Perdu [Libre]

Lamentation

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

L'hiver continuait d'étendre son royaume sur ce monde, influence néfaste sur son esprit et son âme, brouillant sa vision d'un blanc éclatant qui n'épura pas ses pensées. La mort autant dans son cœur que sur les arbres, il avançait, las, sur ses terres qu'il avait arpenté maintes fois. Les Nahkus avaient été si bienveillants envers lui, qu'il ne savait comment réagir désormais. Les méfaits accomplis par sa folie passagère et pourtant bien réelle, l'avait tourmenté bien plus qu'il n'avait torturé Lestat, l'enfant qu'il avait presque sacrifié aux hères d'un démon.
Car il le savait. Il le sentait. Depuis ses paroles avec les trois dieux des Lazulis, sous un dôme d'horreur, il avait changé. Il avait échoué. Goutant a l’âpre gout de la défaite, il ressassait, sans fin, sans réponse, son tourment dérisoire : même quand on veut, on ne peut pas forcément.

Alors pourquoi était-il si triste et pourtant si déterminé à tous les sauver ? Pourquoi s'en voulait il d'échouer, de laisser les siens périr, alors qu'il s'agissait de leur décision ? Il ne savait pas. Il ne savait pas grand chose de toute façon. Même ce manoir, qui se dressait désormais face à lui, l'écrasant de son impressionnante ombre, le narguait. Il n'avait pas senti la présence du spectre en ces lieux. Lui. Un fils de Nécromant.
Il n'avait rien senti.

Il se mordit la lèvre, soudainement éprit par la colère, le dégout de lui même. D'une patte nonchalante, il pénétra le portique de la demeure qui grinça d'excitation de le revoir. D'admirer ses nouvelles bourdes. D'apprécier toute sa haine à l’œuvre dans le tourbillon de la malice, engendrant méfaits et stupidités comme des dominos s'abattant sur sa pathétique existence.

Nocera été venue aussi. Et elle, elle, elle l'avait senti. Ce petit bout de louve, sans spécificité autre que les étoiles, avait senti la Mort. Et quelle mort ! Il y avait là, en haut de ces escaliers qu'il dardait avec véhémence, un charnier. Un sanctuaire à la gloire des Anciennes Terreurs, fait d'enfant. D'os et de cendres. De peur et de souvenirs. Cauchemars imbriqués dans la charnière de ce bois, soulevant la poussière et leurs comparses araignées à son passage. Il ne se voulait pas silencieux. Il ne se voulait pas amical.

Il y avait là un fantôme. Un fantôme des plus vils. Etait-ce l'auteur de l'ouvrage damné qui avait cru bon de faire comme lui, d'user de l'innocence pour percer le limbe de la réalité et déchainer la colère des sombres entités sur ce monde ? Pourtant, il avait lu cet ouvrage. Et l'apparition d'un charnier n'était aucunement annoncée. Bien sûr, tout n'avait pas été lisible, pattes de mouches ou sang écaillé. Mais alors qui ? Qui serait assez cinglé pour massacrer un enfant, et même dans l'au delà, revenir ?

Qui pourrait malmener un enfant.
Qui.

L'odeur des roses lui vint au nez, et il frémit.
L'odeur du si joli temps.

Il secoua la tête, se stoppant au pas de la chambre désormais mortuaire. Non. Elle était morte. Elle s'était suicidée. Il l'avait vu sauté. Il avait entendu le bruit de son corps contre les rochers. Et pendant longtemps il s'était senti responsable. Pourtant, désormais, il le savait : il n'était que l’œuvre de la propre fin qu'elle avait engendré. Elle, qui l'avait torturé. Elle, qui l'avait fait borgne. Elle qui lui avait dévoré bien plus que son œil. Elle, qui avait hanté son esprit et ses rêve.

Peut-être revenait-elle hanter sa vie.

Il poussa de l'épaule la porte, qui s'ouvrit à la volée. Le lit macabre était toujours découvert, et les os continuaient de pleurer leur sort. Et pourtant, même cette vue ne le rebuta pas. Il aurai pu faire parti de ce tas. Il aurait pu, lui aussi, dormir dans ces draps de soie. Petit être sans défense, faillit noyé, faillit tué. Et pourtant sauvé pour le seul plaisir d'être abattu plus grand. Plus charnu. Plus goutu. Tel un porc pour l'abattoir. Il avait été destiné à être un repas. Un jouet.

