Joaquin - Ann

Vous dormiez, loups. Profondément. Et puis, juste après l'appel de cette mystérieuse voix, vous vous réveillez. Enfin pas vraiment. Votre esprit sait qu'il dort, qu'il est loin de son corps d'origine. C'est une sensation étrange, mais ce monde, aussi insolite soit-il, est réel pour votre nouvelle enveloppe charnelle.

Ann, tu es une poule à cou nu !
Joaquin, tu es un lapin fuzzy lop!

Allez donc récupérer ces œufs avant qu'il ne soit trop tard. Car vous le sentez. Quelque chose déchire le continuum ici. Quelque chose de puissant. Et il vaut mieux fuir avant que ça n'y parvienne. Le réveil risquerait d'être beaucoup plus brutal que prévu...

Il commençait à en avoir sérieusement plein le cul des oeufs.

Voilà même qu'il en rêvait la nuit. Enfin, il supposait ? Pas la moindre idée de ce qu'il foutait là. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il pouvait sauter super haut, qu'il avait un besoin urgent de le faire, et qu'il était excessivement... petit. Et rond. Et mangeable, aussi.
Joaquín n'aimait pas rêver. Il le faisait sans cesse mais oubliait ses songes la plupart du temps au réveil : c'était très bien, car ses rêves étaient rarement agréables. Toujours confus. Celui-là en revanche était bizarre. Un tout nouveau level d'étrangeté, dans un environnement qui ne pouvait en aucun cas sortir normalement de son subconscient, car il ne ressemblait à rien de ce qu'il avait pu connaître.
Ah et il y avait une poule aussi. Une étrange poule qu'il ne pouvait même pas essayer de boulotter et qui faisait vaguement peur, avec sa gorge exposée aux yeux de tous. On aurait cru une créature tout droit débarquée des Enfers, mais pour les moins de dix ans. Il la trouvait flippante. Ca, c'était plus susceptible de sortir de son esprit.

Il se mit à chercher des oeufs sans trop savoir pourquoi. On faisait rarement des choses cohérentes dans les rêves.

Ann ; Poule à cou nu

Spoiler:

F  A E I

Les songes étaient souvent étranges, et paraissaient incohérents, toujours. Cette nuit là ne fit pas exception. Pour elle ne savait quelle raison loufoque, il lui fallait récupérer des oeufs. Dans une volonté d'en amasser le plus possible d'ailleurs, à l'instar de la pirate qu'elle était et qui s'efforçait la journée d'apporter à son trésor toujours plus d'objets précieux, elle se mit frénétiquement à gratter la terre par endroit, et à fouir dans d'autres. C'est là qu'elle vit la forme de sa patte sans poil. On aurait dit un griffon. En miniature. Ecartant ses antérieures sous la surprise, elle remarqua ses ailes. Oh. Noires et luisantes, comme Eva ! Un large sourire étira ses bab... Oh, mais elle avait un bec ! Un caquètement outrée se dégagea de sa gorge. Ce rêve était bien incroyable ! Elle était volatile à l'apparence plus épaisse qu'une mouette et beaucoup moins leste. Elle caqueta à nouveau, mécontente. Quoi qu'ai voulu lui dire son esprit au travers de cette image mentale, c'était bien retors.

L'urgence de se faire un petit tas d'oeufs devint plus fortes alors qu'elle voyait ce lapin sombre renifler partout. Il allait lui prendre ses oeufs ! Pourtant ce n'est qu'un élan de pure confiance qui l'envahit à l'idée du rongeur trouvant ce qu'ils cherchaient tout deux. Comme s'il était un ami. Il pourrait donc l'aider et lui apporter de quoi couver ! L'adolescente s'agita en direction du lapin, usant de force bruits de gorges bien perturbants, pour attirer son attention ! Il y avait un oeuf, là ! Regarde dans le nid ! Ann se dandina jusqu'à lui. Enfin, jusqu'à l'oeuf plutôt avant de comprendre qu'il appartenait à une autre volaille. Il leur faudrait être malins pour subtiliser ce trésor sans se faire agresser par la détentrice actuelle. Quoi de mieux que la poudre aux yeux, les petits tours malicieux, pour s'en sortir comme une fière forbante ?

