Ce que l'on récolte ✠ Meute Etelkru

« Geb & Sokaris & Nòtt;

Les derniers temps avaient été mouvementés, désordonnés. Presque anarchique. Bien sûr, Geb comprenait parfaitement le besoin des deux louves propulsés en haut de la hiérarchie sans période préparatoire de s'accorder et de réfléchir ensemble à la direction qu'elles voulaient donner à leur règne. Plein de doutes et d'appréhension, le guerrier au pelage de sable avait toutefois accepté sans trop broncher ce qu'il considérait pour l'instant comme une pointe de pyramide instable par respect et confiance en l'opinion de son congénère, Athelstan. Il restait sur la réserve, attendait patiemment -bien que l'inaction l'insupportait grandement-, cet appel. Celui où Pepper et Anette grimperaient sur leur trône pour discourir de ce qu'elles voulaient apporter à la meute. Parce que chaque jour il s'énervait de voir la moitié des Etelkrus désœuvrés ou brassant de l'air dans des actions incohérentes avec les besoin actuels de leur groupe, le disciple du Grizzli courait les terres libres en quête d'une piste à suivre pour débusquer l'assassin de son grand frère. La fatigue le rendait plus nerveux et plus maussade de jour en jour, si bien qu'il préférait se concentrer sur ses traques, plutôt que de continuer à fréquenter ses congénères. Aka savait à quel point il mettait du coeur à l'ouvrage et surtout, toute la bonne volonté du monde qu'il mettait à ne pas s'en prendre à tous ces idiots d'Etelkrus pour leur manque d'initiative.

Par chance, les voix des Alphas avaient retentit alors qu'il rentrait en coup de vent déposer une proie et une fleur à sa douce compagne. Alors Geb avait rejoint la foule s'amassant face aux Meneuses, fièrement dressées sur leur piédestal. Le mâle serra les crocs, de mauvais poil aujourd'hui encore, en s'asseyant en marge de la foule. Sa longue queue reptilienne balaya le sol poussiéreux de la caverne en s'enroulant autour de lui. Il s'accordait ainsi un peu d'espace pour que personne ne vint le coller de trop prêt. Il n'était d'humeur à se faire bousculer ou même effleurer maladroitement. Le regard d'or du loup avait perdu son éclat rieur et chaleureux au profit d'une sombre détermination à ne plus accepter l'anarchie des Etelkrus. La meute était devenue un cirque qu'il commençait à haïr. Sans doute le deuil y était-il pour beaucoup. Silencieux, crispé et mal luné, il écouta le discours des deux femelles en cruel manque d'expérience de terrain. Nòtt le rejoignit avec un sourire compatissant, peinée de voir son père dans un tel état. Il avait toujours été, avec sa mère, les rocs auquels elle pensait que tous pourraient toujours sa raccrocher. En ces temps troublés, Geb n'était plus que l'ombre de lui-même et elle ne savait pas soigner son mal. Le chagrin s’exprimait par tant de façon et se soignaient par tant d'autres qu'il lui était impossible d'aider son géniteur. Elle avait cependant remarqué que la présence de Korra l'apaisait toujours, au moins un peu.

Celle de Thalion aussi, parce qu'avec lui il se concentrait sur du travail tangible et des actes logiques et utiles au clan. La soigneuse estima que l'un comme l'autre seraient des points d'ancrage pour Geb lors de cette réunion. Elle était un peu jalouse de cette nouvelle complicité entre son frère et son père, et en même temps elle comprenait parfaitement que les missions ensemble les rapprochaient. Geb était si fier de son fils aîné. Peut-être plus de lui en ce moment parce qu'elle, elle devait se contenter d'aider intra-muros. Sa constitution fragile et son petit gabarit l'empêchait d'être un atout sur le terrain, au contraire. Et le guerrier d'Aka était loup de terrain. Nòtt s'était plus ou moins résolue à rester dans ses clous et observer de loin ses congénères vivre leur vie au grand air. Dans un soupir, elle partie à la recherche de Thalion, avec Sokaris sur les talons. La louvette aimait beaucoup la suivre partout, ce qui commençait un peu à agacer la guérisseuse. Etre une grande soeur et donc un modèle n'était pas toujours de tout repos... D'un oeil las, le guerrier au pelage clair observa s'éloigner ses filles chéries, se demandant comment il arriverait à protéger leur avenir si personne dans cette meute ne réagissait... La surprise fût grande quand ses oreilles captèrent enfin le fond du discours de l'Alpha bleue. Il y avait du sens dans ses paroles, il y avait des lignes directives, un cadre strict et enfin... Enfin, tous devraient se secouer les puces. Geb était prêt à les y aider, ah ça oui !

