Apprenti et mentor (Teddy)

Tu t'étais levé tôt, toi aussi.
Parce que tu dormais plus beaucoup, depuis qu't'étais seul.

Tu te levais chaque soir au milieu de la nuit, te frayant un chemin dans les ombres pour gagner la forêt. T'avais pas peur, du noir et des bruits, des hululements que déclenchaient ta venue, des grondements sourds dans les forêts dont tu ne t'approchaient pas.
Tu marchais toujours droit, fredonnant à voix basse, murmurant son nom.
Leikn. Où es-tu ce soir ?
Et dans la nuit, tu cherchais l'éclat bleu du glowstick qui l'avait éloigné de toi.
Et nuit après nuit, tu cherchais en vain.

Voilà que se levait l'aube, et ton visage de ne plus trahir ta fatigue tant il en avait l'habitude.

Tu marches d'un pas assuré, la queue dans l'alignement de ton dos, dont les poils biseautés se faisaient chassés par le vent. Ton souffle est mesuré, comme ton effort ; tu ne t'épuises dans tes pas rapides, dans une économie d'énergie gagnée avec l'expérience et l'endurance.
Un battement d'ailes !
Tu te mets en hauteur, et observe de tes yeux mauves la venue du jeune.

T'avais pas eu de fils, Teddy ; tu n'avais eu que l'opportunité d'élever des filles. Cet apprenti, c'était un peu ce gosse que t'avais pas eu. Raison pour laquelle tu y étais si attaché...
Au loin, tu vois ses lèvres bouger, alors qu'il avance vers ce point de rendez-vous fixé. Il semble réciter quelque chose, tu te demandes quoi.
Tu redescends, étendant l'entité formant ton glowstick pour que tes pattes touchent le sol sans le moindre choc, en un amorti parfait, t'y déposant sans un bruit, devant lui.

« Eh bien, je te trouve motivé de bon matin, Vanhir. »

C'est bien.
Ça fait plaisir.

« Tu es prêt pour une petite chasse ? Ou bien préfères-tu qu'on parle d'abord des cours de la dernière fois ? »

Quelque chose à mettre au point, une question ou une hésitation... Tu s'rais là pour lui répondre.

Plus que d'être motivé, le jeune était survolté.

Son énergie était contagieuse, et tu oublies ta compagne un instant pour ne te concentrer que sur ce jeune. Il ne le sait pas, mais il est un peu ta bouée de sauvetage. Celui pour qui tu restes si fier et si fort. Tu continues de prendre soin de toi, de te nourrir, tout ça pour être à même de le suivre et de l'assister dans sa progression rapide et efficace.
Sans lui, t'aurais été du genre à arpenter encore, et encore, et encore, ce putain de bois de l'oubli, sur les traces fugaces d'une damnée louve. De ta damnée louve. A t'en épuiser et à t'en ouvrir les coussinets, à en oublier tes besoins pour ne devenir qu'ombre rachitique.
Mais il était là.
Et pour lui, tous les jours jusqu'à la fin de son apprentissage, tu te tiendrais avec autant de carrure si ce n'est plus.

Ses paroles te réchauffent, toi heureux de pouvoir à ce point lui servir, de revêtir à ses yeux une importance.
Tu lui réponds, satisfait de savoir que tu avais été assez clair pour qu'il n'ait pas plus de questions, et qu'il te poserait de lui-même celles qui pourrait bien fleurir en son esprit.
Il s'était remit en question, ce môme. Il n'était plus le petit gars un peu orgueilleux, qui pensais avoir déjà emmagasiné pleins de savoirs.

« Bien sûr, j'serais toujours dispo si tu as besoin d'être éclairé sur quelque chose, n'hésite pas à venir me trouver même en dehors de nos leçons, tant qu'tu ne viens pas me chercher en pleine nuit. »

Parce que c'est là que tu marches dans le noir, fantôme de l'être lumineux présent en journée.