La poule à cou nu se mit à courir/sautiller un peu plus loin en caquetant tout ce qu'elle pouvait et creusant la terre de ses petites serres crochues en imitant une scène jouée par des mouettes dont elle se rappelait : l'une d'elle avait piailler en découvrant un poisson mort à manger et toutes les autres avaient accourus et volées jusque là pour se tailler une part du gâteau. De mémoire donc les volailles mangeaient de la viande comme eux... Et ici, à part le lapin quand même bien trop gros pour s'y attaquer -puis il était un ami-, Ann ne voyait pas quoi trouver d'autres que des insectes et lombrics directement dans la terre ! Alors il se mit à griffer le sol dans un ramdam d'enfer pour attirer sa fausse comparse, en espérant que le lapin serait assez malin pour disparaître avec et l'apporter dans son nid à elle ! L'idée était excellente, et Ann s'en félicita avec un poil de vanité : l'instinct grégaire du poulet l'avait emmené auprès d'elle pour creuser le sol et y trouver à manger ! Va ami lapin ! Et cours vite !

537 mots.

Il continuait de fouiner un peu partout, surveillant toujours l'étrange poule à moitié déplumée — était-elle porteuse d'une quelconque maladie ? Genre la gale ? Qu'est-ce qui aurait pu pousser un animal à naître naturellement sans le moindre poil ou plumage pour protéger cette zone du corps qui était exactement celle que les prédateurs visaient lorsqu'ils voulaient mettre à mort une proie, sinon ? Tout ça lui paraissait extrêmement louche – du coin de l'oeil. Son flair n'était clairement pas aussi performant que dans ses souvenirs de cette époque lointaine où il était loup. Tout ce qu'il sentait, pour le moment, c'était de l'herbe. Sous ses pattes. Son nez ne lui servait pas à grand chose. La tâche allait s'avérer plus délicate qu'il ne l'aurait envisagée.

Il se risquait à se dresser sur ses pattes arrière pour balayer les alentours du regard lorsqu'un concert de bruits infernaux lui fit tendre l'oreille. L'étrange poule à moitié dénudée s'était mise à gesticuler de toutes parts, attirant par la même occasion l'occasion d'une autre poule qui se promenait non loin. Poule qui ce faisant s'éloignait lentement de son nid, qui n'était pas très loin. Nid au beau milieu duquel trônait... un oeuf ? Un oeuf doré, étincelant sous le soleil. Un sourire malicieux étira les babines — ou ce qui servait de babines à un lapin – de Joaquín. L'occasion était parfaite. Et il eut soudain le sentiment ineffable que la voie avait été dégagée expressément pour lui. Parce qu'ils étaient une team, n'est-ce pas ? Pas la moindre idée d'où pouvait lui venir cette conviction, mais fait était que maintenant qu'il y songeait, l'idée qu'il fasse équipe avec le volatile excentrique lui semblait tomber sous le sens. Lentement, avec toute l'agilité et la discrétion que lui permettait ce corps rond et au poil incroyablement soyeux dans lequel il était contraint d'évoluer, il se coula dans la direction du nid, agrémentant sa marche, parfois, d'un petit bond sur la droite, d'un petit bond sous la gauche, faisant mine de chercher un peu partout autour de lui. Par chance, le nid ciblé était entouré de buissons épars, aussi sauta-t-il avec agilité dans celui le plus proche, avant de continuer sa route sous le couvert des branches en rampant, veillant à ne faire craquer aucune brindille. Il commençait peu à peu à apprivoiser cette enveloppe charnelle grotesque, réalisant les possibilités que celle-ci lui offrait, et s'estimant pour le coup assez heureux d'être doté d'une paire d'oreilles tombantes, qui ne pouvaient ainsi le trahir dans sa tentative d'infiltration en dépassant involontairement des buissons dans lesquels il progressait peu à peu. Il avait l'impression de faire le Vietnam. Rampant dans la fange sous les tirs ennemis, profitant de ce que cette nature qu'il ne connaissait pas avait à lui offrir dans sa tentative désespérée de fuir les regards ennemis et ainsi d'échapper à une mort certaine.

