Le mal est fait ✠ Etelkrus & Raeders

Avant le départ dans la mer pour l'île Raeder, Anette avait répété.
Une dernière fois, pour ses Etelkrus, ses membres, sa famille. Rassener le plan une dernière fois pour que se situe dans l'esprit de tous les ordres. Avec des yeux encore plus noircis de détermination elle avait aboyé encore une fois, alors.

"Un seul bloc. Vous avez bien compris ?

Nous seront un mur, proche les uns des autres, dans une formation arrondie regardant de tout côtés. Ce pour repérer quoi que ce soit. Je vous veux austères mais silencieux. Mais surtout je ne veux voir personne briser cette formation et attaquer en premier. C'est le point le plus vital !

Nous sommes là pour récupérer l'enfant, nous nous défendront en cas d'attaque de leur part : c'est le but de cet attroupement circulaire une fois sur la plage. Nous jouons sur le nombre, la force de réplique et l'apparence grave du moment.

Mais je vous le répète, nous voulons pour le moment le chef, le kidnappeur, et l'enfant de Bamboo.
Pas le sang.

Me suis-je bien fait comprendre ?"

Sur cette dernière question rhétorique, elle n'avait pas réellement attendu des "chef oui chef", n'empruntant à un imaginaire qu'ils ne connaissaient pas que le phrasé et pas complètement le mode de fonctionnement. Et puis il avait déjà été temps de nager vers la plage.
Elle avait plongé dans les premiers.
Un chemin déjà fait une fois auparavant.

Puis sur la plage, Pepper avait parlé.
Les Raeders avaient été appelés, et la demande avait été formulée. Elle, avait suivit l’allocution de Pepper en ne déviant pas son regard de la végétation. Buissons, herbes et autres plantes qu'elle connaissait un peu ; elle s'y était glissée une fois pour aller récupérer Sheina, avec la bénédiction de Kiro l'ayant rendu invisible. Ils ne s'étaient pas masqués d'algues et de guano aujourd'hui pour être en plus non repérable par l'odeur. Les Etelkrus n'en avait cure aujourd'hui, ils ramenaient la pestilence du continent pour rivaliser avec la puanteur de l'Océan.
Anette aimait la plage et ses embruns, mais pas l'ambiance ni les fumets d'ici.
Ce n'était pas sa mer.

Elle espérait que ce serait rapide et que leur présence et détermination serait suffisante pour qu'il n'y ai aucun combat. Pas aujourd'hui.
Elle répugnait cet endroit.


"Nous sommes prêts à nous défendre et escorter ceux que nous réclamons. Nous gardons les yeux grands ouverts : aussi bien pour ne pas aveuglément tout mettre à sac et à sang mais aussi pour voir venir chaque chose venant vers nous.

Nous sommes prêts, à être magnanimes et juger avec tout le heaume les seuls responsables.
Comme nous attendons de vous à l'être aussi et juger ceux ayant dérobé notre cœur, notre avenir. Dérober l'innocence. Dérober à sa propre mère.

Vous avez sans doutes aussi des enfants. Vous devriez comprendre. "

Elle exhala ensuite longuement par le nez, satisfaite de sa propre tirade.
Mais prête, comme elle l'avait évoquée.
Prête à tout, les plans en tête, la promesse proférée aussi de ne pas lancer de bain de sang.

Limule avait passé une mauvaise nuit, à cause de Kéran. La veille, il avait ramené un bébé, un de ceux des Etelkrus, les loups du Sud qui aboyaient fort, peut-être la pire meute à aller piller tellement ils sortaient les crocs facilement. Quitte à aller voler un bébé, il aurait autant valu qu'il aille le chercher dans la meute d'Ajani, après tout, en quittant l'Océan, il lui devait une âme. Mais au-delà du simple petit voler, c'était aussi un moyen de peut-être retrouver Siam, un coup de poker osé en partant du principe que le loup noir était chez les Etelkrus, Limule ne pouvait qu'espérer que ça marche et que l'Océan retrouverait bientôt l'un des siens.
Mais elle n'avait quasiment pas dormi de la nuit, s'était tourné et retourner au fond de la grotte de Tatch et de la fontaine au rhum avant de finalement se lever pour aller prendre l'air. La lune n'était pas ronde cette nuit là bien qu'elle l'aurait presque parue. Il aurait été impossible de lui mentir sur le sujet, elle sentait déjà le monstre qui s'éveillait entre ses entrailles. Elle avait inspiré profondément l'odeur de sel de la mer, écouter le bruit des vagues pour s'apaiser mais au fond d'elle même, Limule le savait, elle était effrayé. La louve blanche avait toujours été une louve d'instinct, la peur, l'adrénaline, tout ça, ça venait sur le moment d'une situation présente,  elle n'appréciait que trop peu l'attente, la dernière, c'était pour un loup qui n'était jamais revenu. Ses pensées avaient été dirigée vers Siam qui se trouvait probablement quelque part là bas, sur le Continent. Ce loup qui avait délaissé sa terre pour la mer, il avait été repris. Limule espérait profondément que le plan fou de leur Capitaine marche, que les Raeders retrouve le loup noir, que tous, soient ensembles.
L'Océan murmurait, demain la journée serait sombre et les flots, sans doute, auront le goût du sang.

Le soleil avait fini par se lever et si Limule n'avait pas dormi, elle avait réussi tout de même à reposer un peu ses yeux. Elle était là, face à l'Océan, assise dans un semblant de tranquillité, les yeux fermés comme si elle n'avait pas bougé de la nuit et pourtant... Les marques peintes sur son visage étaient différentes aujourd'hui, le rouge barrait chacun de ses yeux comme deux marques de griffes sur chaque œil. Tatch lui avait demandé qu'au moindre soucis, sa priorité serait la fontaine, elle avait acquiescé bien que protéger leur lien avec l'Océan était plus qu'une évidence pour elle, c'était aussi une raison d'être.
Le vent tourna comme annonciateur d'un mauvais présage et résonna alors sur l'île une voix qu'elle ne connaissait pas, une voix qui lui hérissa le pelage, Limule ouvrit les yeux et prit une grande inspiration. Elle ne bougea pas, pas tout de suite et puis elle se mordit une patte d'un coup net et précis pour que quelques perles rouges vinrent tâché son pelage blanc. Ces quelques gouttes, elle les laissa tomber dans l'Océan, offrande d'elle même perdue dans l'immensité acqueuse.

« Qu'à jamais, nos esprits demeurent entremêlés. »

Et elle se dirigea vers la plage qui faisait face au Continent.


