Planter le graines de l'avenir | Nakhus

Un hurlement grave résonna dans toutes les terres Nakhu, invitant chacun d'entre eux à rejoindre l'Eglise.

Devant la statue de Yurai, assise, se tenait la haut silhouette d'Ajani. Vêtu de cette cape qu'il ne portait que depuis cinq jours, il avait une posture droite, à la fois fière et apaisée. Il n'y avait pas de tension ni dans son regard, ni dans les muscles épais dessinés sous son pelage. Cela faisait cinq jours que cette Eglise avait été agitée de bien nombreux événements. La mort de Volstein, la disparition de sa fille Kerguelen, et sa nomination au poste d'Oracle avaient sans doute été les plus notables. Il avait annoncé ce délai pour que la meute se recueille et rendre hommage à leur chef disparu, prie pour la jeune louve dont la présence lumineuse teintait encore le plafond du temple de la Corneille. Désormais, il était temps de s'éveiller à nouveau, de se relever, et d'aller de l'avant. Par moments, la crainte le saisissait de nouveau, crainte de ne pas être celui pour qui était cette place, cette cape, cette broche perdue dans son pelage épais. Puis il se rappelait les paroles de Yurai, il se rappelait le chemin si longuement parcouru pour poser les pattes à ce rang. Alors il inspirait profondément et calmait la tempête de ses pensées et de ses doutes pour songer plutôt à ce qu'il pouvait faire de mieux pour le clan et pour honorer la mémoire de son grand-oncle.

Ce jour-là, il accueillait les siens le regard calme, adressant à chacune salutation, l'ombre d'un sourire. Peu à peu , les loups se groupèrent devant lui, et lorsqu'il vit sur les pierres suffisamment de museaux familiers, il sut qu'il était temps pour lui de commencer. Il se redressa debout et balaya la petite assemblée du regard. Les Nakhus n'étaient pas le clan le plus nombreux du continent, oh que non. Mais il voyait en lui une force suffisante pour peut-être rendre le monde dans lequel ils vivaient meilleur. Pas par le nombre, mais pas ce qu'il y avait dans leur esprit, dans leurs croyance, dans leurs valeurs.

"Nakhus, je vous remercie d'avoir répondu à mon appel." Commença-t-il, ses yeux allant de l'un à l'autre des présents pour montrer qu'il s'adressait à tous, mais aussi à chacun individuellement. "Aujourd'hui s'achèvent les cinq journées de deuil que nous avons consacrées à feu notre Oracle Volstein. Puisse son âme demeurer auprès de Yurai, mais également auprès de nous."

Il se retourna, et baissa la tête face à la statue de celui qui avait été son mentor. Il ne voulait pas montrer la tristesse qu'il portait lui aussi face à la perte de ce loup, parce qu'il devait être la figure forte et réconfortantE. Elle ne fut perceptible que dans l'instant peut-être un peu long qu'il passa, les yeux clos, face à l'hommage qu'avait fait Yurai au vieux loup blanc. Lorsqu'il redressa la tête pour faire de nouveau face à la foule, il secoua doucement la tête et lança :

"Nous n'oublions pas non plus la jeune Kerguelen, qui est avec nous aujourd'hui, mais que le chagrin a jeté dans les pattes de notre déesse. Afin de transmettre à son esprit notre soutien, de lui montrer que nous sommes toujours à pour la soutenir et l'accompagner, je souhaiterai organiser ici une cérémonie de prière, mais qui ne sera pas placée sous le signe du deuil. Je l'aimerais sous le signe de la renaissance, de la fraternité, de la foi en notre avenir."

Il fit un signe discret du museau à Crystal, sa couturière, qui s'était tenue à ses côtés légèrement en retrait depuis le début de ses paroles. Elle paraissait un peu nerveuse à l'idée de s'adresser à la meute, mais cela disparut vite au profit de son entrain habituel. Elle fit un pas en avant et continua :

"Je superviserai la préparation de cette cérémonie, de cette fête en l'honneur de notre déesse et pour envoyer un peu de joie de vivre à Kerguelen." Ses yeux eurent un petit mouvement en direction de la lumière colorée qui ondulait au-dessus d'eux. "Que tous ceux qui souhaitent participer à son organiser viennent me voir ce soir, au Sanctuaire, et nous discuteront de ce qui sera fait."