Comme eux.
Tout comme il avait destiné Lestat à être celui d'un démon.

Au grand plaisir d'une folle qui, s'était probablement déjà amusée avec les petits corps frileux, se câlinant, se réconfortant entre eux. Et qui prenait grand bien à le voir ainsi, face au miroir qu'elle avait créé. Un survivant face aux morts, à ceux qui s'était sacrifié pour lui. Un imbécile qui avait eu une chance innomable. Qui avait utilisé cette peur pour la retourner contre elle. Qui avait changé ce destin en une arme. Le jouet cassé qui fait plier de ses morceaux restants. Celui qui avait refusé d'être le sacrifié de ses luxes.
Il se saisit d'une chaise de bois mûr, et l'envoya contre une armoire, rageur. Ce ne fut ni grognement, ni hurlement qu'il poussa. Mais le râle de celui qui ne se contient plus. De celui qui implose enfin.


Il était devenu ce qu'il avait toujours combattu.
Un tueur d'enfant.

La chaise s'éclata contre l'armoire, brisant les portes de chênes rongées aux mites. A l'intérieur, quelque chose bougea. Quelque chose tinta, mât et pourtant si clair dans l'esprit du jeune mâle.

Mona Lisa.

C'était ainsi que l'avait appelé la petite Kerguelen. Et Eva se souvenait de l'ombre dans son regard, de la détermination qu'elle affichait en prononçant ce nom. Un souvenir brûlant semblait associé à ces mots, et Eva était plutôt curieuse de savoir d'où ça venait, et si elle réussissait à trouver des preuves tangibles de l'existence de cette... Chose. Cette autre Chose.

Alors elle avait décidé d'aller faire un petit tour au Manoir, que l'on disait (probablement à raison) Hanté (mais par quoi ?). Elle avait voleté jusqu'à l'île, et s'était posé devant les énormes portes de la désuète bâtisse. La porte était légèrement entrouverte... Elle les poussa encore du bout des pattes, sentant son poil sur son dos se hérisser malgré elle. Brr... C'était lugubre. Elle frémit et agita sa longue queue argentée pour se rassurer avant de passer le pas et faire quelques foulées.

C'est là qu'un premier hurlement se fit entendre, long, impossible à louper. Son poil se hérissa complètement sur son corps. Ce hurlement... Il n'était pas lupin, c'était certain, mais peut être était-ce une menace pour quelqu'un ? La louve ailée se rua à travers le labyrinthe de pièces, se fiant à son ouïe pour trouver son chemin.

[Dé lieu]

Elle était tellement emportée dans son élan et toute à sa fuite qu'elle ne fit pas attention au cheval à bascule qui trônait au milieu d'une pièce, si bizarrement placé... Elle trébucha dedans, ce qui ralentit sa course, assez longtemps pour lui donner une impression d'urgence. Elle franchit une porte, et une autre encore, légèrement perdue malgré son très bon sens de l'orientation, jusqu'à arriver face à un loup bleu.

Aragog

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Un bibelot roula de l'étagère, tombant jusqu'à ses pattes dans un rebond désagréable. Yersine le suivit des yeux, sans se préoccuper du chuintement qui sembla, bien rapidement, se rapprocher de lui. Et puis, la sensation l'envahie de nouveau. Au même endroit que la dernière fois, accompagné de Nocera alors. Un pressentiment. Un écrasement. Une ombre sur son pelage, sur son cœur, comme sur son âme. Et avant même qu'il ne redresse son visage paniqué, un hurlement déchirant vrilla ses tympans, le faisant sursauter. Un bond d'une vingtaine de centimètres, ébouriffant son poil, dressant sa queue tel un écureuil. Le laissant crispé, amer, le cœur battant contre se poitrine comme s'il allait la transpercer pour finir de suinter toute sa terreur sur le parquet. Un rictus d'horreur sur le visage. Les yeux écarquillés. Et, d'une certaine façon, les fesses si serrées qu'un pépin de pomme n'y aurait pénétré.

Là, devant lui, se tenait une espèce de louve. Si noire qu'une ombre faisait pâle figure. Si amusée de cette terreur qu'elle inspirait, que Chatouille lui-même aurait été un bon souvenir. Les cheveux violets, coulant sur son visage malsain et ses épaules, sortant de cette armoire comme un spectre traversant le mur. Et avant même qu'il n'ouvre la gueule pour balbutier quelques mots, elle s'évapora. Tout simplement. Une disparition dans les méandres comme rarement il avait vu.

