Le Trône de Pierre | Libre & Anette si possible

Sujet: Le Trône de Pierre | Libre & Anette si possible Jeu 17 Oct 2019 - 12:36

Lymphalème

Le loup gris avait attendu plusieurs semaines, pour voir si son amie de toujours pointerai son museau dans le camp pour lui dire que finalement, elle allait mieux, et que tout reviendrait comme c’était avant. Mais elle n’était jamais apparue. Alors ce matin, il voulait aller demander à la voir. Elle lui manquait, déjà, et en plus, il était inquiet pour elle. Il espérait que ça irait. Elle avait l’air si fâchée, après la mort de Lucie, et il comprenait. Mais il avait aussi une question à poser, si pas à elle, plutôt à Anette.

Ce matin-là, il fit le chemin jusqu’à la salle des trônes, et s’éclaira la gorge avec une petite toux, en espérant attirer l’attention comme cela.

Il espérait qu’Anette, au moins, serait là. Il comprenait si Pepper était encore trop triste, et ne voulait voir personne. Il regarda autour de lui. C’était une salle immense, il n’y était quasiment jamais venu aussi près des trônes de pierre, toujours trouvant un moyen de l’éviter, de rester derrière. C’étaient ces trônes qui, au final, pourrissaient la vie de celle qu’il aimait.

Il s’approcha des trônes, sa tête relevée vers le haut, pour les observer au mieux. Ces lieux étaient ceux du camp Etlekrus, un chez lui, maintenant, et toujours, il savait qu’il n’était pas chez lui. Son chez lui, sa famille, avait disparu il y avait des lunes, lorsqu’il les avait quittés. Ici, il s’était rendu compte que privilèges il avait eu, sans jamais s’en rendre compte, chez les Lazulis. Fils de chef, il était respecté, il avait sa place. Il avait cru que en venant ici, inconsciemment, ce serait pareil, il aurait le même respect, le même sentiment d’appartenance, la même famille, et le glowstick de ses rêves. Cela ne pouvait être plus faux.

Il y avait une ligne, invisible mais bien présente, entre les choisis, et le reste. Une ligne entre les gagnants et les perdants. Peu importe ce qu’il faisait, il serait toujours ‘le Lazuli’, même après 4 ans d’appartenance au clan Etelkrus.

Il fronça ce qui lui servait de sourcils, son regard toujours posé sur ces trônes. Ces maudits trônes. Qu’est ce que vous lui avez fait ?

(potite réponse, pardon-)

Anette serait là, car elle apparut peu de temps après.
Quand elle pénétra dans la zone, ses yeux tombèrent sur celui qui en avait la même couleur, quoi qu'un peu plus clair. Au premier coup d'oeil, il lui sembla normal, mais elle se ravisa bien vite. Sa position laissait transparaître un peu plus subtilement de la frustration, et de l'inquiétude. Elle suivit la direction où il observait et trouva là les trônes. Leurs trônes. Elle resta quelques secondes ainsi, avant de repasser sur le mâle. Un peu plus encore de réflexion, et elle se mit en mouvement.

Elle avança, ne prenant pas la direction des trônes, mais s'approchant tout bêtement de Lymphalème. Elle finit par s’asseoir à côté de lui sans prétention aucune, simplement une relative neutralité. En l'observant, on pourrait voir des changements chez elle. La plus frappante : elle avait coupé ses cheveux. Désormais aussi trônaient deux nouvelles marques : une trace de crocs sur son cou se refermant encore, et une coupure sur la babine qui elle formait déjà une cicatrice. L'air sur son visage semblait aussi un poil plus sombre, mais aussi plus assuré, plus mature. Une épreuve venait d'être traversée, assurément.

"Lymphalème nôtre. Je peux t'aider ?" salua t-elle finalement, sobrement.

Mais aussi surprenamment chaleureusement.

Lymphalème

Il l’entendit arriver, et se retourna, ses oreilles touffues pointées vers elle. Il se souvenait encore quand ils étaient enfants, et qu’ils s’entraînaient ensemble avec Pepper, c’était il y avait une éternité, à présent. Il était toujours le plus âgé, mais n’était plus le plus respectable. Il aurait aimé, s’avoua-il, que ces années ou on le regardait comme le plus âgé et donc le plus sage durent plus longtemps. Maintenant, son âge n’était que l’illustration de à quel point il avait du retard sur ses camarades.