« Nous verrons en priorité une méthode, aujourd'hui.
La pêche, aka le premier art de chasser qu'on m'a apprit. Cela fait travailler la patience, la dextérité et la vitesse. C'est un reflex, plus qu'une traque.
Puis après une pause, si t'as assez d'énergie on ira défouler nos pattes en suivant la trace d'un sanglier, où c'est la résistance, la coopération et la force de tes crocs qui cette fois-ci feront la différence. Sinon, ça s'ra pour demain ! »

Ses parents n'auraient pas à se plaindre de lui ce soir : c'est bien fatigué qu'il risquait de leur rev'nir.
D'un mouvement de la queue, tu l'entraines avec lui. On allait pas tergiverser davantage, soyons efficace !
Tu remontes la rivière, celle dont le flux se calmait doucement alors que le dôme restait encore. Nous n'en étions pas encore à son assèchement total, mais c'était une chose à craindre dans le futur...
Que faire, contre ça ?
Tu l'emmènes avec toi, sautant de roche en roche jusqu'à vous retrouver au milieu de la rivière.
Au moins, l'apprentissage serait facilité...

« Normalement, nous ne sommes pas en condition optimale pour pêcher. Si nous y arrivons aujourd'hui, c'est parce que le débit d'eau est bas et que les poissons commencent à se cumuler dans le flux qu'il reste.

Le meilleur moment dépend des poissons. L'idéal est de prendre son temps au bord de la rivière, pour noter les heures durant lesquelles les différentes espèces remontent se nourrir. Si elles sont différentes entre elles, elles restent bien déterminées.
Grosso' merdo, il faut pêcher juste avant le lever ou juste après le coucher du soleil. Durant la pleine lune, aussi. Et avant les tempêtes, aussi : si je te conseille plutôt de te mettre à l'abri dans une telle situation, ça serait aussi le moment opportun de ramener de quoi manger en vitesse.

Ici, à la rivière, on cherche davantage les poissons près des troncs tombés dans l'eau, sous la végétation aquatique qui borde la berge, ou en bas des rapides. Faut cependant faire gaffe, avec ces dernières, histoire de pas se retrouver noyer. »

Bien. T'avais donné le plus gros des informations théoriques à ce gamin avide de savoir, il était donc temps de passer à la pratique.
Les yeux plissés, le regard vif, tu es debout et immobile. Tu fixes l'eau et ne bouge plus, plus aucun son n'émane de ta gueule. Tu patientes, ça peut durer longtemps.
Mais t'as de la chance, aujourd'hui. Du moins, si on pouvait appeler chance les modifications que subissaient le fleuve.
Des vairons sautent sur l'eau mais ce n'est pas eux que tu attrapes ; en un mouvement unique, rapide et précis tu enfonces ta patte dans l'eau et ressors l'ombre qui vient de s'en approcher. Poisson vorace que tu envois en l'air et bloque entre ta gueule, claquant la tête contre la roche pour tuer l'animal.

« De petits poissons à la surface indiquent qu'un plus gros s'apprêtent à les manger. Et toi, c'est le plus gros qui t'intéresse...
Maintenant que tu m'as vu faire, essaye. Ne pas y réussir du premier coup est normal, je sais que tu persévéreras. »

Tu lui accordes un sourire confiant, qu'il sache qu'il était en droit de se tromper, de laisser glisser le poisson gluant une fois sorti de l'eau, de ne pas le taper assez fort pour l'empêche de se rejeter à l'eau... C'était des erreurs que t'avais toi-même fait, gamin.

Tu observes, attentif. Ses moindres mouvements. La façon dont il observe les poissons, dont il se penche par dessus l'eau. Tu relèves les erreurs, qui sont un peu les tiennes : il était compliqué, de tout expliquer, de tout mettre en évidence. Si tu lui avais bien montré comment faire, seule la pratique permettait de saisir toutes les subtilités de la pêche.
Et c'est en faisant des erreurs que l'on apprenait. Mieux encore ! Que l'on progressait.

Quand Vanhir manque de basculer dans l'eau, tu changes soudain la forme de ton glowstick pour le saisir, dans un reflex. T'as même pas le temps de le faire finalement, il a trempé la tête et c'est déjà redressé.
Putain, l'coup d'flippe !
T'as le cœur qui bat vite, Teddy. Au moins n'était-il pas tombé tête la première dedans...

Quoi qu'il en soit, les poissons ont fuient et le gosse est honteux, avec son air piteux là. Les oreilles en arrière et l'eau qui dégouline de son poil... Tu lui donnes un ptit coup d'épaule, léger, pour l'éveiller un peu et lui faire comprendre que, bah, c'était pas grave.

