Serait-on devenu fou ? ○ libre !

Les voiles blancs lui collaient à la peau en distillant le froid dans ses veines où le sang ne circulait plus.  D'abord inquiète, Artëmis avait réalisé que malgré le contact serré des algues ou du tissus -il était difficile sous l'eau de déterminer exactement ce dont il s'agissait-, cela n'entravait en rien ses mouvements. Elle était donc remonté en quatrième vitesse vers la rive pour montrer à ses compatriotes Éveillés ce qu’elle avait trouvé. Le voile qu'elle tenait entre ses crocs sous l'eau s'était soudé à son poitrail. Lorsqu'elle émergea sur le sable humide, les lambeaux blanchâtres ne la lâchèrent pas. Si bien qu'elle se rendit compte qu'elle devait avoir l'air d'un des fantômes tels qu'ils sont décrits dans les histoires pour enfant avec le grand drap immaculé. Un sourire moqueur étira ses babines. C'était quand même bien ridicule cette histoire. Les Vivants dormaient, et eux, les Morts se réveillaient pour aller se parer d'algues bioluminescentes et collantes. La Bêta Acid n'aurait pas rêver mieux comme seconde vie. Vraiment.

Ne trouvant personne sur la plage, elle avancer dans les collines, en quête de Roxx, la seule solitaire qui semblait relativement sympathique. Enfin. Acceptablement sympathique. Comme elle l'avait vu partir vers le centre de l'île, c'est au coeur des collines qu'elle se dirigea. Elle passa une première fois, truffe au sol avant de se rappeler que les odeurs étaient trop tenues pour sa truffe en vacances... La grise fit demi-tour afin de reprendre au début de ses recherches une piste plus visuelle qu'olfactive du coup, mais en repassant entre deux des plus grandes buttes elle eut l'impression que le paysage n'était pas le même. S'était-elle perdu ? N'était t-elle pas au même endroit qu'avant ? Artëmis fronça le museau et les sourcils en observant attentivement ce qui l'entourait. Elle aurait mit sa patte à couper qu’elle n'avait pas croisé de grotte sur son premier passage. Elle aurait même mis les quatre pattes en fait, parce que de toute façon, maintenant qu'elle était une zombie non mangeuse de cerveau sapé comme un spectre blanc et translucide, et un peu gluant aussi, sans doute à cause de l'eau... Elle ne risquait rien à se faire trancher le bout des pattes pas vrai ?

Curieuse et très suspicieuse, la disciple de la Tigresse avança lentement vers la bouche béante de cette caverne. Elle avait ce pressentiment que quelque chose n'allait pas. Et en même temps, elle ne voyait personne autour, ce qui signifiait qu’elle était la première sur les lieux, et l'idée d'être peut-être la première a trouvé quelque chose d'encore plus bizarre que les loups sous la mer lui plaisait bien. Et puis, quand on est déjà mort et qu'on ne craint plus rien, on se laisse bien plus facilement encore avoir par la curiosité et la témérité ! Alors, après avoir observé l'entrée de la grotte et essayer de se rappeler où est-ce qu’elle avait déjà vu ce genre d'architecture, la femelle aux cheveux roses s'engouffra dans l'antre d'elle ne savait quel bestiole... Surnaturelle ou... Mortelle ? Était-ce aux ruines prêt de la savane, qu'elle avait aperçu des colonnes comme ça ? Ou au fort sous la mer ? A vrai dire, elle avait été trop surprise par les algues qui l'enveloppait que par la construction engloutie par l'océan...  

« Hé ho ? Y a quelqu'un ? »

L'obscurité l'entourait...

« C'est glauque comme tanière... »

Elle finit par faire une pause, pour laisser sa vision s'adapter au noir.