Si les deux nouvelles Alphas souhaitaient refondre les principes de bases de leur meute, force fût de constater qu'il y adhéra plutôt bien. L'ordre et le respect, il n'attendait que ça. La discipline trop strict un peu moins, après tout, il était toujours été un aventurier un peu rêveur, quoi que guerrier émérite. Cela dit, c'était totalement ce dont les Etelkrus avaient besoin maintenant pour éviter le chaos et la dissolution. L'enthousiasme du loup redescendit d'un cran lorsqu'il sentit la violence et la brutalité au travers des paroles de la seconde cheffe. Bien sûr qu'il fallait punir ceux qui leur avaient causé du tort, bien sûr qu'il fallait réagir. Mais tuer de sang-froid ? Prendre une vie par vengeance ? S’octroyer le droit des Dieux en décidant qui devait vivre ou non ? Hors de question. Une exécution sommaire était un acte tout aussi barbare qu'un meurtre. Geb n'était pas partisan de la violence et même si la haine à l'égard de la tueuse de son frère était à son comble, jamais il n'aurait accepté de se laisser emporter par la bassesse de la mettre à mort sans jugement. Les sourcils du mâle se froncèrent, attendant la fin pour poser la question qui maintenant lui brûlait les babines. Puis les nouveaux Prêtres désignés par le Panthéon furent nommés, surprenant un peu le guerrier. Kalashnikov était un soldat, en faire un agent de liaison avec les divinités le surprenait, car cela forcerait forcément le loup à choisir, à un moment donné, entre l'action ou la bonté commune aux chanoines, bien au delà des conflits terrestres.

Mal lui prit de penser ainsi, car Geb réalisa au travers des paroles du Prêtre d'Aka, que ce dernier voulait préparer ses ouailles au combat en les forçant à lier culte et usage de la force. Une colère sourde gronda dans son thorax qu'il retint de justesse. Les Dieux ne se mêlaient pas des soucis des mortels s'ils pensaient ces derniers capables de s'en sortir seuls. Le guerrier se demanda si son Dieu Grizzli cautionnait cette prise de position de son prêtre. N'étaient-ils pas censés rester neutre dans tous les conflits et aider toutes âmes dans le besoin, indépendamment de sa meute ou de ses origines ? Par ailleurs, la religion était personnel et il n'était en rien nécessaire de se rendre au temple pour prier en groupe. Cette idée dérangeait profondément le soldat du Dieu rouge. Ne n'est pas du tout dans cette optique que Nout et Darius avaient élevés leurs enfants. La tribu des hybrides, quoi que n'ayant pas tous porté l'étendard d'un dieu, avait toujours été pieuse et respectueuse des Sept. Dans leur intimité, chacun à leur manière, et surtout pas dirigé par quiconque. Ce qui était sûr c'est qu'il ne suivrait pas ce Prêtre. Qu'Aka lui en soit témoin, il était prêt à accepter les foudres divines si effectivement la volonté du Divin résidait dans les paroles de Kalashnikov. La voix de Lucie, chevalière respectable, l'incita à quitter des yeux le messager du Grizzli. Il écouta sa question, acquiesçant instinctivement. Elle avait raison, la meute avait actuellement besoin d'une structuration limpide mais sévère. Il attendit que la femelle à l'aile unique ai terminé pour intervenir à son tour, d'une voix au timbre fatiguée :

« Ne serait-il pas envisageable de construire une prison stricte plutôt que de prôner l’exécution ? Ne vous méprenez pas, je n'ai pas peur d'agir si les ordres sont donnés et mes crocs sont au service de notre meute. Ce n'est pas de la lâcheté. Mais s'abaisser au niveau de ceux qui nous ont meurtris ne fera pas de nous des dominants. Inspirer le respect n'est-il pas plus bénéfique que la crainte ? »

Sur ces mots, Geb fixa ses nouvelles Meneuses, sans ciller mais sans agressivité. Il avait accepté que les deux femelles puissent apporter du bon aux Etelkrus, cependant, il ne se parjurerait jamais en devenant un loup qui n'était pas.