Dans un rire enfantin, malaisant.
Dans un grattement, sifflant.
Un grattement de plus en plus sourd. De plus en plus proche.
Un cliquetis. Un murmure.

Et Yersine se retourna, si lentement qu'il lui semblait avoir perdu le cours du temps.

Là, devant lui, avançait une tarentule géante. Menaçant de ses mandibules. Rampant de ses longues pattes velues. Ses minuscules yeux, véritables billes de néant, l'inspectant, le jaugeant, comme le ferait un affamé sur le buffet chinois qu'on lui offrait.

Elle passa la porte, lui bloquant toute sortie, non sans difficulté. De toute évidence, elle était massive, agile. Mais probablement pas dans un tel endroit. Une pièce si petit qu'une chambre d'enfant n'offrait que peu d'espace. Non seulement pour attaquer, mais aussi pour esquiver. Les huit pattes prirent position face au loup, dans une valse presque chorégraphié, tandis que lui, suivait attentivement la démarche. Un œil contre huit autres. La belle affaire.

Un premier accoue fut lancé. La tête s'élança vers le corps frêle et bleu, qui roula sur le coté. Une patte chercha alors à l'abattre sur le sol, le bloquant ; mais ce fut des crocs qui l’accueillit. La chitine craqua, libérant un jus amer et verdâtre, ruisselant sur le sol et son pelage. Et tandis que l'arachnide reculait pour se défaire de l'éhonté animal, lui, s'extirpa vers son thorax. Un endroit peu commun, et pourtant, presque un abri dans cette pièce qui accueillait à peine l'envergure du monstre. Aucune des pattes ne pouvaient l'atteindre. Son abdomen n'était pas un danger, et elle devait reculer pour le mordre. Et ce n'était pas franchement dans ses capacités. Se retourner était déjà compliqué.

Yersine en profita alors pour attraper la jointure d'une des autres pattes, non sans suivre du regard chaque mouvement, de l'oreille, chaque hurlement. La patte craqua de nouveau, et d'un monstrueux grincement, il lui arracha, net.

Blessure pour l'un. Contre attaque pour l'autre. La reine araignée se retourna brutalement, comme délestée de ce poids, lui flanquant son abdomen dans les côtes. Il roula, le souffle coupé, jusqu'à la porte de l'armoire au contenu brisé. Meuble qui s'affola un instant, avant de s'écraser sur le loup. Ou plutôt, de l’accueillir entre ses planches, lui offrant alors non seulement une carapace de bois, mais aussi un répit mérité. Il souffla de cette veine éhontée, tandis que s'affairaient les minuscules griffes de la bestiole, raclant, dévorant cette coque.

Lentement, mais surement, un trou se forma dans les plinthes. D'abord de la taille d'une orange, puis d'un melon. Pour enfin être transpercé d'un coup de tête, dévoilant les effroyables mandibules qui claquaient, encore et encore, cherchant à se saisir du petit corps caché.

Mais ce ne fut pas le sang rouge qui l’accueillit. Non. Mais un débris de bois tout juste saisit, se plantant dans l'un de ses yeux.

A borgne, borgne et demi.

Elle rugit, soulevant son immense tête, emportant avec elle l'armoire qui libéra alors son contenu ; louveteau apeuré. Yersine détala, profitant de cette aubaine pour passer la porte, laissant l'araignée géante se débattre dans sa cage de bois, incapable de s'en défaire ou de passer l'entrebâillement de la chambre désormais.
Il glissa sur le parquet, dévalant les escaliers, pour finalement se vautrer sur un corps duveteux, chaud. Presque une éclaircit dans cette maison de malades.

Il releva la tête, se secouant dans ce ramassis de corps qu'il faisait avec la louve-oiseau.

- PUTAIN COURS !

Il la saisit par l'épaule, l'obligeant à se relever, avant de fuir vers une autre pièce, dont la porte bloquerait sans doute l'animal déchainé. Fuir le Manoir aurait été stupide. Il était là pour régler des comptes. Pas avec cette araignée ni avec l'esprit qui semblait l'avoir réveillé. Mais avec lui-même. Et il était hors de question de fuir.
Pas encore.