Lorsque Limule apparu d'entre les hautes herbes, il y avait déjà Tatch et Kéran face à une bonne dizaine de guerriers continentaux. Dans l'ombre, elle aperçue Cendrillon peu sûr de lui qui préférait rester cacher et qui probablement aurait fui si la curiosité concernant son futur n'était pas en jeu. Oh qu'est-ce qu'elle mourait d'envie d'aller lui sauter dessus et qu'ils se tirent les oreilles mutuellement pour chasser toute cette tension. Mais elle ne pouvait pas alors elle avança d'un pas assuré jusqu'aux deux mâles, frottant sa tête en arrivant contre le flan de Tatch avant de se dresser elle aussi face aux Etelkrus bien que légèrement en arrière. Elle avait laissé tombée sur son museau le crâne du crocodile, effaçant sa tête lupine derrière celle du reste de reptile. Son regard bleu parcouru la foule, essayant de soutenir tout ces regards qui les haïssait, et derrière ces loups, l'Océan, toujours, là, toujours rassurant.
Ses oreilles pivotèrent en arrière aux paroles des deux mâles, Limule avait du mal à voir où mènerait ces provocations. Oh ils devaient mieux s'y connaître qu'elle, en politique, Limule elle, avait son cœur qui battait pour les mystères de profondeurs. Elle ouvrit la gueule pourtant, elle voulait savoir, ne sachant pas cependant si c'était vraiment le moment. Tatch attendait quelque chose d'elle également, si elle ne le regardait pas, elle sentait son regard.

« Le cœur de l'enfant bat toujours, l'Océan ne l'a pas tué et pourtant, il prend lorsqu'il est certain de ne pas pouvoir garder. Il a perdu une âme lui aussi, celle du Corbeau Noir, celui qui est né chez vous mais dont les plumes se sont parées de sel. C'est sans doute pour cela qu'il a envoyé quelqu'un en prendre une au Continent, afin d'inverser de rééquilibrer. »

Son regard balaya les loups en face d'elle. Ils ne la croiraient pas n'est-ce pas ? Ça ne leur suffirait pas. Kéran, est-ce vraiment l'Océan qui t'as envoyé ? Ou cette morsure qui marque ta peau ?

« Noyer, lui est si facile. »

Peut-être que le cœur qui battait toujours était en soit, une tentative d'espoir.

Cette douleur faisait partie de celles que le soldat n'avait jamais eu le malheur de goûter auparavant.
Lui qui avait pourtant tout éprouvé. Les morsures, les éraflures, les engelures, les brûlures, le craquement des os, le déchirement de la chair. Il croyait avoir tout éprouvé. Il croyait que son corps dur couturé de cicatrices témoignait suffisamment de ses nombreuses années à guerroyer, à défendre son territoire, leur territoire. Il avait senti la douleur de la peur, la main glaciale qui s'empare des entrailles, qui les serre, les serre, les serre, la douleur de l'anxiété qui se referme autour de la trachée comme un piège à ours impossible à démonter. Il avait senti l'urgence. Dans ses rêves, ceux qu'il ne parvenait pas à expliquer, ses rêves d'une guerre lointaine et étrange gorgée de barils métalliques et d'yeux noirs cracheurs de feu.
Il avait senti l'inquiétude vive quand Pepper avait subi son accident. Le remords. Il avait ressenti tout cela. La douleur, il croyait la connaître sous toutes ses formes, toutes ses apparences, tous ses visages.
Ce qu'il ressentait aujourd'hui, il ne l'avait jamais connu. Ce ne se comparait pas à mille et une douleurs confondues. C'était pire.

Yeux fous, yeux de coucher de soleil rendus fantomatiques, rougis sur les bords, témoins névrosés d'une longue nuit insomniaque teintée d'urgence. Ongles saignants d'avoir marché sans relâche, encore et encore et encore et encore et encore
en rond
gueule déformée de colère
et de culpabilité.

On lui avait volé son enfant.
On lui avait volé son fils.
On lui avait arraché la chair de sa chair
On lui avait arraché son cœur toujours battant, le vidant de toute raison
On avait volé l'enfant du prophète de l'Ours.

Sa langue noircie de suie et ses traits tirés rendait une image du Prêtre complètement changée, quasi monstrueuse. Quiconque aurait croisé son regard y aurait entrevue une rage si profonde qu'elle en était bouleversante. Il n'y avait plus de sensibilité en lui, lui qui devait être doué d'une empathie surnaturelle. Qu'une colère noire, absorbante, silencieuse. Un trou noir n'attendant que d'être libéré pour avaler tout, terre, vie, lumière.
Les ordres d'Anette n'avait que sonnées lointainement à son tympan. Lui qui prenait normalement les devants avec les troupes et ne se gênait pas pour faire valoir son leadership était resté silencieux comme une tombe. Le regard rivé sur l'horizon. Rêvant du goût du sang sur ses lèvres agitées de rictus. Les images du solitaire qu'il avait charcuté et transformé en sombre offrande lui revenait sans cesse en tête. Les globes oculaires vidés de leur vie. La peur froide, dernière chose les animant. Le sang. le sang. le sang. le sa ng ... s a n g . Giclant sur le sol. Teintant d'une riche saveur bourgogne
la terre
Etelkrue

Ils étaient sur le sable. Le sable sale, dégoûtant, suintant de poisson et de moisissure. À l'image de ses habitants, pensa-t-il distraitement.
Des échanges s'envoyèrent. Vides. Insignifiants. Ses yeux orangés rivés sur la gorge de leur chef répugnant, dégoulinant de fierté mal placée. Il se mit à saliver de rage, un long filet s'absorbant dans le sol humide. Il rêvait de planter ses crocs dans cette gorge maudite. D'arracher la vie à ces moins que rien, un coup de croc à la fois.

« Silence ».

Sa voix rendue rauque par ses récentes transformation en machine de guerre se fit des plus tranchantes.

« Rendez-moi mon fils. Ou l'Océan que vous aimez tant se gorgera de vos petites cervelles éclatées.»

Il n'avait rien à faire de leur jeux et philosophies stupides. Il avait du mal à se contenir dans l'ordre d'Annette de ne pas initier le combat. La rage qui le déchiquetais de l'intérieur le poussait à régler leur compte une fois pour toute, à étaler leur cadavres comme autant d'offrandes à son Dieu. Il se sentais trembler comme le tonnerre fait trembler la terre lors d'orages violents.
Il jeta un œil insistant sur ses alphas, qui ne duperait personne. Les négociations ne devait durer. Personne ne savait s'ils disaient la vérité, que son fils était bel et bien vivant, et en santé. Ils devaient agir.

Si cela durerait trop, il ne savait s'il pourrait se retenir. Les conséquences lui semblait étrangement futiles.
Seul son fils importait.

