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 Etancher sa soif | Joaquin

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MessageSujet: Etancher sa soif | Joaquin   Etancher sa soif | Joaquin EmptyVen 10 Avr 2020, 16:44

Solitude avait soif.

Et ça, c'était un truc qu'il avait du réapprendre ici : à chercher à boire. Chez lui, la question ne se posait pas tellement : il avait du matin au soir les pattes enfoncées dans de la flotte cristallisée, et il trouvait clairement le gros de ses besoins en eau dans sa nourriture. Alors quand il était arrivé ici, dans ces contrées tièdes et sans neige, s'était posé pour la première fois ce tout nouveau problème qu'était la soif. Le mâle clair avait donc appris à écouter les ruisseaux, suivre les pistes infimes laissées par les herbivores, flairer l'humidité dans l'air à l'approche des étangs. Il avait également appris à écouter son corps, être attentif à la sécheresse de sa gorge, à cette sensation âcre dans l’œsophage qui lui indiquait qu'il était temps qu'il s'hydrate. C'était comme l'herbe, les fleurs, les loups à cheveux et le reste : il avait fini par s'y faire, et son instinct avait fait le reste.

C'était donc principalement pour cette raison que Solitude traînait dans le coin. Il avait suivi la pleine d'herbe rase sur une assez longue distance, avant d'arriver dans cette étrange dépression, ce creux circulaire qui avait l'air tout sauf naturel. Mais in commençait à être habitué aux reliefs étranges, tout aussi étranges que le reste des choses et personnes qu'il avait pu rencontrer ici. Ce vague sentiment de réticence à l'égard de l'inconnu, qui l'étreignait encore parfois quand Sol se confrontait à toutes ces choses dont il n'avait pas l'habitude, s'était bien vite envolé quand il avait aperçu la surface irisée du lac au-delà de la crête rocheuse qui bordait la Vasque.

Un profond sentiment de soulagement l'avait gagné alors qu'il descendait au petit trot le long de la pente, rasséréné à l'idée d'enfin pouvoir s'abreuver. Comme un jeune cabri, il s'ébroua, déglutissant comme pour tromper une dernière fois la sécheresse de sa gorge. Il ne s'arrêta qu'une fois les pattes dans le sable de la rive, arquant le cou pour plonger son gros museau dans le lac.

Ca faisait du bien.
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MessageSujet: Re: Etancher sa soif | Joaquin   Etancher sa soif | Joaquin EmptyVen 10 Avr 2020, 20:41



La neige qui noyait les terres du Nord se clairsemait chaque jour un peu plus. Conséquence direct de ce fait : à chaque excursion qu'il faisait, Joaquín allait un peu plus au Nord.

Depuis quelques semaines déjà c'était toujours sur les terres qui avaient autrefois été celles de la meute Lazuli qu'il se rendait : toutes ces nouvelles possibilités qui s'offraient à lui avaient eu le mérite de tromper la relative monotonie de son quotidien — relative, si l'on prenait en compte sa récent mésaventure ayant impliqué un étrange hybride mi-scorpion mi-cactus. De tous les endroits anciennement prisonniers du Dôme où il s'était rendu, la Passe Ventue avait particulièrement retenu son attention. Il s'y était même rendu un certain nombre de fois, repoussant de quelques jours supplémentaires sa visite de lieux encore inconnus. Ca n'était pas la maison. Mais ça lui rappelait la maison, et il s'y sentait bien.
Il avait bien envie que ça devienne la maison.

Il n'était pas passé par là-bas ce matin, sachant très bien qu'il risquait d'y passer sa journée au lieu de continuer son quadrillage du secteur : cela aurait de toute manière impliqué un détour, c'était plus simple de passer par la côte. C'était donc en milieu de journée que ses pattes avaient fini par fouler l'herbe sèche de ce nouvel endroit, et depuis, il trainassait dans le coin. Il y avait cette grande ouverture qui semblait conduire à une tanière dont il soupçonnait fortement qu'elle ne soit pas qu'une simple cavité parmi tant d'autres : elle avait immédiatement attisé sa curiosité, et si le jeune Joaquín tout fraichement débarqué de son Mexique lointain s'y serait engouffré sans la moindre hésitation, le solitaire qu'il était à présent et qui avait vu passer pas mal de conneries et d'absurdité de la réalité depuis qu'il s'était établi sur ce continent avait veillé à s'en tenir éloigné, ce contentant de la lorgner du coin de l'oeil lorsqu'il passait à proximité. Reportant une éventuelle visite à plus tard, lorsqu'il se serait acquitté du reste.
Le coin n'était pas franchement naturel. Outre la sécheresse engendrée par le Dôme et l'aspect étonnamment circulaire sans que rien ne l'y prédispose de la vallée, il y avait ce lac aux couleurs relativement agréables en dépit de la catastrophe climatique qui avait sévi ici durant plus d'un an. Ca rendait cette entrée encore plus louche. Mais il avait bien envie d'y aller quand même.
Dans l'immédiat il se dirigeait vers le lac, histoire de se rafraîchir la gorge. Et il n'était visiblement pas le seul à avoir soif, puisqu'une tâche claire massive était déjà affairée à se désaltérer sur la berge vers laquelle il se dirigeait. Joaquín ralentit le pas, oreilles pointées devant lui, humant l'air avec attention. Un solitaire. Dont l'odeur lui était familière.
Sourcils froncés, il mit quelques secondes à se remémorer un court échange avec un étrange mâle bourru au milieu des ruines, au Nord Est. Echange qui était désormais bien flou dans sa mémoire. Tout ce dont il se rappelait réellement, c'est qu'en dépit d'un manque cruel de tact, l'autre n'était pas spécialement hostile.
Il reprit donc son allure normale, avalant rapidement la distance qui le séparait de l'autre, et plus particulièrement de l'eau qu'il convoitait. Il finit par s'arrêter sur une petite plateforme qui dominait l'eau de quelques centimètres à peine, un endroit parfait pour boire sans se mouiller les pattes, à quelques mètres de l'autre mâle.
Puis se pencha à son tour pour boire.
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MessageSujet: Re: Etancher sa soif | Joaquin   Etancher sa soif | Joaquin EmptyMar 14 Avr 2020, 19:44