Elle glapit lorsque les corps se heurtèrent, et fit quelques pas en arrière, ses griffes dérapant sur le parquet. Elle était un peu en carton pâte, et le choc ne fut pas si anodin que ça : elle le ressentit dans l'ensemble de son ossature fragile, résonnant dans sa cage thoracique jusque dans son crâne. Mais elle ne chut pas, ou pas entièrement, et sous l'injonction du mâle bleuté le poil plume de son corps se hérissa.

Mona Lisa, la fameuse ?

Elle ne saurait probablement jamais Ô combien proche de la vérité elle était. Eva recula de quelques pas et, emportée par ce loup qu'elle ne connaissait pas et n'avait jamais vu, mais portait la fragrance de tous les clans à la fois, courut. Pourquoi courait-elle ? Un tapage incessant provenait de l'endroit d'où provenait le loup sombre, qu'elle n'arrivait pas à analyser.

Que fuit-on ?

Elle avait parlé entre deux halètements, et son souffle court résonnait dans les pièces vides qu'ils traversaient à une vitesse démesurée, non recommandable dans un lieu si encombré et... Dangereux. Il s'éloignaient et s'éloignaient tant que le bruit avait décru pour ne plus être qu'un cliquetis amorti qui ne voulait pas se laisser semer, tantôt se rapprochant et tantôt s'éloignant, et Eva eut été bien en peine de déterminer ce que ce murmure voulait bien annoncer.

Elle avait presque envie de ralentir, se retourner, voir ce qui effrayant tant cet être curieux qu'elle avait croisé - mais plusieurs choses l'en empêchaient.

Déjà, elle ressentait un petit picotement aux côtés de ce loup couleur du ciel. Ce petit picotement qui était devenu familier, montre des loups qui étaient allé Ailleurs. Et dans cet ailleurs, il y avait les Choses. Il était descendu aux enfers, et il en était revenu.

Et il avait très, très peur de la chose qui était derrière lui. Etait-ce, encore une fois, une de ces monstruosité noires à la peau élastique, froide et flasque ? Cette simple évocation jetait une chape glaciale sur les épaules d'Eva. Alors, elle courait, comme si sa vie en dépendait - en se disant que sa vie en dépendait peut être. Ils passèrent un nombre incalculable de salles, sans jamais, Eva en était certaine, se rapprocher de la sortie. Ils allaient au hasard, tantôt suivant l'un, tantôt suivant l'autre, chacun choisissant la salle suivante.

Jusqu'à ce qu'ils passent une arche à l'allure étrange, étrange même au regard des lieux. Elle était bosselée, inégale, hérissée de formes et parsemée de trous, mais à la lueur tamisée des bougies, seul éclairage des lieux, ces objets n'étaient qu'ombres dansantes et polies.

S'ils avaient analysé un peu plus ce pourtour, peut être auraient-ils choisi une autre salle.

Sûrement.

Mais lorsqu'ils débarquèrent dans ce cul de sac, Eva freina des quatre fers et piailla haut, et très fort. Car ce cul-de-sac, long de deux salles environs et très haut de plafond, était littéralement fait d'os. Des crânes, des fémurs, des vertèbres des clavicules des radius des humérus des ulna des carpes des métacarpes des tarses des métatarses des tibias des phalanges des os, des os partout. Rien d'autre n'était visible, la seule pierre qu'ils pouvaient voir ou toucher, c'était le sol sous leurs pattes, quand leurs membres traversaient la couche de membres qui la superposait. Les seules sources de lumière étaient de grands candélabres aux quatre coins de la pièce, et d'énormes lustres ornés de bougies. Ajoutés à la lueur vacillante de la porte qu'ils venaient de franchir, la scène était irréelle et laissait à peine distinguer les environs.

[Si jamais vous ne vous représentez pas la chose, un truc du genre mais avec des os lupins ]

Spoiler:

La vision était déjà fortement impactante pour Eva. De type, très très impactante, là maintenant, elle n'avait qu'une envie : sortir de cet endroit et ne pas y remettre les pattes, le faire proscrire et bannir, empêcher tout loup d'y entrer.

Mais c'était sans compter sur la chose qui provoquait le cliquetis étouffé à travers les pièces et qui entra dans une course effrénée derrière eux, sans se soucier de l'environnement, sans se soucier des os sur lesquels elle glissait et dérapait et

Ce corps

Immonde, plein de pattes, plein de chitine, plein d'yeux, plein de haine et de colère et plein d'un sang d'une couleur indéfinissable et dont toute l'attention se concentrait sur les deux proies qui avaient osé pénétrer en son domaine.

