L'ouvrage entre nous. [Feat.Lestat]

HAYNDRIEL

Hayndriel était revenue dans la bibliothèque, c’était devenu un lieu agréable pour elle. Le vent l’y guidait facilement, l’aveugle y entrait, s’installait dans un coin loin du cœur du lieu, et elle écoutait les loups, avant de s’endormir. Elle aimait être bercée par les murmures et l’odeur des livres. L’endroit était si calme et reposant qu’elle s’y ressourçait, y retrouvant ce calme dont elle avait tant besoin. Elle passait beaucoup de temps à réfléchir. Elle aimait venir ici pour plusieurs choses, d’abord le silence, ensuite les histoires qu’elle y entendait, et ensuite parce qu’elle s’y sentait proche de Lestat qui était parti depuis un temps qu’elle ne définissait pas.

Elle n’avait pas cette notion du jour ou de la nuit. Donc pas la notion des semaines et du temps qui passe. Mais elle savait qu’il n’était pas là, son absence elle la ressentait, elle n’arrivait pas à chasser les pensées qu’elle avait pour lui. C’était son frère, un frère qui la comprenait sans doute mieux que les autres, et qui acceptait de lui expliquer les choses, ne la prenant jamais pour une idiote, et le faisant calmement, peut être même avec enthousiasme.

Elle s’était endormie, sans vraiment s’en rendre compte, sans doute la quiétude de la pièce l’avait poussé au sommeil. Mais elle fut réveiller, par une odeur qui était venue lui chatouiller la truffe jusque dans son rêve. Elle rouvrit les paupières, baillant, avant d’humer l’air ambiant, était-elle prise d’hallucination olfactive comme c’était déjà arrivé ? Elle n’espérait pas. Les oreilles en arrière, elle suivit l’odeur du loup avant d’entendre le bois craquer à quelques mètres d’elle, se figeant un souffle avait accompagné le bruit de la planche. Elle tourna la tête, un sourire timide effleurant ses babines.

« Lestat ? »

Demanda-t-elle à l’inconnu, incertaine. L’odeur était légèrement différente, saturée de parfums sauvages et extérieur. Mais son sens de l’odorat n’était pas moindre. Et puis, ce loup dégageait la même aura agréable que celle de son frère d’arme. Son espoir qu’il soit revenu revint au galop, mais elle ne voulait pas se réjouir trop rapidement.

Hayndriel étant aveugle, elle n’était pas sûre d’elle, mais cette odeur tout de même. Si elle avait encore une hallucination, maudite soit sa cécité. Elle voulait voir son frère, c’était encré sous son épiderme. Il lui manquait. Mais elle n’était pas en colère contre lui, elle l’attendait seulement, calmement, toujours, chaque jour en fait. Yersine avait dit qu’il rentrerait, et elle le croyait, elle croyait en ce loup qu’elle avait rencontré à l’Eglise, et était convaincue que son frère rentrerait, même s’il le faisait dans plusieurs années. Elle ne perdait jamais patience. Elle était restée égale à elle-même, bien malheureusement. Elle aurait tant voulue être une louve plus forte et plus digne. Mais changer était difficile pour la jeune louve.

Alors quand elle avait senti l’odeur de son cadet de quelques mois, elle avait senti l’espoir affluer dans ses veines en même temps que sa queue c’était mise à battre doucement. Personne ne venait jamais dans cette partie de la bibliothèque, c’était d’ailleurs ses propres passages, ainsi que quelques courants d’airs, qui avait fait tombé les vieux ouvrages. Elle avait osé demandé, peut être c’était-elle trompée, comme souvent, son espoir retomberait alors, comme d’habitude. Mais pourtant, sa question ne fut pas sans réponse.

Elle perçu la voix incertaine du mâle il était bien là, à quelques pas. Il était de retour et elle sentit son poitrail se gonfler de joie et de bien être. Sa queue s’agitant vivement. Elle le sentit passer sa truffe dans le pelage de son encolure, instinctivement la femelle passa une aile protectrice autour de lui alors qu’elle lui caressait le dos de sa patte avant, rassurante et douce à la fois.

« C’est parce que je tiens fort à toi que tu m’as manqué… Si tu ne m’avais pas manqué, cela aurais prouvé que je n’ai pas d’affection pour toi. »

Lui dit-elle doucement en sentant par la suite les larmes de son frère. Elle lui léchouilla doucement les oreilles dans un mouvement rassurant et tendre à la fois. Hayndriel désirait le rassurer et lui montrer qu’il n’avait rien fait de mal. Si il était parti c’est qu’il en avait ressentit le besoin, qu’il n’était pas parfaitement bien dans sa meute, ou ne s’y sentait pas à sa place. Elle étirait un grand sourire de bonheur, n’arrivant pas à calmer les mouvements de sa queue.

« Je suis ravie de te savoir revenu Lestat. Sèche tes larmes je t’en prie… »

Lui souffla-t-elle doucement avec une grande tendresse. Espérant pouvoir l’aider. S’il avait besoin de partir, qu’il parte à nouveau. Elle le voulait juste heureux peut importe l’endroit où il serait. Hayndriel ne voulait juste pas savoir ses proches souffrants d’un quelconque mal ou d’un emprisonnement moral. Et puis elle savait que son frère était différent et plus libre d’esprits, il était érudit et peut être que la meute l’envahissait d’une manière désagréable.