« Horus ;

De son côté, le jeune adolescent écouta avec attention le discours des Alphas. Il se savait trop jeune et bien trop inexpérimenté pour avoir un avis non biaisé. Il n'avait pas l'audace de se croire plus malin que les autres comme nombre de ses pairs à son âge. De plus, il n'avait pas un caractère impétueux comme son père ou son frère et sa rapprochait plus de la douceur et du calme à toute épreuve de Korra. Dans un signe de tête il quitta cette dernière pour s'immiscer plus en avant dans la foule. Sa petite taille d'enfant lui permettait de se glisser encore assez aisément entre les épaules plus larges de ses aînés. En souplesse et presque sans qu'on le remarque, il fit le tour du groupe de loups jusqu'à trouver sa cible : Boite à Clou. Fasciné par ce loup épais à la force tranquille et au flegme impressionnant -sans parler de son travail de fossoyeur-, il captivait réellement le jeune mâle. A l'approche de sa première année, Horus avait décidé de la direction qu'il voulait donner à son avenir : il voulait être l'élève du gardien du cimetière. Et pour ce faire, il lui fallait prendre son courage à deux pattes et aller le trouver, pour lui demander s'il acceptait de lui enseigner son savoir particulier. Lorsqu'enfin il arriva à la hauteur du père de l'Alpha, le jeune au pelage pâle inspira profondément et salua celui qu'il espérait voir devenir son tuteur.

« Bonjour Monsieur le Croquemort. J'aimerais vous demander un peu de votre temps après cette réunion, si vous le permettez. »

Maman lui avait appris à bien parler pour se montrer respectueux. Il espérait ainsi déjà montrer au grand loup qu'il n'était pas un garnement qui lui volerait de son temps si précieux. Et puis c'était si important et il craignait tant de ne pas être à la hauteur... Après tout, il voyait bien que son père ne le regardait pas avec autant de fierté qu'il regardait Thalion ou Sokaris qui s'entraînait à se battre... Son aversion pour la violence ne lui valait pas non plus de remontrances, heureusement ! Mais il sentait que Geb attendait plus de lui. Il espérait tant rendre heureux ses géniteurs et leur prouver qu'il avait autant de valeur que ses frères et soeurs ! Il avait juste une vocation... Différente ! Soigner autrui dans son chemin vers un ailleurs n'était-il pas aussi important que de protéger la mémoire des anciens comme le faisait les archivistes ? Ou comme transmettre aux jeunes des préceptes importants comme les nourrices et les anciens ? Chaque stade de la vie méritait un soin tout particulier, et lui, il voulait apportait son aide dans les derniers pas de ses congénères. Qu'y avait-il de mal à cela ...?

« Ptah ;