Solitude l'entendit avant de le voir.
Il dressa les oreilles en entendant le martèlement régulier et souple, étouffé par la couche de végétation, du pas de son congénère. La silhouette sombre se découpait dans le lointain, de plus en plus nettement à mesure que le loup s'approchait de lui. Sol l'observait du coin de l'oeil, tout en continuant de boire, attentif au moindre geste offensif de la part du nouveau venu. Si rien dans l'attitude de l'autre ne laissait suggérer qu'il put être agressif, le mâle clair gardait de son passé des habitudes de guerrier implacable et sans merci qui s'étaient, au fil du temps, un peu émoussées sans jamais vraiment disparaître. A mesure qu'il se rapprochait, le nouveau venu semblait de plus en plus familier. l'avait-il déjà croisé ? Solitude leva la tête, détaillant le solitaire. Il était plus petit et plus fin que lui, le pelage bien moins fourni, aussi. Sombre, quelques traces de rouge, et les plumes.

En voyant l'étrange coiffe de son congénère, l'esprit revint au mâle crème. Il avait déjà croisé cet individu, ailleurs, bien des années auparavant. L'échange avait été plus que fugace mais il se souvenait avoir été profondément intrigué par ces plumes, ces petits ornements fragiles que le mâle portait sur lui. Désormais, elles ne lui semblaient guère plus étonnantes que les étranges couleurs qu'arboraient certains, les coupes improbables ou même des ailes ou des cornes. Au moins, ce loup-ci n'avait pas l'air d'une chimère ou d'un demi-dragon.

Le mâle sombre se mit à boire, à quelques mètres seulement de Solitude. Bien qu'il ne connaisse absolument pas l'autre, il ressentait un vague sentiment de réconfort à l'idée de croiser une tête connue, même un tout petit peu. Il avait passé à peine quelques mois sur les terres de Punk Wolf avant de retourner au Pays du Froid, perdu et dépité, sans comprendre ce monde nouveau et tiède. Il avait, une fois de plus, traversé le blizzard de la Grève, au Nord, espérant retrouver sa meute et ses repères, son univers de violence et de lutte perpétuelle. Il y était parvenu, épuisé et harassé, à bout de souffle. Mais les Chasseurs lui étaient désormais hostiles : son odeur avait changé, et il avait été déclaré mort.
Plus personne ne voulait de lui.

Certain qu'il ne pouvait survivre au Pays du Froid sans meute, Solitude avait fait demi-tour, traversant encore une fois la Grève, toujours seul et terriblement perdu.
Et il était revenu.

— Tu dois pas avoir chaud.

C'était une affirmation, pas vraiment réfléchie, qui faisait simplement référence au fait que le poil de l'autre était bien plus fin que le sien.
Décidément, le social, c'était toujours pas ça.
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MessageSujet: Re: Etancher sa soif | Joaquin   Etancher sa soif | Joaquin EmptyVen 24 Avr 2020, 18:12

