Perdu - Astrid

Sa tête se tourna vers la gauche, puis vers la droite.
Ici, tout se ressemblait, et c'était bien ça, le problème.
Iberis, aventureux, avait manqué de prudence en venant dans ce désert, il avait pensé pouvoir retrouver facilement son chemin, juste en faisant demi-tour, mais ça n'avait pas été le cas, et, maintenant, il était perdu.
C'était la première fois qu'une telle mésaventure lui arrivait et, bien évidemment, Iberis n'était pas serein. Si il ne parvenait pas à retrouver son chemin... Ou, même, si il le retrouvait trop tard, Maman risquait alors de se rendre compte de son absence et il aurait des problèmes.
Au moins, il la décevrait. Ce n'était pas quelque chose qu'il souhaitait, sans surprise.

Le coeur battant, l'adolescent fronça les sourcils et hâta le pas.

- EH, IL Y A QUELQU'UN ?

Qu'on lui vienne en aide !

Astrid regarde au loin la forme bougée. Elle n'y croyait pas au début, mais, une voix retentit et ses oreilles se dresse. Non, elle ne venait pas de rêver ? Son coeur se serre dans sa poitrine. Ses pattes la font souffrir, -mais.. Elle ne voulait plus rester ici toute seule plus longtemps. Alors, elle se relève, et se mit à courir droit vers la forme. Plus elle approche, et plus elle voit que c'était un loup.


C'était son ami.


Un hoquet sortit, heureuse, se rapprochant rapidement avant de se prendre la patte dans un bout de cactus planqué dans le sable. Astrid se mit à rouler dans le sable avant de retomber non loin d'Ibéris dans un gros bruit sourd. Grognant, la femelle se redresse durement en grimaçant. Son petit sac retombé plus loin. Tant pis..


D'une petite voix fatiguée, elle l'appelle.


"-Ibéris..?!" Fit elle.

Ses oreilles se dressèrent sur le sommet de son crâne lorsqu'il perçut un bruit.
Un prédateur ?
Non, Astrid.

Iberis trottina vers la louve sombre et, galant loup qu'il était, s'empressa de l'aider à se relever.

- Bonjour Astrid, je suis ravi de te voir. Tu tombes à point nommé. Sais-tu comment sortir de ce désert ? Ca fait des heures que je tourne en rond.

Au moins, il n'était plus seul dans ce pétrin et plaçait, en la louve, de grands espoirs.
Le jeune mâle écarquilla les yeux.

- Quel malotru je fais ! Tu n'es pas blessée ? C'était une sacré chute.

Toujours serviable, il décida de lui ramener son petit sac.

Sa tête lui faisait mal, sa patte se posait dessus pour la soulager quand le mâle venait direct lui asséner des paroles. Bon sang, s'il pouvait attendre ne fusse qu'une petite seconde de plus le temps qu'elle se remette, cela serait hyper gentil de sa part. Elle est debout, enfin, elle entend encore Ibéris parler mais c'est assez vague et à ses côtés se retrouvait de nouveau son sac.



Oula, elle ne comprenait pas ce qu'il se passait. Mais.. Elle secoue la tête. Mauvaise idée, la douleur lui lançait des poignards dans la cervelle.



"-A qui le dit tu... Ca fais super mal! Mais je crois que ça ira!" Avec sa gueule sèche, et encore en plus le sable, cela lui faisait horriblement mal à sa peau sèche. Elle tousse, et se secoue pour chasser le sable de sa fourrure qui lui donnait une teinte brunâtre. Elle tourne la tête, tirant son sac vers elle.



"-Oui... je le sais..." Fit elle. Cherchant dans son sac l'objet sacré pour ses voyages.

Le sac ramené, il resta près de la louve sombre.

- Prend le temps qu'il te faudra pour te remettre de cette chute.

Mais pas trop, tout de même.
Iberis craignait que son absence soit remarquée mais ne souhaitait, cependant, se montrer plus impolie avec la jeune femelle. Ce ne serait pas convenable et il valait mieux que ça.
Un sourire ravi étira les commissures de tes babines.

- Oh ! Quelle chance j'ai eu de tomber sur toi. Tu es ma sauveuse.

Son regard balaya les environs et son sourire s'effaça lorsqu'il aperçut le squelette de ce qui devait être un congénère.

- Je crains que d'autres n'aient pas eu cette chance...

Astrid se mit assise sur les fesses, son sac entre ses pattes arrières. Elle cherche, mais elle ne trouve pas. Un rictus agacé déforme sa gueule et elle se lève en titubant pour aller chercher dans le sable. Son regard se pose sur chaque recoins, elle se concentrait pour trouver le point qui pourrait lui indiquer ou elle était et c'était là, que le brillant se fit.