Roxx arriva un peu après la bataille, ou au moins son lancement. Contrairement à ceux qui avaient décidé d'aller vers l'océan, elle s'était promenée le long des hautes collines herbeuses qui constituaient le centre de l'île. Elle avait été témoin du premier lever de soleil, et de la désillusion qui l'accompagnait. Aucun des Endormis ne s'était éveillé alors même qu'elle avait guetté près d'eux de longs instants durant. Son coeur ne s'était pas remis à battre. Elle était restée là, à mi-chemin entre la vie et ce qu'il y avait par-delà la mort. Elle avait profité de ces moments de patience pour triturer ses méninges et essayer de se rappeler de sa vie d'antan, mais également de ce qui s'était passé depuis... depuis ce jour qui lui jetait des frissons lorsqu'elle y repensait. Mais si elle parvenait à se remémorer quelques images de son existence, des voix, des visages, des odeurs et des lieux familiers, ce qu'elle avait vécu après sa mort était inaccessible. Ses souvenirs semblaient plonger dans un néant effarant à chaque fois qu'elle tentait de s'en rappeler, et l'impression de vertige que cela lui donnait la faisait bien vite battre en retraite. Visiblement, on ne les avait pas arrachés à la mort pour leur en livrer les secrets.
Dommage, ça aurait fait un sacré scoop auprès des mortels. Peut-être les Eveillés seraient-ils devenus une sorte de panthéon secondaire, des divinités mineures qui avaient apportés aux loups le savoir de l'au-delà, la connaissance de ce qu'il y avait Après. Cette pensée étira sur ses babines claires un sourire alors qu'elle revenait sur ses pas, baignée dans la lueur du jeune soleil. Une brise légère sifflait. Sans doute était-elle froide, mais elle ne le sentait pas vraiment. Elle vit au loin quelques silhouettes familières émerger des eaux de l'océan, et nota malgré la distance la présence de choses étranges attachées à leur corps. Comme des tentacules à demi-transparent qui flottaient autour d'eux. Hm. Cela piqua sa curiosité, et elle obliqua sa trajectoire pour se diriger vers eux.

Grand bien lui en fut.
Lorsqu'elle rejoignit finalement les éclats légers de voix qui lui avaient permis de s'orienter, ils se trouvaient à l'entrée d'une vaste grotte, visiblement déterminés à y entrer. La louve mauve et cornue, Capricorne, ainsi qu'un autre loup dont elle ignorait tout, avaient d'ailleurs commencé à y mettre les pattes. La petite solitaire fut ravie de retrouver les visages de ceux qui étaient plus ou moins devenus ses compagnons de route, et s'avança en bondissant joyeusement vers eux. Un grand sourire s'étalait sur son visage délicat.

Lorsqu'elle s'approcha de la grotte, elle sentit elle aussi son instinct lui murmurer qu'il y avait effectivement quelque-chose de... d'attirant, là-dedans. Ses prunelles turquoises fouillèrent l'obscurité brièvement, avant de revenir sur les présents.

"Ouah, je ne sais pas comment j'ai fait pour louper cette grotte," s'exclama-t-elle avec un rire léger. "Je parcours les collines depuis notre arrivée. Vous avez été voir ce qu'il y avait là-dedans ?"

Alors que vous avancez dans la sombre galerie, les murs autour de vous paraissent s'écarter. Même vos marquages luminescents ne vous aident plus à les voir. Un froid courant d'air vous balaye, de ce même froid que les voiles, qui vous transperce et arrache un frisson à votre corps qui pensait ne plus en ressentir.

Alors un phénomène très étrange se produit.
Les glowsticks brisés que vous portez paraissent... luire de nouveau. Ils ne retrouvent pas leur lumière d'antan, oh non, mais une sorte de fantôme coloré a pris leur place, comme un écho du passé.
Est-ce la proximité de cette présence mystérieuse au fond des limbes qui produit cet effet ? Tous ceux qui s'approcheront jusqu'à l'endroit où vous vous trouvez, et même plus loin, constateront la même chose.

Les voiles se font plus insistants, ondulant plus furieusement comme fouettés par un blizzard que seuls eux subissent.
Et ce blizzard souffle vers les profondes ténèbres.

Ceux qui s'avancent dans les ténèbres, affrontant ce vent glacé qui vous fouette désormais, perçoivent l'écho d'une voix. Une voix lointaine, presque imperceptible.

"Je suis... enfermée..."

Au même instant, une lumière multicolore vous éblouit. Lorsque vos yeux finissent pas s'habituer à la lumière, vous vous retrouvez face à un immense mur de planches. Le bois est grisé, comme très ancien. Vous sentez qu'il ne s'agit pas de planches ordinaires, et la moindre tentative de les griffer ou écorcher est vaine.