Du bref échange qu'il avait eu avec l'autre solitaire, Joaquín avait principalement retenu un élément : l'absence totale de tact et de filtre social dans les paroles du grand blanc. Qui n'était pas sans lui rappeler certains mâles de chez lui. Le genre de gros bras à l'intellect pataud mais efficaces sur le plan physique qu'on engageait typiquement pour les plans dont on savait qu'ils allaient probablement dégénérer en bain de sang, et qui généralement dégénéraient en bain de sang à cause de ces mecs qui ne réfléchissait pas trop.
Il savait son avis biaisé : il avait grandi au milieu de ces gens-là, avait appris à ne pas les apprécier et même à les mépriser, usé par la sauvagerie et la médiocrité des brigands avec lesquels il s'était parfois retrouvé à traiter lors de son court séjour du côté sombre de la Morale du Canyon. Les fils de Daniel eux-mêmes en étaient de bons exemples, même s'ils étaient socialement plus doués et mieux intégrés que la plupart de leurs semblables. Un bon petit paquet de gens qui ne lui avait jamais rien inspiré de bon.
Un peu plus d'un an d'expérience qui tendait à légèrement obscurcir son jugement lorsqu'il en venait à croiser la route d'une montagne de muscles.
Au moins, ce mâle venu du Nord ne semblait de prime abord pas spécialement mesquin. C'était même systématiquement lui qui avait ouvert la conversation, pas de manière spécialement antipathique : ainsi Joaquín se montrait méfiant — il était méfiant avec tout le monde, cela dit –, vaguement réticent, mais pas totalement fermé d'esprit non plus. Et puis, on n'allait pas se mentir : il avait vraiment besoin de voir du monde. Il aurait été prêt à aller boire des bières avec Nacho s'il l'avait pu, au point où il en était. Quitte à l'écouter lui déblatérer moult conneries et trainer son honneur dans la fange pendant des heures. Juste pour ce putain de lien social qui lui faisait si cruellement défaut.

— Je viens d'un endroit beaucoup plus chaud que toi, répondit-il en redressant la tête.

Il lécha l'eau qui constellait ses babines de petites gouttelettes luisantes.
Pas besoin de demander d'où venait l'autre mâle pour deviner qu'il venait d'un endroit où les températures étaient sensiblement plus basses qu'ici. C'est à dire incroyablement plus basses que chez lui.
Chez lui, où la plupart des gens avaient le poil bien plus clair et plus court que lui, d'ailleurs.

Il huma l'air. Fait intriguant, son interlocuteur portait sur lui les mêmes odeurs que la première fois qu'il l'avait croisé. Exactement les mêmes. Avec les années, les senteurs typiques de ce continent auraient largement dû prendre le pas sur celles des terres d'origines de l'autre, délayées un peu plus à chaque jour qu'il passait loin de chez lui.
Ce qui laissait supposer qu'il s'était absenté un bon moment et n'était revenu que très récemment.

— Pourquoi tu es revenu ?
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MessageSujet: Re: Etancher sa soif | Joaquin   Etancher sa soif | Joaquin EmptyDim 26 Avr 2020, 07:25

A vrai dire, Solitude faisait des efforts.
Il n'avait jamais appris à réfléchir, au Pays du Froid. Chez lui, les coutumes se résumaient à reproduire sans jamais les questionner les mêmes comportements, à mener depuis des générations les mêmes guerres, à tourner en rond comme trois meutes de crevards en se courant après sur le même plateau aride et glacial. Sans jamais se demander réellement pourquoi on disputait ce pauvre coin de territoire inhospitalier aux deux autres meutes. Sans jamais réfléchir à aller ailleurs, en ayant vaguement conscience que le seul climat divisait par trois l'espérance de vie des loups du coin. Personne ne posait jamais de question, personne ne proposait jamais un autre chemin au meneur du moment, personne n'essayait jamais vraiment de faire un pas de côté. Et le climat n'expliquait que partiellement ce microcosme autoritaire : dans un monde où la survie est un réel combat, où se lever le matin, le ventre trop souvent vide, en laissant des congénères gelés derrière soi, relevait de l'exploit, difficile de discuter les habitudes, plus ancrées et efficaces que des menaces. Personne n'avait envie d'être abandonné, laissé derrière, sous-nourri pour avoir tenté l'affront de refuser de se plier à une de ces consignes stériles. Sa mère, elle, l'avait fait, ce pas de côté. Elle s'était créé son univers, sa propre bulle de liberté dans cette prison sans barreaux qu'était la vie au Pays du Froid. Et si elle en était morte, elle avait eu le mérite de montrer à ses congénères qu'une autre vie était possible. Qu'ils n'avaient pas à vivre leur existence totale comme un chemin de croix perpétuel et qu'ils avaient le droit d'être un peu heureux, des fois.
Pour changer.

Et si Sol était un pur produit de son environnement social, s'il avait été un membre exemplaire de cette meute de brutes abîmées, il gardait en lui, très profondément ancrés, les bribes de souvenirs de sa prime enfance. Pas vraiment des moments précis, ni même des scènes construites, mais plutôt des ambiances, des sentiments, des impressions de bonheur et de liberté, des rires, des instants complices. Des futilités déjà profondément dissidentes, quasi-insurrectionnelles qui avaient planté en lui des graines. Des germes de curiosité, de questionnement, de désir de sens et de justice.
Qui mettaient du temps à éclore, mais c'était un début.

— Je viens d'un endroit beaucoup plus chaud que toi.

De fait.
C'était à se demander comment il faisait pour survivre à la neige.

— Pourquoi tu es revenu ?