Il inclina respectueusement la tête vers Anette. Il n’avait peut-être pas la politesse, et le beau parler des chevaliers de la meute, mais cela ne lui empêchait pas d’exprimer en silence son respect. Il savait qu’elles avaient de nombreuses et lourdes responsabilités, ces deux louves, et il respectait leur force de caractère.

« Anette. Je voulais te demander, comment va Pepper ? » demanda-il.

Il avait l’habitude d’être froid comme marbre, mais ses yeux imploraient une réponse, leur éclat doré brillant d’inquiétude. Il se demandait, parfois, si Anette le voyait, elle, à quel point il tenait à la louve bleue. Plus que juste un ami. Il s’était posé la question, lorsqu’ils s’entraînaient ensemble, avant qu’il ait Alys en mentor, et qu’il les laisse seules pour travailler l’art du combat. Il avait pris du retard, à partir de là. Elles étaient toutes les deux devenues des guerrières, nobles, fières, fortes. Il était devenu de plus en plus touffu, de moins en moins musclé, mais de plus en plus érudit. Ce n’était que maintenant, qu’il se remettait au combat, avec l’aide de Bamboo. Il avait l’intention de les rattraper un jour.

Il s’éclaircit la gorge, pour reprendre un ton un peu plus posé, un peu plus grave, un peu moins tourmenté. Et attendit la réponse. Inquiet.

La question lui vint avec toute l'inquiétude qu'elle avait pu détecter chez lui, rien que dans sa façon insistante d'observer les trônes. Son regard fut un livre ouvert pour y ajouter ; elle aurait été aveugle pour ne pas voir. Bête, pour ne pas reconnaître. Elle lui adressa un sourire triste, car si elle demandait l'honnêteté aux autres, elle faisait un exemple de ne jamais la dissimuler non plus. Elle n'était pas très forte pour adoucir la vérité et en arrondir les pointes ; elle avait largement plus d'assurance pour formuler un discours frappant qui se voulait rempli de tact pour marquer les esprits.
Dans ce cadre intimiste, elle se décida pour la vérité toute nue.

"Elle a abusé de son pouvoir et ne sent plus grand chose." avoua t-elle, doucement.

Elle ne savait pas encore si son ouïe avait été touchée aussi, ni à quel point, mais sa collègue était désormais privée de deux sens sur cinq principaux, et sur un nombre total variant selon les sources. Elle aurait au moins encore le touché, sens sur lequel Anette baserait toute sa communication si nécessaire. Mais seul le temps le dirait. Le temps de sa convalescence.

"Mais elle ira mieux." Car il y avait un espoir. "Aka nous a bénit et de la grâce d'un geste, a apaisé la paranoïa qui grondait dans son esprit."

Elle n'oublierais jamais le geste de son dieu, car il avait sauvé sa collègue, son Alpha. Sa Pepper.
Ses yeux de suie plongé dans l'or de Lymphalème, elle aurait été bête pour ne pas reconnaître ce qui s'y écoulait. Elle aurait été égoïste aussi, de vouloir l'y en ôter. Le loup aux teintes de gris pourrait peut-être voir l'attachement profond, brûlant, similaire, qui se tramait doucement dans les yeux de l'Alpha.

"Elle ira mieux. Nous serons là pour elle."

♰ Lymphalème

Il la regarda, ses yeux brillants entre l’inquiétude profonde, presque paniquée, qu’il ressentait sans voir la louve bleue marcher dans le camp, et l’espoir de ce qu’Anette pourrait lui dire. Finalement Pepper était vivante, mais elle allait mal. Elle avait perdu son odorat, son sens le plus précieux, sans la vue que ses gènes ne lui avaient pas donnée.

Il hocha la tête, comprenant que les dieux avaient fait en sorte qu’elle survivrait. Les dieux avaient fait en sorte qu’elles ne décèderaient pas, car il se doutait à présent, de la peur et la haine qu’elle avait dû ressentir. Elle avait perdu Lucie, pas juste une louve qu’elle admirait et qu’elle appréciait profondément. Elle avait surtout perdu une bataille contre les solitaires, une bataille qu’elle menait si durement, avec tellement de force, pour que les siens soient en sécurité. Ou par haine des autres, Lymphalème se demandait parfois. Et elle avait fait un échec critique, perdant non seulement contre l’ennemi haï, mais perdant ceux qu’elle aimait aussi.