Il finit par atteindre l'endroit à couvert le plus proche du nid. Dissimulé dans les branchages, il attendit un énième caquètement sonore venant de son alliée et profita de l'inattention de la poule cible pour bondir agilement hors de sa cachète. Etre un lapin n'avait de prime abord rien d'enviable, mais il fallait dire que cette formidable détente qu'il avait dans les pattes arrière était carrément kiffante. En deux bonds il fondait sur le nid tel le rapace sur sa proie. Ses pattes se refermèrent sur l'oeuf doré et il entreprit de le tirer délicatement en arrière jusque dans les buissons d'où il venait de sortir.
Quelques secondes de plus et l'oeuf était définitivement en sa possession. Fier de son larcin, il l'observa disparaître, avant de sortir nonchalamment de sa cachette. Adressant un regard complice à la poule à cou nu, il retourna à ses recherches, comme si de rien n'était.

626 mots

Ann ; Poule à cou nu

Spoiler:

F  A E I

Et parce qu'ils étaient parfaitement coordonnés dans ce rêve étrange où ils chassaient des oeufs en duo, parce qu'effectivement il y avait cette certitude que le lapin était son compagnon de jeu, qu'elle sut le moment où ses lestes pattes s'emparèrent du précieux trésor tant désiré. Elle continua son charivari quelques minutes encore, afin d'assurer la retraite à son complice, avant de cesser de piétiner la zone-là pour repartir en arrière, l'air innocente et complètement obnubilée par les touffes d'herbes aux alentours directs de ses serres. Lorsqu'elle estima s'être assez éloignée de l'autre gallinacée, elle chercha à s'envoler vers son ami. Quelle déception de se rendre compte que ses courtes ailes ne lui permettaient pas une belle envolée comme Eva la créature mythique, reine des nuages. Dans un caquètement furieux, Ann dû se contenter de petits bonds à peine planés pour rejoindre celui qu'en d'autres circonstances, elle aurait boulotté avec plaisir pour la changer du poisson. L'air de rien, et sans ressentir le besoin pressant de lui adresser la parole, la poule imita le manège du lapin en posant son œil rond tour autour d'elle, grattant la terre par ci-par là. Par chance, un oeuf niché dans un buisson attira son attention ! Et double chance, personne pour surveiller le nid !

Ni une, ni deux, la volaille se lança en avant, cou tendu vers l'amas de branchages, et ailes en arrières pour gagner en aérodynamique et accélérer. C'était amusant de sentir la brise forcir contre son plumage au lieu de dans ses oreilles, et chatouiller sa gorge exposée. Il lui faudrait une écharpe sur Morne-Oeil en ayant ainsi un trou de poil... D'ailleurs les poils de son complice semblaient bien doux et bien chaud. Peut-être pourrait-elle lui en emprunter une fois cette œuf récupéré ? Lorgnant sur la petite queue touffue du lapin, tout en cherchant un moyen de se contorsionner pour rentrer à l'intérieur du buisson et choper plus aisément l'oeuf, la jeune poule manqua de se coincer les ailes entres quelques brindilles bien solides. Il lui fallu se débattre un peu, caqueter de frustration, et se secouer encore, pour briser les petites pointes passées entre ses plumes. De fait elle ouvrit plus largement le passage. Le retour serait donc bien plus aisé ! Satisfaite, Ann farfouiller d'abord autour du nid de paille et de plumes blanches, si un second oeuf n'avait pas rouler par hasard hors de sa place. Ils auraient pu ainsi doubler les gains... Malheureusement ce n'était pas le cas. La noiraude se retourna donc vers l'objet de son désir, prête à s'en emparer. Valait mieux éviter que la couveuse se pointe avant qu'ils ne l'ait récupéré, cet oeuf blanc !