Ann ; 10 PVs
F  A E I

Il y avait une petite silhouette noire, svelte et agile, silencieuse surtout, qui se faufilait très souvent dans l'ombre, la vraie, de Limule. Cette nuit là n'avait pas fait exception. Ann, discrète et peu bavarde, avait suivie l'apprentie Maître des Rituels sur la plage, où elle l'avait imité en contemplant la Lune si belle, si lumineuse, si mystérieuse. A l'instar de son coeur appartenant à l'Océan, une part de l'adolescente vibrait pour l'astre des marées. Comme elle aimait à le faire, la jeune noiraude, encore petite pour son âge si bien qu'elle paraissait ne pas avoir atteint ses huit mois alors qu'ils étaient pourtant bien révolus, s'était dissimulée sous un amas d'algue et de sable. Ainsi dans l'obscurité, son dos bioluminescent n'attirait pas le regard. Ann était restée des heures à contempler tantôt la Lune, tantôt son modèle, mimant sa posture et sa solennité. Puis une voix inconnue et agressive l'avait réveillée, le jour déjà levé. Limule s'était éclipsé de sa position vers le rivage pour offrir aux Entités de la mer quelques gouttes rubis dans le soleil matinal. Evidemment, Ann se précipita à sa suite pour faire de même. Elle avait entendu les conversations des adultes, et la tension habitait aussi ses épaules, bien qu'elle n'ai la force, ni l'âge, de combattre ou de défendre. A sa mesure donc, ses prières à l'Océan serait sa première parade. Car la noiraude avait plus d'un tour dans son sac. Mordant son coussinets pour laisser fuir quelques gouttes de sang avec le ressac, l'adolescente s'exprima avec ferveur et détermination :

« Toujours je serais ta fille, ta prophète, ta guerrière. »

Puis son regard de sang fixé loin sur l'horizon, elle lança un hurlement d'enfant farouche avant de suivre une énième fois les traces de Limule. Elle arriva quelques minutes plus tard et n'eut vent de l'échange que les dernières paroles du loup porteur de lumière rouge. Une lumière sanguine et brutale. La même que celle que portait la Montagne apparue dans les dédales de leurs grottes. Mais celui là, il n'avait pas l'air commode du tout.  Et il menaça le petit attroupement composé de ses oncles, de la louve blanche au casque crocodile et plus loin d'un des pirates qu'elle côtoyait le moins. La queue dressée, les oreilles droites, Ann vint se frotter au flanc de l'apprentie Maîtresse des Rituels et s'asseoir à ses côtés, tout comme elle-même l'avait fait avec son mentor.

« L'Océan possède déjà nos esprits, loup dont la colère brille trop fort.
La Montagne, lui, il a le rouge gentil. »

Nargua t-elle avant de chercher son père des yeux, afin de voir s'il serait fier de sa réplique.

Creek ; 13 PVs
F  A E I

La situation était... Épineuse. Son frère, Kéran le Grand, avait fait une bêtise monumentale. Kéran l'Idiot oui ! Voler un nouveau-né à la meute continentale dont le credo était la brutalité et l'action avant la réflexion. Non mais vraiment. En apprenant ça, le loup à la patte folle avait grincé des crocs. Pire, lors de la discussion qui s'en était suivi entre les adultes Raeders, l'exaspération avait fait place à la peur et à la colère. Son imbécile de Capitaine venait de mettre en péril la sécurité de ses petits. Bien qu'adolescents et tous très débrouillards, Barthélémy, Mavis, Mary et Ann ne pourraient se défendre face à un groupe de guerriers haineux et portés par une magie divine au moins aussi puissante, et certainement même plus, que les Entités de l'Océan. Alors Creek avait grogné. Et mordu. Puis il avait froncé la truffe dans une expression de parent fâché et sermonner le chef de la troupe des Pirates d'un ton paternaliste. Sans doute un réflexe maintenant qu'il était réellement papa. La nuit avait donc été courte car angoissante à s'imaginer les pires des scénarios. Les trois frères avaient élevés ceux qui formaient les Raeders d'aujourd'hui... Le boiteux ne supportait l'idée que Limule, ou même Cendrillon, au même titre que ses louveteaux, ne subissent quelques tortures que ce soient. Il se sentant autant responsable des deux premiers -trois même en comptant Lewis, même si cette dernière volait désormais vers un autre nid-, que des quatre derniers.

Après avoir longuement ronchonné dans sa barbe et réfléchi avec ses frangins à de potentiels solutions qui n'impliqueraient bien sûr pas de fuir ou d'abandonner le navire, l'aube s'était pointée et avec elle, l'annonce d'une journée probablement difficile en vue. Il n'avait pas fallu longtemps avant d'entendre les aboiements et grognements d'étrangers plein de fiel et de rage à l'égard de Morne-Oeil. Cette île si triste et pourtant si réconfortante à la fois. Un pays aussi austère que ses habitants étaient festifs et exubérants. Tout autant que les Etelkrus étaient vindicatifs et impatients. Bien que Creek n'approuvent l'acte insensé de Kéran, il devait admettre qu'il ne souhaitait à aucun enfant d'être élevé sous un tel climat d'intolérance et de fermeté. L'enlèvement de ce bébé était donc un cadeau fait à ce dit louveteau. Evidemment, le loup à la patte de bois se doutait bien que jamais les continentaux ne verraient cela du même œil. Ils avaient un sens critique très dirigés sur l'extérieur de leurs rangs surtout. Le Second Raeder en avait maintes fois vu la preuve lors de ses nombreuses escapades sur terre. Dans un soupir, en forçant ses pas inégaux et dans une posture plus trapue encore pour se faire petit, râblé, affaibli aux yeux des méchants, il rejoignit ses deux frères afin de parfaire la tête du clan en haut de leur petite colline. Limule était présente avec Ann dans son sillage -par l'Océan, ne pouvait-elle rester a l'abri cette gamine ?!-, ainsi que Cendrillon, et peu à peu, d'autres pirates.

« Nous y voilà, mes frères. »

Il offrit un sourire à sa fille qui attendait son approbation. Malgré le danger et l'incertitude des prochaines heures, il ne pouvait ne pas la féliciter d'être ce qu'elle était : brave et digne fille des mers. Il jeta un oeil à la louve blanche aussi, appuya un instant ses prunelles cobalt dans celles de la femelle, afin qu'elle sache que jamais il ne cesserait d'être le protecteur. Puis il prit soin d'observer attentivement chacun des ennemis, en silence, comme un vieux grincheux jugeant à tour de pattes. Rôle dans lequel il excellait, sans pourtant n'être vieux, ou réellement grincheux.

