Pensées troublées [Mayuri - Milky]

MAYURI

La journée avait laissé le décompte annonciateur de l'arrivée du soir s’enclencher. Et c'était avec une douce et délicate brise de fin d'après-midi que la louve au pelage moucheté de noir et de doré, stigmate de l'utilisation de son pouvoir, déambulait posément. Elle s'était éloignée de ses terres fétiches, profitant d'un élan de motivation pour retourner sur le territoire qui avait considérablement bouleversé sa vie. La disparition de sa mère pesait toujours autant sur le cœur de la fine louve, et revenir sur les lieux de leur rencontre la rendait nostalgique. Mais elle avait éprouvé ce besoin inexplicable, comme l'ultime étape de l'acceptation et de sa thérapie, de revenir.

Aussi laissait-elle ses pattes la porter en marge de l'écume déposée par l'immense étendue d'eau. L'odeur de sel était enivrante et l'écho des vagues s'écrasant sur le sol de coquillage tiraient un sourire délicat sur sa frimousse. Loin lui paraissait le temps où elle s'inquiétait de tout ce qu'elle ignorait, même si son côté intrépide ne l'avait jamais réellement quitté. Elle tombait simplement moins souvent, ou presque. Le grand changement qui avait opéré au cours des ans, était qu'elle avait appris à apprécier le patchwork de couleurs que lui révélaient ses yeux. Si les formes étaient toujours aussi indistinctes, la myriade de teintes qui se reflétaient dans ses iris gris et ternes la rendaient joyeuse. Ainsi était faite la vie, pleine de mouvements et de pigments nuancés.

Les quelques coups de vent s'attelaient à la tâche relativement simple de décoiffer Mayuri, poussant quelques mèches rebelles à venir lui fouetter les joues et lui chatouiller la truffe. Elle se mit alors à trottiner en secouant la tête en l'air, priant au passage la Corneille de lui redonner la totalité de son innocence meurtrie. Et évidement, au moment où elle formula muettement sa demande, un des coquillages composant le sol glissa sous le mouvement apposé par son coussinet. Sa patte avant vrilla, la déséquilibrant assez pour qu'elle bascule et s'affale dans la maigre épaisseur d'eau qui s'agitait au bord de plage. Le choc amorti par Mère Nature, elle se releva en pouffant avant de se mettre à éternuer trois fois de suite secouant tout son corps qui tentait d'évacuer le sel de ses synapses. Son poil court mouillé, elle s'ébroua vivement le sourire aux babines. Si Yurai lui lançait un message avec ça, elle n'était pas sure de bien en saisir le sens pour le moment. Sa douce et mélodieuse voix résonna, quelque peu happée par le murmure de l'eau qui allait et venait.

« Oh Déesse, quel monde nous proposes-tu là ? Entre malheurs et petits bonheurs simples, comment savoir sur lesquels orienter nos pensées ?»

Elle hocha la tête de droite à gauche, prise par sa réflexion. Et peut-être était-ce cette dernière, ou le restant de sel dans sa truffe, toujours est-il qu'elle fut surprise de découvrir qu'elle n'était plus seule sur cette plage.

La faim ravageait Milkyway. Tout son corps réclamait ce précieux liquide qui était vitale à sa survie. Cependant, la sécheresse avait eu raison des quelques proies qui rôdait et lorsque le vampire trouvait un cadavre, le sang ne circulait plus, déjà coagulé. Un soupir fatiguée s’échappa de la gueule de Milky, cinq minutes de marche c’était une véritable torture ! Dire que jadis, sa mère le portait pour les trajets, comme il regrettait cet époque ! Peut-être aurait-il du rester chez les Lazulis, au moins il pouvait se nourrir facilement et les efforts étaient minimes. Surtout de dorénavant, il ne pouvait lus compter sur Twix pour lui trouver de quoi grailler, la louve poulpe avant disparu… Au fond cela l’attristait quelque peu, c’était elle qui après tout lui avait vendu le fameux Gang du Goûter, mais sans la solitaire, Milky était trop vulnérable pour se nourrir. Pas assez rapide pour chasser, trop paresseux pour courir… bref rien qui n’allait ! Sans parler de son sens de l’orientation foireux. Dans une énième tentative, l’ancien Lazulis avait tenté de rejoindre le camp qui fut jadis le sien afin de retrouver sa mère, elle au moins saurait comment le nourrir. Peut-être même que Naoūt lui donnerait son propre sang, si sucré et savoureux. Hum, rien que d’y penser il en avait l’eau à la bouche !