473 mots.

Ainsi donc c'était acté : sans qu'il ne sache réellement pourquoi, il ferait équipe avec cette poule. C'est avec cette intime conviction qu'il repartit en quête d'oeufs.

En temps normal, il se serait escrimé à tenter de comprendre le pourquoi du comment. La raison derrière tout ça, et surtout, ce qu'il avait à y gagner. Qu'on ne se méprenne pas : si Joaquín pouvait globalement se montrer cordial dans la majorité des cas, il n'était pas non plus du genre à filer un coup de patte à quelqu'un sans savoir ce que cela pourrait lui rapporter par la suite.
Ici, pourtant, il n'avait pas spécialement envie de se poser de questions. Il agissait, un point c'est tout. Toute interrogation lui semblait tant futile que vaine. Sans doute que sa réticence naturelle à se joindre aux autres était atténuée par ce monde onirique.

Et voilà que tout à coup la poule s'agitait à nouveau. Décidant de se rapprocher, Joaquín vint se poster à ses côtés pour voir ce qui pouvait la mettre dans un tel état. Et là, entre les branchages du buisson sur lequel elle s'acharnait, il aperçut un nouvel oeuf. Il attendit qu'elle parvienne à le rejoindre, avant de s'engouffrer à sa suite dans l'ouverture qu'elle avait dégagé dans l'arbuste. Se postant à côté de l'oeuf qu'ils avaient trouvé, il observa attentivement la zone, cherchant à voir s'il n'y avait pas quelque chose de plus à récupérer. Mais rien n'attira particulièrement son attention, aussi se résolut-il à s'emparer de leur nouvelle trouvaille — qui s'évapora à son tour dans un nuage de fumée blanche – avant de sortir de leur cachette, pour retourner, une fois de plus, se livrer à cette étrange chasse au trésor.

284 mots

Ann ; Poule à cou nu

Spoiler:

F  A E I

Elle allait le suivre, elle allait continuer dans le sillage de son compagnon à poil et aux longues oreilles, quand ses serres ripèrent sur une surface lisse. Un petit crissement, puis un léger craquement. Ann releva une patte tel un flamand rose rond et maladroit pour plonger sa tête sous son corps et observer ce sur quoi elle avait marché. Il s'avéra qu'il s'agissait d'un nouvel oeuf. Elle aurait pourtant juré n'en avoir pas vu avant... Sans doute l'avait-elle raté dans cet amas de pailles, de brindilles, de feuilles sèches et autres produits naturels servant à égayer un nid !

« Hé ! Fourrure sur patte, y en a un autre là ! Il est fendu... »

Caqueta la poule noir d'une petite voix désolée. C'était sa faute, et l'idée d'avoir fait du mal à ce petit oeuf lui brisait le coeur. Ce qui était très étrange, car en sa qualité de pirate, un oeuf de cormoran ou de mouette était un met de choix ! Même les œufs de poissons étaient très appréciés ! Elle s'efforça de déplacer ce pauvre petit bout de chou à la coquille fragile en le poussant avec toute la délicatesse dont elle pouvait faire preuve avec ses pattes pleines de plumes, sortant l’œuf du buisson en direction du lapin-ami. Elle espérait qu'il soit moins gauche qu'elle et puisse le récupérer sans encombre. Il ne fallait surtout pas le casser. Un oeuf cassé ne valait plus rien ! Et qui savait ce que contenait cette coquille fendue ? Peut-être quelque chose de plus beau encore que cette armure grise et terne !

