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Sujet: Offrande l Yurai + Libre Lun 27 Jan 2020, 01:02
Eva rôdait depuis quelques jours autour de l’Eglise aux Corneilles. Beaucoup d’émotions s’entrechoquaient au sein de son coeur, et elle avait du mal à les démêler. C’était la raison pour laquelle elle passait du temps autour de ce grand bâtiment de pierre. Elle n’avait pas envie d’entrer, mais elle n’avait pas envie non plus de s’en éloigner. Indécise, perturbée. Dire qu’elle était perdue aurait été un bien grand mot, elle n’était que troublée pour l’instant.
Déjà, elle était triste. Une sombre tristesse qu’elle avait du mal à évacuer. Volstein s’était volatilisé sous leurs yeux à tous, et au milieu de l’assemblée elle n’avait pu faire son deuil, afficher sa tristesse et pleurer ce Roi qu’ils avaient eu. Alors, sur son chemin hésitant entre la Vallée des Murmures et l’Eglise de la Corneille, elle passait mille fois devant la statue de Sercan, et mille fois devant la statue du grand loup argenté. Et mille fois elle s’arrêtait, observait leurs yeux de pierre, ouvrait à demi la gueule comme si elle allait parler puis repartait sans un mot.
Incapable d’exprimer ce qu’elle ressentait, parce que ses pensées étaient toujours parasitées par autre chose.
Elle était triste, aussi, mais d’un autre genre de tristesse. Parce que dans l’Eglise régnait l’aurore boréale de Kerguelen, et à chaque fois que les yeux de la louve se posaient sur cette onde colorée, ou sur les reflets qu’elle provoquait sur chaque arrête et chaque face de pierre de l’église, chaque banc de bois ourlé de bleu, de vert ou d’argent, elle avait envie de mordre. De pleurer. Et de mordre.
Yurai avait dit qu’elle s’occuperait de Kerguelen, et Eva avait toute confiance en la déesse pour ramener la jeune louve grise, mais ça ne l’empêchait pas de ressentir une sombre frustration à cette pensée. La jeune avait perdu père et mère dans un laps de temps particulièrement court, deux personnes formidables qu’il ne serait jamais possible ni d’égaler ni de remplacer. Alors Eva comprenait ce vide qui avait du la saisir, cette douleur, cette explosion en son sein. Mais elle n’acceptait pas pour autant sa disparition. Et si elle ne revenait pas ? Et si elle revenait… Différente ?
Alors, a chaque fois, entre la statue et l’éclat de l’aurore boréale, son coeur tiraillé se fendait en deux et elle repartait d’un pas rageur, effrayant les corneilles et brisant momentanément la quiétude des lieux.
Lorsqu’elle marchait dans la forêt qui bordait l’Eglise, d’autres sentiments la prenaient. Son esprit divaguait immanquablement vers la cérémonie qui avait eu lieu quelques jours plus tôt, et si elle réussissait à laisser de côté ses pensées liées à Volstein et Kerguelen, son coeur se serrait au sujet de Starset. Que devenait-il ? Le petit loup chocolat qui était venu chercher conseil auprès d’elle et qui l’avait, de ce fait, tant touché ? Elle s’était sentie comme un parent à qui l’enfant témoigne de la confiance, et vient confier ses doutes et ses peines.
Et maintenant, il avait laissé cette offrande, mais n’était pas venu. Elle doutait tant ! Elle savait qu’elle devait aller voir les Etelkrus, pour leur demander une explication, et que sinon son esprit ne serait jamais en paix. Mais est-ce que sa venue serait vue d’une façon positive ? Ne risquait-elle pas de lui apporter plus d’ennui qu’il n’avait déjà ? Et si son clan lui reprochait son affinité pour les Nakhus ? Alors, elle risquait de tout foutre en l’air. Elle avait beau dire, ces Etelkrus l’intimidaient. Une partie d’elle était persuadée qu’il fallait faire quelque chose, mais une autre renâclait.
Elle avait beau penser aux belles choses qui étaient arrivées, rien n’éclipsait les doutes qui l’envahissaient. Elle était triste, et avait du mal à évacuer ce sentiment. Elle savait que ça ne servait pas de lutter. Que parfois, il fallait faire face à ces émotions, les laisser l’envahir, les embrasser, soupirer, et les comprendre avant qu’ils ne la laissent tranquille.
Elle ne l’entendit pas renâcler tout de suite. Elle commença d’abord à se rendre compte que les feuilles faisaient plus de bruit, que des craquements se produisaient, avant d’être enfin sortie de ses pensées et de focaliser son attention sur la Bête.
Ca n’était pas une Bête comme celle de l’Upside Down, ou comme la Goule de la belle Nocera, non. C’était un Esprit de la Forêt. Eva était très haute sur patte, et dépassait un grand loup d’une ou deux têtes en général. Mais Lui, il en faisait trois ou quatre de plus qu’elle, et c’était sans compter les bois, ces majestés au mille embranchements qui dénotaient son âge vénérable sans le handicaper, et faisait de lui un véritable Maître de la forêt. Son regard était curieux et sans une once d’animosité. Ses muscles roulaient sous sa peau, qui s’agitait parfois de tics pour chasser une mouche un peu trop téméraire. Ses pattes s’enfonçaient dans la terre meuble - il devait faire plusieurs centaines de kilos, avec ses ornements.