Mavis

Du bruit.. Trop de bruit. Des paroles au loin qui résonnent et qui lui hérissent le poil de nervosité. Ne peuvent-ils pas se taire !? Il est si tôt, c'est à la rendre folle. Mavis avait prit l'habitude de dormir jusqu'à ce que le soleil soit à son point culminant et il passait tout juste l'horizon à ce moment là, elle avait encore de bonnes heures devant elle avant d'espérer se lever.
Mais c'était sans compter sur ce raffut et sur cet hurlement aigu que poussa sa sœur, non loin d'elle. Dans un grondement, elle finit par relever la tête d'entre ses pattes et toisa la silhouette d'Ann qui se dirigeait vers le vacarme. Elle souffla, énervée de ne pas pouvoir finir sa nuit puis se leva tant bien que mal, étirant son corps puis sa longue queue aquatique.

Elle marcha doucement jusqu'à la mer et s'y enfonça comme dans un lit douillet, son corps disparut sous la surface toujours en mouvement de l'eau salée. Tout près du rassemblement, elle laissa sa tête dépassée légèrement de l'eau, suffisamment pour pouvoir entendre et observer ce qu'il s'y passait. Elle était d'ailleurs plus proche des étrangers que des siens, mais elle se sentait à sa place dans ce liquide sombre. Silencieuse, discrète. Si jeune encore et pourtant prête à réagir malgré la fatigue qui cernait ses yeux vermillons. Égoïstement, elle espérait que cela se finisse rapidement et qu'elle n'aie pas à s'impliquer dans ce merdier. Tout ce qu'elle voulait elle, c'était retourner se coucher.

Thalion

Le pelage dégoulinant d'eau, la gueule légèrement basse ridée par le temps et la fatigue, Thalion était bien présent aux côtés de son prête rouge. Guerrier reculé n'obéissant qu'à la voix dominante de celles qui les dirige et à son dieu, il était prêt à accomplir son devoir. Il sentait son sang grossir ses veines à mesure que la tension montait dans les rangs, il ne savait pas si il resterait patient encore bien longtemps. Son glowstick rouge vif brillait d'une lumière intense, si bien qu'il retenait de lui même les bois qui ne demandait qu'à naître sur son crâne.

Ils sont tous ch'tarbé là dedans, non mais regardez moi celui là avec son bout d'bois, j'men servirai bien pour me gratter le dos. Blagua-t-il à voix basse en désignant le mâle sombre à la patte manquante.

Il tourna son visage souriant vers ses congénères, se retenant de rire en serrant les crocs dans une grimace puérile.

C'est que j'peux plus trop me plier moi avec l'âge.

Il pouffa le plus silencieusement possible, d'un rire légèrement asthmatique qui n'avait rien de discret.

Orrh.. non mais regardez l'autre là à force de vénérer le sel il va finir par être aussi fripé que mon cul !

Un bruit particulièrement fort et ridicule s'échappa de ses babines pincées, l'air explosant d'entre ses joues gonflées.

Lorsque son regard se planta sur une louve particulièrement chère à son cœur,  son visage se décomposa et il regagna tout son sérieux. Séchat...  Que faisait-elle ici, et surtout dans le camp adverse ? Il avait envie de bondir à ses côtés pour la câliner et l'amener loin de tout ceci. Loin de cette guerre qui allait éclater. Il était si heureux de la voir et en même temps, terriblement inquiet et nerveux de ce qui allait se passer. Finalement, il n'était plus trop sûr de vouloir s'engager dans une guerre..

Beaucoup de réactions différentes.

Anette inspira une grande rasade d'air et rejeta les épaules en arrière pour mieux monter la tête. Droite et fière. Montagne mouvante alors, la seconde Alpha s'avança et leva haut sa queue plus longue et longiligne que celle de ses compagnons : tant mieux, elle était son étendard. Elle passa à côté de Kalachnikov, pour elle aussi lui adresser un contact d'épaule rassurant, camarade, compassionnel. Ce furent ses yeux qui au lieu de lui commander de se tenir, lui mendièrent de ne pas désobéir, de ne pas laisser éclater la rage qui bouillait en lui et qu'elle ne pouvait que comprendre. Une supplication silencieuse, un "ne fait pas ça" tût mais d'autant plus parlant car s'en suivit un regard brûlant vers les Raeders. Elle s'humecta les babines et reprit sa route.

Elle se posta, encore plus grande si cela fut seulement possible, à côté de Pepper et à son contact cette fois. Comme deux piliers soutenant le même toit, la même cause. Elle décida d'utiliser ce qui avait été dit mais elle dirigea ses paroles vers la personne qui lui avait semblé donner la réponse la plus censée ici. Elle avait quelque chose à exprimer pour faire avancer toute cette situation, et elle ne se gêna absolument pas.

"Comme il l'a pointé," elle désigna Tatch et redressa le menton, "nous ne prenons pas un Capitaine mais un traître. C'est son jugement : il n'a aucune place parmi vous."

Elle releva un sourcil.

"Fiez-vous au jugement de la seule personne se comportant un tant soit peu comme un Capitaine ici, plutôt qu'à celui qui couvre ses arrières par des provocations et pourrait déclencher un combat."

Elle montra les crocs, cette fois, et s'adressa à Kéran.
Et elle activa son pouvoir.

"Pleutre, assume tes erreurs et rends-toi."

[ Dé Pouvoir pour justifier d'un froissement d'égo donc pls mentale sur Kéran. ]
[ Rien d'obligatoire mais, sauf si quelque chose d'essentiel à mettre, attendre ces tours (dans l'ordre) :
- Dee
- Sale Cleb
- Feather

Ce serait ultra gentil ]