Ajani coula un regard en direction de Raison. Il savait que le loup violacé avait établi avec Hannah et Kerguelen des liens amicaux forts, notamment en les aidant à concevoir un jardin de plantes aromatiques. Il y aurait peut-être dans ce projet de quoi contribuer à la cérémonie, même si la saison n'était qu'aux fleurs d'hiver. Alors que Crystal achevait son intervention, il la remercia d'un signe de la tête et s'avança de nouveau.

"Certains d'entre vous ne le savent peut-être pas encore, mais certains Nakhus ont activement cherché à la grande Bibliothèque une manière de combattre qui serait en adéquation avec les valeurs qui sont les notres. Nous ne sommes pas pour la guerre, et s'il existe une solution pacifique pour résoudre un conflit de quelque échelle qu'il soit, nous la choisirons en priorité."

Il savait qu'il abordait là un sujet délicat, mais également que tous avaient eu vent des tensions qui régnaient partout sur le continent et des actions des uns et des autres. Si les Nakhuhs devaient rester porteurs de la raison et de la sagesse, ils ne devaient pas être vulnérable à tout.

"Notre Dédale nous protège lorsque nous nous reposons, mais nous devons être capables de neutraliser ceux qui nous voudraient du mal. Pas de les tuer, cette alternative est toujours la dernière. Mais au moins d'immobiliser ou de fuir un ennemi. Notre groupe doit rester uni et complet, et la bêtise ou l'inconscience de nos congénères ne doivent pas détruire notre coeur. Ainsi, s'ils acceptent, j'aimeraient que ceux qui ont acquis ces savoir les partagent avec tous afin que nous puissions sereinement aborder chaque situation." Ses yeux se posèrent sur les loups qui avaient fait les recherches en question, une lueur de gratitude les illuminant. "De plus, je propose l'aménagement de la moitié encore sauvage des Champs Mystiques comme une terre d'entraînement. Nous pourrions nous y rendre à notre guise pour y travailler à la fois la méditation et notre art du combat. N'hésitez pas à partager votre opinion à ce sujet et vos idées. Elles seront les bienvenues."

Il était enfin temps d'aborder la partie qu'il jugeait la plus délicate. Il avait longuement réfléchi à la situation du continent, et avait eu l'impression désagréable que les clans étaient arrivés à un point des plus critiques. D'un jour à l'autre, tout paraissait sur le point d'exploser ou d'imploser. Les Etelkrus et les Raeders étaient auréolés de crainte, les Lazulis disparus sous un dôme. Des choses étranges et déroutantes avaient eu lieu un peu partout, et il lui paraissait essentiel de mettre tout cela au clair. Ils ne vivraient jamais en paix et sereinement s'ils craignaient sans cesse l'un ou l'autre de leurs voisins.

"Enfin, vous n'êtes pas sans savoir que nous sommes loin d'être seuls sur ce continent et ses alentours. Depuis de nombreuses lunes, ce ne sont plus l'entente et le bon voisinage qui y règnent, mais une haine et une méfiance perpétuelle à l'égard de chacun." Il inspira profondément et acheva : "J'aimerais qu'à la prochaine lune noire, les chefs de chacun des clans se réunissent ensemble en un lieu neutre et de paix, accessible à tous : l'Atoll Tropical. Pour cela, nous avons besoin que trois Nakhus deviennent nos ambassadeurs dans les trois meutes qui partagent avec nous le continent."

Il marqua une pause, puis annonça :

"Je souhaiterai que nos deux membres Eva et Nocera se rendent respectivement chez les Etelkrus et les Lazulis. Si vous ne le souhaitez pas, ceux qui désirent vous remplacer s'y rendront. Volstein vous a jugé digne de porter nos valeurs, et j'ai pleine confiance en son jugement. Quant à moi, je me rendrai chez les Raeders."

Il souffla doucement, et s'interrompit enfin. L'écho de ses paroles se tut entre les hauts piliers de l'Eglise, laissant tout loisir à ceux qui le désiraient de s'exprimer au sujet de ce qui venait d'être dit.