« Eh, t'inquiète. J'm'attendais pas à c'que tu réussisses du premier coup. Moi-même, j'ai pas été capable d'une telle prouesse, pourtant je suis né près d'la mer. »

T'es taquin et bienveillant, histoire qu'il se détende un peu et cesse de prendre telle mine avec toi. T'avais eu la chance d'apprendre jeune, il n'empêche que ça restait compliqué au début. Fallait être patient, et s'entrainer sans relâche.
T'avais pourtant la certitude qu'il finirait pas en choper un, des poissons, avant la fin de votre entrainement. Tu te permets de corriger sa position, de le reprendre un peu.

« Ne te penche pas trop, ton ombre doit se refléter au minimum sur l'eau. Ça effraie les poissons, sinon. Garde bien le poids de ton corps en arrière, ton centre de gravité doit être déplacé vers le bas de ton dos...et propulse le poisson vers le haut, pour au pire r'tomber sur son postérieur.
Hésite pas à te muscler davantage les cuisses, ça pourra te servir à garder davantage l'équilibre.

Les poissons finissent toujours par revenir, les moins prudents attirants ensuite leurs prédateurs. Reprends calmement, on recommencera l'nombre de fois nécessaire c'pas un problème.

On tire toujours plus d'un échec que d'une réussite, en terme d'apprentissage. Vaut mieux que tu fasses les fautes maintenant avec moi, qu'plus tard quand tu en auras vraiment besoin. »

La musculation, vous l'aviez vu dans une de vos leçons précédentes, allait-on dire, puisqu'il était compliqué de tout aborder. Aka se positionner antérieurs sur une surface plus élevée, pour faire un transfert de poids uniquement sur les postérieurs et les renforcer par ce biais.
Les yeux rivés sur l'eau, tu le laissas recommencer, espérant l'avoir mis plus en confiance.

Voilà qui est mieux. Ton apprenti est calme, il se replace avec application au bord de la rivière. Pas de précipitation, une grande justesse... Bien. Très bien. Tes yeux se font inquisiteurs, cette fois-ci. S'il revenait à déraper, tu userais de ton pouvoir pour le rattraper et ne pas risquer qu'il se blesse.
Il aurait été con, de suspendre l'entrainement. C'était claro' pas le moment.
Tu voulais faire de Vanhir un mec aussi costaud que toi, et pour ça il fallait persévérer, et n'pas faire un trou de trois semaines dans l'planning parce qu'il se serait tordu une patte.

Puis alors que tu t'attendais à la suite de l'exercice, guettant son action... Celui-ci préféra la discussion, ce qui te surpris un peu. T'ouvris les yeux, haussant les sourcils en un air surpris. Oh.
Ta famille.
On te la posait rarement, cette question. Toi, qu'on voyait comme étant arrivé solitaire, et l'ayant été toute sa vie. Mais c'était pas le cas. Enfin, presque pas le cas.

« J'suis né aux côtes de nacre, mes parents étaient en quelques sortes les pionniers Raeders. Bien avant tout leur délire de rhum maudit, d'île maudite et de maudit crabe.
Mais j'y suis pas resté longtemps. Même pas six mois, à vrai dire, alors j'ai pas connu tout ça.
C'était...
Pas trop mon délire, les fêtes alcoolisés aux coins du feu. J'avais d'autres objectifs. »

Des objectifs tout court.

« Ta mère y est restée plus longtemps, elle a connue les prémices de Morne-Oeil.
Et de famille, du coup... 'y m'reste plus grand chose. A part quelques nièces, et c'que j'ai construit avec ma compagne et notre fille adoptive... »

Enfin, avant que ta compagne ne se fasse la malle dans les bois, te laissant seul. Tu hausses les épaules. C'était compliqué pour elle aussi, en ce moment... Tu t'forçais à te dire ça, même si ça faisait longtemps.
Puis bon. C'était une absence que tu avais aussi imposé à tes parents, toi, en te barrant comme ça.
La fibre familiale n'avait pas été bien entretenue, finalement.
Tu ne te l'étais découverte que bien plus tard.
Tu poses sur lui tes yeux mauvaise. L'avait peut-être envie de parler.

« Finalement, on peut dire que j'ai partagé ma vie entre le fait d'être solitaire et Lazulis. J'ai évolué comme ça.
Et peut-être que c'était une erreur, de m'barrer si jeune pour devenir solitaire.
Mais qui n'fait pas d'erreurs, dans sa vie.