Ça allait vite et c'était le bazar. Il y avait les Etelkrus qui en face d'eux se moquaient, se sachant pertinemment plus puissant, imaginant que forcément ça serait simple, que si les Raeders ne leur donnaient pas ce qu'ils voulaient, au delà du petit perdu, le coupable et le Capitaine, les exterminer serait une simple formalité. Et puis il y avait des Raeders qui arrivaient et qui s'exprimaient, ils ne voulaient pas se battre et le faire en même temps aussi pourtant, ça dépendait de la capacité de chacun à cacher sa peur. Limule au milieu de tout ça, essayait de comprendre, et cherchait des réponses. C'est Tatch qui la lui apporta, la soufflant dans son oreille alors qu'au même moment, comme une lame tranchante de plantant dans le cœur, les cheffes ennemis désignèrent qui ils emporteraient avec eux, celui qu'ils choisirent comme traître ou bouc-émissaire. Le hasard faisait que celui qui avait pris l'enfant était bien Kéran, qui était également Capitaine. S'ensuit alors une affreux spectacle.
Limule ne comprit pas tout de suite, elle fut perdue, entre la nouvelle funeste et la scène irréaliste qui se déroulait devant ses yeux. Tatch vendait son frère, l'humiliant devant l'ennemi, de ses yeux bleus cachés derrière le crane du crocodile, la pirate blanche regardait ça interloquée, restant là figée dans le sable alors que doucement son pelage se gonflait de plus en plus. Pourquoi ? Pourquoi Tatch faisait ça ? Pourquoi Kéran se laissait faire ? Son regard s'accrocha à celui d'un des deux frères, elle comprit. Si l'enlèvement avait été un coup osé pour récupérer Siam, le Capitaine avait conscience qu'il avait mis gros en jeu. Ce n'était qu'une mascarade, un mensonge, un supplice que les frères s'infligeaient pour les protéger tous. Ils avaient probablement été au courant depuis le début que ça finirait ainsi, que c'était une probabilité non négligeable et ils avaient tout préparer. Alors sur le moment Limule ne fit rien bien que son cœur battait dans sa poitrine, comme s'il était prêt à en sortir. Cette scène était si douloureuse, la disgrâce de Kéran était si insupportable à voir et à entendre, mais la louve blanche avait toujours obéi sagement aux ordres des trois frères. Ils étaient tout, des mentors, des oncles aimants, ceux qui dirigeaient cette meute alors toujours, elle les avaient écouté, suivi et accepté toutes leurs décisions, les bonnes et les mauvaises.
Cette fois-ci pourtant ce fut bien sa voix qui s'éleva au dessus de toute, du cinéma de Tatch et Kéran pour tous les épargner, des moqueries dans les rangs d'en face, de l'Océan qui s'agitait comme s'il était son propre cœur.

« ASSEZ ! »

Son pelage était si gonflé qu'il donnait l'impression que chacun de ses poils clairs était dressé. Ses flans se levaient et s'abaissaient rapidement, lui donnant presque le souffle court, trahissant la montée d'adrénaline alors qu'elle avança une patte tremblante dans le sable puis une bien plus assurée pour venir se placer entre Kéran et les Etelkru, se redressant pour faire face aux deux cheffes, réussissant à maîtriser son stress. Limule était plus grande, de quelques centimètres d'une des deux louves, mais bien plus petite que la seconde. Elle balaya du regard quelques instants les Raeders présents sur la plage.

« Ce n'est pas parce qu'il y a la peur que nous devons cesser d'être ce que nous sommes. »

Et elle posa à nouveau ses yeux bleus sur les louves en face d'elle, elle sentit quelque chose clochait sur le regard de la plus petite, ça la dérangea, un instant alors elle releva le museau vers l'autre pour soutenir son regard à elle.

« Les traîtres sont ceux qui agissent contre ou en dépit des autres pour eux même, nous n'avons pas de traître. » Tout ça, c'était pour Siam, parce que l'un des cœurs de leur meute avait disparu en ces temps où d'autres s'enfuyaient comme des voleurs. « Un Capitaine ne peut être un traître, soit il aura des bonnes décisions, soit il en aura des stupides. » Elle dériva son regard vers Tatch, dans le regard de la louve, un fond de tristesse alors que son museau était plissé bien qu'elle ne montrait aucun croc. Elle comprenait pourquoi ils avaient fait ça mais n'était pas parvenue à le supporter. « Si ses décisions ne plaisent pas, nous avons une solution pour ça mais ça se règle entre Raeders, pas parce que des Continentaux le demande. L'Océan risque d'être profondément déçu. Ce n'est pas comme ça qu'un Capitaine perd sa place.»

Tatch n'avait pas le droit de simplement l'humilier comme ça, ils étaient un équipage qui agissait en un seul cœur. En blesser un en dehors de leurs façon de faire, c'était mutiler un peu tout le monde. Se détournant de Tatch et des Raeders, Limule revint sur les Etelkru.

« Le vieux loup qui porte la lumière rouge et qui est venu se perdre dans nos grottes, il vit encore, il va bien. Le petit qui a été pris dans l'espoir d'un échange, il vit encore, il va bien.
Mais Siam, le loup noir que nous recherchons, il est mort n'est-ce pas ? »

Elle chercha une réponse dans les regards, mais ne fut pas certaine d'en trouver une, une certitude. Etrangement, parce que Tatch l'avait dit sûrement ou parce qu'elle le sentait, la réponse, elle savait qu'elle l'avait déjà.

« Rendre les votre, il n'y a rien contre, s'ils doivent revenir, ils le feront d'eux même mais les notre restent, ceux qui doivent partir, le font d'eux même également. »

[Je me permets un petit post totalement inutile juste pour dire qu'Ely est là merci ]

Ely était sur la plage.

On lui avait demandé de venir. Enfin, le message était clair. Tout le monde devait venir, à part la petite équipe assignée à la garde des louveteaux et du Grand Castel, en cas d'attaque surprise. Ely avait froncé les sourcils. Les gosses, ou la plage ? Il n'arrivait pas à déterminer ce qu'il y avait de pire.

Alors, il avait choisi la plage.

Au moins, le paysage était plus joli qu'au Castel, où tout était gris et rocheux. Il pourrait voir la mer, et le sable.

Bref.

Du coup il était venu.

Et tout le monde était bien en colère et criait partout.

Ely il trouvait qu'ils étaient bien bêtes, d'avoir piqué un gosse. Pour quoi faire ? C'était nul, les gosses. Et si vous en vouliez, il suffisait d'en faire. Et puis il trouvait bien bête la grosse Bamboo d'avoir fait son gosse au milieu de la forêt là, elle pouvait pas faire comme tout le monde et les pondre au Castel ?

Bref.

Tout était très bête, et Ely s'ennuyait beaucoup. Il avait une fresque à finir, au temple.

Tout cela l'ennuyait profondément.

L'aube était teintée de gris et de rouge ce matin-là, lorsque le grondement des dizaines de pattes se fit entendre au départ du Grand Castel. Ce n'étaient pas des loups qui quittaient les grottes, mais une masse uniforme et coordonnée, une kyrielle de regards dans lesquels brillait la même colère, le même désir bestial de vengeance. Les bêtes étaient sages et disciplinées pourtant, malgré les frissons qui secouaient les muscles et les babines, elles avançaient en une formation régulière sans jamais en sortir. Deux silhouettes s'en détachaient, au-devant, la première petite, colorée, animée par une férocité inégalable. La seconde lourde, massive, haute de taille et qui paraissait plus sereine. Elles semblaient se compléter, menant sans avoir besoin de plus de mots leurs troupes fidèles.

Au milieu de cette troupe se trouvait la haute silhouette d'Athelstan. Comme lors de temps qui avaient été bien plus durs - et qui étaient bien lointains également - il avait tiré ses longs cheveux en chignon sur sa nuque pour qu'ils le laissent entièrement libre de ses mouvements. Son regard clair ne quittait pas la silhouette de Pepper, alors qu'ils avançaient tous de concert vers les terres au parfum de sel, prédateurs allant débusquer ceux qui s'y cachaient et qui avaient voulu se montrer trop malicieux. Les Etelkrus étaient la meute la plus forte du continent. Il allait sans dire que les provoquer de la sorte était très risqué, mais les pirates avaient à nouveau tenté leur chance. C'avait été la fois de trop, comme avec un jeune loup que l'on avertit deux fois avant que la troisième ne tombe le coup de crocs. Ils étaient nombreux à vouloir l'asséner, ce coup de crocs.