Ca faisait toujours mal.

Mais plus autant.

Les yeux rivés sur le plafond de l'Eglise, Eva mit un long moment avant de réussir à y entrer, trouvant sur le sol les traces ténues mais présentes de son combat récent contre le cerf, cet animal si singulier dont elle avait clamé la ramure.

Son corps aussi, s'en souvenait. Ses épaules étaient meurtries, une estafilade parant toujours la droite. Elle n'avait voulu se soigner et les faire disparaître. Sans les arborer fièrement, elle pensait les mériter, et les ôter enlèverait à la qualité de l'offrande qu'elle avait laissé aux pieds de Yurai.

Elle savait pertinemment que c'était une réflexion très bête. Mais elle estimait aussi qu'en l'état des choses, elle pouvait se permettre d'être égoïste et d'avoir cette attitude. Quelque part, elle appréciait la façon dont ses muscles la tiraient lorsqu'elle fléchissait ses articulations. C'était une... Bonne douleur. Une douleur qui lui rappelait qu'elle était vivante, qu'elle bougeait, qu'elle existait.

Mais elle ne s'était pas beaucoup éloigné de l'Eglise, jusque là. Ce qui expliquait qu'elle fut parmi les premières à répondre à l'appel du grand loup blanc - et non pas pour une fois grâce à la célérité conférée par ses grandes ailes bicolores. Elle s'assit au milieu de l'assemblée, et attendit très patiemment que le reste de la meute arrive, et qu'Ajani entame la cérémonie.

Ce fut bref et efficace à la fois.

Son coeur se serra lorsqu'ils parlèrent de Kerguelen. Oui, bien sûr qu'elle irait les aider lorsque le temps viendrait, mais elle ne pouvait nier que sa tristesse était solitaire, et qu'elle avait du mal à se faire à l'idée d'une fête pour quelqu'un qui n'était pas parti. Mais elle était sûre que Sobieski saurait donner à cette célébration l'étincelle qui les rendaient toujours formidables, et ne s'inquiétait pas du résultat.

Sur la seconde partie, Eva ne put s'empêcher de songer que, si l'alternative de tuer était la dernière pour Ajani, il ne l'excluait pas, pas même de son discours. Elle se mordilla les babines, avec un mélange de curiosité et d'amusement. Se rendait-il compte que par ces paroles même il marquait une frontière franche avec son prédécesseurs ? Elle n'imaginait pas Volstein parler de ces éventualités avec une telle désinvolture. C'était une pente glissante, et Eva espérait qu'il l'emprunterait avec parcimonie.

Oh ! Elle-même était entièrement pour les entrainements et la sauvegarde des Nakhus. Mais la frontière était si fine entre se sauvegarder et se désavouer ! Si elle était prête à donner ses forces pour quelconque bataille, elle espérait que ça ne marquerait pas un tournant décisif et surtout de non-retour dans les relations des Nakhus avec leur déesse.

Peut être une terre d'entrainement était un terme un peu fort, pour les Nakhus ? Un Tertre d'Echange serait peut-être plus approprié. Eva doutait y voir des loups s'y entrainer en permanence. Elle imaginait bien, par contre, Raison y apprendre à Sobiesky à tisser des paniers. Ou l'inverse.

L'image la fit rire, et elle dut se retenir pour ne pas glousser et interrompre la prise de parole en cours.

Quand il évoqua la rencontre des meutes, son coeur bondit dans sa poitrine. Volstein en avait parlé avant lui, et n'avait pas réussi à mener à bien cette idée. La voir reprise par Ajani lui semblait à la fois un bel hommage, mais lui pinçait le coeur. C'est le vieux loup blanc qui aurait du faire ça.

Son grand père, se souvenait-elle.

Et puis, l'idée des émissaires fit se hérisser les plumes de son dos, agiter sa collerette. Cela faisait bien longtemps qu'elle cherchait un prétexte pour s'infiltrer sur les terres Etelkru, et aller leur rendre une petite visite. Et quelle marque de confiance ! Ses pattes martelaient le sol en silence, elle trépignait.