Solitude dévisagea le mâle, hésitant quelques secondes sur la réponse à donner. La vérité était simple et claire, tranchante comme une guillotine, et tenait en une phrase sans trop de mots, comme celles avec lesquelles il était le plus à l'aise. Mais elle faisait mal, le piquait au vif, droit dans sa fierté, et si fort qu'il était pour encaisser les coups, il était bien infichu de savoir s'il serait capable de les prononcer sans se blesser. la plaie était encore fraîche, encore à vif, et le combattant qu'il était savait qu'il lui faudrait du temps pour accepter. Comme un bobo au coude : il ne fallait pas y toucher, ne pas solliciter la zone et résister à la tentation d'arracher les croûtes. Mais là, le mâle clair ne comprenait pas bien comment ça fonctionnait, l'ego, quelles paroles blessaient d'avantages et lesquelles pansaient.

Et puis, avait-il vraiment envie de raconter à un quasi-inconnu que, quand il était retourné chez lui, on l'avait rejeté ?
Et surtout, qu'on avait donné son nom à un louveteau d'une nouvelle portée ?

Au Pays du Froid, quand un loup mourrait, on donnait son nom à un petit de la portée suivante. C'était également le cas quand on abandonnait un vieux jugé trop faible, ou un malade, qui avaient des chances de survie moindres sur ces territoires hostiles. Le message était donc clair : pour son clan, Solitude était mort.

— On ne revient pas, chez moi. Quand on part, c'est pour toujours. Si je voulais revenir, il fallait pas partir.

C'était, sur le coups, le compromis qui lui avait paru le plus acceptable. Malgré qu'il ait omis le plus douloureux, Solitude ne pu s'empêcher de se renfrogner ; c'était déjà trop. Parler de son exil à voix haute lui donnait une réalité, une existence presque palpable. Bien qu'ici soit clairement un meilleur choix d'existence que le Pays du Froid, savoir qu'il était coupé à tout jamais de ses racines et de tout ce qu'il avait connu jusque là, tout ce qui l'avait forgé en temps qu'individu, était à tout jamais inaccessible le plongeait dans un profond désarroi, qu'il peinait à dissimuler complètement. Il se remis à boire, tentant de se donner une contenance ; quand il releva la tête, Sol était de nouveau impassible.
Et persuadé que sa vive émotion était passée absolument inaperçue.

— On peut y retourner, d'où tu viens ?

Parce que c'était clair que son congénère sombre non plus ne venait pas du coin. Il n'avait croisé personne avec ces étranges tonalités dans la voix, ces intonations chantantes et cette façon étrange de prononcer certaines syllabes. Si le concept de langue étrangère lui était complètement étranger, le gros sentait bien qu'ils avaient au moins ça en commun, de venir de loin.
Sinon, comment expliquer ces fichues plumes ?
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MessageSujet: Re: Etancher sa soif | Joaquin   Etancher sa soif | Joaquin EmptyVen 01 Mai 2020, 21:33

[ Et attends un peu, après il va avoir un oiseau en familier qui va l'accompagner, je préfère pas imaginer la gueule de Sol si il voit ça ]

Sa question sembla plonger le grand Nordique dans une profonde réflexion. Réflexion qui, à en croire la manière qu'avaient les traits bourrus de l'autre mâle de se crisper de manière indicible, et l'ombre qui s'abattit durant quelques instants sur son regard, se voyait mêlée à une certaine tristesse.
Joaquín n'avait jamais été le meilleur quant il s'agissait de déchiffrer les émotions des autres, n'y prêtant de toute manière que rarement attention — à quelques exceptions près –, mais cette fois-ci, il les vit. Cette mélancolie. Ce regret.
Quelque chose en lui se serra et il crut durant une courte fraction de seconde se contempler dans un miroir.
Rien ne lui permettait de dire avec certitude que l'émotion qu'il croyait déceler chez l'autre était véritable : peut-être se faisait-il simplement des idées, soudain poussé par sa propre nostalgie. Néanmoins la douleur semblait bien réelle dans les yeux de l'autre. Ca ne dura guère. Mais ça avait été là. Les sourcils de Joaquín tressaillirent légèrement, tandis que son interlocuteur semblait gagner contre toute attente en profondeur. Peut-être était-il plus qu'un énorme amas de muscles à la syntaxe presque aussi limitée que la sienne. Peut-être y avait-il quelque chose, en dessous.

Les mots du solitaire allèrent dans son sens. C'était à croire que les solitaires du coin l'étaient plus par exil forcé que par choix d'une vie émancipée des contraintes de l'autre. Quoique là encore, il tendait à généraliser à partir de bien peu de cas. Peut-être même surtout à partir du sien. Il ne savait pas grand chose du passé des autres avec lesquels il avait eu l'occasion de passer un peu de temps.
Il se projetait sans doute trop.

— On peut y retourner, d'où tu viens ?