Le disciple de la Renarde observait tout ce monde, pour une fois complètement non affecté par le brouahaha ambiant. En fait, depuis quelque temps, il avait commencer à réaliser que peut-être, sa place n'avait jamais été ici. Le monstre qu'il était méritait peut-être finalement mieux. Un endroit sans jugement et sans compte à rendre. Son passage au rang de Bêta avait été éclair et... vide. Vide de sens. Vide d'action. Et au fond de lui, Ptah était grandement soulagé par ce retour discret dans l'ombre. Cela lui permettait de moins côtoyer les autres et de vaquer à ses occupations préférées : apprendre, dessiner des plans et monter ses projets jusqu'à leur réalisation totale. Il avait par exemple, enfin pu prendre le temps de réparer son piège à poisson sur la rivière ! Il avait aussi réfléchi à un moyen permettant aux loups de grimper plus facilement aux arbres, comme une échelle avec des barreaux épais et assez large pour que tous les coussinets puissent reposer dessus. Imaginez donc un peu son bonheur lorsqu'il entendit les mots construction, solide, discrète, stratégique. Déjà les rouages de son cerveau se mirent à tourner à toute vitesse. Rapidement les idées fusèrent et ils commença à dessiner des plans mentalement. Il faudrait qu'il couche tout cela sur papyrus ou écorce rapidement pour faire de la place à d'autres idées encore ! Cela ravivait son intérêt pour la vie en collectivité et son attachement aux Etelkrus. Peut-être que cette fois-ci, il serait vraiment utile, peut-être même indispensable ! Peut-être que pour une fois on le remercierait d'être là au lieu de la regarder avec dédain !

Un petit sourire flotta sur les babines de l'hybride qui s’intéressa alors davantage à ce petit monde qui fourmillaient sous ses prunelles fendues. Construire c'était son truc. C'était même la seule chose pour laquelle il était plutôt doué. Il était méticuleux, réfléchi, investi. Il se voyait tellement bien guider les autres, leur donner des ordres tels un maître d'oeuvre ou un chef d'orchestre. Ce serait une si belle et douce revanche à toutes ces mesquineries et ces regards mauvais qu'il subissaient depuis sa tendre enfance. Ce qui était sûr, c'est que si Nout l'avait élevé dans un monde plus tolérant, il n'aurait jamais été si... Socialement incapable. Il s'imaginait si bien dans un milieu plus... Différent. Sombre. Aquatique. Exactement le genre d'endroit qu'Hypoxie lui avait montré... Son sourire s'élargit. Il se remémorait le fort dans les profondeurs de la mer. Il pourrait s'en inspirer pour ses plans ! De belles tourelles, des remparts ! Voilà qu'il repartait dans son imagination, à nouveau hermétique à son environnement. Il faudrait qu'il retourne là-bas, pour croiser ces loups-poissons, ces monstres-marins qui le faisait passer pour -enfin!- quelqu'un de normal... Même si son éducation et son honneur le gardait accroché aux Etelkrus, son coeur, lui, s'éloignait chaque jour un peu plus vers ce pays mystérieux et merveilleux sous les flots qui l'intriguait tant. Au final, il ne valait pas mieux qu'Alys qui fréquentait l'ennemi en espérant un jour s'en approcher... Pourtant, aucune culpabilité ne vint lui chatouiller l'esprit. Il ne se sentait pas assez important pour que quiconque se formalise de son penchant pour les abysses de Morne-Oeil.

« Joy & Nachos ;

Joy buvait les paroles de Pepper et d'Anette. Elle se voyait si bien dans cette belle machinerie, faire sa part du travail et plus encore, se donner corps et âme pour cette meute que ses parents lui avaient appris à aimer malgré les défauts évidents. Points négatifs que les deux alphas femelles venaient de rayer. La louve beige n'avait bien entendu jamais douter de ses congénères, peu importaient les mauvaises langues ou les avis partagés quand à leur manque d’expérience ou leur jeune âge. La disciple d'Aka avait grandit en même temps que la louve bleue et avait un profond respect pour la fille du Croquemort. Maintenant son amie était cheffe, ainsi qu'une des louves les plus fortes et honnêtes. Que pouvait rêver de mieux une jeune Garde, enfin, Bouclier maintenant, pour son avenir ? La mort de son père, les actes odieux de son demi-frère et les paroles de quelques-uns des mâles idiots de la meute l'avait fait presque haïr cette moitié gangrenée de la population. Bien sûr, parce qu'elle avait appris la tolérance et le pardon auprès de sa mère, elle laissait sa chance à chaque nouvelle âme masculine qu’elle pouvait rencontrer... Comme le jeune Horus, qui était bien différents des têtes de bois de sa famille. Mais Nachos ? Il ne méritait que des coups de crocs, elle le détestait avec tant de ferveur qu'elle ne pouvait que le regarder en le fusillant des yeux, avant même qu'il n'ai a -encore- ouvrir la bouche. Et il y avait Jaxx, qui méritait milles morts pour tout ce qu'il avait osé faire. Et tous les autres qui se croyait tant supérieurs aux louves.  