Ses ornements…
Eva plissa les yeux. Elle se rappelait d’une discussion qu’elle avait eu avec Sobieski sur la faune des terres Nakhus, et elle se souvenait de ce qu’il lui avait dit à cette occasion. Les ramures des cerfs sont très importantes pour eux ! Elles ont un rôle de caractère sexuel secondaire. Ils s’en servent pour se battre à la saison des amours ! Mais les bois tombent après la période de rut à la fin de l’hiver et repoussent tous les ans.
Elle s’approcha d’un pas, deux.
Eva n’était pas d’un naturel agressif - bien au contraire. Elle était douce, sympathique, aimante, agréable. Gentille. Mais elle avait besoin d’évacuer beaucoup de choses, et ce cerf semblait une façon parfaite de le faire. Il semblait presque envoyé par Yurai. Coïncidence ? Oui, sûrement, elle ne croyait pas aux signes de ce genre - après tout la forêt était immense, des cerfs de ce type devaient bien se trouver partout. Mais celui là se trouvait devant elle, maintenant, et c’est tout ce qui comptait. Son regard perçant semblait la jauger, la juger.
Serait-elle un adversaire à sa taille ? Eva gonfla son poitrail, se grandit, et étendit ses ailes de chaque côté de son corps ses plumes frétillant et oscillant au grès du vent et des contractions de ses muscles. En réponse, le cerf baissa un peu plus la tête, présentant andouiller, surandouiller chevelure trochure époi et enfourchure. Des armes de choix. Eva, de son côté, n’avait que son courage, son corps frêle, ses pattes en bâton de surimi et son coeur gonflé d’ardeur. Le Monstre lui faisait face, fier. Son corps allait de la couleur du bois de chêne, un chaleureux brun roux captant tous les reflets du soleil froid de l’hiver, au noir de jais qui se confondait avec l’humus qui recouvrait le sol silencieux de la fôret.
Eva frissonna. Il faisait froid, en cette journée de fin de l’hiver, et la neige recouvrait sol, plantes et arbres d’un manteau immaculé qui mangeait les sons et étouffait les bruits. Mais ça n’était pas ce qui actionnait ses muscles. Elle sentait l’adrénaline qui commençait à enflammer son sang, courrait dans ses veines et brûlait tout son corps.
Aujourd’hui, elle était Nakhu. Mais c’était la rage d’un soldat Etelkru que l’on retrouvait dans son regard, la détermination du guerrier prêt à tout pour arracher la victoire à l’ennemi qu’il s’était fait. La louve ancra fièrement ses pattes dans le sol, renversa sa tête en arrière et hurla.
Elle ne hurla pas à la lune blonde et gibbeuse, pas plus qu’aux étoiles ses amies, mais à l’attention de ce Roi qu’elle entendait bien Défaire en son propre royaume. Son hurlement, aigu et délicat, eut en écho un brame de l’élaphe. Le raire s’arrêta enfin après de longues minutes, et le calme revint, complet.
Mais pas pour longtemps. Eva déjà avait baissé sa fine tête pour raser le sol, cachant à ce prédateur, oui c’était un prédateur pour elle, son cou délicat où palpitait le sang de sa vie, et qu’un simple coup de sabot ou de bois risquait d’ôter, sans sommation. Elle n’était pas ici pour en finir, mais pour ouvrir un nouveau cycle. Elle commença à marcher en cercle autour de l’animal fabuleux, passant entre les arbres comme une ombre bicolore, ses longues ailées plaquées comme une couverture sur ses flancs pour ne pas gêner sa marche - sa chasse. Une simple erreur, une simple faute d’inattention pouvait lui être fatale. Si elle savait quel était son but, le cervidé lui se battait pensait-il pour sa vie, et n’en serait que plus agressif. Déjà, la nervosité semblait le prendre. Il n’avait pas peur d’elle - comment le pouvait-il ? Elle n’était qu’une petite louve, seule de surcroit. Mais que son attitude était étrange !
Il pivotait sur lui-même, tournait et tournait encore pour ne jamais lui montrer le dos, et surtout les tendons, cible privilégiée des petits et grands prédateurs. Un cerf qui ne pouvait fuir était un cerf moribond, que rien ne pouvait sauver d’une mort certaine. Mais Eva tournait, et tournait encore sans s’approcher. Dans cette futaie, elle n’était pas à son avantage, elle qui avait l’habitude de chasser dans les endroits ouverts où son agilité et ses ailes pouvaient être exploités à leur maximum. Alors, elle devrait faire sortir le Roi de son territoire, pour qu’ils se battent à arme égales. Ou mieux équilibrées.
Eva s’accroupit encore, se rendant plus petite encore, mais surtout assouplissant ses mouvements et son corps pour marcher d’une façon aérienne, volant sans appendices, effleurant le sol sans faire craquer une seule des feuilles parsemant les gelées.
Devant elle, le Roi s’impatientait. Son pelage, malgré le froid ambiant, se couvrait très lentement de sueur, et il agitait sa tête massive, ses naseaux relâchant des fumerolles tourmentées. Qu’il était beau, Eva ne pouvait que constater ! Qu’il était grand, qu’il était puissant, et fier ! Proie, mais déterminée à se battre pour tout ce qu’il protégeait, et pour sa vie. Qu’il était Nakhu, ce cerf, qu’il représentait les valeurs de sa meute !