Cependant, comme dit plus haut Milkyway avait un sens de l’orientation foireux, aussi sans même savoir comment il avait son compte, voilà qu’il se retrouvait à ramper dans le sabler, telle une grosse larve paresseuse. Au moins, son corps amaigri ne lui demandait pas trop d’efforts… Sa longue queue féline traînait dans le sable, montrant clairement qu’il était à bout. La truffe dans la sable, le mâle continua de sa traîner paresseusement, peut-être devrait-il se trouver un coin pour se faire un somme ? Sans parler que la nuit commençait à s’installer. Quoi, déjà?! Fichtre, qu’est-ce qu’il avait gaspillé comme énergie aujourd’hui ! De plus en plus désespéré par son cas, Milky s’arrêta, réfléchissant à sa situation. C’est alors qu’une voix lui parvint, ses yeux fauves se posant sur la silhouette blanche. OH OUI ! UN REPAS ! Un miracle, peut-être que les dieux existaient bien alors ! Sans même s’attarder, le solitaire rampa un peu plus vite pour s’approcher le plus possible de la louve. Maintenant, il allait falloir l’appâter, prenant un air mourant, Milkyway prit la parole.

« —Ô toi… aide-moi… j’ai si… faim.»

Bon ok, il en faisait sûrement un peu trop, mais bon la louve ne le remarquerait peut-être pas. Du moment qu’elle s’approchait suffisamment pour se faire mordre c’était parfait !

MAYURI

La délicate louve sursauta en se rendant compte de la présence de l'étranger. La truffe pleine de sel, elle ne put parvenir à identifier, compartimenter et hiérarchiser les senteurs qui composaient son odeur. Détail perturbant pour cette femelle qui jurait principalement par le biais de son odorat. Ses yeux tentèrent de se poser sur la tâche de couleur pouvant être l'individu qui l'avait interpellé, mais sa position était étrange, proche de l'allure d'un caillou ou d'une loque : à même le sol. Était-il dépourvu de pattes ? Les loups-larves existaient-ils ? Elle n'avait jamais eu connaissance de ce genre de problème, aussi resta-t-elle muette un instant, plissant les paupières sans grand résultat.

Puis elle se rendit compte de son manque d'éducation, et se flagella intérieurement. Le pauvre avait l'air de tellement souffrir, aux bord de l'agonie au vue de la tonalité de sa voix. Son côté soigneuse la titilla alors tellement qu'elle omit une fois de plus de prendre un minimum de recul sur la situation. Une âme souffrait, elle accourait. Aussi s'approcha-t-elle précipitamment de l'individu et s’aplatit sur le sable et les coquillages, s'arrangeant pour mettre sa tête au même niveau que celle de l'inconnu. Sans même s'en rendre compte, elle empiéta considérablement sur l'espace vital réglementaire du loup, collant pratiquement sa truffe contre la sienne. Elle eut envie de lâcher un petit renâclement de frustration en se rendant compte qu'elle ne distinguait pas vraiment mieux ses traits, mais se retint et se contenta de froncer les sourcils. Puis, sans jamais s'écarter, elle laissa sa voix résonner entre eux.

« Bonjour Monsieur, je suis Mayuri, ne vous inquiétez pas je suis là maintenant. Pouvez-vous m'expliquer quel est votre problème ? Je suis soigneuse, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour apaiser votre mal. »

Elle lui sourit innocemment et pleine de bonté, bien loin des quelques consignes de survie et de méfiance que l'on avait pu tenter de lui inculquer lorsqu'elle n'était qu'une louvette. Après tout, le monde n'était-il pas peuplé d'âmes bienveillantes et généreuses ? Non ? Comment ça ? Impossible de son point de vue, même le plus vil des goujats devait avoir un fond de bonté quelque part, voilà la réalité pour la louve blanche. Alors forcément, elle fit ce qu'elle faisait de mieux : ne pas s'inquiéter et s'impliquer totalement dans la situation quoi qu'il advienne. Naïveté incarnée.

