Sans frontière [PV Sokaris]

Maintenant que le dôme avait disparu, elle aurait pu se contenter de rentrer chez elle, sans dire un mot de plus. Le souvenir des silhouettes de loup qui s’étaient séparées la laissant seule au milieu du gouffre lui avait laissé un sentiment amer. Leur avait-elle été utile ou avait-elle échoué. Elle pensait être plus joyeuse d’avoir enfin mis fin à l’existence du dôme de Mido, mais il n’en était rien, elle se sentait seulement perdu dans ses émotions, ne sachant plus dans quelle direction tracer son chemin maintenant que plus aucune voie n’était tracée pour elle. Il était plus simple parfois de s’en remettre aux Dieux. Plutôt que rester inactive à chercher une réponse qui ne venait pas, elle avait pris la décision d’explorer le territoire des ex-lazuli, pensant que la connaissance de ces terres pourrait jour lui être utile. Elle avait choisi une direction au hasard et s’y était tenu.

Elle avançait tête et queue basse perdue dans ses pensées regardant à peine le paysage qui défilait autour d’elle. Cela valait bien la peine d’explorer en territoire si c’était pour simplement avancer en ligne droite sans prendre le temps d’analyser les éléments qui le peuplaient. Il fallait croire qu’elle n’avait pas la tête à cela. Perdue dans ses pensées, elle ne releva la tête que lorsqu’une odeur lui parvint. Une odeur au combien inhabituelle, mais qui ravivait de mauvais souvenirs. L’odeur fort d’un solitaire. Elle avait quelque peu omit le fait que puisque les frontières étant tombées, des individus de toute sorte pouvait désormais y pénétrer dont ceux qu’elle aurait bien aimé ne pas croiser. Elle avait gardé un mauvais souvenir de ses rencontres avec un solitaire.

Lorsqu’elle se retourna, elle ne pu voir qu’une voir qu’une fourrure grise parsemée d’ocre. Sa fourrure prit du volume lorsqu’elle s’immobilisa en dardant des yeux ronds sur l’individu qui se retrouvait en face d’elle. Il se trouvait là, à quelques mètres derrière elle.

« Encore toi ? » La louve lâcha un grognement. « Alors maintenant tu me suis ? Tu n’en as pas eu assez la dernière fois, tu viens chercher le reste ? »

Le pelage de la louve commença à retomber en place alors qu’elle l’écoutait parler. Ce timbre de voix et l’absence de cet accent agaçant. Elle s’était trompée de personne, c’était évident. Ce n’était pas le loup qui avait hanté ses cauchemars pendant plusieurs nuits avant qu’elle ne tire un trait sur sa vengeance.

« Excusez-moi. Je vous ait pris pour quelqu’un d’autre. Si vous n’avez pas de frère, il vous ressemblez très portrait, lui aussi porte plusieurs teintes de terre avec des marquages rouges. »

Elle s’approcha doucement sans aucune trace d’agressivité, mais avec quelques traces d’hésitation tout de même, méfiance. On n’aimait pas beaucoup les solitaires par chez elle, ils avaient tous mauvaise réputation. Mais elle était curieuse, celui-ci aurait bien pu lui sauter dessus tandis qu’elle avait le dos tourné, mais il n’en avait rien fait. Les solitaires ne seraient-ils dont pas tous des dangereux criminels prêt à vous clouer au lit pour le restant de vos jours ?

Elle s’approcha tout près afin de se saisir de son odeur. Aucune trace de l’odeur du clan lazuli et pourtant, cette odeur n’avait pas encore disparu de ces terres, il était encore trop tôt pour que chacun reprenne son identité propre.

«  Toute fois, vous n’êtes pas un lazuli ? »

La louve blonde pencha la tête, le toisant sous toutes les coutures peut-être était-ce la sa dernière occasion de rencontrer un solitaire en d’autres conditions que celles imposées par son clan.

« Je me nomme Sokaris, je suis une Etelkrus. Je ne suis que de passage ici. Ces territoires ne sont pas les miens, ils appartiennent -ou appartenaient – aux lazulis, mais ils sont aujourd’hui divisés. Je pense que vous pouvez aller où bon vous semble ici.»

La louve haussa les épaules. Qui voudrait prendre possession d’une terre désolée sur lequel subsiste que peu de nourriture. Elle n’en avait pas la moindre idée. Si quelqu’un devait lui interdire l’accès à ces terres, ce ne serait certainement pas la jeune épée qui n’en avait que faire que des solitaires se promènent sur ces terres, sauf peut-être s’ils se montraient hostile envers elle ou éventuellement d’autres loups qu’elle avait pu rencontrer, mais celui-ci n’avait pas l’air bien agressif même si elle restait sur ses gardes prudentes tout de même.