La louve bicolore bondit finalement, rasant le sol, visant les pattes arrières en une attaque manquant de subtilité et de surprise pour privilégier la technique et ce que lui avait appris Ajani. Elle était loin d’avoir atteint sa cible lorsque son museau se retrouva face aux bois mortels, l’obligeant à reculer d’un pas souple pour ne pas subir leur ire.
Mais ça n’était qu’une façon de tester le mâle, comme ce dernier testait ses réflexes, son agressivité. Sa volonté.
Mais Eva n’abandonnerait pas. Sa résilience était aussi importante que la fierté du mâle dominant, et elle comptait bien le prouver. Elle changea de sens, sans jamais cesser de tourner, obligeant le cerf à se réajuster perpétuellement pour rester dans sa ligne de mire, et ne pas risquer une ouverture potentiellement dangereuse. Elle bondit de nouveau en avant, mais une fois encore le coeur n’y était pas et le cerf le sentit, ne fit que présenter ses bois qu’elle esquiva avec une déconcertante facilité.
Si elle ne s’investissait pas un peu plus dans cette bataille, elle n’en tirerait rien d’autre qu’une frustration doublée de remords. Des et si qui trotteraient à jamais dans son esprit.
Alors elle changea de tactique, se hissant d’un bond sur une branche basse d’un arbre coopératif. Oui, il allait l’aider un petit peu. Le cerf, décontenancé par cet adversaire qu’il n’avait jamais vu et dont les techniques le perturbaient, se redressa toutefois fièrement sans perdre une once de terrain. Eva n’avait aucune chance en l’attaquant de front, elle devrait donc lui voler dans les plumes si elle souhaitait un quelconque résultat.
Elle lui jeta un caillou.
Que c’était couard ! Que c’était vilain ! Le caillou rebondit mollement sur les bois de la bête, qui secoua la tête d’un air ennuyé. Etait-ce là tout ce dont elle était capable, elle puceron des airs ? Eva jeta donc un second caillou. Un troisième. L’animal commençait à perdre son calme. Dénigrait-on ainsi le Père des Pères ? Avait-on le droit Lui de Le heurter de la sorte ? Il n’en était pas si sûr. Alors, sans crier gare il se hissa sur ses postérieurs et se propulsa en avant d’un bond effrayant, ses bois pointés sur la louve qui se laissa tomber comme une pierre, ce qui lui sauva probablement la vie. Les bois ne firent qu’effleurer son flanc délicat et faillirent lui déchirer la cuisse : elle n’en dut l’absence de plaie mortelle qu’au mouvement de hanche qui fit glisser la ramure sur son muscle plutôt que dedans. Et alors qu’elle s’échouait dans la neige, elle se reprit d’un bond, électrisée et reprenant ses distance, se cachant derrière un tronc, puis un autre, zigzaguant sans perdre de vue sa proie. Son agresseur ? Elle n’aurait jamais pensé le voir bondir si haut, était-ce seulement possible ? Là où elle se croyait en sécurité, il l’avait surpris.
Elle haletait, mais son corps, fiévreux d’adrénaline, ne ressentait pas la douleur. Pas encore, pas pour l’instant, alors que les premières déchirures faisaient leur apparition.
Le cerf, sans la courser, la suivait d’un pas alerte. Il n’avait plus l’intention de la laisser s’échapper, c’était trop tard. Eva entendait ses pas faire craquer la neige, percer la première couche et s’enfoncer dans le sol, à un rythme régulier. Il venait la chercher.
Elle déviait sa course, louvoyait entre les tronc, et finit par s’arrêter pour lui jeter un regard en biais. Une belle allée, entre Lui et elle. Une belle allée dans laquelle il renâcla une fois, deux fois, avant de baisser la tête, noble. Et foncer, se propulsant comme une balle dans cet espace réduit, concentrant toute sa puissance dans son train arrière et plantant ses sabots dans le sol pour accumuler plus de force encore.
Mais cette fois, Eva ne se laissa pas avoir : elle bondit avant même de le voir démarrer, sachant qu’il s’agissait de sa seule chance d’en réchapper, et alla de nouveau se cacher derrière un tronc. Ce dernier trembla si fort, lorsque le crâne dur du cerf s’y heurta ! Et Eva eut si peur, en voyait les deux bois dépasser de chaque côté de son abri, effleurant ses épaules et ses ailes, la parant de multiples égratignures ! Une vague glacée la parcourut, la prit à la gorge et lui donna envie de vomir - elle la repoussa pour plante griffes et crocs dans les bois à sa droite.
Quelle tentative misérable !
Quelle idée irréfléchie !
Le cerf faillit emporter dentition et même le reste de son visage dans son mouvement de recul, et Eva comprit qu’elle n’arriverait jamais ainsi à avoir son trophée. La technique était bonne, selon elle, mais inaboutie. Le cerf, furieux, redressa la tête et brama de plus belle, défiant son adversaire à venir se battre comme un cerf, et non pas comme un couard de loup aviaire.
Mais Eva était un couard de loup aviaire qui n’avait que faire de ces intimidations et appels à son courage - elle préférait encore vivre demain. Elle se releva et fila ventre à terre, de toute sa vitesse cette fois, sa longue queue argentée comme un fanion derrière elle. Elle cherchait quelque chose, et si elle ne trouvait pas, elle ne pourrait pas mettre son plan à exécution.