Ce petit quelque chose, cette gêne en lui se tordit un peu plus. Il laissa à son tour son regard se perdre dans le vide, son esprit comme il le faisait si souvent se prenant à galoper de nouveau dans le désert aride et les steppes désolées qui avaient un jour été siennes. Là-bas au Sud, par delà les montagnes, les plaines, les bois et les forêts, les lacs et les fleuves, et toujours plus de forêts et de montagnes, était un monde auquel il avait été arraché bien trop tôt. Un monde de violence et de privations, de douleur et de pertes, de déchirure, de destins brisés, mais où étrangement les rires ne cessaient jamais de résonner et où chaque nuit pouvait devenir une fête. Un monde sauvage et impitoyable où ne survivaient que ceux qui savaient s'adapter vite. Ceux qui avaient le Canyon dans les tripes.
Il était de ceux-là.
C'était sans doute la raison exacte pour laquelle ce pays lui était désormais interdit. Il était trop affuté. Trop adapté. Il représentait un trop grand danger.
Il ressemblait trop à un fléau du Désert dont on avait eu tant de peine à se débarrasser.

— Moi je ne peux pas, finit-il par répondre d'une voix sourde.

Tout ce qu'il avait à présent c'était ses souvenirs, et cette amertume dans la bouche à chaque fois qu'il s'y perdait un peu trop.

Il finit par relever les yeux vers l'autre, battant des cils pour regagner contenance. On n'allait pas non plus dégainer des chaises, les foutre en cercle et lancer un club des bourrins avec le mal du pays au bord du lac.

— Je suis Joaquín, finit-il par ajouter.

Peut-être serait-il amené à revoir le grand blanc, si ce dernier décidait finalement de s'établir dans le coin. Auquel cas, autant connaître son nom.
Ca lui manquait, il fallait bien le reconnaître, d'avoir des gens à appeler par leur nom. Ca lui donnait un vague sentiment d'appartenance, et surtout d'existence. Il était solitaire, mais il connaissait quelques personnes, et quelques personnes le connaissaient aussi. Au moins de vue. Et de nom. Il n'était alors plus qu'une simple ombre aux yeux jaunes. Un anonyme parmi tant d'autres.
Il devenait quelqu'un.
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MessageSujet: Re: Etancher sa soif | Joaquin   Etancher sa soif | Joaquin EmptySam 09 Mai 2020, 17:18

[J'pense ses sourcils vont fusionner ensemble et il va plus pouvoir utiliser la moitié supérieure de ses yeux WAT]

A sa question, le regard de son congénère se détourna de lui, comme s'il s'en retournait au loin, dans ces contrées chaudes que Solitude peinait à s'imaginer. Comment c'était, ce pays sans neige où l'herbe était rare ? Ca sentait quoi, la poussière ? Comment diable les loups du coin faisaient-ils pour boire ? Et comment faisaient-ils pour ne pas mourir de chaud, d'ailleurs ? En tous cas, le mâle sombre avait l'air pensif, presque nostalgique, de ce que Solitude interprétait de son regard. Clairement, il n'avait jamais été très physionomiste, ni vraiment empathique, ce qui ne l'aidait guère à décrypter. En tous cas, l'autre lui semblait bien loin, aussi loin que lui-même l'avait été, l'espace d'un instant, reparti dans son Nord natal.

Ils n'étaient peut-être pas si différents, après tout.

— Moi je ne peux pas.

L'autre solitaire lui lança un regard amer - décidément, Sol s'améliorait en langage non verbal - transformant ses impressions antérieures en certitudes. Visiblement, il n'avait lui non plus pas vraiment choisi de venir dans le coin, et se retrouvait à errer là plus par un concours de circonstances qu'autre chose.

Ils étaient deux.

L'étranger se tourna vers lui, faisant disparaître le voile trouble de son regard d'un battement de cil.

— Je suis Joaquín.

Même son prénom ne semblait pas d'ici.
C'était assez difficile à dire en vrai, mais cette étrange sonorité chantante, roulant sur le J initial, allongeant le i final. Dans sa bouche teintée de sonorités profondément exotiques à l'oreille rustre de Solitudes, ce nom se fondait à merveille. C'était quand même étrange dans la mesure où absolument tout ici, noms comme apparence de ses congénères, lui semblait exotique et nouveau, que le simple nom d'un étranger de plus lui paraisse encore plus étranger que tous les étrangers du coin. Et ça faisait sacrément beaucoup d'étrangers dans son esprit déjà encombré par toutes ces infos nouvelles.

Mais comme l'avait été Justice quelques jours plus tôt, et exactement pour les mêmes raisons, Joaquín lui était sympathique.

— Solitude.

