaient s’en aller. Et ils avaient la chance de ne pas être seuls, et de parcourir ce chemin vers le ciel à deux.
Morokei aurait dû vivre plus longtemps, il le savait. Mais il ne pouvait ignorer ce que les évènements lui avaient infligé. Elle en avait prit dans le museau, c’était clair. Il ne savait pas vraiment si c’était un cadeau que d’être ici avec elle pour s’en aller en sa compagnie ou si il devait s’en vouloir de ne pas l’avoir assez protégée de ce monde. Il choisit de lui sourire, tout contre elle. Il était l’heure. Et l’heure n’était plus aux questions. Il en était ainsi.
Quant à Presuma, elle l’avait laissé. C’était la première fois qu’il put contempler un parfait silence dans son âme. Le soleil s’était couché désormais, et la lune était apparue dans le ciel, astre si brillant en ce soir si spécial. Il décida alors de lâcher prise. Lâcher-prise qui laissa son pouvoir l’emporter comme il se devait. Le dragon en lui se réveilla une ultime fois. Il se transforma sans ciller de douleur, sans un bruit. Il regarda une dernière fois sa bien-aimée, et après un moment de connivence, il décida de l’emporter avec lui. Comme la première fois, où il s’était transformé pour la ramener chez elle. Sauf que cette fois, il ne la lâcherai plus jamais. Ils rentraient chez eux, dans la maison de l’éternité. Il s’envola alors avec elle vers la profondeur des cieux. Tout droit vers la Lune. Aux côtés des étoiles.
Il sentait le vent frapper sa peau et son poil avec la vitesse, et il sentait le ciel emporter ses forces. Il avait l’impression de s’évaporer, mais il y avait Morokei. Alors il ne tombera jamais.
Au loin, on pouvait voir leurs silhouettes de plus en plus petites, jusqu’à ne plus voir que deux petits points lumineux dans le ciel, aux côtés de la Lune et d’autres plus petites étoiles.
Ainsi, leur amour demeura éternel, inscrit dans les étoiles, formant une constellation à eux deux, celle d’un dragon hybride portant une belle louve, juste à côté de l’astre de la nuit.
J’ai hâte de la rencontrer.
Ehnala » Coriace
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Sujet: Re: Le début de l'éternité. | Morokei Lun 17 Sep 2018, 13:06
Lorsque le loup clair se transforma, elle fut transportée de nouveau à cette nuit de pleine lune où elle l'avait vu sous cette forme pour la première fois. La lumière dansait sur la myriade de petites écailles qui le recouvraient, se reflétait en vagues douces sur le pelage de son échine, dans son regard qui demeurait inchangé. Aujourd'hui la lune n'était plus si brillante. Happée par l'éclat du soleil qui s'en allait, elle n'était qu'une silhouette un peu effacée, ronde, bienveillante dans des cieux lointains. Comme eux, elle s'effaçait au profit de nouvelles lumières, et le cycle continuerait à l'infini.
Morokei se redressa avec lenteur alors que le dragon déployait ses ailes. Elle comprit ce qui allait se passer, et un sourire tendre étira ses babines caramel. Comme au premier soir, ils s'envoleraient. Mais cette fois-ci, ce ne serait pas pour la ramener à la maison. La maison était loin derrière eux, ils l'avaient fermée sans regrets et laissé les clefs sous le paillasson, à l'intention d'autres bonnes âmes. Ils ne reviendraient plus à la maison. Elle tourna la tête en direction de là d'où ils étaient venus, dans un élan de nostalgie. Devant ses yeux, un bref instant, lui apparurent d'autres paysages. Les contours familiers du camp Séide aux chaudes lueurs du crépuscule, débarrassé des stigmates d'Everbloom. Elle cligna des yeux, et tout disparut. De nouveau lui apparurent les larges plaines qu'ils avaient traversés pour venir ici, allant leur train de sénateur. Un vent léger faisait onduler les herbes en lourdes vagues qui allaient vers la mer. Comme si leurs terres leur adressaient un ultime au-revoir en les portant de leur souffle.
Elle croisa de nouveau le regard violacé de son compagnon, avant que soudain le sol ne se dérobe sous ses pattes. Mais elle ne chuta pas, non, au contraire. Elle quitta la plage pour monter dans le ciel, ses cheveux déployés en une large comète blanche dans son sillage. Elle laissa ses paupières se fermer doucement sur ses yeux fatigués. Pour la première fois depuis la lointaine bataille d'Everbloom, elle ne sentait plus le poids de son corps douloureux sur ses pattes abîmées. Elle se sentait légère, si légère. Les souvenirs de l'époque où elle vivait sans cette douleur l'assaillirent. Des souvenirs chaleureux, ceux de sa famille surtout. Son silencieux père, sa mère douce et délicate, son bienveillant frère et sa soeur cadette si jeune. Leur existence aurait été si douce si Everbloom n'était pas venu déchirer leur famille. Tuer Anthem, et faire mourir Plume Blanche de chagrin. Après cela, plus rien n'avait été pareil.
Heureusement, il y avait ce loup qui semblait venu de la Lune. Elle s'était accrochée à cette vision, à cette présence onirique alors qu'elle apprenait lentement à vivre avec ses cicatrices. Celles de son corps comme celles de son coeur. Et lorsque le monde avait changé, que la terre s'était ployée et reformée sous la volonté des dieux, ils s'étaient enfin trouvés, devant l'autel de la Sagesse. Elle sentit son coeur se serrer doucement, par vagues régulières, comme le battement des ailes loin au-dessus d'elle. Les visions s'effacèrent doucement, et soudain, elle n'était plus portée par Aurélion. Ils volaient côtes à côtes au milieu des étoiles. Elle ne se souvenait pas avoir ouvert les yeux, et pourtant elle le voyait distinctement là, devant elle, le pelage au vent et ce si doux sourire sur le museau. Elle lui répondit en souriant de plus belle, et sentit des larmes couler le long de ses joues.
Au-dessus d'eux grossissait le croissant argenté de la Lune. Ils volaient, ils volaient si haut. Si haut qu'elle en oublia son corps pour toucher les étoiles de son âme.