De nouveau, ses longues discussions avec Sobieski lui revenaient, sur la flore cette fois. Oh, les vignes, ça s’exploite oui mais c’est aussi du vrai chiendent en forêt ! Le houblon par exemple se trouve souvent grimpant sur d’autres troncs, on en tire du lupulin, qui est un sédatif mais qui permet aussi de faciliter la digestion.
Les caractéristiques de pharmacopée ne l’intéressaient pas aujourd’hui, Kerguelen aurait probablement pu en faire une préparation utile, mais c’est plutôt la forme en liane de ses appendices qu’elle recherchait. Et qu’elle trouva ! Après plusieurs mètres de course - l’animal la coursait maintenant, uniquement maintenu à distance par les virages incessants de la louve - elle finit par tomber sur la plante vivace. Elle l’arracha sans attendre, en prenant la plus longue quantité qu’elle put se permettre, et repartit de plus belle.
Elle tournait en rond, et revint sur ses pas. Elle ralentissait de temps à autre, laissait le cerf la rattraper et parfois même jetait en sa direction sable et neige pour attiser sa fureur. Ca n’était pas très gentil, et elle se sentait coupable de traiter ainsi le Roi, mais si elle ne se faisait bouffon elle ne serait pas à la hauteur de sa tâche. Alors elle revint dans cette semi-clairière, celle d’où ils venaient. Et de nouveau, en cet espace le lui permettant, le cerf baissa ses andouillers, ancra ses pattes dans le sol, et chargea. Il chargea, plus vite encore que la première fois, plus fort encore que la première fois, et alors qu’elle répétait sa manoeuvre Eva s’inquiétait.
Et si ?
Et si l’arbre ne tenait pas ? Et si les bois s’enfonçaient non pas dans l’écorce mais dans sa chair tendre, déchiraient ses muscles, labouraient ses flancs, enfonçaient son crâne, brisait ses pattes ?
Une vague de terreur manqua la paralyser, la mettre à terre. Ses yeux roulèrent dans ses orbites, fous, ses pattes flanchèrent à demi, son poil plumeux se hérissa comme en une dernière semonce, et Eva se reprit.
In extremis, elle se jeta derrière le tronc choisi, au dernier moment, un peu plus épais que le précédent. Mais d’un mouvement beaucoup trop gauche, et l’un des bois perça son épaule, profondément, d’une estafilade marquée. Aussi importante que s’il était armé d’un couteau, plus désagréable qu’un coup de griffe. Eva eut un bref hurlement, et laissa tomber son moyen de défense - la liane. Elle la rattrapa au vol, recula d’un pas, et commença à nouer
Nouer
Et nouer encore, de mouvements habiles et frénétiques, asticotant le cerf pour qu’il garde, le plus longtemps possible, sa position. Et elle nouait, passant et repassant la liane autour des bois pour la solidifier, sachant que dix passage d’une corde aussi fine valaient mieux qu’un seul d’une autre plus épaisse. Elle n’avait pas fini son oeuvre lorsque le cerf tira, et c’est agrippée à la liane et l’oeil fou qu’elle sentit cette dernière lui déchirer la gueule, attirant momentanément son attention sur une douleur autre que celle de son épaule.
La corde se tendit, et se tendit encore.
Mais ne rompit.
Le cerf tapa de nouveau dans le tronc, et ce dernier branla encore, moins que la première fois, mais le bois affaibli craqua. Eva en profita pour faire de nouveaux tours de la liane sur les ornements du cerf, et de nouveaux noeuds. Elle ne pouvait pas continuer à tirer - elle ne ferait que s’esquinter la mâchoire. Alors son piège plus ou moins assuré, elle tapa. Elle tapa de biais dans le bois de ses pattes, grattant de ses crocs, poussant tant qu’elle pouvait, suant sous l’effort et la peur, alors qu’à chacun de ses mouvements le cerf ébranlait à la fois sa ramures et l’arbre qu’il entourait de ses bois. Les coups résonnaient dans toute la forêt, et plus il s’énervait, plus les coups redoublaient. Plus sa fureur le consumait. Et moins il faisait attention à lui, à sa condition, frustré qu’il était d’être à la merci d’un si petit prédateur, d’un arbre si ridicule, de quelques liens si faibles.
Lui Roi, on se moquait de Lui. Et c’était inadmissible.
Alors sa violence augmentait encore et encore alors que se consumaient ses forces, et Eva de son côté tapait et tapait aussi de ses faibles muscles dans le sens contraire pour fragiliser comme elle le pouvait cette parure qu’elle briguait.
Du sang commençait à apparaître à la base du crâne du cerf, se mêlant au sol à celui d’Eva pour ne former qu’une flaque carmin qui pâlissait au contact de la neige qu’elle faisait fondre. Tout se mélangeait, et la tête d’Eva commençait à lui tourner. Depuis combien de temps ce combat durait-il ? Elle ne se souvenait plus. Une seconde, une heure, un jour ? Tout se succédait, elle ne savait pas, ne savait plus.
Ce ne fut pas l’arbre qui céda. Les bois avaient été si malmenés par les éléments, et probablement aussi de nombreux combats à la saison des amours, qu’ils finirent par lâcher les premiers, tombant l’un dans un craquement sinistre et le second peu de temps après alors que le cerf ruait de plus belle, affolé par la perte de son premier trophée.
Enfin, il se libéra.
Enfin, il retrouva sa liberté, qu’il chérit de quelques bonds, avant de s’arrêter, se tournant de nouveau vers la louve, indécise.