L'important, c'est d'être capable d'en tirer profit et de continuer à avancer. »

Dans l'histoire de ta vie, tu glissais un conseil avisé pour ton jeune apprenti. A lieu d'en tirer ce qu'il désirait.
D'un mouvement du museau, tu lui montres l'ombre d'un poisson, là, devant lui.
Et s'il préférait te parler encore, de lui, de toi, eh bien... C'était ok.

Eh bien, c'est qu'il était aujourd'hui d'humeur bavarde, ton apprenti. Enfin, au moins s'appliquait-il dans sa tâche. Concentré sur le poisson qui tournait proche de la surface, voilà qu'il retint sa respiration et ne la lâcha qu'en même temps que sa patte partie frapper l'eau.
Parfait !
Un sourire satisfait s'installa sur tes babines grisonnantes. Légèrement grisonnantes : n'abusons pas, tu étais encore dans la fleur de l'âge ! Mais l'âge, doucement, faisait son ptit bout de chemin sur ton corps, avec tes poils gris et tes cheveux blancs.
Pas grave, t'étais encore plus beau comme ça, en toute modestie.

Le poisson vola, tu hésitas un instant quant au reflex de ton apprenti... Mais non, ça y est ! Il l'avait tué, l'poiscaille. Il savait pêcher maintenant, ne lui manquerait plus qu'une pratique régulière pour se perfectionner dans cet art. Ça, c'était ton digne apprenti !

« Bien joué, c'était impecc' !»

Il se questionne pour l'avenir, Vanhir. Et toi, t'es honnête.

« Je pense que je partirais avec ma compagne. On ira s'installer ailleurs, aux plaines savanes par exemple, on y fondra quelque chose de nouveau... C'là que j'étais installé, en tant que solitaire. Ou p't'être qu'on voyagera, aussi, comme quand on était jeune.
Je garderais foi envers Moiro, je ferais en sorte de rendre la sublime passée de son île.»

T'as les yeux qui brillent, quand tu parles de tout ça, et tu tais la boule dans ta gorge. C'est une ère qui s'achève, une autre qui commence... Hein, Teddy...
Tu glisses vers lui tes yeux mauves.

« Et toi, tu as déjà réfléchis, à des projets d'avenir ? Je t'ai formé de façon polyvalente, je te sais capable de beaucoup de choses.»

Son entrainement, d'ailleurs, touchait à sa fin.
Il avait bien grandit, ton appentis, ce fils spirituel...

Intéressant. Ainsi avait-il pour vocation de retrouve sa famille au complet. De lier son père et sa mère, avec sa sœur et son frère. Il était adolescent maintenant, mais tu soupçonnes que cette envie date d'il y a longtemps déjà. Du tout début, peut-être, quand il se partageait entre sa mère et un père absent qu'il n'avait pas dû voir souvent...
Ce n'était pas une situation évidente, tu en étais conscient.
Son envie était compréhensible, tu étais bien placé pour le savoir.

Toi, tu avais bien envie de retrouver ta compagne. Il était légitime de vouloir couler des jours heureux au près de ceux qu'on aime, parce que ceux-ci partaient souvent bien trop vite...

Vanhir entre dans la confidence. Il parle de son père et de ses ambitions, les approfondit un peu. Tu l'écoutes dans ta bienveillance habituelle, hoche la tête avec un sourire.
Eheh. C'était de beaux projets, tout ça.

« T'as bien raison, de vouloir profiter de ceux qui te sont chers.
Pour le voyage.. Je ne peux que te soutenir dans ce projet. J'ai effectué plusieurs expéditions loin d'ici. Six mois dans les terres froides des contrées du nord, où règne la solitude et le blanc des glaciers. Et un an et demi sur la route, où j'ai côtoyé des cultures diverses et variées.
On en sort forcément grandit, on a dans la tête des tas de souvenirs et de choses à raconter. »

L'esprit fort et le coeur libre. Tu aimais cette sensation.
C'en était presque étonnant, que tu puisses ainsi t'adapter au dôme.
Le gosse (enfin...) plonge la tête dans l'eau, pour en ressortir un poisson plus gros que le précédent. Tu souris, à en dévoilant tes canines.