C'était cliché certainement, parce qu'il était un solitaire - comprendre : il n'appartenait à aucun clan - solitaire - comprendre : il n'avait pas de potes - avec un nom qui résumait, du coup, assez bien sa vie. En plus, il l'avait énoncé d'une voix laconique et rauque, tel le poor lonesome cowboy qu'il semblait être. A ceci près que la solitude lui pesait de plus en plus, lui qui n'avait jamais appris à fonctionner seul. Sol était un être indéniablement grégaire, avec un instinct territorial présent et un profond besoin de reconnaissance de la part de ses pairs. Mais ses tentatives de s'acoquiner avec les meutes du coin n'avaient guère été concluantes pour le moment ; il en avait croisé une, de meute, qui avait très probablement mis sa tête à prix après qu'il eut manqué d'arracher la tête à un de leurs louveteaux qui s'était avéré être le gamin de deux des membres les plus haut-placés du clan. Le solitaire clair n'avait pas encore vraiment fréquenté de membre des autres clans, mais ses moeurs semblaient à des kilomètres des loups du coin, alors il n'avait pas franchement envie de tenter l'expérience.
Puis il n'était pas doué en diplomatie.

A moins que...

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MessageSujet: Re: Etancher sa soif | Joaquin   Etancher sa soif | Joaquin EmptyDim 31 Mai 2020, 16:48


[ J'aurais voulu voir Sol et Dani ensemble tiens ça aurait été folklo ]

— Solitude.

Il fallut quelques instants à Joaquín pour comprendre qu'il s'agissait-là du nom du grand Nordique — c'était pour ainsi dire la seule option viable, car ile ne voyait du reste pas ce qui aurait pu pousser l'autre à soudain déclamer comme ça ce mot, sauf peut-être pour souligner l'état permanent dans lequel semblaient baigner leurs vies à tous deux. Ses yeux se plissèrent vaguement, avant qu'il ne dresse la tête, une moue amusée étirant discrètement ses babines.

Vaya, tes parents n'avaient pas l'air très joyeux !

Ou peut-être n'étaient-ils guère inspirés une fois venu le moment de nommer leur progéniture.
Cela dit, il avait récemment découvert que le solitaire à poil ras sur lequel il tombait plus ou moins régulièrement et généralement toujours pour des situations délicates s'appelait Justice, donc il n'en était pas à ça près. Peut-être était-ce là la manière que l'on avait de nommer les gens dans d'autres pays.
Au moins il n'aurait guère de problèmes à se remémorer le nom du loup blanc s'il lui arrivait de le recroiser, tant celui-ci dénotait.

— Tu as rejoint une meute d'ici, toi ?

Toute trace d'amusement quitta son visage tandis qu'il contemplait l'autre d'un air pensif.
Non.
Non aurait été une réponse si simple. Sobre et monosyllabique comme il les aimait lorsqu'on lui posait une question qui revêtait un caractère un peu trop personnel à ses yeux. Cependant il avait le sentiment que la demande de l'autre recélait une sorte de but caché — but dont il soupçonnait cela dit la nature –, et qu'il pouvait être bénéfique à tous deux qu'il fasse un effort d'introspection et morde légèrement sur l'habitude qu'il avait d'éviter à tout prix de parler de lui de manière autre que totalement superficielle.

Pour être honnête, en arrivant ici, l'envie était présente. Il sortait tout juste d'une année de périple et de baroude dans la solitude la plus absolue, n'avait guère croisé d'autre que dans des contextes hostiles, et se sentait aussi bien éreinté sur le plan physique que moral. Et surtout, il avait besoin de compagnie. Car quand on avait été comme lui élevé dans un contexte où le cercle familial primait sur tout le reste, dans le brouhaha permanent d'un bar où s'enchainaient les clients, habitués comme de passage, géré par ceux qui étaient les siens, balloté à droite et à gauche entre ses soeurs, et quand la seule chose autre que l'on avait connu était la vie dans un gang de malfrats, fait était qu'on avait tendance à mal accuser le coup lorsque l'on se retrouvait livré à soi-même. Pas qu'il ait été incapable de ne pas s'en sortir seul : bien au contraire, en dépit de toutes les valeurs d'entraide familiale et de communauté qui régissaient la vie chez lui, on vous y apprenait très tôt à vous débrouiller par vous-même, parce que sinon vous ne pouviez survivre, et parce que malgré tout, dans le fond, on restait tout seul.  
C'était la compagnie qui lui faisait défaut.
Les bruits constants. L'absence de calme. Les voix, les discussions, la présence de l'autre. Si Joaquín n'avait jamais été du genre à s'épancher sur ses sentiments, savoir qu'il y avait quelqu'un auprès de lui à qui il faisait suffisamment confiance pour savoir que si jamais le besoin se faisait véritablement sentir, il pourrait le faire, l'avait toujours rassuré. Ecouter. Répondre, parfois. Sentir la chaleur de l'autre contre soi. Voir le visage des personnes auxquelles vous teniez s'illuminer comme un soleil lorsqu'elles vous adressaient un sourire heureux.
Avoir toujours quelque chose à faire. Rendre service, discuter.
Il n'avait rien à faire ici. Il n'avait même rien à défendre, personne à protéger, alors que c'était là quelque chose qu'il ressentait le besoin de faire, puisque c'était dans cette optique-là qu'on l'avait élevé, comme on élevait tous les jeunes mâles chez lui.
Mais il n'avait rien de tout ça. La seule chose qu'il pouvait protéger, à l'exception de ce terrier qu'il s'était creusé au sein d'une oasis dans le Désert et qu'il s'apprêtait de toute manière à quitter pour déménager définitivement à la Passe Ventue, c'était le souvenir qu'il conservait des siens. Garder la mémoire de son pays et de sa famille intacte et préservée des assauts du temps.
Jusque là il s'en sortait bien.
Mais ce n'était pas assez.