Cette dernière gisait à terre, entourée de ces bois durement gagnés, le souffle court, l’oeil incapable de se focaliser sur quoi que ce soit. Elle gisait. Mais ça n’était pas fini. Tout n’était pas fini, non. Elle ne pouvait pas… Elle ne pouvait pas le laisser partir comme ça, c’était impossible. Indigne. Elle lui avait tant pris ! Elle ne pouvait donner à cette exacte mesure, mais elle pouvait au moins faire un geste, aussi dérisoire soit-il. Alors elle allongea le museau, déplia et plia à moitié ses ailes et tira sur la plus grande de ses rémiges, une plume d’une blancheur insolent. Tira, et tira.
Jusqu’à ce que, comme les bois, la plume cède, lui tirant une larme mais pas un cri, cède et tombe au sol. C’était une plume immense, digne de l’empennage de la louve, presque digne de la prestance du brun Roi des Forêts. Eva se traina au sol, sur quelques mètres, avant de poser entre eux la Plume.
Elle reflua, telle une vague fatiguée d’avoir gravi la grève. Le cerf resta immobile. Il le resterait jusqu’à ce qu’elle quitte les lieux, comme la fureur avait quitté son corps de Bête et ses ornements son crâne noble.
Mais ça n’était pas terminé. Elle se saisit des lianes, toujours nouées aux bois, et commença à s’éloigner du champ de bataille, signalé de grands sillons noirs de terre et d’une effusion de sang. Du champ de bataille vers le Temple.
L’Eglise.
Lorsqu’elle y parvint, ses plaies avaient arrêté de couler, le sang s’était coagulé et avait formé une croute noirâtre qu’elle s’était refusée à panser, méritant selon elle le tourment qu’elles lui apportaient. Le Roi les lui avait infligé à elle, Effrontée de lui avoir fait face. D’avoir osé le défier. Elles avaient toute leur place sur son corps fatigué, éreinté.
Monter les marches de l’Eglise consuma ses dernières forces, et c’est dans un effort qu’elle ne pensait pas posséder qu’Eva alla s’échouer, la parure quelques mètres derrière elle, à égale distance de la statue de Volstein et de celle de la déesse. Elle n’eut pas la force d’une parole, pas la force d’une justification, mais celle seulement d’un long soupir, le soupir de l’Accomplissement, le soupir Juste.
Enfin.
Et elle s’endormit.
Tiramisu » Habitué'
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Sujet: Re: Offrande l Yurai + Libre Ven 31 Jan 2020, 20:50
Un nouveau jour, encore, qui se montrait- et pourtant, le temps s'était comme arrêté, ces derniers temps. Depuis la réunion, depuis que Volstein n'était plus qu'une statue dans l'église, accompagnant la déesse et Sarcan, tout semblait s’être arrêté. Une simple réunion, ou beaucoup de choses changèrent, du tout au tout- même Raison, qui cherchait toujours à garder les pieds sur terre, qui savait tout aussi bien que la vie devait continuer et qu'il fallait avancer, avait du mal avec cela.
Il avait quitté la réunion, signalant seulement à sa fille qu'il allait rester quelques temps dans les champs. Maintenant que son rôle avait été transmis, le Nakhu pouvait maintenant se concentrer sur ses tâches- et sur sa promesse avant tout. Il était même heureux de ne plus porter ce rôle, juste pour pouvoir aider les loups de plus près- et aider aussi au jardin médicinal qui, dorénavant, était passé d'Hanna à Kerguelen.
Kerguelen, il s'inquiétait aussi pour elle, énormément. Le hurlement qu'elle avait poussé, il l'avait toujours qui faisait un écho dans la tête, constamment- tant de douleur qu'il avait ressenti d'un simple cri, un cri qu'on ne pourrait jamais oublier facilement. Raison espérait qu'elle reviendrait, un jour ; il voulait continuer à l'aider, à montrer qu'elle n'était pas seule, que tout les Nakhus restaient présent pour elle si elle avait besoin.
Cette journée, toute une journée, qu'il avait dédié à s'occuper de ses petits champs cette fois, dont les légumes avaient commencés à sortir de terre, certains déjà prêt à être mangés- Certains dont les graines avaient été donnés par Hanna elle-même. Le loup pourpre avait donc décidé de récolter une toute petite partie de ces légumes, et de les couper en petits morceaux avant de faire tout chauffer- tout ça pour préparer une sorte de salade de légumes d'hiver, basique, mais l'intention était là. Et la journée était loin d'être finie. La salade, transportée dans un petit sac composées de grandes feuilles attaché, fut transporté dans une très simple sacoche, portée par Raison- qui décida finalement de s'envoler vers le temple de la déesse, appliquant avec son envol les notions apprises durant son entraînement avec Eva.
Parlant d'Eva... Alors que ses ailes le portèrent vers le temple de la Déesse et qu'il s'y déposa à l'entrée, il ne put manquer la présence d'un loup, au sol, au centre du temple ; et en s'y approchant, il ne pouvait que reconnaître la longue forme ailée qu'était Eva. Son cœur bondit, absolument effrayé par sa présence allongée- et il se dépêcha de la rejoindre, l'observant attentivement. La louve semblait blessée, les blessures n'ayant visiblement pas étés montrés à un Sortcelier ou tout autre soigneur. Non loin d'elle, des Bois de cerf... Elle n'aurait pas tenté d'attaquer un cerf, si ?