La louve se recula gênée. Elle s’assit un peu plus loin laissant sa queue entourer ses pattes. Alors qu’elle ne l’avait quitter des yeux depuis un moment, son regard se perdit un peu plus loin. Le regret. Celui de n’avait été endoctrinée depuis petites, engrainée dans cette haine des solitaires.

« Je ne peux vous contredire. Ce que l’on a pu vous dire est vrai les miens ne portent pas les solitaires dans leur cœur. Vous seriez sitôt condamné avant même d’avoir pu préparer votre défense et avant d’avoir commis un quelconque méfait. Mieux vaut ne pas y jouer. Croyez-moi »

Il faut croire que dans son malheur, il avait eu de la chance.
S’il l’avait rencontré plus jeune au cœur des terres des etelkrus, il était sûr qu’elle n’aurait pas été si aimable. Il n’aurait guère eu l’occasion d’ouvrir la gueule pour se justifier qu’une patrouille lui serait déjà tombé dessus, si ce n’est la louve elle-même qui l’aurait chassé de ses terres, en tant qu’épée, c’était son rôle, il ne fallait lui en vouloir d’agir comme on le lui avait enseigné. Mais aujourd’hui, le contexte était différent, elle avait appris de ses erreurs et s’était émancipée de cette haine qui lui avait transmis son peuple. Loin de leur jeter la première pierre, elle comprenait leur crainte qui parfois se trouvaient justifiée, mais avoir été seule contre tous au milieu d’une meute inconnue, prisonnière du dôme, lui avait permis de se mettre à la place des solitaires prisonniers du continent n’ayant aucun lieu sécurisant où se réfugier et aucun allier de confiance pour leur apporter leur aide en cas de problème. Les meutes étaient fortes de par l’union des loups qui les composent. La vie des solitaires bien difficile aux yeux de la louve qui malgré tout ne pouvait tourner le dos aux siens.

«  Si je peux me permettre un conseil, je ne m’approcherai pas trop des frontières des Etelkrus si j’étais vous. Après vous faites ce que vous voulez, je n’ai pas à vous donner des ordres, je ne fais qu’énoncer l’évidence, il n’est pas de votre intérêt de vous approcher des etelkrus. »

La louve ne comprenait pas bien ce qu’il y avait de drôle dans sa mise en garde. Elle haussa un sourcil tout en relevant la tête, tout fois, elle ne s’en senti pas offusquée. Elle s’imagina que la situation était juste cocasse. Loin de dénigrer son clan, sa mise en garde était véridique. Rien que côtoyer un solitaire n’était pas bien vu par les siens alors les laisser aller et venir sur le territoire n’était pas toléré. Devait-elle se montrer honteuse de cette vérité ou la dissimuler au yeux des autres ? Il est vrai que l’image qu’elle avait décrite de son propre peuple n’était pas des plus reluisante, mais sa mise en garde n’avait qu’un seul et unique but, tenir les solitaires éloignés de ses propres frontières.

Un conseil ou une mise en garde. La louve blonde fit la moue lorsque le solitaire évoqua le manque de régularités dans le comportement des solitaires, elle recula légèrement la tête, tendue comme prête à bondir sur ses pattes à tout moment, tout en se forçant à rester immobile, garder une figure calme. Peur légère, mais toujours présente, méfiance. Les solitaires étaient il tous  imprévisibles ? Pouvaient-il changer d’avis  sur un coup de tête ? Était-ce une question à poser à un solitaire ? Lui répondrait-il franchement comme elle l’avait fait sans dissimuler une quelconque vérité difficile à entendre ? Il lui semblait déraisonnable d’avouer ses craintes à l’égard des solitaires, des craintes qui n’étaient pas que préjugés puisqu’elle en portait les stigmates, Large cicatrice qui lui barrait l’échine depuis son altercation avec un solitaire. Un solitaire qu’elle décrirait aujourd’hui comme peu recommandable alors qu’elle ne se permettrait pas le même procès catégorique envers celui qui se trouvait aujourd’hui en face d’elle.

Une chance, une seule qu’elle lui laissait, un soupçon de confiance. Gracieusement offert par la jeune valkyrie. Une chance qu’il n’avait pas intérêt à gâcher, puisqu’elle se savait incapable de pardonner la trahison. Intransigeante face à l’erreur comme son propre peuple.

Elle l’écoutait parler, analysant chaque mot, chaque parole. Lorsqu’il changea de ton, elle fit bouger ses oreilles comme pour lui signifier qu’elle avait remarqué ce changement, une proximité dont il s’emparait.
Elle ne le perçu pas comme une preuve d’irrespect mais comme un traitement d’égal à égal, loin de s’échauffer pour si peu, elle attendit simplement qu’il finisse avant de reprendre possession de la parole.

Elle secoua la  tête désapprouvant ce qu’il venait de dire.