Pourtant la stratégie avait été claire : ils étaient là avant tout pour simplement essayer d'intimider, afin que soit rendu l'enfant et livré le coupable. Ils ne souhaitaient pas rayer de la surface du continent ce groupe téméraire - même si beaucoup pensaient sans nul doute qu'ils l'auraient mérité -, simplement juger le responsable de cette action. Ou les responsables. La pensée amère que s'ils étaient véritablement une meute, ils se déclareraient tous comme coupables et que l'affrontement serait inévitable traversa l'esprit du Chevalier. Ou alors ils ne feraient pas montre de solidarité et se trahiraient les uns les autres, montrant la faiblesse de leur groupuscule. Il ne savait pas trop ce qu'il préférait comme alternative, puisqu'en agissant ainsi ils s'attireraient invariablement son mépris. Il comprenait qu'il y eut des disputes internes aux clans, et c'était bien normal. En revanche, face à l'adversité, pour une lui une meute devait faire front, assumer les bêtises des siens sans chercher à en délester l'entière responsabilité sur un coupable, et ensuite gérer elle-même ses affaires. Sinon le groupe courait à sa perte.

Ils dénichèrent bien vite les pirates, qui apparurent un à un devant eux, peu nombreux et peu effrayés. Ils se mirent à jouer à un jeu dangereux, qui hérissa légèrement l'échine du Conseiller. Il n'aimait pas l'impression qu'ils essayaient de les rouler, les menaces à peine voilées, les insultes qui ne l'étaient pas du tout. Etrangement, Pepper et Annette parurent se prendre au jeu, brièvement. Mais la tension était palpable. L'un des pirates, à l'allure moins lupine que le reste de ses congénères, s'approcha même pour les supplier de ne rien faire. Sans doute le seul à utiliser son intelligence dans le groupe, puisque les autres paraissaient prêts à tout risquer pour continuer à s'amuser avec les guerriers venus chercher leur enfant. L'instant où ils franchiraient la limite était imminent. Le Chevalier fit un pas en avant pour que son épaule frôle celle de Kalashnikov. Le prêtre, dont l'enfant avait été pris avant même qu'il ne le connaisse, paraissait dans un état second. Tout son être était tendu comme un arc, prêt à bondir, et ses mots ne firent que confirmer cette impression. Par ce contact, il lui donnait son soutien muet. Toute la meute était à ses côtés pour récupérer le louveteau, ou infliger à ces pirates une raclée dont tous se souviendraient. S'ils en demeuraient pour se souvenir.

Enfin, il y eut l'intervention d'une petite louve blanche au couvre-chef singulier. Elle paraissait la plus sage d'entre eux, et si ses mots s'adressaient à première vue à tous ses camarades, ils étaient bien entendu destinés au loup qui, un moment plus tôt, annonçait leur livrer leur chef sur un plateau. Visiblement, elle n'avait pu que se résoudre à exprimer à voix haute ce qui traversait également les pensées du tricolore : ils devaient faire front ensemble, plutôt que de simplement donner leur chef - leur chef - à l'énnemi.
Athelstan passa la langue sur ses babines, attendant le moindre signe de leurs cheffes pour bondir en avant. Ses yeux allaient d'un Raeder à l'autre, comme un prédateur qui choisissait sa proie dans le troupeau.

Joy ; 13 PVs
F  A E I

Ils avaient pris un enfant. Ils avaient osé s'en prendre une fois de plus aux siens. Et surtout, à un louveteau à peine né. Si la louve au pelage de sable n'avait jamais eu grande affection pour le Prêtre rouge, cet acte d'un barbarisme sans nom lui avait fait partager la peine du soldat d'Aka. En temps qu'Etelkru bien sûr, mais aussi en son état de mère. Elle n'aurait su garder autant son calme -bien qu'elle sentait sa rage bouillonnante dans ses muscles tendus et tremblants- que lui. Peu connue pour sa patience, Joy aurait été une tornade brutale et destructrice si on avait osé touché à un poil de ses petits. Même encore maintenant alors qu'ils grandissaient à vue d'oeil et s'approchait de l'âge de raison. C'est donc tout naturellement en soutien au porte-parole de sa divinité et pour sa complicité avec son Alpha et amie Pepper que la louve beige s'était placé entre les deux, a peu près à équidistance, affichant ainsi son allégeance à la Dominante et au Prêtre en même temps. Dans ses prunelles d'or ne brillaient que la haine pour ces loups insulaires. Ses babines vibraient de ses grognements non retenus et dévoilaient ses crocs serrés, prêt à se planter dans la chair pour la déchiqueter. Dans son dos et sur ses flancs, Joy sentait la présence de ses amis, collègues et frères d'armes, et le ressenti général des Etelkrus galvanisait son énergie. Son poil s'en électrisait d'instinct. Un seul micro-signe de la louve bleue ou de sa géante homologue et la femelle bondirait en avant sans la moindre once de pitié ou d'hésitation.
Enfin si. Pour les jeunes, les trois jeunes femelles de l'âge de ses enfants qui déjà venaient se poser sur le potentiel champ de bataille. Elles n'y pouvaient rien de la bêtise de leurs aînés et étaient embrigadées par l'éducation pourrie des adultes aux cerveaux rongés par le sel. Peut-être n'étaient-ils pas trop tard pour les sauver d'un destin funeste de pirate lâche et crapuleux. S'il étaient possible de leur ouvrir les yeux, Joy s'assurerait que ce soit fait. Si la maternité ne l'avait pas affaiblie, elle lui avait tout de même tendue sa compassion. En partie.

Ann ; 10 PVs
F  A E I

Ils étaient nombreux les Continentaux. Bien plus que les Raeders. Et ils suintaient la haine, la colère. Ils puaient l'agressivité. C'était instinctif et viscréal : Ann ne les aimait pas. Ils lui faisait l'effet d'une meute de brutes sans cervelles qui préféraient les exécutions aux pour-parlers. Sensation qui se vérifia bien vite avec les quelques salves de paroles échangées. Ou plutôt crachées à leurs museaux de forbans. La Noiraude, bien que désagréablement inquiète, s'efforça de tenir bon face à ces têtes grondantes et ces regards assassins, en imitant au possible l'attitude de Limule ou de son père. Creek était celui dont la nonchalance légendaire la rassurait. La blanche, elle, était son modèle à suivre. N'ayant bien évidemment pas été tenue au courant de tout ce qu'avaient prévu ses oncles, l'attitude de Tatch envers le capitaine la scandalisa et elle recula d'un pas incertain vers son père, lui jetant un regard affolé. La jeune sorcière de l'île comprit à son air fermé qu'il s'agissait probablement d'un acte réfléchi et prévu bien qu'il n'en déplaise à son géniteur.

