Sorcière † Libre

La clé du Raptor avait retrouvée sa serrure, et les cinq autres furent ouvertes à leur tour. La porte gigantesque avait été secoué par une vibration, laissant le bois claquer, gronder, souffrir sous cette ouverture. Un battement de temps, le silence. Une vague d'hésitation : était-ce la fin de votre aventure en ce bas monde ?
Non.
Il y eut quelque chose que tu n'avais pas pu prévoir, Capricorne. Quelque chose, ou plutôt quelqu'un, qui jamais n'avait été encore une fois mentionné dans l'histoire de Punk Wolf. Une entité nouvelle (dangereuse ?).
C'est d'entre les massives portes qu'elle était sortie. Elle. Silhouette maigre, qui transperce le bois. Fantôme encore plus fantômes que vous. Elle avait sautillé, laissé résonner sa voix contre vos tympans. Déjà en toi, tu savais : tu ne l'aimais pas, ne pouvait le faire. Tu ne pouvait lui accorder ta confiance, oh non. Tes crocs se découvrirent lorsqu'elle passa prêt de toi, laissant le froid de ses voiles se saisir de ton corps.
On les aurait dit constitué de la même matière que ceux qui, jusqu'ici, vous avez conduits.

Et elle vous offrit l'explication du Grand Sommeil. C'était elle, qui l'avait provoqué, ou du moins en était elle en partie à l'origine : il faisait parti de sa volonté de libérer ces terres des Dieux, pour libérer les Morts sur ces lieux. En remplacement des vivants.
Ces mortels qui bientôt disparaitraient à votre profit.

Ton cœur, à cette annonce, c'était glacé dans son immobilité.

Ensuite, elle était partie. Disparue. Toi, tu t'étais décidé : il te fallait la retrouver. Ainsi débuta ta traque à la sorcière, partant courir sur ces terres, cherchant à te rapprocher d'elle ! Tu l'avais manqué de peu, à la Passe Ventue. Tu l'avais vue agir, aussi.
Elle avait blessé les mortels.
Elle avait fait couler le sang des vivants !
Crime ! Ignominie !
Tu ne pouvais laisser ce danger perdurer, Capricorne, voilà que s'insufflait en toi le désir de vengeance, de faire ce qu'il te semblait être juste. Au diable, la réflexion ! A trop lui poser de questions, vous ne lui laisseriez que plus d'opportunités de causer tort à ceux qui se devaient encore d'exister. Elle n'était ce genre de créature à qui l'on pouvait ainsi faire entendre raison, c'est ce que te soufflait ta confiance. Tu pouvais la comprendre un peu, dans cette folie meurtrière : tu en avais toi même été atteinte.
C'est pour cela, oui, qu'il n'y avait qu'une seule et unique chose à faire. L'affronter. Et plus encore... Tu ne laissas pourtant tomber ton esprit intelligent, conservant celui-ci pour te pousser jusqu'à ce lieu. Elle cherchait à s'en prendre aux vivants : il serait donc normal qu'elle intervienne là où leur concentration se trouvait être la plus élevée. Avec ces jeunes et ces moins jeunes, ces loups de clan ainsi endormi là. Il n'y avait endroit où l'on pouvait retrouver plus de corps qu'ici, tu le savais, tu avais parcouru les terres, noter consciencieusement tous les détails importants.
C'est donc ici que tu l'attendrais, réfléchissant à la façon dont elle avait pu toucher les mortels, songeant à comment toi tu tenterais de l'attaquer. Tu irais jusqu'au bout, oui !
Tes crocs se découvrirent, en témoignage de ta colère. Et un râle s'échappa de ta gorge, accompagnant ses mots durs qui pouvaient être entendus de quiconque se serait tenu non loin de toi.

« Pour protéger les Endormis, il nous faudra la tuer. »

Telle était désormais ta mission. Car tout ce que tu voulais, toi, était protéger les Endormis.
Et elle vivante, se serait tâche impossible, n'est-il pas ?
Ainsi débutait la chasse à la sorcière.

Tu avais vu juste, Capricorne : juste était ton intuition, celle fruit de ta réflexion. Tu souffles par les narines, retient d'éclater contre elle. Pas immédiatement, non ! Il te faut analyser, penser, juger. Tu dois lui porter une attaque. Peut-être n'aboutira-t-elle à rien, tu le sais bien. Mais tu dois essayer : pour faire avancer les choses, il est nécessaire d'user d'expérimentations. C'est pourquoi tu cherches un vague plan d'action. Quelque chose qui te permettrait de savoir quelle serait la stratégie à adopter, ou qu'est-ce qu'il sera à l'inverse nécessaire de ne plus faire pour protéger au mieux les mortels.
Tes yeux scannent, tes neurones s'activent. Contre tes dents, ta langue passe.

« Le reste est à votre recherche. Nous vous aurons. »

Tu n’émets pas de doute. Vous ne pouviez perdre contre elle, là était ta certitude. C'est ce qui fait que tu ne lâcherais rien, que tu te ferais persévérante, jusqu'à la voir tomber ! Son hostilité ne te force pas à user davantage de la conversation. Plus besoin, tes derniers mots à son égard viennent d'être prononcé.
A cela succéda ton mouvement.
Tu l'avais bien vu vous transpercer. Elle, capable de passer en votre travers. Elle, que tu ne comptais pouvoir toucher de tes pattes.
Tu cours vers elle, comme pour l'attaquer de front, sans qu'un cri guerrier ne vienne soulever tes babines. Ton regard ne se détache de son corps, de son torse, comme si c'est là que tu comptais l'avoir...Pour finalement pivoter, là, oui ! Tu ouvres tes crocs et les projettent, vers le tissu flottant autour d'elle. Cette seule chose qui semblait pouvoir avoir un contact avec vous, cet objet qui semblait être une constitution de ces fragments que vous aviez trouvé sous l'océan.
C'est ça, que tu comptais déchirer sous tes crocs.