- E-Eva ! M'entends-tu ?!
Mais peut-être qu'il devrait agir, plutôt qu'hurler, se disait-il. Il décida de s’asseoir, détachant les bandages qu'il portait sur lui- qui ne couvraient aucune blessures, eux- pour panser Eva comme il pouvait. Il n'avait littéralement rien en plantes sur lui pour la soigner un peu plus, mais tenta tout de même de protéger ses blessures, en attendant ; au moins qu'elle puisse se réveiller. La louve portait maintenant les bandages de Raison, C'est là, qu'il regarda sa petite sacoche de fortune, contenant la salade basique, puis reposa son regard vers la louve à terre. C'est là qu'il décida de placer le paquet sous le museau de la louve, et de l'ouvrir, révélant les morceaux de légumes cuits, de pomme de terre, de carottes et autres, accompagné de mâche.
Ce n'était peut-être pas de la viande, du tout- mais il espérait que si Eva se réveille, elle puisse reprendre un peu de force avec malgré tout. Cette salade, il voulait l'offrir à Yurai, mais qu'elle puisse aussi en partager une partie avec Kerguelen si elle pouvait. Mais... voir Eva, dans cet état, il voulait vraiment l'aider, elle aussi. Mais, il reviendrait bien avec d'autres offrandes, c'était sûr... il espérait que Yurai comprendrait son action. Raison resta donc proche de la louve, la surveillant de près et restant attentif à n'importe quel signe venant d'elle.
Edrakan » Têtu
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Sujet: Re: Offrande l Yurai + Libre Dim 02 Fév 2020, 01:10
Plusieurs heures passèrent avant qu'une âme ne vienne se glisser à travers les hautes portes de l'église. Sur le sol, le corps d'Eva, couturé de cicatrices plus ou moins profondes avait eu le temps de se reposer. Le sang de la plupart des blessures s'était cicatrisé. Sur le noir et le blanc de ses plumes et de son poil un rouge sombre et terreux venait allier les deux couleurs. A certains endroits, le sang plus frais était teinté de carmin, notamment sur son épaule.
Son souffle, bien que faible, était paisible.
Aucune de ses blessures n'était mortelle. Elle boiterait un peu, oui, et dans son empennage une rémige manquait, symbole de son combat passé. Mais le repos était ce dont elle avait le plus besoin, son corps frémissant reposant sur le sol froid de l'Eglise. Si Raison était arrivé plus tôt, il l'aurait peut être trouvée prise de frémissements ou de convulsions. Mais là, elle n'était qu'avachie, corps en attente.
Les quelques mots qu'il prononça parvinrent à ses oreilles, sans qu'elle ne les comprenne.
Effort infini, une de ses paupières se leva à demi. En reconnaissant dans les formes floues qui l'entouraient le pourpre brillant de Raison, ses babines s'étirèrent en un sourire difficile.
Ils sont beaux, n'est-ce pas ?
Sa voix n'était qu'un filet d'eau qu'elle éructait à grand mal, et tombait au sol après avoir atteint seules les oreilles les plus sensibles. Elle parlait des bois, bien entendu, qui gisaient à ses pattes, derrière elle, royaux, immenses, monstrueux, même.
Au contact des pattes de l'habile loup guérisseur, elle grimaça toutefois.
Ah ! Ca pique...
Elle ferma les yeux de nouveau. Son corps la lançait. Courbatures, milliers de coupures et de piqûres, brûlures du frottement des andouillers sur sa peau, plaies. Tout se réveillait au moindre de ses mouvements, et elle préférait encore rester là, sur le sol, allongée.
Le fumet du panier que Raison glissa sous son museau déclencha chez elle un frisson. Sans même s'en rendre compte, elle laissa une mesure du brouet glisser dans sa gorge. C'était chaud - et doux. Allongée, elle releva la tête et toussa, crachant un mince filet de salive. Raison n'était sûrement pas venu jusqu'ici avec toute cette nourriture pour prendre soin d'elle.
Yurai...
C'était son offrande, pour la déesse pourpre. Elle ne pouvait la lui ôter, et sûrement pas pour pallier son manque de force et d'ingéniosité, non. Il méritait de lui présenter son travail, tout son travail. Mais Eva avait si peu de force... Seul le contact de la pierre était un réconfort, quand chaque mouvement tirait à son corps un peu plus d'énergie, et teintait les bandages si gentiment posés sur son corps d'un rouge carmin.
Tiramisu » Habitué'
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Sujet: Re: Offrande l Yurai + Libre Mar 04 Fév 2020, 17:10
L’inquiétude de Raison avait porté ses fruits, ses mots ayant pu réussir à tirer quelques instant Eva de son étrange sommeil. Malheureusement, la louve ailée semblait dans un tout autre monde, préférant se concentrer sur les bois qu'elle avait ramené- c'était donc bel et bien un combat contre un cerf qui avait dû autant lui couvrir le corps de blessures. Le Nakhu aurait été à deux doigt de lui remonter les bretelles non par colère- mais par la grande inquiétude qui l'avait rongé sur le coup, après tout, ils avaient déjà perdu tant ces derniers temps ; et il refusait de perdre encore quelqu'un ! Mais il n'était pas bête, il savait que ses mots ne passeraient jamais dans cet état- et de toute façon, il y avait plus urgent, comme les blessures qu'il pansait.