En vous reculant un peu, vous vous apercevez qu'il s'agit... d'une gigantesque porte.
En six éclats de lumière, six serrures colorées apparaissent devant vous, espacées d'une distance assez considérable.
Une de la couleur de chaque divinité, à l'exception de Yurai.
Vos gowsticks s'allument franchement cette fois-ci, plus fort encore si vous vous approchez de la serrure colorée qui leur correspond. Derrière la porte, la voix appelle de nouveau. La clé de tout ceci se trouverait-elle derrière ce panneau ? Sont-ce les dieux eux-mêmes qui ont été piégés ?

Le blizzard autour de vous redouble d'intensité, comme pour vous chasser de cet endroit-là.
Comme si... quelque-chose était hostile à votre présence.
Comme si vous ne deviez pas être ici.

Deux choix très clairs s'offrent à vous désormais : quitter la grotte où vous n'êtes pas les bienvenus, ou tenter d'ouvrir cette porte.
Le destin est entre vos pattes.


***

Si vous choisissez d'ouvrir la porte, vous devez poster avec votre personnage dans le sujet de la serrure correspondante :

- Chaque personnage ne peut tenter d'ouvrir qu'une seule serrure, qu'elle soit de la couleur de son glowstick ou non.
- N'importe quel nombre de loups peut tenter d'ouvrir la même serrure
- Les groupes ne peuvent pas s'entraider
- Les six serrures doivent être ouvertes pour permettre l'ouverture de la porte
- L'épreuve à surmonter pour ouvrir chaque serrure débute après le post du premier personnage

Lorsque le dernier motif se dessine au-dessus des serrures, une vibration agite la porte gigantesque. Le bois gronde, craque, comme si une force immense s'acharnait derrière le battant. Cela dure un instant.. puis plus rien.
Les symboles lumineux s'éteignent, les serrures disparaissent. Il ne reste plus devant vous qu'un immense mur de vieux bois, glacé, immobile. De longues minutes s'écoulent, avant qu'en quelque-chose ne se passe.

Et soudain, une silhouette éthérée se dessine.
Elle traverse le bois comme un fantôme - étrange, vous-mêmes étant incapables de le faire - et s'arrête devant vous. Il s'agit d'une louve à la maigreur inquiétante, mais c'est loin d'être là le détail qui vous interpelle le plus.
Son regard est vide, empli d'une noirceur insondable.

"Bonjour, chers Eveillés." Sa voix douce résonne dans la haute grotte. "Je vous remercie de m'avoir libérée. Je suis la Princesse sans Regard."

Elle se met à sautiller autour de vous. Tout comme les Endormis, vous ne pouvez la toucher. Tout son corps vous traverse seuls les voiles qui l'auréolent vous effleurent, glacés.

"Quelle joie de vous rencontrer enfin, mes enfants." Lance-t-elle avec un rire cristallin. "Il a fallu tant de temps avant que vous ne puissiez entendre mon appel."

Elle s'immobilise finalement, et vous lance un clin d'oeil.

"Seul le Grand Sommeil pouvait enfin tirer ces terres des griffes des dieux. Maintenant vous êtes libres, et moi aussi ! Lorsqu'il n'y aura plus sur cette terre aucun mortel, nous pourrons enfin vivre une éternité de cette liberté !"

Et sur ces mots, elle file soudain à l'extérieur, et s'enfuit sans demander son reste...

Qu'est-ce que tout cela signifie ? Les dieux n'étaient donc pour rien dans votre réveil ?
Et qu'entendait cette mystérieuse princesse en parlant d'un moment où plus aucun mortel n'existerait sur cette terre... ?
Le mystère s'éclaircit, mais bien des zones d'ombre demeurent...

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A partir de ce moment, la Princesse Sans Regard parcourt librement les terres de Punk-Wolf. Vos personnages peuvent choisir d'ouvrir un Rp pour la traquer, ou attendre son apparition sur une terre. Lorsqu'elle apparaît, vous disposez d'une heure IRL pour poster une réponse et tenter d'arrêter sa course folle. Sinon, elle disparaîtra de nouveau.
Le dénouement approche.

A vous de jouer !