Lieu de tarés

Seule pensée d'Eva avant que la Bête ne dérape totalement et ne glisse vers eux monstrueusement vite. Eva, dont le hurlement s'était retrouvé bloqué dans sa gorge à leur arrivée, libéra les décibels et saisit le loup bleu par la peau du cou avant de le tirer, très vite et très fort, hors de la course de l'araignée qui menaçait de les écraser, agitant les pattes et battant des ailes tant qu'elle pouvait pour arriver à son compte.

Aragog

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Yersine : 7/7
Eva : 7/7

VS

Araignée de Mona Lisa : 10/15
Araignée agressive : 15/15

       

La louve oiseau le suivait. Il le sentait, l'entendait, sa respiration rapide, son pas léger. Mais il n'eut le temps de la décrire, de la rencontrer comme on le devait. L'animation en son cœur pulsait comme jamais, et quand il franchit enfin l'une des portes, il se retrouva bloqué. Nez à nez avec un ossuaire géant. Un pièce dédié aux cadavres et à la Mort elle-même. Un catacombe, un autel aux démons et au mauvais gout.

Un putain de cul de sac.

Le souffle court, la respiration chaotique, il chercha du regard une voie, une cache, n'importe quoi. Mais rien. Juste le silence morbide, à peine perturbé par l'agonie de la monstruosité qui arracha sa prison de bois de son visage funeste. Au loin, le déchirement du cadre de la porte indiqua aux loups qu'elle venait de sortir, de fuir sa prison naturelle pour les rattraper tout deux. Ou plutôt, pour rattraper Yersine, qui avait emmené, bien malgré lui, une innocente dans son piège toilé.

Il se retourna alors, pour s'excuser. Pour lui intimer de fuir, pendant qu'il l'occupait. Mais trop tard. Ce qu'ils fuyaient, avait-elle demandé plus tôt ? Elle allait le découvrir bien trop rapidement.

- Ca ! hurla t'il

Et la bouche macabre pénétra la porte d'os, laissant filer le corps grotesque tel un savon, imperturbable, inébranlable, mais pas inévitable. La louve déploya ses ailes, esquivant le mastodonte, tandis que le mâle roula sur le coté, laissant choir l'animal gargantuesque contre la paroi osseuse. Il ne lui laissa pas le temps de se relever pour charger de nouveau. Non. D'un bond agile, tel un chat, il usa du mur, véritable égide aux cauchemars, comme d'un appui pour s'élever dans les airs. D'un coup de croc bien placé, il attrapa l'un des lustres branlants, fait d'os, de crâne, de bougies et de chaînes anciennes. Qui craquèrent sous son poids. Et c'est dans un bardam tonitruant qu'il s'écrasa sur l'araignée, la laissant à son désarroi. Ferraille et os, chaine cinglante, tout malmena son torse déjà fragilisé par les précédentes attaques.

Elle rugit.
Et un grattement fut audible du plafond. Le même plafond où se trouvait Yersine quelques secondes plus tôt.

- ATTENTION !

Peu locace. Mais rapide.
Une seconde araignée tomba du plafond où elle avait fait sa toile. Congénère anonyme, partenaire ou simple allié domestique de la sorcière maitresse de ces lieux, il ne savait pas. Mais sa violence n'avait d'égal que son agressivité. Et ses pattes cherchèrent à planter leurs griffes dans les plumes de la jeune femelle.

Elle réussit à les tirer hors du chemin du monstre, et relâcha ses muscles lorsque l'immonde bête s'écrasa contre le mur du fond. Eva fit alors la manoeuvre la plus stupide de sa carrière : elle fit ce qu'elle avait toujours fait lors d'une situation critique, prendre de la hauteur.

Elle se rendit compte que c'était particulièrement stupide lorsque son regard accrocha un reflet lumineux, un reflet poilu, un reflet mouvant, et que quelques os tombèrent en pluie autour d'elle, certaines se coinçant entre ses plumes. Elle leva le museau, juste pour apercevoir une seconde tricoteuse.

Il y en a DEUX ?

Déjà, elle lui tombait sur le poil. Eva fit une cabriole, se retournant sur le dos et enroulant ses ailes autour de son corps, bénissant ces heures passées à voler et à se contorsionner dans les airs pour apprendre des figures plus ou moins étranges sensées la tirer d'éventuels mauvais pas. Elle sentit les pattes de l'araignée glisser sur son corps, accrocher quelques plumes, tirer sur ses poils et même tenter de s'accrocher à sa queue qu'elle replia prestement autour de sa taille, comme sa mère le lui avait appris des mois, non, des années auparavant (tant de temps ? Mon dieu !).