Le désir était toujours présent : il n'était pas fait pour la vie de solitaire, même s'il s'y adaptait parfaitement. Mais fait était que le choix ici était extrêmement restreint et que les désormais deux seules possibilités qui s'offraient à lui ne le tentaient guère.
Les premiers voulaient très probablement le tuer.
Les deuxièmes vivaient selon un code auquel il ne pouvait adhérer.
Tous, par ailleurs, vivaient sous le regard de divinités envahissantes, et semblaient bien incapables de se débrouiller sans.
Tous étaient faibles.

— Je n'ai rien trouvé ici qui me convient, finit-il par souffler avec amertume.

Il pouvait s'adapter à la différence. En tout cas, il l'espérait. Mais pas à ce point.
On n'allait pas se mentir. Il aurait également vraiment aimé retrouver quelque chose qui lui fasse penser à chez lui. Quelque chose qu'il aurait pu appeler maison.

— Tu voudrais rejoindre une ?
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MessageSujet: Re: Etancher sa soif | Joaquin   Etancher sa soif | Joaquin EmptyMer 08 Juil 2020, 11:56

[Nan mais imagine le carnage, Sol capte pas le concept de langue étrangère AWESOME by susu ]

— Vaya, tes parents n'avaient pas l'air très joyeux !

Sol ouvrit la gueule.
Puis la referma.
...Avant de froncer les sourcils.
Pour changer.

Ce fut très bref, presque violent. Les images s'enchaînaient dans son esprit, vivement, sans lien entre elle. Il y voyait sa mère le regarder tendrement et sourire, alors même que personne ne souriait, chez lui. Il la voyait déchiqueter faiblement un pauvre bout de carcasse amené par Roche, alors que le reste de la meute s'entêtait à la laisser mourir de faim. Il la voyait enfin seule dans la neige, faible, incapable de se relever, sa silhouette disparaissant dans le blizzard alors que Roche l'emmenait avec lui, garantissant sa survie alors qu'il ne pouvait plus rien faire pour sa mère.
Pour Solitude, première du nom.
Paradoxalement, si en fait, ses parents avaient été "joyeux", pour un monde ou le bonheur n'existait pas. il ne devait d'ailleurs qu'à sa mère ces quelques lambeaux de joie, de rires, de curiosité et de poésie qui perduraient malgré tout, bien enfouis sous cette solide armure d'indifférence. Il ne devait qu'à elle d'avoir un jour eu le courage de partir, et celui de revenir sur ces pas quand il avait fui le nouveau monde.
Parce qu'il s'était même appelé Joie, un jour.

Le problème, c'était le reste de la meute, figée dans ses traditions, tournant en rond sans aucun but sur le même plateau inhospitalier depuis Mathusalem sans autre raison que "ça avait toujours été comme ça", acceptant de perdre - et même de manger - la moitié de ses louveteaux pour survivre, n'autorisant jamais un écart et se battant contre les mêmes meutes, qui partageaient les mêmes conditions de vie sans autre raison qu'une conquête perpétuelle du même territoire absolument dénuée de sens. Sol se l'était bien demandé : pourquoi n'abandonnaient-ils tout simplement pas le plateau aux éléments ? Le monde était si vaste, et leurs chances de survie étaient meilleures absolument partout ailleurs. Sauf que cette logique éculée, quasi-féodale - si tant est que ça ait du sens dans un monde de loups à cheveux - n'était jamais remise en question par personne, dans la mesure où le simple fait d'être heureux condamnait à l'exil, et donc la mort.

C'était ça, qui avait tué sa mère.
Elle avait essayé, ô sacrilège, d'être heureuse.

Et avant que Solitude ait pu partir sur une tirade semi-psychanalytique sur sa relation oedipienne avec sa daronne, le nouveau venu pris la parole.
— Je n'ai rien trouvé ici qui me convient. Tu voudrais rejoindre une ?

Le mâle clair haussa un sourcil. Sans qu'il sache réellement pourquoi, l'autre lui faisait penser à Justice, rencontré quelques temps plus tôt. L'air à l'écart, bien que toujours plus adapté que lui même, et incarnant une espèce de force tranquille malgré une stature plutôt quelconque. En voyant Joaquin - ouais c'est la dèche des synonymes un peu - Sol avait l'impression de se voir dans quelques années, toujours seul, toujours sans réels proches, toujours sans meute, tant il se sentait en décalage avec les meutes existantes. Leurs motifs aux couleurs criardes, leurs accessoires étranges, leur tube de lumière pour commencer, mais aussi leurs habitudes et leurs coutumes. Leur besoin d'être dirigé par un chef, quelqu'un qui décidait ce qui était bon pour tout le monde, et qui bénéficiait d'un statut particulier. Rien que ça sonnait étrange à ses oreilles, lui qui n'avait connu que la hiérarchie tacite de l'expérience, de la meute qui s'autorégulait seule, comme une ruche où chacun sait quoi faire, comment et quand, grâce à des habitudes léguées de génération en génération.