- Désolé- mais c'est tout ce que j'ai sous la patte pour l'instant. Tiens bon.
C'était tout ce qu'il pouvait vraiment dire pour la rassurer ; il avait peur de la laisser seule sans aide dans le temple. Chercher de quoi la soigner était potentiellement risqué, et tout risque était à éviter à ses yeux. Dès qu'elle pourrait récupérer, Raison serait en mesure de mieux la soigner. Mais pour l'instant, il faisait par petits pas- bandages, et nourriture. Nourriture qu'elle prit en partie, le rassurant un moment- mais le nom de Yurai la stoppa aussi vite dans sa lancée.
- Non, non. Ne t'inquiète pas pour cela, Eva. Yurai peut comprendre que quelqu'un, ici, en a plus besoin qu'autre chose- et tu en as besoin. Je pourrais apporter d'autres offrandes plus tard- mais tu as besoin d'énergie. Mange, s'il te plaît.
Avec son museau, il lui rapprocha un peu plus la nourriture, maintenant que sa tête était levé. Et avec, il détacha sa cape de Sortcelier- la posant au dessus de la louve ailée. Il faisait froid, après tout- il ne faudrait pas qu'elle attrape un rhume avec et il préférait prendre toutes les précautions, même un peu excessives. Raison ne partirait pas jusqu'à ce qu'elle aille mieux, c'était sûr et certain. Il se demandait si Yurai regardait la scène, d'ailleurs- ou peut-être qu'elle avait décidé que tout irait bien et qu'elle n'avait pas besoin d'avoir à surveiller constamment l'endroit-même si lui-même priait, dans sa tête, pour la santé de la louve.
Edrakan » Têtu
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Sujet: Re: Offrande l Yurai + Libre Mer 05 Fév 2020, 00:55
Elle avait mal, mais elle n'était pas si mal en point. Sa douleur venait des blessures qu'elle avait récolté et qui nouaient son corps, les estafilades courant sur son épaule et ses côtes et les multiples coupures sur l'ensemble de son être, mais ne mettaient pas en danger son pronostic vital. Elle n'avait ni organe défoncé, ni oeil enfoncé ou perdu dans la nature, ni aile déchirée ou
Bref
Vous voyez le tableau.
Et Raison qui s'évertuait à la faire boire et qui lui tournait autour, l'engloutissant de sa bonté et de son attention. Au début, Eva lui en fut reconnaissante, et très rapidement une pointe de gêne s'installa. Il était formidable, attentionné, gentil, mais aussi bruyant, fatiguant et poussif et ça n'était pas totalement ce dont elle avait besoin à cet instant précis-
Raison-
Elle se força à se relever à demi, les jambes tremblantes et un sourire sur le visage.
C'était bête. C'était difficile à croire, aussi. Mais si son corps souffrait, son esprit était plus en phase avec lui-même qu'il ne l'avait été depuis des jours. Depuis l'annonce, mais peut être même avant. Eva reflouait toujours ses sentiments au fond d'elle-même et avait du mal à les exprimer, les extérioriser. Même avec les personnes en qui elle avait confiance, elle n'aimait pas leur faire du souci, quel qu'était le degré d'intimité qu'elle avait avec elles.
Alors, là, blessée, elle allait bien.
Raison, arrête, s'il te plait-
Sa voix était douce, à peine perceptible mais aussi déterminée. Autant que pouvait l'être une voix amenuisée par la douleur.
Raison, tout va bien. Calme toi, je vais bien. Tout va bien se passer.
Elle s'approcha et donna un coup de truffe sur le côté de la sienne pour le rassurer, avant de docilement prendre une mesure, puis deux, de potage.
Que c'était bon ! Jamais elle n'aurait eu l'idée de faire... Tout ça. Ca lui semblait même un peu absurde, elle qui était habituée à un tout autre régime. Mais c'était super bon, et encore chaud, et ça faisait tellement de bien !
Tiramisu » Habitué'
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Sujet: Re: Offrande l Yurai + Libre Sam 08 Fév 2020, 18:55
Raison avait du facilement tourner autour de la louve pendant au moins 5 bonnes minutes. Il était inquiet d'un rien- mais c'était Raison. Avec tout cela, ce ne fut qu'au dernier moment qu'il remarqua qu'Eva s'était un peu plus relevée- plutôt, le moment où il se récupéra un coup de museau dans le sien par cette même louve.
C'est là ou il remarqua que, peut-être, il avait quelque peu... abusé sur la situation. Elle était blessée, mais loin d'être mourante- elle parlait, elle pouvait se relever, et elle mangeait. Rien de mauvais autre que ses blessures. Voir Eva lui remettre les pieds sur terre le fit s'asseoir, avec un soupir. - Je, euh... Je suis désolé. Je crois que j'ai laissé... mes émotions prendre le dessus plus qu'autre chose. La panique m'a fait un peu réagir au quart de tour...
Et encore un soupir, juste après ça. Il avait de quoi être désespéré, si il devait réagir de cette manière à n'importe quel loup blessé... Le sortcelier avait de quoi encore apprendre- surtout à se calmer et à rester calme.
Le loup pourpre laissa le stress fuir son corps l'espace de quelques minutes en restant dans sa position assise, avant de se décider à se relever.