« Limule à voix de sagesse, ce matin. »

Lâcha l'adolescente en fronçant le museau à l'intention de Tatch, et pour ne pas changer de son habitude, elle revint se placer prêt de la louve blanche, et s'assit pour se donner une contenance. Puis, cherchant son courage au fond de ses tripes, elle voûta légèrement la tête, inclina les oreilles vers les Continentaux et les fixa longuement, un par un, en psalmodiant quelques mots incompréhensibles. Histoire d'essayer, pourquoi pas, de les effrayer avec son allure de petite lanceuse de mauvais sort. Grattant sa poupée de toile et y piquant soudain une aiguille d'oursin alors que ses prunelles sanguines vides de pupilles s’agrippaient à quelqu'un. A ce loup au pelage de terre et de sel, et aux longs cheveux noirs tiens. Elle sourit lentement, mais d'un rictus large et qui découvrait toutes ses dents bien blanches usant de cette attitude pour persuader du réel de ses pouvoirs mystiques. Prends ça, envahisseur. Sens la pointe de mes aiguilles te torturer l'esprit. Sens ses picotement le long de ta nuque et de ton dos. Sens la détresse que vous avez infligé au créateur de ma poupée, sens sa mort serrer ton coeur et ta gorge. Frisonne grand loup. L'Océan s'occupera de toi et de tes frères avec délices. L'Océan, à travers elle, allait venger Siam, si les dires de Limule étaient fondés.

Creek ; 13 PVs
F  A E I

La mascarade était de mauvais goût, mais la majorité l'avait emporté. Second et sans doute le moins impulsif, Creek resta en observateur, préférant détourner les yeux de ce spectacle désolant qu'offraient ses frères à leurs ennemis. De quoi endormir leur vigilance, de quoi leur faire croire que ce serait trop facile, pour mieux se défendre et protéger les plus jeunes de l'équipage. Il nota donc l'état fébrile de la plupart des loups présents, tendus comme des arcs prêts à vomir leurs flèches meurtrières. Il remarqua les muscles les plus noueux, mais aussi les silhouettes plus agiles. Il vit que la petite Alpha bleue réagissait étrangement et compris qu'elle n'y voyait pas. La surprendre serait donc plus ardue, car les aveugles entendaient mieux que quiconque. C'était fâcheux. Si les autres pouvaient se faire avoir par des sorties de galeries ou des camouflages, elle non. Creek enregistra aussi la ressemblance entre le Croquemort débarqué un beau matin dans leurs grottes avec la seconde Meneuse. Clairement, elle tenait sa carrure du paternel. Mais peut-être serait-elle plus posée ? Plus sage ? Le vieux beige que ses filles surnommaient la Montagne semblait relativement calme, peut-être aurait-il transmis ce trait de personnalité ? Peut-être serait-il possible de discuter. En bon bras droit du Capitaine, le loup à la patte de bois se devait de préparer des plans de secours. Là où Kéran agissait sur un coup de tête, Creek, lui, envisageait mille et un scénarios de sécurité.

« Tatch, reste à ta place de barman. Un Capitaine ne ploie la patte devant des étrangers. »

Gronda soudain le noiraud à la patte folle en se relevant pour avancer vers le capitaine. Il se positionna donc aux côtés de son frère chef de clan, prenant ainsi l'attention sur lui. Le Maître des Rituels pourraient alors retrouver l'ombre et agir discrètement, qu'il aille donc enclencher la suite et si l'envie lui prenait, quérir les entités de l'Océan pour montrer à ces couards de Continentaux venant en surnombre pour essayer d'effrayer une petite quinzaine de loups des mers dont la moitié étaient des enfants, que les Raders n'étaient pas en reste.

Boîte à Clou

On avait parlé de lui, tiens.
Mais il avait attendu, encore un peu plus. Tout n'avait été que jeu de patience après avoir reconnu les voix des siens au loin. Tout le monde avait accouru vers là-bas, lui s'en était distancé en se mettant dans un coin. Son intention première avait été de récupérer le petit sur le baril de poudre mais il avait été devancé par Tatch. Finalement, n'était resté plus que l'option d'être à couvert pour intervenir au meilleur moment. Il avait un peu peur, mais se réconfortait dans ce rôle de trump card.

Siam n'était plus. L'amulette fut rendue par Pepper qui leur adressa aussi un mot. Lui sut que c'était le bon moment quand l'Alpha eut finit de parler. Il ne se laissa pas le temps de trop réfléchir, préféra compter sur sa témérité légendaire pour foncer dans l'action. Avant de trouver la stupidité de son plan : il était moins bête qu'avant, depuis le montre aux yeux rougis de sang, mais tout de même. Alors il accéléra droit vers Creek, Tatch, Kéran, Limule.

"'sCUZEZ j'PASSE aaaaaa-"

Pour donner un coup d'épaule dedans et tous les faire tomber. Dé sous Force.
Comme s'ils avaient tous été des quilles et lui une boule de bowling. Avec sa ligne, il pouvait se permettre la comparaison ! Et pendant qu'ils étaient tous à terre, hop, la gueule vers le morpion tant jalousé. Les dents manœuvrèrent autour de son échine pour ne pas percer la peau et il repartit aussi vite qu'il pouvait.

Pour rejoindre les siens.

- - -

Anette

Le front s'était resserré autour du Capitaine.
Une information importante avait manqué de l'agiter et la faire parler trop tôt, ou mal. Le croque-mort, qui avait donné sens à l'action visiblement. Elle aurait hurlé à l'enlèvement puis-ce qu'il y avait déjà deux instances de ce fait de leur part mais Tatch compléta avec la mention d'une apparition soudaine. Elle savait cela possible depuis la disparition de Sokaris. En mordant sa langue, elle avait pu garder le silence et écouter le désespoir versé dans les paroles de Limule, ainsi que voir la défense s'ériger autour de Kéran avec un troisième frère. Leur réponse prit la forme de Pepper, qui dialogua à côté d'elle pour parler du cas de Siam. Cette dernière rendit le médaillon avec toute la bonne foi dont ils pouvaient démontrer dans de telles circonstances.