276 mots.

A peine avait-il effectué quelques bonds qu'un nouveau caquètement le fit se stopper net. Mais il ne s'agissait cette fois-ci pas de cris sonores visant à distraire un éventuel opposant : ces bruits-là, il les avait compris. Sans réellement savoir comment cela était possible, il réalisa qu'il était à même de comprendre le langage parlé par cette poule. Il s'était éventuellement attendu à comprendre les propos d'autres lapins, s'était vaguement interrogé sur son aptitude à converser avec d'autres loups s'il venait à en croiser un — expérience qu'il ne souhaitait pas, au vu de son apparence actuelle, et en dépit de cette intime certitude qu'il avait que rien ne pouvait lui arriver ici qui ait pu avoir des répercussions sur son véritable lui qui continuait de roupiller bien loin de ce monde –, mais n'avait même pas pensé à tenter de parler à la poule. Ce qui maintenant lui semblait assez incongru, puisqu'ils faisaient équipe.
Redressant la tête, il fit volte-face, et vit bientôt le gallinacé apparaître d'entre les feuilles, faisant doucement rouler devant elle un petit oeuf qui, effectivement, avait la coquille fendu.
Le museau de Joaquín s'agita tandis qu'il réfléchissait. Il espérait que la légère dégradation subie par la marchandise ne compromettrait en rien leur quête. Il s'approcha doucement, petit bond par petit bond, et vint se placer face à l'oeuf. Face à la poule, aussi. Tendant lentement ses petites pattes touffues vers l'oeuf, il l'attrapa lentement, veillant à ne pas exercer une trop grande pression sur la coquille pour qu'elle ne se fende pas plus.
Une fois qu'il eut l'objet bien en main, celui-ci se volatilisa dans un nuage de fumée comme ses prédécesseurs. Joaquín esquissa un petit sourire : ça semblait être bon.

— Mh. Tu es loup aussi dans la vraie vie ? demanda-t-il en regardant autour de lui, à la recherche d'un nouvel oeuf. Ou de quelque chose, n'importe quoi, en fait.

317 mots

Ann ; Poule à cou nu

Spoiler:

F  A E I

Le lapin lui adressa la parole après avoir sauvé l’œuf de sa maladresse. S'il lui avait été évident que son apparence de volaille n'était rien de plus étrange que ce qu’elle rencontrait dans ses rêves où elle se voyait voler encore sur le dos d'Eva ou même être Eva, ou encore devenir poisson pour explorer les merveilles des fonds marins, elle n'aurait par contre, jamais imaginé que ce protagoniste ne soit pas un simple rongeur amical sorti tout droit de son cerveau... Il était donc loup dans son autre vie. Tout comme elle était pirate, ailleurs que dans cette prairie sans fin et décidément très ensoleillée. Cela faisait-il d'eux des connectés du monde onirique ? Des âmes jumelles qui se retrouvaient lorsque la conscience physique se mettait au repos ? Des âmes soeurs qui ne pouvaient se rencontrer que dans un autre monde que le réel, comme un rappel de leur lien étrange mais bienveillant ? Ann, adolescente très versée dans l'ésotérisme et le mystique ne pouvait que trouver cela très amusant. Et appréciable. D'autant plus que le ton chant, la langue dénotait comme un accent. Ce lapin n'était pas un continentale commun. S'il était du monde des vivants bien entendu et pas une projection de ses espoirs d'enfant vivant dans un univers régis par les légendes et toutes les -presque- belles histoires de son équipage. Mais il parlait de la vraie vie alors...