- … Si tu penses que ça va aller, je vais te laisser tranquille- tu dois encore déposer ton offrande à Yurai, j'imagine. Il tourna un instant sa tête vers la statue de la déesse, avant de reporter son regard vers la sortie. - Je vais retourner aux champs de mon côté- et vérifier le jardin d'Hanna avec. Fais attention à toi, surtout. Raison lui sourit- un sourire surtout rassuré de savoir que la louve était loin d'être en aussi mauvais état qu'il croyait, avant de s'en aller, laissant ce qui devait être son offrande à Eva sans un mot.
Edrakan » Têtu
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Sujet: Re: Offrande l Yurai + Libre Mar 11 Fév 2020, 00:54
Tout de suite, elle ressentit une vague de honte l'envahir. Elle était venue là s'échouer, comme une baleine sur une plage, incapable de nager ou même de ramper. Et Raison était arrivé, grand chevalier, et avait tenté de lui apporter toute l'aide qu'il pouvait. Sans rien demander en échange, sans rien demander en retour, comme dû entre deux camarades de clan.
Et elle, étouffée par sa sollicitude, l'avait repoussé. Elle ne l'avait pas remercié, à peine regardé, il l'avait nourrie et elle l'avait
Simplement
Repoussé.
Elle gémit doucement :
Raison !
Déjà, il était en train de faire demi-tour. Un instant, un très court instant, elle l'imagina continuer à partir et elle, affalée sur les pierres, incapable de se relever et de le rattraper. Il en avait tous les droits, pire ! Ce serait tout à fait naturel de sa part d'agir ainsi. Son coeur eut une montée d'adrénaline - non, une panique infinie l'envahit. Elle se trémoussa un instant sur le sol, et les bandages se recouvrirent d'un rouge plus vif, plus frais.
Et la silhouette de Raison s'arrêta sur le perron, auréolé de lumière, et la chamade de son coeur reprit un rythme plus raisonnable. Non, il n'allait pas partir et la laisser là avec ses arrières pensées - aussi égoïstes soient-elles.
Raison, je suis désolée, je te remercie-
Elle reprit une lampée d'air, sa cage thoracique encore douloureuse.
Merci, tu n'avais pas à faire ça, ça me touche beaucoup.
Elle ne pouvait pas bouger, encore moins revenir vers la porte, faible comme elle l'était encore. Mais l'intention était là.
Prends bien soin des champs d'Hanna et Kerguelen... Ce sont des personnes si formidables...
Elle ne pouvait se résoudre à utiliser le passer, surtout en incluant la jeune grise dans le lot.
Aiiro » Débutant
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Sujet: Re: Offrande l Yurai + Libre Mar 11 Fév 2020, 13:23
Offrande
Après le départ de Raison et ses remerciements, Eva pourrait sentir doucement une petite aura autour d'elle. Ce ne fut qu'une lumière, comme une petite luciole qui brilla de façon inégale devant le visage d'Eva ; rien qu'une petite portion de la déesse qui venait à sa rencontre. Néanmoins, ce petit feu-follet était éclatant.
"Ne t'en fais pas, vous pourrez reparler et éclaircir cet instant sans doutes."
La voix résonna, partout et nul part à la fois. Puis un vent violacé se souleva et balaya les plumes de la louve blessée, qui put apaiser un peu la douleur même si pas de façon réellement flagrante. Juste un petit baume supplémentaire. La luciole partit avec le vent, ce qui aurait pu diriger le regard finalement vers les bois du Roi de la forêt, remplis de prestance même tirés de leur hôte. Avec la portion de salade de Raison qu'Eva n'avait consommé, doucement, ce fut comme si le vent les engouffra. Particules qui semblèrent le nourrir et le faire briller
"Je prends soin de Kerguelen, elle pourra revenir bientôt je l'espère. Vos offrandes m'aident.
Puis dans un souffle.
"Ces bois sont une très belle idée. Tu pourras transmettre à Raison que je suis heureuse de voir fleurir les champs également."
La luciole et le vent s'évanouirent juste après. Calme et sérénité étaient revenus dans l'église.
Edrakan » Têtu
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Sujet: Re: Offrande l Yurai + Libre Mar 11 Fév 2020, 21:07
Mais il était parti.
Elle laissa sa respiration sifflante se calmer, le silence revenir autour d'elle, uniquement troublé par le chant des oiseaux qui commençaient à se réveiller peu à peu de ce long hiver qui se terminait. Comme Eva, qui près s'être reposé encore quelques temps après le départ du loup violet se réveillait un peu plus revigorée encore.
Un peu plus... Un frisson parcourut son échine. Un frisson doux, chaleureux. Elle n'était plus... Seule. Il y avait quelque chose, quelqu'un, de doux et paisible. Une présence, qui instantanément la ramena de mois en arrière lorsqu'elle avait quémandé un glowstick, à ce même endroit. Elle ferma les yeux et prit une longue inspiration. C'était... Doux.
La voix de Yurai résonna dans l'Eglise, suivie de cet apaisant vent qui, dans son toucher même, semblait violet.
Elle gémit doucement en réponse aux paroles de la déesse. C'était. Un sentiment de complétude intense qui l'envahissait. Cette chaleur et cette douceur, émaner d'une seule personne, une seule entité, c'était quelque chose de si
capiteux
Comme un bon vin que l'on savoure à petites gorgées, source auprès de laquelle on se nourrit avec délectation. Elle frissonna.
Apaisée.
Je ne manquerai pas de le lui faire savoir...
Son souffle était à peine audible, mais elle savait qu'il parviendrait à la Corneille Patronne.