Et puis son père arriva, déroulant son action comme ses foulées. La détermination sembla le porter à défaut de son âge. Elle s'en extasia secrètement : il avait encore maintes choses à revendre visiblement ! Elle qui l'avait cru tout ce temps au cimetière et s'y reposant, incapable de rentrer. Un peu de culpabilité l'habita aussi, s'enquérir de son état plus tôt aurait été indispensable. Mais... Les choses ne se seraient passées ainsi.

Puis-ce qu'il vint vers eux avec l'enfant, Anette se retourna avec un seul ordre pour tout le reste de leurs membres.  "Entourez-les !"

Elle reporta son regard vers les Raeders, sa queue se rabaissant à l'horizontal. Elle passa la patte sur le poitrail de Pepper pour l'intimer de reculer. Sa voix brandit pour elle la solennité qu'elle tâchait de transmettre aux pirates ensuite, avec ses paroles suivantes. La priorité restait de récupérer l'enfant, rien d'autre. Tant pis pour le Capitaine. C'était leur seule chance de partir sans verser le sang.

"Ainsi soit-il, nous reprenons ceux qui n'auraient jamais du venir, et laissons celui qui ne partira que de lui-même." Elle descendit d'un octave. "Nous partons, ne nous en empêchez pas ou nous nous défendront avec la rage d'Aka."

Elle recula à son tour, leur faisant toujours face dans son mouvement pour ne pas les perdre des yeux.
Et aboya une dernière fois pour les siens.

"On y va !"

Ses yeux bleus derrière le crâne du crocodile balayaient les loups en face d'elle, ces loups du Continent mais Limule gardait aussi son attention sur les siens. Son corps était tendu, elle s'efforçait de rester attentive à absolument tout. Elle sentait qu'à l'instant où elle ne serait plus attentive, absolument tout basculerait sans qu'elle n'y comprenne plus rien. Derrière elle, il y avait Ann dont la louve blanche avait l'impression qu'elle aurait toujours un certain soutient, et il y avait Creek en qui elle plaçait toute sa confiance, elle la plaçait dans les trois frères et bien qu'elle ait empêché Kéran et Tatch de continuer leur mascarade, bien que le Capitaine avait fait un pari risqué, toujours, elle avait foi en eux comme toujours elle aurait foi en l'Océan aux vagues qui se fracassaient sur leur plage pleine d'algues.
La louve bleue, une de celles qui étaient plus avancée que les autres, releva la tête et ouvrit la gueule. Les mots qu'elle prononça, la réponse que tout les Raeders attendait, celle que Tatch lui avait pourtant déjà soufflé fit se hérisser le pelage de la pirate blanche. Peut-être qu'un ses babines se dévoilèrent sur ses crocs mais si c'était le cas, personne ne le saurait, le crâne du crocodile cachait sa tête et aucun son ne sortit de sa gorge. Aucun acte ne fut entreprit non plus, Limule resta à sa place alors que la louve bleue dévoilait ce qu'elle avait rapporté.
Elle ne crut pas la continentale, elle ne crut pas au suicide de Siam. Le loup noir était bien mort oui, elle reconnaissait le médaillon, c'était elle qui lui avait donné mais il avait été tué par les continentaux. Soit un des loups en face d'elle avait retiré de force le médaillon du cou du loup sombre, soit il avait été contraint de le faire lui même, l'enfermement était une raison de contrainte. Malgré ça, malgré le coup de croc qui serrait son cœur,  Limule ne dit rien, elle se pencha simplement en avant pour saisir délicatement ce souvenir de l'un des leurs, ce médaillon qui portait l'âme de Siam en attendant de rejoindre l'Océan.

Les oreilles de la louve blanche se dressèrent sur le haut de sa tête, dépassant de tout son accoutrement alors que son museau était encore pointé vers le sol. Derrière elle, le bruit d'un galop lourd qui s'enfonçait dans le sable, Limule s'attendait presque à entendre une cheville se tordre. [Dé] Se redressant, toujours aussi agile sur ce sol qu'elle connaissait depuis sa plus tendre enfance, la pirate blanche n'eut besoin que d'un bond sur le côté pour éviter la masse épaisse du mâle touriste coincé sur leur île depuis un petit moment déjà. Elle remarqua, lorsqu'il rejoignit ses rangs, qu'il avait entre ses crocs le petit être objet d'échange. Rapidement, la femelle qui lui ressemblait ordonna un blocus, empêchant les Raeders de tenter de récupérer facilement l'enfant.
Limule, en première ligne par les actes produits, ne bougea pas, soutenant simplement le regard des continentaux. Il n'y avait pas à réagir, Siam ne serait jamais rendu en tant que loup, il l'avait été en tant que souvenir et c'était au final déjà beaucoup. Il aurait été idiot de risquer les Raeders pour un petit qui n'était pas le leur, sur cet échange, ils avaient été dés le départ, perdant. Limule restait tendue cependant. Oh Kéran s'il te plaît, n'essaye pas de croire en une autre action folle, si l'Océan désire être furieux, s'il ressent le besoin de se venger, ça sera fait. Si c'est le cas, jamais ces loups ne reverraient leurs côtes.

L'écume aux lèvres, sa rage n'était qu'à peine apaisée par les mots rassurants de ses alphas. Le lourd grondement qui roulait bas dans sa gorge puissante n'attendait qu'un ordre pour s'échapper. Un ordre.
Jamais il n'aurait cru être aussi difficile d'obéir à l'autorité, et pourtant, il le devait. Un seul mot se répétait sans relâche dans son esprit bouillant de colère, le nom de son enfant qu'il se répétait comme un mantra salvateur, la raison de leur venue, la raison pour laquelle il devait se retenir. Il mourrait de planter ses crocs dans la chair poisseuse des mollusques qui les bravaient. Il se demanda cyniquement s'ils auraient un goût de fruit de mer. Il saurait bientôt, si les événements allaient en sa faveur.

Puis l'ordre vint. Il n'écoutait plus la conversation. Seul le battement enragé de son cœur, tambour de guerre dans sa poitrine. Le regard rivé vers la gorge du capitaine. Entourez-les. Entourez-les, resserrez le piège, fermer vous sur eux comme une gigantesque gueule d'attendue justice.

Il fût le premier à s'élancer d'un puissant coup de pattes arrières pour se tirer de la masse qui allait bientôt faire foule. Devant les rangs, premier à aller chercher son précieux enfant. Le grondement qui attendait de rouler résonna, grave, dans sa gueule aux crocs découverts.
Il avançait, lentement mais sûrement, ses membres se collant de la boue crasseuse du sol au rythme du reste de la meute... tout droit vers celui qui escortait son enfant au grand galop, le regard toujours rivé vers le capitaine. Qu'ils essaient quoi que ce soit, pour voir. Il était bien plus que prêt.

Il se campa en première ligne, prêt à faire reculer les mollusques qui voudraient avancer, son glowstick rougeoyant, n'attendant que d'être utilisé.