Here we come ✠ Anette, Sheina & Limule

Anette frotta sa tête à celle de Pepper quand celle-ci vint de coller à son flanc.
A la suggestion, elle répondit sobrement.

"Faisons cela."

Anette passa sa langue sur ses crocs. Aujourd'hui, le plan serait la furtivité. A des milliards de kilomètre de ses habitudes, mais l'Alpha n'en dirait du mal. Non, il était bien meilleur aujourd'hui de laisser ses façons dans un placard, bien rangées. Elle espérait que Kiro les regardaient, du haut de son nuage ; elles honoraient ses méthodes aujourd'hui.

Elle avait ravalé en son sein le réflexe de s'ébrouer, préférant garder entre ses poils ras l'eau qui portait la trace du sel et servirait de colle pour le sable, dans lequel elle se jeta. À son tour , elle utilisa la pourriture des algues, puis le guano des créature aviaires. Un mélange qui les cimenteraient toutes les deux dans le paysage.
Anette aimait la mer, mais leur mer, non.
Mais elle serait unie avec elle le temps d'accomplir leur dessein.

Elle envoya valser le bouchon de la potion du dieu jaune ; et tendit la bouteille à Pepper en premier. Quand sa part fut prise, Anette se fit son miroire et but le reste. Elle observa devant elle, ne prenant pas la peine de vérifier l'efficacité de la potion ; le picotement qui s'était répandu l'avait renseigné suffisamment.

"En cas d'échec, je maintiendrais ma voix le plus longtemps possible pour toi." Expliqua t-elle.

Elle savait que Pepper aurait le plan qu'elle avait proposé en tête si jamais cela tournait mal. Mais elle avait confiance, car elles ne laisseraient, toute deux, aucune place à l'échec.

"J'y vais." Annonça t-elle finalement.

Et elle partit en avant.
Redoublant de prudence, Anette se ramassa et s'abaissa en partie ; éviter, ou bouger le moins possible les feuillages et végétation autre serait primordial pour ne pas être entendu. Ces idées tournoyant dans sa tête avec le vent de sa concentration, ses yeux noirs balayèrent entre l'endroit où était posé chaque patte et loin devant elle pour déterminer sa course. Elle ne pressa pas son pas, rongeant son impatience tel un os pour ne pas finir dans la précipitation ; la furtivité reposait sur la minutie. Elle mordait aussi sa joue, pour contrôler sa respiration et ses déglutitions. Elle saurait représenter la rigueur qu'elle voulait infuser dans sa meute.

Le paysage défila, pas si loin que ça, elle contourna un bosquet et entraperçu un bateau. Du bruit s'en envolait, et se faufila une silhouette, qu'elle reconnu être celle de leur prêtresse par sa forme. Elle se leva pour continuer son avancée, mais se terra à nouveau au sol en atténuant sa respiration à un moindre débit. Enfer et damnation. Une autre présence suivait Sheina. Elle tortura à nouveau ses muqueuses et fronça le museau pour se contrôler et ne pas foncer. Elle ne pouvait risquer de défaire sa couverture.

Elle attendrait de voir qui, et comment.

Pitoyable.

Se sentir ainsi, que Sheina détestait cela, épuisée de la combattre. Cette douleur qui était sienne, qui envahissait ses sens, qui brûlait son être. Cela l’empêchait de respirer par moment, de penser avec raison. Alors que même Morphée tendait les bras pour rattraper l’hybride, Sheina ne voulait pas dormir, encore moins rêver, car après ça, il n’y aurait plus rien. Le néant. Alors la louve avançait, tentant d’oublier la douleur, tentant de penser, au-delà de ce maudit mal de tête, alors que même de nuit, ses yeux semblaient voir sans voir. La prêtresse dû marquer une pause, inclinant sa tête vers le sol, tentant d’inspirer, soulager la douleur. C’est à cet instant, que ses sens sentirent une présence tiers. Quelqu’un la suivait. Faisant brusquement volte-face, les crocs serrés tandis que de petites larmes perlaient à ses yeux mauves, la chauve-souris observa la frêle silhouette de Limule.

« — Tu ne devrais pas me suivre Limule, cela risque de t’attirer des problèmes.»