Elle était là.


La louve se rapproche et déterre son issue de sortie avant de revenir vers le mâle pour relâcher. Elle souriait, un brin heureuse, les joues rouges.


"-Avec ça, on peux se sortir de n'importe quelle situation géographique! Ma boussole!" Elle souriait, tellement. "Enfin, j'espère que rien ne perturbera l'aiguille..." Elle observe l'objet sur le sable, regarde autour d'elle, avant de la prendre et de la rangée en lâchant un petit "suit moi". Il fallait partir. Mais, à peine quelque pas fait que sa vue se troublait rapidement, oh non, pas maintenant. Cela faisait trop longtemps qu'elle était sous ce soleil et cette chaleur. Un pas, une patte flanche, et voilà qu'elle s'écroule net.

Elle s'écroula devant lui.
Iberis haussa les sourcils et ouvrit la gueule, surpris par la chute de la femelle. Quand bien même son malaise avait été perceptible, il n'avait envisagé que les choses aillent jusque là. Dans tous les cas, ça n'était pas pour le rassurer et le confortait dans ce qui avait été décidé : il fallait partir d'ici au plus vite.
Mais, seul, il ne savait comment s'y prendre et n'allait, tout de même, pas là laisser ici.

L'adolescent s'avança vers Astrid. Par chance, elle n'était pas très grande et ne devait pas, non plus, être très lourde. Alors il put s'abaisser pour hisser son corps, un poids mort, sur ses épaules musclées.

- Peux-tu m'indiquer la direction à prendre ?

Il espérait qu'il lui restait assez de forces pour faire ce genre de choses.

Peut-être à cause du poids d'Astrid ou à cause de sa propre maladresse... non, c'était à cause du poids d'Astrid, Iberis sentit ses pattes glisser sur le sable et il finit à plat ventre, les crocs serrés et l'expression agacée.

Astrid n'avait rien vu venir, mais ce fut d'un coup qu'elle était tombé sur le sol presque mou. Sa vision avait été noircie, ses sens totalement détruit subitement. L'angoisse l'avait prise avant qu'une fraction de seconde plus tard, plus rien n'existait autour d'elle. Sa cage thoracique se soulevait si lentement, elle était fatiguée, elle avait bien trop chaud.


Pourtant, elle sentit vaguement quelque chose la soulevée, ce fut à ce moment là, quand sa tête retomba mollement dans le vide, qu'elle se rendit compte que le mâle venait de la portée. Un non voulait sortir, peu habituée à ce genre de contact, mais avant qu'un son ne sorte, il se mit à parler. LA tête dans le brouillard, elle avait tellement de mal à remettre ses idées en place. Et la chute, qui suivit n'arrangeait tellement pas les choses. Les larmes étaient prêtes en coulées, mais dans ce désert, cela ne servirait à rien..



Doucement, elle se dégage du mâle en tentant de ne pas lui faire plus de mal, couchée, pattes repliées contre sa poitrine avec un air tellement désolé. Se sentant si inutile sur le moment, elle sentit ses babines tressaillirent sous la tristesse.



Sa fourrure noire n'arrangeait tellement pas les choses avec la sensation que toute la chaleur du monde lui écrasait le corps. Son dos la brûlait un peu, comme elle rêvait de retourner dans la mer à cet instant.. Et quand son regard tournait sur sa sacoche, Astrid reprit la boussole qu'elle sortit.



"-Il...il faut regarder l'aiguille... suivre l'aiguille nous sortira de ce désert, et nous conduira direct à ta frontière! Double chance, nous aurons de l'eau..." Dit elle de sa petite voix. Ou alors y avait les montagnes, mais la, la louve ne voulait qu'une chose, partir, et gravir les montagnes n'était pas dans ses projets..


Difficilement, elle puisait sur ses pattes, grimaçante.

Iberis se redressa bien vite et épousseta son pelage sombre, tout en écoutant les explications données par son amie.
Son regard bleu se posa sur le cadran de la boussole. Il n'avait jamais été amené à utiliser tel objet mais... Mais Astrid saurait bien le corriger si jamais il faisait faute route.
Il fronça les sourcils.

- Attends, tu n'es pas en état de marcher.

Pas seule, en tout cas.
Avec la fatigue, il n'était peut-être pas capable de la porter comme l'aurait fait un chevalier, mais put, au moins, se placer sur l'un de ses côtés pour soutenir son corps du sien.