Mais tout ceci était nuancé par un autre sentiment. La peur, et le doute.

Pourquoi seuls ? Elle ne doutait pas à sa capacité, avec ses grandes ailes, d'échapper à quelconque menace et de pouvoir fuir sans problème. Nocera connaissait les Lazulis, et elle ne lui avait pas fait part d'une meute belliqueuse, au contraire. Mais Ajani avait renié les Pirates, et si Eva ne prêtait pas à ces derniers les traits démoniaques que les contes leurs donnaient, elle ne pouvait nier sa crainte à le voir y aller. Seul.

Elle prit une courte inspiration et s'avança d'un pas.

Ajani !

Son coeur cognait dans sa poitrine. Elle n'avait pas peur des autres Nakhus, ni de leur regard. Mais quand même, elle n'avait pas l'habitude de prendre la parole en public comme ça - elle préférait les têtes à têtes aux grandes mascarades. Quand on a pas le choix... Elle inspira de nouveau, à pleins poumons.

Je suis honorée que tu penses à moi pour ce voyage, que j'accomplirai sans faillir. Mais en ces temps troublés, ne devrions nous pas au moins être deux par voyage, pour pallier tout problème ?

Elle ne développa pas, mais le sous-entendu était clair. En cas échauffourée, il était beaucoup plus probable que l'un des deux revienne au camp. Alors que seul, ça n'était qu'un messager perdu. Et puis, en cas de bête sauvage ou n'importe quel autre divertissement similaire, il était bon d'avoir une épaule amie sur laquelle se reposer.

Si elle ne craignait pas porter la parole des Nakhus auprès des autres, elle savait qu'un visage ami en territoire hostile pouvait se révéler primordial.

Cinq jours de peine, mais désormais le temps était à la douce reconstruction.
Par rapport à la dernière assemblée, elle s'était placée cette fois à l'avant pour pouvoir lire sur les babines plus aisément. son frère, Nocera avait l'avantage d'avoir pu s’entraîner à lire sur les babines. Son nom fut cité : une mission lui était incombé. Mais avant toute réaction de sa part, Eva et Raison se dressèrent et prirent à leur tour la parole. Nocera parvint à suivre, bien qu'un peu plus péniblement, en accompagnant le regard des loups présents qui se tournaient inconsciemment vers quiconque prenait la parole.

Elle capta brièvement son frère qui était plus en retrait qu'elle : plus discret. Il n'avait pas l'air de comprendre grand chose : elle le savait atteint de surdité aussi désormais. Comme si c'était un mal génétique qui était venu le toucher. Elle s'était demandé brièvement si elle l'avait contaminé sinon. Illogique cependant vu qu'il était le seul parmi tous ceux qu'elle avait côtoyé. Elle repassa rapidement sur l'assemblée, car si elle sentait un peu plus détachée du reste des discussions mis à part sa mission : elle voulait se tenir au courant. Aussi bien pour expliquer à son frère que par le fait qu'elle n'était plus quelqu'un n'étant pas vraiment à sa place ici. Elle toucha le cristal qui flottait autour de son cou.

Quand Raison eu finit de parler, elle s'essaya à faire entendre sa voix à son tour. Le ton était encore un peu inégale parfois, avec des notes un peu étrange mais globalement elle avait fait du progrès. Sa voix pouvait porter un peu plus sans de briser ou paraître trop étrange maintenant : elle se fiait aux vibrations dans sa gorge et à l'air qu'elle dosait depuis ses poumons comme si elle avait joué d'une cornemuse.

"J'accepte la mission qui m'est confiée. Eva ! Nous n'avons qu'à choisir de notre chef une personne pour nous accompagner alors."

Elle pencha la tête.

"Ton libre-arbitre Raison, ton choix. Il n'y a aucune obligation, pas besoin de trop rester sur ce sujet : je pense que nous parlons ici de cas de légitime défense que nous ferons tout pour éviter. Tu es ultimement maître de ta vie."

Elle baissa les oreilles.

"J'aimerais partir voir les Lazulis au plus raisonnablement tôt après une visite chez Yurai pour éventuellement pouvoir traverser le dôme."