Il la savait forte, mais il voyait que ça avait été trop pour elle. Elle était une lumière dans sa vie, et son cœur se brisait à l’idée du mal être qu’elle avait vécu. Et un peu plus, à l’idée qu’il n’avait rien pu faire pour l’aider.
Il sourit, l’un de ces rares sourires qui pouvaient illuminer un peu son visage bordé d’épais poils gris. Il la voyait, la lueur dans les yeux de la louve beige. Il la reconnaissait, il l’avait vue dans ses propres yeux, reflétés dans l’eau, lorsqu’il construisait la tour avec Pepper. Il aurait dû le savoir, lui aussi, au temps qu’elles passaient ensemble. C’était Anette, qui avait sauvé Pepper, ces dernières semaines. C’était à elle, qu’il devait la joie dans son cœur, de savoir qu’elle était encore avec eux, qu’elle allait peut-être un jour guérir.

Il lui sourit sincèrement.
« Merci. » souffla-il. Ils seraient là pour elle, oui.
Il n’aimait pas les contacts physiques, et il n’avait pas l’impression qu’Anette en soit super fan non plus, alors il recula d’un pas, au lieu de lui témoigner sa reconnaissance par un rapprochement. Il avait souri. C’était déjà ça. Elle devait être la seule, à part Pepper, à voir ça depuis la mort de son père.
Il savait que sa mort avait été accidentelle, bien que causée par un Etelkrus, on l’avait annoncé à la meute, et ainsi, il l’avait appris. La tristesse l’habitait encore, mais il s’était efforcé de comprendre, et d’aller au cimetière pour lui rendre visite.

« Est-ce que je pourrais lui apporter à manger, de temps en temps, pour la voir ? » demanda-il. Il ne voulait pas la déranger, juste la voir, savoir qu’elle était toujours là, mais surtout, si par un miracle elle pouvait savoir qu’il était là pour elle… se serait encore mieux.

Fleurit sur le visage de l'Alpha un sourire, à la question. Elle se retrouvait un peu en lui, et se sentait rassurée par la similitude de leurs ressentis. Qui aurait-elle été pour refuser à Lymphalème le droit de voir son amie, qui plus était ? Pepper était peut-être l'alpha à ses côtés mais elle avait été en premier lieu une comparse d'entrainement et une camarade. Relation que partageait également Lymphalème avec elle.

"Bien sûr." confirma-t-elle aisément.

Elle observa vers le boyau qui menait à la grotte de la convalescente.

"Quand tu voudras, même, c'est important qu'elle ne reste pas trop seule. Donc, dès qu'elle sera prête à tolérer plus de monde, tu seras un des premiers prévenus."

Avec un autre mouvement de cou, elle reposa les yeux sur lui. Elle renforça la promesse qu'elle venait de formuler avec un hochement de tête vif et unique. Une entente. Ensuite, elle se releva pour s'étirer, se dressant dans toute sa hauteur pour bien détendre les muscles de ses pattes.

"Et si on allait faire un tour en attendant ? Je manque d'air, et j'apprécierais la compagnie."

Un petit tour, entre gens qui se comprennent.

♰ Lymphalème

Elle accepta, et une profonde reconnaissance emplit son cœur alors qu’il inclinait un peu la tête, pour la remercier. Il pourrait aller la voir. Il en était si ravi. Il se doutait qu’elle devait aller mal, mais il serait heureux, au moins, d’essayer de l’aider à sa remettre. Il la savait forte, la petite louve bleue, et il avait confiance en elle. Elle trouverait, peu importe le temps que cela prendrait, un chemin vers la lumière.

Ils se comprenaient, sur son sujet. Partagés entre l’affection pour elle, le devoir et l’inquiétude. Il accepta donc volontiers de partager avec elle une promenade lorsqu’elle lui posa la question, avec un léger sourire et une étincelle dorée dans le regard.
Ils se redressèrent donc tous les deux, et prirent le chemin de la sortie du camp. La météo n’était pas désagréable, bien que tournant au froid, et le ciel demeurait voilé de gris. De manière surprenante, ce fut lui qui interrompit, le premier, le silence de la marche, pour discuter avec la grande beige.

« Je vais me présenter à l’épreuve de Dairo, lorsque j’aurais un peu plus avancé dans les cours de combat que je prendre avec Bamboo. Ensuite, si je réussis, je travaillerai à être guérisseur pour le clan. » dit-il posément, pendant qu’il marchait. Il était devenu plus lourd qu’avant, avec un tas de poils épais qui commençaient déjà à le transformer en peluche pour l’hiver.

