Mettre les choses à plat — Vivaldi

Un bâillement à s’en décrocher la mâchoire échappa à Neït. L’empoissoneuse baissa sa truffe au sol, à la recherche de plantes utiles pour ses mixtures. Plongée dans ses pensées, la Lazulis mâchouillait son glowstick, une vilaine habitude qui ne semblait pas décidée à disparaître et puis ce n’était pas comme si l’objet offert par Ao était capable de se briser… Encore heureux d’ailleurs ! En parlant de la divinité… Cela rappelait à l’ancienne Séide sa rencontre avec Vivaldi lors du rituel de la pleine lune. Un léger embarras envahit la louve, c’était si rare qu’elle se confiait si facilement aux gens… Il faut dire que mis à part Gloriel, la louve n’avait pas réellement fait d’effort de socialisation. Et dire que ce gamin était devenu alpha… Les choses changeaient trop vite… Néanmoins avoir que Gloriel prenait la suite de Morrow et Anastasia était source d’un certain soulagement pour Neït, au moins le clan serait entre de bonnes pattes, bien qu’elle ne connaissait pas Astaroth.

C’était ça aussi de vivre à l’écart des autres, on reconnaissait difficilement les visages des membres du clan… Du bruit capta l’attention de la prêtresse, qui releva brusquement la tête, peu rassurée au vu du vacarme. Ce fut Vivaldi qui pénètre dans son champ de vision.

« — Vivaldi ? Tout va bien ?! »

[justify]La louve aux cheveux bleus semblait dans tous ses états, si bien que Neït ne savait comment régir. Déjà que habituellement niveau sentiments ce n’était pas une professionnelle, mais alors là… Reculant de quelques pas de cette louve visiblement un peu trop sur les nerfs, la prêtresse prit le temps de l’observer. Bon sang, ils se préparaient à hiberner chez les Lazulis ? L’empoissoneuse n’avait encore jamais vu de ventre aussi ronds, mis à part chez les… Une seconde. Vivladi… ? La mâchoire inférieure de la prêtresse sembla sur le point de se décrocher, tandis que ses yeux ronds fixaient la louve. Voyant l’état paniqué de la louve, Neït se ressaisit, un léger rire venant franchir sa gueule.

« — Oh non vivendi tu n’es pas malade ! »

La situation était fortement amusante. La prêtresse eut du mal à reprendre son sérieux, la réaction de sa camarade Lazulis était hilarante. Posant l’une de ses pattes avant sur son poitrail, Neït tenta de se calmer. Comment annoncer à la louve qu’elle attendait un heureux évènement ? D’ailleurs la Lzaulis n’avait même pas souvenir que Vivaldi fréquentait quelqu’un.

« — C’est une bonne chose si tu manges beaucoup, étant donné que tu dois t’alimenter pour plusieurs. »

Neït haussa un sourcil en voyant l’embarras qui s’emparait de la Lazulis. En d’autres circonstances, la situation aurait été amusante, mais là au vue de la réaction de Vivaldi, il n’était pas préférable que la prêtresse s’amuse de la situation. Comment la louve pouvait être en pleine gestation si jamais un mâle ne l’avait… approché ? Ou alors la louve ne s’en souvenait peut-être pas… Néanmoins, Vivaldi ne semblait pas être ce genre de canin, avide de coup d’un soir, juste pour éprouver des sensations nouvelles.

« — C’est assez étrange… Ces enfants ne sont pas tombés du ciel… »

La remarque arracha un léger rire à Neït qui se calma aussitôt en réfléchissant plus profondément à ses paroles.

« — Vivaldi je… Je crois que… »

Par les dieux ! Si ce à quoi pensait la prêtresse était vraie, comment annonçait cela à Vivaldi qui était déjà dans tous ses états ?! La séide ignorait comment s’y prendre pour ne pas brusquer la louve qui s’était déjà laissé glisser au sol, pensant probablement aux pires scénarios. La disciple d’Ao hésita, dire la vérité ou laisser Vivaldi encaissé le fait qu’elle portait des enfants ?

« — Tu te souviens de notre rencontre au temple d’Ao ? Eh bien… Je t’avais fait part de mon désir d’enfanter… et toi tu avais… soutenu ma demande en quelque sorte… Je pense que les enfants que tu portes sont… » Neït marqua une courte pause, inspirant profondément tandis qu’une certaine joie envahissait son être. « Ao a exaucé mon souhait et répondu à ta prière. Les enfants que tu portes sont le fruit de sa bénédiction, ce sont nos enfants. »