Les raeders jugeaient-ils les leurs ? Les punissaient-ils ? Si c’était le cas, Sheina ne pouvait laisser la jeune louve la suivre, pour son propre bien. Bien que cela lui coûtait, l’hybride dévoila ses crocs, tentant de paraître menaçante, essayant de convaincre que si elle poussait la petite, cela serait suffisant pour la faire décamper. Pourtant… La disciple ne put s’y résoudre, son regard perdu dans les saphirs de la pirate. Tétanisée, l’Etelkrus ne put détacher son regard, toute sa douleur semblait s’être envolée, régnait juste la confusion. Cette enfant… Cette pirate… Pourquoi ne se comportait-elle pas comme les autres ? Comme tous ceux qui avaient considéré Sheina comme un monstre ? Pourquoi ne s’était-elle pas moquée de sa différence ? Ne l’avait-elle par persécuté contrairement à son confrère ? Pourquoi ? Pourquoi ? Une larme tomba sur le sable.

« — Pourquoi ? Pourquoi… N’es-tu pas comme les autres ?» Le ton de l’hybride se fit un peu plus brusque. « Pourquoi tu ne me traites pas comme un monstre ?! Je t’ai blessé ! J’ai attaqué les tiens, alors pourquoi es-tu si gentille !?»

Sheina ne comprenait pas, pourquoi tant de bonté à l’égard d’une louve de clan ? Clan qui risquait de semer la désolation si jamais une attaque était organisée. Depuis sa transformation, la louve avait eu l’habitude des murmures à son égard, des regards insistants sur son apparence jugée « anormale », pourtant… Limule ne l’avait pas jugé, ne l’avait condamné comme le monstre auquel la louve ressemblait, alors que tout les séparaient. L’Etelkrus laissa s’échapper d’autres larmes, étais-ce la douleur qui la faisait dérailler ? La fièvre qui commençait à s’emparer de son être ? Possible. Probablement tout cela, mélangé à une certaine dose d’incompréhension. Les pattes tremblantes, Sheina serra ses crocs.

« — Pourquoi ?»

Une question si vague. Pourquoi ses parents étaient morts ? Pourquoi Kiro l’avait-il doté d’un tel pouvoir ? Pourquoi l’avait-il choisi, elle, comme prêtresse ?

Elle avait fini par retrouver la louve violette, à la rattraper et ce fut à ce constat que celle-ci repéra la présence de la petite louve blanche. Limule s'arrêta au volte-face de la chauve-souris, elle n'eut aucune autre réaction, aucune émotion. Pas d'air amical, ni enjoué mais pas non plus de crainte ou d'agressivité, une simple neutralité dans un calme parfaitement maîtrisé. Elle fixa sans rien dire la louve violette qui était tout l'opposé à ce moment précis, en proie aux émotions, à la peur, et probablement la douleur aussi, les Raeders n'étaient pas très doués pour les soins, survivre à Morne-oeil n'était pas chose aisée. Limule pouvait sentir que la louve était désespérée, même sans voir les larmes que la nuit sombre empêchait de percevoir de toute façon. Elle écouta son avertissement, regarda sa tentative d’impressionner sans avoir la moindre réaction autre que sa neutralité calme. Il n'était plus le temps d'essayer de jouer ou de se réjouir, et Limule n'avait pas peur non plus, elle était peut-être juste un peu triste au fond de son cœur mais qui pouvait bien le savoir ? Ici, la pirate savait qu'elle ne risquait rien à aller marcher un peu plus loin, elle ne risquait rien de ceux qui peuplent l'île, ils étaient ici chez eux comme elle était chez elle. Mais elle savait une chose et elle en informa celle qui tentait de s'enfuir en toute réponse à l'avertissement.

« Si tu essayes de partir maintenant, l'Océan te noiera. Il aime dévorer ceux qui sont perdus, c'est trop dangereux pour l'instant. »

Et peut-être que la chauve-souris éclata, peut-être qu'elle avait atteint ses limites, peut-être qu'il ne lui restait plus qu'à s'effondrer sur le sol et à attendre que quelque chose vienne la chercher, qu'importe ce que ça pouvait bien être. Elle lâcha tout ses questionnements et la petite louve blanche prit le temps de s'asseoir. Elle eut un petit sourire honteux à certaines, comme si elle prenait elle même conscience qu'elle avait un comportement étrange. Oui, elle se souvenait qu'effectivement, certaines des morsures en cicatrisation sur son corps avaient été faites mais...