Paresseux, Milkyway ne bougea pas d’un poil attendant que sa proie de secours s’approche. Les louves étaient si douces et innocentes, bien trop naïves pour porter secours à quiconque était dans le besoin. Les prunelles fauves du solitaire suivirent la silhouette blanche et rosée qui s’approchait. Yeah, c’est bien approches encore un peu! L’ancien Lazulis avait cru nécessaire de ruser pour contraindre la femelle à se mettre à son niveau, mais visiblement cette Nakhus était beaucoup trop gentille, lui rendant la tâche beaucoup plus facile. Son coup délicat était sous la truffe mauve de Milky qui se pourlécha les babines, son estomac poussant une plainte sourde à l’idée de pouvoir se rassasier. Au moins, tous les efforts fournis pour se rendre jusqu’à ce bout de plage ne seraient pas vains, loin de là même. Sa soif rassasiée, il pourrait ainsi tenir jusqu’à la prochaine proie, en espérant qu’elle soit aussi coopérative que la dénommée Mayuri.

D’une oreille distraite, Milky écouta les paroles de la femelle, une petite pipelette. Tout content d’avoir réussi à trouver un repas, le vampire laissa échapper un ronronnement tout à fait félin dont-il avait hérité de sa mère. Toujours en position larve, le membre du Gang du Goûter finit par poser son arrière-train sur le sol, approchant doucement sa gueule du visage de la Nakhus. Ne saisit-elle pas le danger en voyant ses canines dépasser de sa gueule ? Jadis cela avait fait fuir les Lazulis, non pas que cela ait chagriné le loup. Personne n’était réellement intéressant dans ce camp, mis à part peut-être Morrow, sa douce couleur rouge lui donnait jadis faim, lui rappelant le sang.

« —Ne t’inquiètes pas, tu vas en faire bien assez. »

Sans prendre garde, Milky planta alors ses canines dans le cou de la louve. Prêt à savourer son repas, prenant une première gorgée de sang rapide afin d’éviter que la louve ne se dégage. Aussitôt, son corps sembla se réchauffer face à ce nouveau repas chaud qui certes ne remplissait pas son estomac, mais annonçait le commencement. Du moins dans la mesure du raisonnable, Milky n’avait aucune intention de vider Mayuri entièrement de son sang, on ne sait jamais dans un avenir futuer peut-être pourrait-elle être utile…

MAYURI

L’innocence de la louve convainquit cette dernière que l’individu qui était étendu là allait lui expliquer le problème et qu’ensemble ils trouveraient une solution. Aussi ne broncha-t-elle point quand leurs visages déjà forts proches le furent encore plus après qu’il se soit assis. Finalement, il avait des pattes semblait-il, ce n’était pas un loup-larve pour le plus grand soulagement de Mayuri. Car qu’aurait-elle bien pu faire pour cette pauvre âme en peine si cela avait été le cas ? Elle avait beau fixer ce visage sans nom, les détails lui échappaient encore et toujours l’irritant quelque peu. Mais avant même qu’elle ne puisse avoir le temps de penser à se lamenter sur sa malvoyance, la voix du mâle retentit. Elle tenta d’analyser ses dires et commença à prendre la parole.

« Que … ?! »

Mais le temps et la parole lui manquèrent lorsqu’il se jeta tel un cobra sur la veine palpitante de son cou, les rapprochant à la manière des amants que l’on trouvait dans certains livres de la bibliothèque. Le choc la saisit et elle couina, ne comprenant pas ce qui était en train de se passer, focalisée sur la douleur qui s’associait à la succion et au liquide vital qui passait de son être à l’inconnu. La peur lui noua les entrailles et sur le coup, elle tenta de se dégager en gigotant du mieux qu’elle pouvait pour tenter de se dégager. Elle appuya de tout son maigre poids sur une de ses pattes, tenta de le repousser avec ses pattes avants, secoua son échine… Mais rien n’y faisait, pire encore, la douleur se faisait plus aigüe à chacun de ses mouvements brusques. Alors elle s’imposa l’immobilité, seul son souffle saccadé et haletant trahissait ses émotions. Déglutissant, elle laissa ses cordes vocales vibrer et une voix distante, sans intonation s’échappa d’elle.