Et il ne parlait même pas des dieux.

Le grand mâle marqua un temps, cherchant ses mots.

— Je crois que... Ici, elles sont bizarres. Je pourrai pas être comme eux.

Il marqua un temps.

— Toi, tu n'as pas l'air comme eux.
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Cassius
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MessageSujet: Re: Etancher sa soif | Joaquin   Etancher sa soif | Joaquin EmptyJeu 09 Juil 2020, 19:33

[ Un régal WAT ]

— ... je ne pourrais pas être comme eux.

A qui le dis-tu, mec.

— Toi, tu n'as pas l'air comme eux.

... à qui le dis-tu.
Un petit rire sec s'échappa de sa gueule, discret, comme s'il n'avait été destiné qu'à lui-même. S'entendre dire, même après toutes ces années passées à errer ici, qu'il n'avait rien à voir avec les locaux avait quelque chose de rassurant. Lui qui avait tant craint au cours de ces derniers mois de se ramollir, de se laisser peu à peu grignoter par la monotonie des jours qui s'enchainaient dans un contexte de survie toute relative — il ne peinait guère à trouver de l'eau ou des proies, et à une sombre histoire de scorpion-cactus près, n'avait pas manqué de perdre la vie, même de très loin, depuis un bon moment. Il ne s'était heurté à aucun congénère depuis bien longtemps. Si l'on excluait les quelques fantaisies spécifiques au coin — les motherfucking monstres qui avaient l'indécence de span de temps à autres sur son chemin –, sa vie était... pacifique.
En d'autres termes, elle était bien chiante.
S'il avait eu un groupe auquel appartenir, ça aurait pu être différent. Mais là, on se faisait clairement chier. Ce n'était pas pour rien qu'il recommençait à rôder aux alentours des frontières Etelkru. Ces derniers étaient la seule véritable source de distraction qui s'offrait à lui. Une distraction malsaine, certes, mais une distraction tout de même. Comme un papillon attiré par une flamme, il ne pouvait s'empêcher de retourner vers eux, en dépit du risque sévère qu'il encourait de se cramer les ailes.

La vie était plus simple, chez lui. Il n'y avait pas de meutes. Il y avait des familles, des petits groupes, quelques clans plus larges dont la renommée était proportionnelle à la barbarie des exactions auxquelles ils s'adonnaient, et à partir de là il était facile de choisir. On se retrouvait souvent avec des gens qu'on n'appréciait guère, mais qui nous ressemblaient malgré tout et suivaient plus ou moins un code similaire au nôtre. Il y avait une forme de compréhension. On pouvait migrer d'un groupe à l'autre, même si cela pouvait s'avérer risqué. Il y avait toujours de la nouveauté. La vie était terrible, on souffrait au quotidien, les gens mourraient tout autour de nous, chaque jour était un nouveau flirt avec la mort, mais on ne s'emmerdait pas.
Cet enfer, c'était ce dans quoi il avait grandi, ce à quoi il avait été formé, c'était sa zone de confort.
Ici on mettait des capes et on priait des Dieux luminescents, on parlait éthique et morale, on avait le temps de s'interroger sur qui on était vraiment — c'était peut-être ce qu'il y avait de pire, parce que même lui avait suffisamment de temps pour s'adonner à de longues introspectives, et ce qu'il avait vu dans ces moments-là ne l'avait clairement jamais emballé.
Ici, sans adrénaline pour doper votre esprit et peur pour vous tordre les tripes, la vanité de l'existence s'imposait à lui dans toute sa gloire, et ça n'avait franchement rien de plaisant.

— Ca s'appelle fossé culturel.

Il avait fait l'effort d'articuler le terme du mieux qu'il pouvait, se remémorant les fois où Arabella y avait fait référence. Ces deux mots avaient toujours beaucoup plu à la louve. Elle disait que ça faisait sophistiqué d'en parler. Et ça avait surtout le don de pousser Daniel à tirer une gueule de six pieds de long. Elle aimait par conséquent beaucoup parler de fossé culturel en sa présence. Selon ses dires, l'incompréhension doublée d'une vague gêne elle-même recouverte d'une forte dose de colère contenue qui se lisait dans ses yeux lorsqu'elle lui parlait de fossé culturel était l'une des visions les plus délicieuses qui soient.
Cette pensée le fit sourire.

— Il y en a d'autres. Comme nous. Des gens qui viennent de loin et qui sont trop différents.

Sans que cette idée n'allège réellement sa peine, ça prouvait, en son sens, que quelque chose manquait ici.
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