Que quelconque personne l'accompagnant connaisse ses intentions. Nocera voulait être relativement efficace : elle ne parlerait pas du reste car elle n'avait aucun avis sur la question. Elle désirait surtout accomplir ce qui lui était confié. C'était aussi une occasion relativement personnelle d'aller retrouver le Roi. Cette âme qui l'avait marqué même si elle l'avait principalement côtoyé de loin et retrouvé seulement par deux fois auprès de Yersine. Mais quelles intenses deux fois.
Elle secoua la tête pour se concentrer, et soutint le regard d'Ajani.

Dressée, et prête.

A peine l'écho de ses paroles s'était-il éteint entre les hautes colonnes que les siens y réagissaient. Eva tout d'abord, en acceptant la mission qui lui était confiée - une bouffée de reconnaissance envahit l'esprit du grand loup - et en pointant du doigt le fait qu'il vaudrait mieux ne pas y aller en solitaire. Propos qui furent ensuite approuvés par le reste des présents, et qu'il ponctua d'un signe de la tête. Vint ensuite Raison qui, bien qu'il eût laissé derrière lui son rôle de Couturier, paraissait toujours porter une sorte de responsabilité qui faisait peser un poids sur ses épaules et briller une inquiétude dans son regard. Ajani nota dans un coin de son esprit d'aller échanger quelques mots avec lui dans les jours à venir, seul à seul pour tenter de comprendre cette sorte d'angoisse voilée qu'il lisait chez lui. Cependant, les raisons pouvaient tout simplement être les épreuves que la meute avait dû surmonter ces dernières lunes. Il était sans doute peu risqué d'affirmer qu'aucun d'entre eux ne s'en était véritablement remis pour l'instant.

Enfin, Nocera répondit aux propos des deux autres calmement, et notamment aux paroles presques outrées de Raison lorsqu'il avait utilisé le terme de tuer. Il y avait une sorte de tristesse dans l'esprit du nouvel Oracle face à ectte réaction, tristesse de voir un loup si... innocent ? Naïf ? Face à ce qui pouvait les attendre au-dehors. Et même sur leurs propres terres, comme l'avait montrée l'apparition de la Bête. A cette pensée, une ombre passa dans son regard, aussitôt chassée. Ils devaient prôner la paix, mais ne pas demeurer tels des louveteaux, incapables de se défendre. Et il admettait sans honte préférer que l'un des siens mette à mort un agresseur plutôt que par hésitation, ce soit lui qui finisse tué.

"Je suis d'accord quant au fait que des expéditions à plusieurs seront plus sûres. Vous êtes libres de choisir qui vous voulez pour vous accompagner." Répondit-il finalement. "Le plus tôt sera le mieux, naturellement."

Il continua ensuite pour répondre plus spécifiquement à Raison :

"Aménager était peut-être un terme un peu... trop puissant pour exprimer l'idée qui m'habitait. Je songeais surtout à laisser quelques endroits dégagés afin que nous puissions mettre en application les nouveaux savoirs découverts à la Bibliothèque, mais également simplement des endroits où demeurer en paix et loin de l'agitation d'un lieu commun afin d'enseigner à nos jeunes apprentis tout ce qu'il y a à apprendre."

En soi, il s'agissait surtout d'officialiser tout cela et d'aller si besoin dégager les branches mortes, proies abandonnées et autres choses peu reluisantes qui pouvaient y demeurer.

"De même que pour la cérémonie en l'honneur de notre déesse, ceux qui désirent participer à ce projet sont libres d'y prendre part."

Il se redressa légèrement et acheva :

"J'ai connu nombre d'entre vous alors que mon rang n'était pas celui-ci. Même si je porte la cape de notre regretté Volstein, je garde à votre égard la même affection, et je n'attends de votre part rien d eplus que la familiarité dont vous avez très justement su faire preuve à mon égard jusqu'à aujourd'hui." Après les paroles plus sérieuses, un sourire chaleureux se dessina sur son visage. "N'oublions jamais que nous sommes une famille."

Sur ces mots s'acheva ce court discours. Il n'y avait pas beaucoup de choses à annoncer, et pourtant elles seraient peut-être décisives pour le futur de la meute. Peut-être même de tout le continent.