« Vous a-t-on… Déjà dit qu’il était très malvenu et mal élevé… De se jeter ainsi à la jugulaire d’une dame ? Vous ne vous êtes… Même pas… Présenté, malotru. Laissez-moi vous dire… Que vous n’êtes qu’un goujat. »

Sa voix se faisait moins audible sur la fin, et elle avait du mal à articuler avec cette grosse tête lovée contre elle et qui appuyait sur sa frêle gorge. Mais elle mit toute sa dignité, sa peur et sa colère dans le sobriquet avec lequel elle l’avait qualifié. C’était la première fois qu’elle utilisait cet adjectif, mais rien d’autre ne pouvait correspondre à ce rustre. Comptait-il la saigner à blanc ? La laisser à demi-morte sur le sable après son méfait ? Si tel était le cas, la fine louve blanche mouchetée de noire lui souhaitait d’avaler le mal qui la rongeait au passage. Un peu de souillure, un peu de moisissure, et ce grossier personnage verrait peut-être sa petite manie de suçoter les gentes dames sans préavis disparaitre.
Si elle ne bougeait toujours pas, elle sentait malgré tout son corps lui paraitre lourd et sa matière grise avoir quelques loupés. Si dans l’instant à venir il ne cessait son manège, il allait falloir que la louve trouve un stratagème pour récupérer ses droits sur son hémoglobine. Elle ne souhaitait pas mourir, pas comme ça. Sa mort serait faite par le biais de son pouvoir, quand elle aura fanée jusqu’à son cœur, lorsque la Corneille décrètera qu’elle avait rempli son office en ce bas monde. Et pas avant. Un grondement hargneux monta des tréfonds de son être à ces pensées, et ses babines se retroussèrent sur ses crocs luisants. Méfie-toi inconnu, même la plus frêle des branches peut devenir une arme redoutable maniée de la bonne manière.

Tandis qu’il suçotait le cou de la louve, Milkyway en profita pour détendre son corps. Cela faisait tellement de bien de pouvoir boire à sa soif. Mayuri se débattit mais c’était une louve beaucoup trop frêle, le vampire avait de loin l’avantage avec sa carrure. En revanche si c’était à Twix qu’il s’était amusé à boire le sang sans permission, les choses se seraient passées autrement, peut-être que miss poulpe l’aurait attaché à un arbre ou inclus dans un de ces jeux auxquels il ne valait mieux pas participé… Un frisson parcourut l’échine du solitaire tandis qu’il prenait une nouvelle goulée de sang. Ce dernier était un peu amère, probablement dû à la peur de la louve étant donné qu’en fonction des émotions le sang changeait de goût. Celui de Twix était de loin meilleur, légèrement salé compte tenu de son côté poulpe. Un peu déçu Milky fronça les sourcils tandis que la voix lointaine de la Nakhus lui parvint. Un goujat ? Il toussota d’amusement, première fois que l’on le traitait de goujat ! D’habitude les mots employés pour le désigner étaient « la sangsue » ou le « paresseux », mais se faire traiter de goujat c’était assez amusant dans le fond. Un nouveau surnom qu’il pourrait ajouter parmi le liste.

La louve grogna, mais Milky n’y prêta guère attention, tendant l’oreille. Les battements de son cœur semblaient ralentir et le vampire sut que c’était le moment de se retirer avant de n’occasionner sa mort. Plus ou moins rassasié pour le moment, le mâle retira ses canines et poussa la louve de la patte. Les prunelles fauves de Milkyway se posèrent sur les deux trois visibles dans le cou de Mayuri d’où s’échappait encore un peu de sang. Rien de très important, une morsure très propre comme d’habitude...

« —Rahhhh ça fait du bien de pouvoir manger. Bon, ton sang n’était pas un bon cru, mais c’est mieux que rien j’imagine… quoique… »

Il aurait peut-être pu trouver mieux en allant plus loin, enfin on faisait avec les moyens du bords.