Elle regarda l'agile animal heurter le sol dans des cliquètements affreux, sans mal visible. Eva fit tourner ses oreilles dans tous les sens, indécise. Le loup bleu, de son côté, semblait beaucoup plus s'adapter à la situation : il venait d'écrabouiller le premier monstre du lustre qui trônait au centre de la pièce. Les ombres dansèrent, la pièce devint tout de suite beaucoup plus sombre et à la lutte s'ajouta un désavantage.

Ils n'y voyaient vraiment plus grand chose.

Par chance, quelques poils roussis sur le dos de la première araignée permettait de la repérer de loin, une odeur de roussi se répandant dans la pièce. Le second monstre, lui, s'était fondu dans les ombres et rôdait, seulement annoncé du bruissement des os qui s'entrechoquent.

Le lustre ne lui avait pas fait du bien, non.

Pas du tout, même.

Elle était pas contente contente, la petite araignée géante. Elle sifflait, crissait, et crachait à qui mieux-mieux, les bouts d'os fichés dans sa chair attisant le mal provoqué par le meuble dont elle avait eu tant de mal à se dépêtrer. Le sang lui coulait sur le dos, sur le ventre, et cette sensation de brûlure qui s'y ajoutait n'était pas étranger à la colère qui montait du bout de ses pattes jusqu'à son cerveau sur-stimulé.

Elle crissa une fois encore, secoua son grand corps d'araignée, et cibla ce loup qui l'avait blessé une fois, deux fois, et qui ne voulait pas se laisser toucher.

Mais il ne s'en tirerait pas comme ça. D'une violence aveugle, elle se rua vers le petit être bleu, si minuscule, il ne devait pas pouvoir lui faire bien mal ! Et ses crocs en avant, le venin prêt, tenta de percer sa chair si douce.

[1 dé FOR contre Yersine]


Yersine : 7/7
Eva : 7/7

VS

Araignée de Mona Lisa : 10/15
Araignée agressive : 15/15

Aragog

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Yersine : 4/7
Eva : 7/7

VS

Araignée de Mona Lisa : 7/15
Araignée agressive : 15/15

       

La patte siffla près de son torse. La mâchoire claqua près de son oreille. Mais ce fut un débris d'ossement qui le fit glisser. Il tomba lourdement a terre, incapable de réagir à temps. Et les griffes de l'immonde bestiole s'enfilèrent dans son épaule, le soulevant, le projetant. Il fila, petite étoile bleue. Il s'écrasa, petite mouche bleue. Contre ce mur de dégout, de honte. Le souffle coupé, l'épaule endolorie, il chercha à se relever. Mais a quoi bon. Il allait boiter un bon moment.

Il ne savait pas où en était la louve-oiseau, si elle allait bien, si elle avait réussi a abattre son monstre, ou bien s'était enfuie. Il ne savait pas. Il ne savait plus. Alors, dans une ultime respiration, un soupire, un murmure parmi les chuintements horrifiants, il s'adressa à celle qu'il espérait encore de ce monde, encore avec lui, précieuse alliée en ces temps funestes.

- Les... crânes. Fais tomber les crânes.

Aragog

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Yersine : 3/7
Eva : 7/7

VS

Araignée de Mona Lisa : 7/15
Araignée agressive : 10/15

       

Mais la femelle ne put l'écouter. Bien trop prise avec sa propre vie, elle bourdonnait avec véhémence, attaquant, griffant, mordant son sauvage opposant avec une grâce inégalée. Une bestialité à son apogée aérienne. Mais lui. Lui, était toujours a terre. Aux prises avec ses propres démon.
Alors, quand il vit l'immonde bestiole le charger, il ne bougea pas. Il allait déguster, prendre cher. Mais il était près à ce sacrifice. Car de sa force, le goliath allait l'écraser de nouveau contre cette paroi osseuse. De sa force, les murs allaient trembler.

Et s'effondrer.
Ce ne fut, pendant un bref instant, qu'une onde de choc dans son poitrail. Puis dans son dos.
Dans ses oreilles, jusqu’à vrombir de puissance, éjectant un a un les ossements dans une avalanche tonitruante et macabre.