« Nous aussi on vous a blessé, on avait chacun une bonne raison mais quand y'en a un qui a gagné, tout se finit alors ça sert plus à rien de continuer. »

Limule coula son regard vers l'Océan, le vent frais apportant l'odeur de l’embrun marin et le son apaisant des vagues qui s'échouaient sur la plage.

« Sur le Continent, les Monstres sont les méchants alors pour vous, ils sont mauvais et vous les aimez pas. Ici, c'est eux qui veillent sur nous et on attend tous un jour, d'en devenir un aussi alors moi les Monstres, je les aime bien. »

Son regard revint vers la louve, avec un air un peu désolé, les oreilles légèrement sur le côté.

« Je sais pas trop si la Terre et l'Océan pourront s'entendre un jour, je pense que non. Parce qu'on sera toujours les méchants chez vous et que vous êtes les méchants chez nous.
Mais moi, j'ai voulu être un peu égoïste. Papa et Safran sont plus là... et Ajani est parti aussi alors j'avais envie de trouver quelqu'un d'autre pour les remplacer, même si je savais que ça marchait pas comme ça. Ça aurait pas dérangé Kéran que tu restes, ni Creek, peut-être un peu Tatch mais il aurait accepté aussi sauf que je l'ai bien vu, que t'étais pas comme ceux qui restent. Eux ils ont plus rien, alors ils restent avec nous parce qu'on peut leur donner un peu de pas grand chose. Toi tu regardes toujours le Continent. »

Comme les Raeders regardaient sans doute la mer quand ils était sur la terre.

« Je pense que les autres s'en fichent un peu de ce que tu veux faire, parce qu'ils sauraient pas quoi faire avec toi mais l'Océan lui, je sais qu'il te noiera si tu pars maintenant. C'est pas facile de survivre à Morne-oeil mais ça l'est déjà plus qu'à lui. »

Soudainement, elle dressa les oreilles. Son regard chercha quelque chose dans les herbes sans pour autant y voir quelque chose. Elle huma l'air, encore cet impression de faux familier qui flottait sans pour autant mettre la patte sur le problème.

« Mais tu vas quand même partir ce soir n'est-ce pas ? »

Le dialogue se jouait. Anette se vit assister à une pièce de théâtre qui lui déchirait le cœur et piquait son corps de milles aiguilles. Insupportable. Sheïna était un pantin désarticulé, tenu par des fils trop minces qui menaçaient de se briser ; mentalement et physiquement. L'Alpha fit au mieux pour ne pas torturer sa joue au point de faire naître une rivière de sang. Elle vibra, presque, de sa rage. Elle ne pouvait avancer maintenant, elle devait d'abord se calmer. Jetant son dévolu comme un hameçon, dans l'espoir d'accrocher quelque chose, elle tourna les oreilles, pour mieux capter.
Les paroles de Limule seraient son poisson.

Elle écouta, se concentrant sur le sens des paroles. Désintérêt de continuer à se battre, selon la jeune ; Continent et Île qui ne pourraient s'entendre ; similarité entre Sheina et les habitants de l'île, tous monstres ; des noms, Ajani parti, Kéran, Creek, Tatch ; impossible de survivre à l'Océan si elle nageait.

Ce que la jeune Raeder aux teintes de nuage ne savait pas, c'est qu'Anette et Pepper étaient là.
Sheina survivrait, car elles avaient elles deux bravé cet Océan farouche aux mouvements effrayés comme pour chasser quiconque. Les Alphas avaient vaincu la bête. L'affronteraient encore avec assurance née de leur motivation pour ramener la prêtresse. Leur prêtresse. La place de Sheina n'était pas ici, Limule le déplorait mais l'acceptait déjà, malgré son inquiétude. L'état de Sheina la préoccupait également.