« Je ne saurais vous dire si votre discours pourrait être entendu. Nous ne traitons guère les traîtres mieux que les solitaires, la mort est souvent la sentence proclamée. Mais je ne connais aucun loup de notre meute qui aurait été chassé pour les raisons que vous évoquez. On nous enseigne avant tout à rester unis. Nous prenons soin de ceux des nôtres qui en ont besoin.  »

Si tel n’était pas le cas, alors elle ne serait certainement plus présente ici pour répondre à ses interrogations.

« Seul le heaume pourrait répondre à votre question, je ne me permettrais pas de parler à leur place. »

Même si Kainan prenait la mesure avec légèreté. La louve avait fait son boulot en l'avertissant et cela suffirait a le tenir a l'écart du clan Etelkrus. Pour un certain temps au moins. Le jeune solitaire a le gout du risque et la soif d'apprendre comme s'il ne voulait jamais devenir adulte. Pourtant il mesurait ce risque en sachant éperdument qu'il n'a qu'une vie. Il avait fuit sa meute parce qu'on lui avait ordonné et qu'il n'avait pas la capacité physique de faire face. Croire le contraire n'était qu'une erreur alors pourquoi prendrait il le risque ici ? Si ça devait arriver c'est qu'il serait au mauvais endroit au mauvais moment mais en connaissance de cause.

Imprévisible il pouvait l'être en ne montrant rien et en agissant de manière impulsive. Pour cela fallait il encore qu'on le contrarie par un geste ou des mots provocants. Dans le cas présent il échangeait simplement avec Sokaris et si les débats pouvaient parfois devenir houleux, il s'en irait de lui même si le vent venait a tourner. Kainan préférait de loin avoir l'etelkrus a la bonne et ferait en sorte de ne pas briser cette confiance qu'elle lui accordait. Son regard se perd sur son collier et la lueur jaune qui se trouve dessus. Ce qu'ils appellent glowstick l'intrigue autant qu'elle en vérité mais ça il se le garde bien de lui dire et se contente de l'écouter, toujours attentif.

"Je vois, c'est effectivement plus radical que ce que j'ai pu connaitre. Un malade ou un blessé a toute sa place, un traitre lui est condamné. C'est une méthode et comme je l'expliquais cela n’empêche que bon nombre de solitaire se sont ainsi fait bannir pour une raison ou une autre."

Il n'insisterait pas sur le sujet ne serait ce que pour ne pas lui donner l'idée de lui demander comment lui l'était devenu. Kainan avait guère envie de raconter les raisons de cette nouvelle vie. Il s'estimait plutôt chanceux d'être jeune et d'avoir la vie devant lui pour s'adapter et qui sait avec le temps intégrer une nouvelle meute ou avoir une compagne aussi charmante qu'elle.

(Je lance mon dé hasard ici, obligatoire après le tirage au casino ^^)

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'Hasard' :

La louve plissa les yeux, elle réfléchit rapidement. Elle n’est pas des plus intelligentes ou malignes donc ces choses prennent du temps. Elle l’écoute. Alors qu’une question vient dans son esprit.

«  Pourquoi s’intéresser ainsi aux clans ? n’est-tu pas fier d’être solitaire et libre ? n’est-ce pas ce qui fait votre force, c’est indomptable imprévisibilité. »

Elle pencha la tête toujours assise. Curieuse tout de même d’entendre la réponse à sa question. Elle ne savait pas quoi penser, mieux valait-il une vie de danger et d’incertitude dans un monde vaste et libre ou une vie dans laquelle on est guidé par des alphas et où l’on a pour seule liberté que l’intérêt de nos proches et les décisions prisées par d’autres. Ne valait-il pas mieux n’avoir assumer que ses propres égarements plutôt que celui de tout un peuple. n’y avait-il pas eu des innocents lazulis sacrifié par la folie et l’entêtement des leurs ? Cette idée de se perdre soit-même en étant guider par des ignorants ou des fous fit trembler la louve dans son fort intérieur.

« Tu aimerais rejoindre une nouvelle meute après avoir été chassé de ton ancienne meute ? »

Elle plissa les yeux une nouvelle fois, si elle n’avait aucune certitude, c’est ce qu’il lui semblait avoir compris au travers de ses paroles et elle se demandait bien quelles pouvaient être ses raisons. Courir retrouver une meute alors qu’elle cherchait limite à fuir les siens de peur d’être confronté à sa propre absence pendant des semaines, c’était ce qui la terrifiait aujourd’hui. c’était un poids dont elle n’arrivait pas à se débarrasser. Lui, il semblait vouloir courir au devant des ennuies dans l’espoir de rejoindre une meute afin de ne pas rester seul, comment un solitaire pouvait craindre la solitude, c’était un non-sens pour la louve.