« Vous cachez derrière des décisions de tyrans ne vous rendra pas fortes et respectées. »

La voix qui s'éleva au dessus de la foule fit gronder la jeune louve. Déjà elle cherchait où était ce gros con qui encore une fois imposait son point de vue machiste et tranché sur les capacités féminines.

« Ces femelles vous promettes toutes ces belles choses pour que vous leur laissiez le pouvoir - elles mentent ! Comment pouvez-vous tenir ce genre de discours alors que vous ne connaissez rien de la guerre et de ses stratégies ? Se cacher derrière des murs n’impressionnera personne et ne nous fera pas craindre !
Les malheurs qui ont pesés sur la meute ces dernières lunes ne sont que le produit éphémère de l’avidité, de l’amertume de ceux qui ont peur des Etelkrus et veulent inverser la tendance ! A nous de nous montrer plus forts et de ne pas nous retrancher sur notre territoire comme ces demoiselles le préconisent, lâches qu'elles sont ! Soldats, ne vous donnez pas à ces fausses-brutes, elles qui vous méprisent et font de vous des esclaves de leur faiblesse, enrégimentent votre vie et vous disent ce qu’il faut faire, penser et ressentir alors qu'elles sont à l'aube de leur vie d'adultes, qui vous dirigent sans avoir connu les difficultés de l'existence, vous manœuvrent sans expérience du terrain, se servent de vous comme chair à canons et vous traitent comme du bétail pour ne pas avoir à se salir les pattes ! Vous ne... »

Les paroles de Nachos furent brutalement coupé par un aboiement rageur tandis que Joy lui avait bondit sur le dos, prête à lui arracher les oreilles pour le faire taire. Vivement, le guerrier se retourna en attrapant la disciple du Grizzli au collet pour la traîner devant lui et l'empêcher de se relever. Bien plus lourd qu'elle, il lui était facile de la maîtriser. Joy manquait encore cruellement de self-contrôle et stratégie. Elle le savait, mais ne pouvait rien à son caractère impulsif. De plus la rancoeur et la rage tournoyant dans ses entrailles depuis la mort de son père et de sa mère en profitèrent pour s'exprimer à la moindre occasion. Le loup brun pesa sur le cou de la Garde au regard de ambré qui sentit ses poumons se vider brutalement.

« Voyez comme leur partisanes sont prêtes à tout, et même à attaquer par derrière quelqu'un qui ne manifeste aucun geste de violence et qui penserait à l'inverse de leur courant ! »

Il était fier le grand guerrier, de mettre à mal cette petite saloperie de gamine bâtarde. Fille d'un étranger et d'une traîtresse. Il se sentait puissant au dessus de cette gamine grondant sous sa puissante patte. Il avait volontairement fait de son apparence la paix incarnée, contrastant complètement avec les paroles incitant à la haines qu'il prononçait. Ainsi on ne pourrait lui reprocher son manque de calme, on ne pourrait lui reprocher sa soi-disante malveillance ! Il ne faisait qu'exposer un point de vue, avec le sourire et sans signe non verbal d'irrespect. Posture souple, queue basse et sourire confiant. Il avait bien compris que se montrer ouvertement agressif ne fonctionnait pas. Il était temps de se montrer plus malin. Bon il avait des progrès à faire c'était certain, mais Nachos avait un égo bien trop haut pour penser avoir tort. Il se contentait de retenir Joy pour ne pas se faire mordre, il ne faisait que se défendre, n'est-ce pas ? Ainsi il montrait à son fils qu'il savait dans un coin de la foule, qu'on pouvait être fort, meilleur que les femelles sans même avoir à les brutaliser. Parce qu'on était naturellement meilleur. De ce fait Dough était naturellement plus fort que sa demie-soeur, et si le guerrier de Dairo avait finalement compris quelque chose, c'était qu'il valait mieux officier dans l'ombre en conseillant quelqu'un plutôt que d'être au premier plan. Qui de mieux que son rejeton donc, pour remplacer Pepper ? Il lui suffisait de faire un autre mouflet ailleurs, en l'espérant moins ressemblant pour que personne ne voit la supercherie et ainsi, il dominait cette meute d'andouille sans en être l'image... Ne serait-ce pas la plus belle des récompenses que de voir ses enfants diriger ? Sans y faire gaffe, il resserra sa prise sur la jeune louve beige qui ne parvenait même plus à japper de colère.