Anette emmagasina toutes les information, les stockant soigneusement dans le fond de son esprit, et se décida. Son corps n'était plus secoué de vibration, son esprit était clair et à nouveau acéré, tranchant comme un rasoir. L'effet de la potion était limité, Sheina était mal, et les dernière paroles de la Raeder seraient un bon point de départ.

Anette avança, ventre à terre au début, et longea la limite entre herbe et sable, veillant à ses traces sur le sol. Elle déroula ses épaules comme une machinerie complexe pour ne pas poser son corps trop lourdement sur le sol. Pas de bruit, Kiro veillait, L'Alpha savait. Elle prit soin de faire un détour pour arriver aux côtés de Sheina, allégeant encore et encore ses bras, le moins de traces possible !
Quand enfin elle y fut, sa voix ne fut qu'un murmure.

"Ne sursaute pas, Sheina nôtre. Ce que 'Limule' ne sait pas, c'est que nous sommes là pour affronter l'Océan avec toi. Tout ira bien, nous sommes venues."

Elle resta le plus immobile possible.

"Réponds-lui si tu le souhaites ; mais dès que je t'effleurerais, tiens-toi prête et essaie de soulever ton aile le plus possible. Je te soutiendrais pour que nous courrions, Pepper nous attends au bout du chemin."

Elle souffla, et laissa passer quelques instants ; quelques battements de coeur, pour que Sheina puisse un peu plus vider le sien si tel était son besoin. Un laps de temps qu'elle jugeait nécessaire.

Tic.
Tac.

Et l'horloge sonna. Anette passa son museau sur la joue de Sheïna, et se baissa pour l'attraper avec son épaule sous l'aile, qu'elle puisse se tenir avec cette improvisation de bras.
Et elle poussa sur ses pattes pour courir, et la ramener.

Vers sa maison. Vers leur maison.

.

Croyant.

Cela faisait combien d’année désormais ? Que sa dévotion avait été remise entre les pattes de l’Anaconda ? Lui qui avait tant donné et plus à la fois. Lui qui jugeait les mortels. Et les monstres qu’en pensait-il ? Étais-ce pour cela qu’il avait choisit Sheina plutôt qu’un autre de ses disciples ? La migraine ne cessait de s’intensifié, les paroles de Limule étaient la seule chose qui permettaient à la prêtresse de ne se laisser emportée par la douleur. Tellement d’innocence chez cette pirate, tellement de volonté de maintenir la paix pour les siens. Les Etelkrus seraient-ils aussi indulgents ?

« — La raison. C’est ce qui nous permet de juger voir même d’agir en respectant nos principes. Limule, il n’est pas dans les principes des loups du continent d’abandonner la vengeance, c’est cela même qui permet de vivre. Qu’importe quand, comment, il y aura toujours des répercutions, car nous sommes jugés pour notre passé. »

Encore et toujours… Un rire nerveux s’échappa de la gorge de la chauve-souris, alors qu’elle passait une patte sur son front.

« — Les parents ont tendance à apprendre à leurs enfants que c’est leur différence qui les rends plus fort. C’est un mensonge monumental. » L’hybride ferma à moitié ses paupières. « Qu’importe les hauts-grades que tu puisses atteindre, les regards s’attardent toujours sur ta particularité, sur ton étrangeté. Au fond, je resterais toujours un monstre, peu importe qui je suis réellement. »



Depuis le temps, cela ne devrait plus lui faire la moindre peine, cela devrait lui passer au-dessus. Vient la question à la réponse si évidente. Le départ. Sheina devait partir, tant que les pirates étaient occupés, toutefois la poursuivraient-ils ? Entrouvrant la gueule, la disciple de Kiro crut entendre une voix à son oreille, une odeur familière venant chatouiller ses sens. Devenait-elle sujet à des hallucinations ? Non, l’odeur ne mentait pas. Perturbée un temps, la disciple de Kiro passa une patte fébrile sur son front, la fièvre la faisait délirer ce n’était pas possible… Pourtant… Pourtant d’autres mots suivirent. Ils étaient venus. Une expression neutre sur son visage, l’hybride prit donc la parole, regardant au loin l’océan.