« Tu prends l'coup d'patte ! C'est suffisant pour aujourd'hui, t'as bien bossé.
On peut faire une pause. Et si t'es encore assez en forme, allez chasser ? »

Il était un disciple attentif, de ce fait il progressait vite. Aussi ne forcerais-tu pas sur son entrainement en le rendant trop intensif, si ton élève était claqué.
Des occasions de vous entrainez, vous en auriez encore à la pelle.
Ramassant un des deux poissons, le premier attrapé, tu quittes ta place pour revenir sur la berge. Y avait plus qu'à manger, maintenant !
Dans ces temps difficile, un tel repas faisait du bien.
Allongé dans ce qu'il restait d'herbe, finissant finalement davantage dans les pissenlits, tu demandas au jeune mâle.

« On ne l'a jamais abordé, il faut que je te le demande : as-tu réfléchi à un glowstick, Vanhir ? Tu n'es pas forcé d'en vouloir un. Dans les circonstances actuelles... Ton choix sera le mien. »

Il réfléchit, ton disciple.
C'est une question que tu aurais sans doute voulu qu'on te pose, à toi. A quel glowstick tu aspirais. Ou plutôt...à quelle vie. Mais là où tu étais né, le choix n'était pas vraiment à faire.
Bon à grandir, à boire, à faire la fête, à... Tu ne savais pas quoi, tant tes attaches originaires étaient inexistantes (on ne pouvait même plus parler de faibles, à ce stade).

Le cheminement se fait dans sa tête, voilà qu'il te répond avec honnêteté. Ce n'était pas important : tu ne cherchais pas de lui à ce qu'il en obtienne absolument un.
Toi...
Toi, tu voulais surtout qu'il fasse des choix qui lui plaise, dans sa vie. Loin d'un dieu et en solitaire, ou bien fervent disciple toujours au temple : tant que cette situation lui convenait...elle te conviendrait à toi aussi. T'étais qui pour juger, après tout ?
T'avais dû essayer tous les modes de vie, Teddy. T'étais né Raeders, t'avais grandis Solitaire, t'avais manqué de devenir Nakhu d'un poil de cul pour finalement finir Lazulis.
C'qui était pas plus mal.
Tu ne regrettais pas ce choix final.

Et même si aujourd'hui les Lazulis n'étaient plus... Ils n'en restaient pas moins qu'un bon souvenir.
Tu ris à sa remarque, portant sur toi-même et Moiro.

« Tu sais me flatter~ »

Fis-tu, malicieux. Puis tu conclus.

« Enfin, qu'importe ton choix, celui-ci sera le bon. Je ne te forcerais à appartenir à aucun divin, si tu préfères cheminer loin d'eux. J'ai obtenu le mien à six ans, de glowstick...p't'être même sept, j'ai un peu perdu l'compte.
T'es encore jeune, t'as tout ton temps pour te décider. »

Clairement, y avait pas de quoi se presser.
Tu te redresses, ton poisson terminé. Après un repas, une sieste ! Nan, n'abusons pas : ton apprenti allait te prendre pour un croûton sinon.

« Est-ce que t'es chaud pour une chasse, cette après-midi, ou préfères-tu qu'on s'arrête là pour aujourd'hui ? »

Question importante.
Fallait être en état de suivre, si vous partiez chasser le sanglier...

« Alors allons-y. »

Partez chasser, lui et toi. Foulez le bois le museau levé, humant les effluves du bois et de la mousse, écoutant frémir les branches et les feuilles.
Surprenez-le.
Ce sanglier qui se roule insouciant dans une baignoire de terre sèche.

Vous êtes chasseurs, vous êtes prédateurs.

Tu lui détailles tout du long la façon dont on traque, dont on hume. Dont on s'approche de la proie. Elle, grosse, que l'on ne peut prendre qu'à deux, dans une stratégie qui se monte en groupe.
Vous le prenez en étau, forcez sa soudaine fuite.
Des crocs qui se referment sur sa patte, son corps qui bascule. Les dents dans la chair, le sang qui éclate.

Vous êtes conquérants, vous abattez l'animal.
Ton apprenti t’impressionne, tu es content de ce qu'il donne.

Vous poursuivrez encore l'apprentissage.
Et Vanhir devint le premier loup formé par tes soins.

T'en aurais versé une larme, le jour où tu rompis votre contrat.
Parce que c'était un grand gaillard, maintenant.
Et qu'il était temps que vos routes se séparent, avec l'espoir qu'un jour elles se recroisent...