Il prit un instant, avant de tourner la tête vers Anette.
« Anette, nous n’avons pas assez de guérisseurs pour tout un clan, surtout avec le tournoi de reproduction. Nous serions trois, et Diantre se fait vieille. Que ce passerait-il si une peste se déclarait pendant l’hiver ? Nous serions ombreux et forts, certes, mais personne ne résiste à tout. » dit-il, son regard se voilant d’inquiétude avant qui reporte ce dernier sur l’horizon, ou enfin, entre les rochers où serpentait le chemin qu’ils empruntaient.

« J’ai promis à Sire Athelstan de devenir le mentor de l’un de ses enfants, lorsqu’ils auront l’âge de devenir apprentis, j’espère que l’un d’entre eux pourrait correspondre à un travail de médecin. »

Elle se permit sur lui décocher un autre sourire, à l'entendre au début.

"Heh, c'est ce que j'appelle de l'initiative. J'approuve tes choix, dont celui de Dairo. Je pense que tu la représente parfaitement."

Ses mots suivants soutirèrent une grimace à l'Alpha. Elle posa ses yeux sur le paysage pour fuir celui doré de son interlocuteur et se mordilla la babine. Il avait raison, cependant. La promesse faite à Athelstan alla de paire, alors elle écouta également. Le silence régna le temps qu'Anne cogite, ses iris sautillants un peu partout dans sa quête de réponse. Quand elle y parvint, elle ouvrit à nouveau la bouche.

"J'entends. Si tu capte chez Helga, Salazar ou Godric un potentiel, tu as mon aval pour commencer une formation chez eux relativement tôt."

Elle fronça ses gros sourcils. Lentement, la courte promenade se détourna pour revenir sur le trajet des grottes.

"En attendant, je sais : prépares autant de remèdes contre des maladies communes que tu peux, et distribuons-les à nos adelphes, avec des kits de soin. Ainsi nous seront préparés pour le minimum. Je t'aiderais à ramasser les plantes."

Elle inspira de l'air et observa le ciel. Être prévoyants et organisés. Quand elle aperçut l'entrée de leur QG, elle se stoppa.

"Quand tu voudras, tu n'auras qu'à venir me quérir."

♰ Lymphalème

Il l'écouta en hocha la tête en marchant, oui, préparer des breuvages et des remèdes au cas où une maladie se déclarait dans de camp durant l'hiver était la meilleure solution préventive pour le moment. Il ne fallait pas que les efforts pour remettre la meute sur patte soit détruits par une maladie qui pourtant pourrait être soignée. Il continua à marcher, en réfléchissant.
Il avait passé de nombreuses années dans la bibliothèque des Nakhus à lire et à s'instruire sur les remèdes et potions des anciens temps, et ceux recommandés par les guérisseurs d'aujourd'hui. Alors il n'aurait pas de mal à trouver de quoi garder la meute de la maladie pendant quelques temps, en attendant de pouvoir former d'autre guérisseurs.

Il sourit et secoua la tête lorsqu'elle lui proposa de l'aider à chercher des plantes. Il serait ravi de passer ce temps avec elle, mais il n'aimait pas qu'elle se rajoute ainsi des responsabilités. N'en avait-elle pas déjà assez ? Il la regarda d'un air amusé, ce qui donna à ses paroles un ton plus jovial.
"Hors de question, tu tee surmènes déjà assez sans ça ! Je demanderais de l'aide aux apprentis et aux nourrices qui n'ont pas encore de bébés dans les pattes. A part si tu comptes en profiter pour te reposer un peu, je prendrais ces loups là avec moi." dit-il, en resserrant ses paupières pour donner un faux-air de jugement.

Finalement, il avait peut être eu tort de penser que sa seule amie avec laquelle il pouvait ne pas être stoïque tout le temps était Pepper. Il sentait qu'Anette ne se vexerai pas de sa plaisanterie.
Ils arrivaient de nouveau au camp après leur petit tour dans les environs, et le gris se sentait un peu plus revigoré, il pointa ses oreilles touffues vers la beige.
Il hocha la tête en clignant des paupières, pour lui signifier qu'il viendrait si c'était nécessaire.

"Je te dirais lorsque la réserve sera faite." répondit-il, avant d'agiter ses oreilles, regardant autour de lui.

"A plus tard !" la salua-il, en se retournant, et en marchant vers les grottes des guerriers. Il n'était pas encore prêt à aller voir Dairo, mais bientôt. Bientôt.

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