« — Oui Limule, je pars. Ici je suis jugée pour mon appartenance à un clan, mon adhérence à un dieu. » La prêtresse se redressa. « Je te dois beaucoup Limule, peut-être que sans toi aurais-je totalement perdu la raison. Merci à toi, j’ose espérer que nos chemins se recroiseront. »

Peut-être ne serais-ce pas dans les meilleurs circonstances… L’Etelkrus sursauta en sentant un contact contre sa joue, ne cherchant nullement à protester, au vu de ce qu’elle avait subi ces derniers jours, le contact n’avait rien de désagréable, loin de là. Anette lui servait d’appui, cela suffisait à la louve qui fermait à moitié les paupière en avançant tant bien que mal. Au fond courir était probablement inutile, Limule n’aurait surement pas donné l’alerte, mais l’idée de parler en avançant donnait envie à Sheina de régurgiter son maigre repas. Toutefois, cela lui fit bizarre de voir jusqu’où les Etelkrus avaient été prêt à aller, aussi la disciple de l’Anaconda prit la parole, d’un ton si bas qu’Anette ne l’entendrait peut-être pas.

« — Vous ne devriez pas être ici, risquer votre vie pour me venir en aide. »

La vengeance.
Certains loups aimaient bien ce mot, ils le donnaient pour faire valoir leurs actes contre ceux qu'ils détestaient, pour justifier leur colère. Pour Limule ce n'était qu'un mot de plus qui essayait d'expliquer pourquoi les continentaux continueraient à haïr la mer, pourquoi l'Océan chercherait à dévoré la Terre. Limule, elle haussa les épaules.

« C'est ce que je disais, l'Océan et le Continent ne sont pas fait pour bien s'entendre. Ce n'est pas une question de passé mais de futur, chacun vous sauver le sien, chacun veut gagner sur l'autre. Les excuses et les mots qu'on met pour y arriver, ils peuvent changer mais personne ne souhaiterait perdre et mourir. »

La petite louve blanche étira un sourire lorsque la louve chauve-souris sembla regretter une fois de plus sa différence et son apparence qu'elle jugeait de monstrueuse. Elle qui détestait tellement ce à quoi elle ressemblait, Limule aimait bien elle, les monstres ne sont pas fait pour le Continent mais le Continent avait voulu en avoir eu un pour lui aussi. Continent jaloux de l'Océan. Un petit éclair malicieux traversa son regard un instant.

« Un jour, je serais plus monstrueuse que toi. »

Quand les poissons au fond d'elle seront assez grands pour se réveiller, mélanger à celui qui volait ses nuits de pleine lune. Un jour, ceux qui n'aimaient pas regarder la louve violette la préféreront aux enfants de la mer, l'Océan savait créer des choses bien plus affreuses que le Continent.
Alors que la chauve-souris coula un regard vers l'océan, la petite pirate fit de même, cherchant ce même point à l'horizon qui était regardé. Elle partait ce soir, tout de suite même probablement, dés que Limule partirait. Elle l'a remercia de ce qu'elle avait fait, la louve blanche ne savait pas si elle le méritait, elle n'avait rien fait véritablement et surtout pas garder la raison, elle avait probablement aider l'île à la voler.

« Sayuri aussi avait un dieu. »

Ce n'était pas pour ça qu'elle serait jugé, non, mais parce qu'elle n'était pas assez perdue, elle aurait toujours voulu retourner sur la terre, elle n'appartenait pas à l'Océan. Le regard bleue de Limule revint sur le visage de la violette, un air plus grave que son état malicieux précédent.

« Moi, j'espère qu'on ne se reverra pas car je sais que si c'est le cas, tu seras à nouveau triste, l'Océan te rendra triste. J'ai bien aimé parler avec toi, je ne veux pas que tu pleures encore. »

Et elle commença à faire demi-tour, repartant vers le bateau et là où se trouvait le reste de sa meute. Elle se retourna cependant une dernière  fois vers la chauve-souris, ses yeux bleus brillant dans le noir comme la lune sur la mer.

« Ah, si l'Océan ne te dévore pas ce soir, fais très attention ! Il te prendra tout ce qui t'es le plus cher dés qu'il en aura l'occasion. »

Et sur ces derniers mots, elle sauta  entre les hautes herbes, disparaissant dans la nuit.