« Oups... Ne sois donc pas si sauvage ! »

Il rit en la relâchant. Joy se hissa sur ses pattes en tremblant mais recula d'un pas pour reprendre son souffle. Tout son être brûlait de démembrer ce salopard.

« Geb & Sokaris & Nòtt;

Les paroles d'Anette était pleines de bons sens et firent douter le guerrier de sa propre proposition. Il était vrai, qu'ici et maintenant il n'avait pas particulièrement poussé son idée et n'avait donc de réponse à apporter à la jeune louve beige. Il acquiesça donc à sa réplique puis s'efforça de cacher son air surpris de s'entendre inviter à y penser à nouveau avec le Conseil. Si la proposition lui faisait extrêmement plaisir -qui ne l'était pas en comprenant que son avis était respecté et écouté-, il doutait d'être le bon loup pour ce job. Geb était un loup de terrain, d'action, qui obéissait aux ordres bien qu'il savait mener une équipe. Il ne savait pas s'il devait voir d'un bon œil cet accès au cercle restreint du Heaume. Il avait vu nombre de ses pairs changer par ambition et devenir des loups sans honneur. Chose qu'il exécrait plus que tout. Toutefois il se contenta de répondre à l'Alpha par un signe de tête plein de déférence :

« Il est vrai que cette proposition manque de contenu, de profondeur. C'est à retravailler en effet. »

Comme le glas de la fin du bain de foule avait donné, le mâle clair aux yeux d'or s'en alla rejoindre sa douce compagne après avoir salué ses Meneuses.

« Joy & Nachos ;

Joy fût ravie de voir que la cheffe s'en vienne recadrer ce connard misogyne et brutal. Elle n'aurait avouer pour rien au monde qu'elle s'était sentie blessée par sa remarque : il était vrai qu'lele ne s'était pas annoncé, et que bondir ainsi sur le dos d'un autre loup de sa meute n'avait pas été convenable... Cela renvoyait une image d'elle qu'elle n'apprécia pas. Par ailleurs, son épaule lui était douloureuse après avoir été écrasé par l'imposant guerrier. Elle espéra qu'il ne s'agissait de rien de plus qu'une petite contusion, bleuissant au minimum afin de ne pas entendre le disciple de la Renarde se moquer de sa victoire en revoyant la preuve flagrante de sa force physique. En tout les cas un large sourire mauvais fendit la poire de la jeune Bouclier alors qu'Anette plantait ses crocs dans son échine comme l'on attrapait un louveteau turbulent. Parce que la masse de l'Alpha était égale à celle du tous sauf noble guerrier, elle pû le faire bouger avant qu'il ne réagisse en faisant bloc. Une chose plutôt étonnante se produisit alors.

« Ah, enfin du contact, Dame Alpha, je n'attendais que ça... ! »

Le comble de la stupidité, le comble de l'irrespect. Joy aurait pu sans doute l'écharper et lui arracher une oreille, ou deux, ou la langue, ou les burnes tellement elle ne pouvait plus voir ce gros lourdaud en peinture. Ou alors façon Picasso, là, pourquoi pas, elle pourrait même lui refaire le portrait elle-même pour ça. Le rire mesquin du mâle brun l'horripila et elle se retint de justesse d'aller lui mordre une patte pour le faire perdre son aplomb. Après tout Anette avait la situation bien en patte et Nachos sembla lâcher sa prise sur la roche prêt à se laisser traîner, une lueur de convoitise brûlant dans ses prunelles sombres. Qu'il lui hérissait le poil celui-là !