MAYURI

Le grondement de la louve fut interrompu lorsqu'un brusque mouvement du mal élevé lui permit de mettre de la distance entre eux deux. Si ses yeux ne lui permettaient pas de voir clairement en temps normal, Mayuri évoluait désormais dans une brume totale, conséquence du pompage dont elle venait d'être victime. Et peut-être était-ce le choc, la honte ou encore la peur que la frêle louve avait ressentis mais le fait est qu'une violente colère la saisie. Et ce fut sur les quelques mots de l'impudent qu'elle bloqua son esprit perturbé. SON sang, un MAUVAIS CRU ?!! Pour qui se prenait-il au juste ? Tanguant sur ses pattes, elle fronça  la peau recouvrant son arcade sourcilière et montra les crocs.

« Venant d'un être aussi répugnant la remarque me fait doucement rire, vous êtes tellement impur que vous ne pourriez repérer de l'or devant votre truffe. J'espère que ce mauvais cru sous mettra au plus mal ! Et la prochaine fois espèce de malotru je vous serai grée de bien vouloir prévenir, ou même demander avant d'avoir recours à telle bassesse ! Vous devriez avoir honte d'adopter une telle conduite ! Courrez vous repentir auprès de votre Dieu si tant est qu'une divinité accepte un vie aussi viciée que la vôtre, démon de bas étage ! »

Hargneuse, la louve retrouva ses appuis au fur et à mesure qu'elle s'énervait contre le suceur. Elle balaya alors le sol de coquillage de sa queue et se décida. Elle laissa ses neurones en arrière et se mit à caillasser l'inconnu à renfort de coquillages. Shootant dedans avec ses pattes et les projetant par le biais de sa gueule, Mayuri abandonna l'espace d'un instant la plénitude et le pacifisme qui la qualifiait. Probablement le manquait elle autant qu'elle l'atteignait, mais peu lui importait. La simple idée de dire amen à son comportement inopportun lui semblait inacceptable, ce mécréant devait comprendre qu'on ne se comportait pas de la sorte avec autrui, point !

« Vil goujat incapable de bonnes manières va ! J'attends de vous que vous vous excusâtes de ce pas pour l'affront que vous avez commis ! »

Le choc émotionnel semblait ôter à la louve blanche toute trace de logique dans ses actes. Alors que l'on se serait attendu à ce qu'elle fuit sauver sa peau loin de ce loup, elle semblait au contraire plutôt motivée à lui rentrer dans les os, faute de gras. Si elle sentait son corps fatigué du sang qui lui avait été prélevé, son esprit se rebiffait à l'idée de se laisser choir. Elle. Voulait. Des. Excuses.    

Le goût amer du sang demeurait dans la gueule de Milkyway, lui retirant cette satisfaction habituelle qu’il avait après un bon repas. Baillant, le mâle ne prit pas garde aux agissement de la louve dont-il se contentait d’oublier peu à peu la présence. Après un ventre bien remplis, mieux valait faire une petite sieste ! Posant sa grosse tête pelucheuse sur ses pattes avants, le solitaire ronronna doucement de satisfaction. Mais visiblement la dénommée Mayuri ne semblait pas avoir dit son dernier mot, dommage, le vampire aurait dû boire un peu plus, histoire d’avoir la paix. La louve débita un flot de paroles, trop de paroles pour que Milky ne parvienne à suivre, se contentant de remuer l’une de ses longues oreilles, les paupières toujours clauses. Il n’avait pas compris la moitié des paroles, mais bon certains mots l’avaient amusé. Aussi, d’une voix ensommeillée, le solitaire prit la parole.

« —Bon sang qu’est-ce que tu jacasses… Même Mémé Odette cause pas autant… puis bon permet moi de te dire, tu yoyotes pas mal de la touffe… C’est bien comme ça que ça se dit ? Rah, c’est le seul truc que j’ai retenu des anciens… »

C’est alors que quelque chose vint frapper la truffe de Milky, contraint d’ouvrir les yeux. Bon sang, cette louve au sang imbuvable était-elle en train de l’agresser avec des… coquillages ? À moitié endormi, le vampire dû prendre quelques secondes pour se rendre compte que, oui, Mayuri était en train de l’attaquer ouvertement. Franchement y’en a qui n’ont pas honte… Au moins, certains projectiles le manquaient, une chance.

« —Excu… quoi ? Franchement, je trouve que tu en fais un peu trop, l’affront en question c’est que ton sang est tout simplement dégueu… Franchement tu pourrais t’excuser… »