« Louve insulaire oui, sorcière des mers aussi. »

Les yeux de la poule noire se plissèrent et son bec s'ouvrit dans ce qui devrait être un sourire. Elle n'avait jamais pensé à ça, les mouettes et leurs grands becs pouvaient sourire ? Ce devait être étrange... La forme et la solidité d'un bec n'avait rien de la mobilité de babines... Les plumes à la base de son cou se dressèrent un peu, gonflant son poitrail. De fait son cou nu parait plus mince encore, mais elle ne pouvait en avoir conscience. C'était si étonnant d'être un repas caquetant !

« Tu ne viens pas non plus des meutes du continent... »

Commenta t-elle, certaine qu'il était étranger de bien plus loin que la fin des montagnes. Tout en attendant sa réponse, l'adolescente recommença sa traque, posant un œil attentif tout autour d'elle. Et c'est sans difficultés qu'elle découvrit le trésor suivant : il flamboyait dans ce paysage printanier et sobre d'herbe verte parsemées de quelques fleurs et buissons épineux. Ce n'est qu'en s'en approchant tout prêt, prête à le saisir, qu'elle sentait la chaleur irradiée de la coquille rougeoyante. Elle bondit en arrière, comme si une mouche l'avait piquée. Une soudaine peur du feu la paralysa un instant, alors que dans son souvenir s'éveillait l'image de l'Autre et des flammes qu'il avait allumées sur le pont du navire. L'Autre voulait que le feu dévore le bois et les louveteaux. Elle se rappelait encore de la queue blessée de Barth. C'est un nouveau bruit de gorge typique de son espèce actuelle qui répondit à cette peur irrationnelle : ici, rien ne pouvait donc la blesser, elle étant dans un monde d'ailleurs. Et puis, si elle abîmait ce corps de volaille, il n'arriverait rien à celui qu’elle avait laissé dans le vrai monde, si ? N'empêche que, par peur de la brûlure, Ann battit violemment des ailes pour éventer la coquille bouillante et refroidir l'objet de son désir.

597 mots.

Louve insulaire.
Appartenait-elle à cette meute dite de pirates dont Eva lui avait parlé, il y avait de cela très longtemps ? La tribu avec son rhum maudit, par ailleurs carrément dégueulasse et à la malédiction pas vraiment effective tout le temps au vu de ce qu'il avait pu en goûter quelques semaines auparavant ? A l'exception de l'île aux roses et de l'île censée servir de repère aux pirates, il n'avait pas connaissance d'autres lieux de ce genre autour du continent. Cela dit, il était loin d'avoir le pied marin. Mais il avait eu maintes fois le temps de longer la côte dans son intégralité, et avait cartographié le territoire — dans la limite des terres accessibles – au cours des années succédant à son arrivée, et il n'avait pas repéré d'autre île.
Pas le temps de clarifier la question, car la poule reprit la parole. Il la regarda quelques instants avant de secouer légèrement la tête.

— Je viens d'un pays très loin au Sud, fit-il simplement.

Ses yeux repartirent se balader sur l'immense plaine verdoyante. Un endroit bucolique dont il se demandait s'il pouvait bien ressembler à la conception que se faisaient les croyants de son pays du Paradis. Cet endroit où vous étiez censés aller si vous étiez un bon pratiquant, et surtout une bonne personne. Chose intéressante était que pour ces bons pratiquants, persécuter des peuples étrangers et condamner à mort à tout va au nom de la souveraineté religieuse et de la lutte contre les fausses idoles coïncidait étrangement avec... être une bonne personne, justement.
A trop laisser ses pensées dériver il n'avait pas remarqué que sa partenaire avait commencé à s'éloigner. Et avait visiblement débusqué un nouvel oeuf, qu'elle n'avait visiblement pas réussi à toucher très longtemps. Elle s'affairait à présent à agiter des ailes au-dessus. Intrigué, Joaquín s'approcha en deux petits bonds, tendant la tête pour voir par dessus le corps gesticulant de la poule. Il s'agissait là d'un oeuf bien rouge, et il lui semblait que des relents chauds s'échappaient de sa coquille. Etait-ce mauvais signe ?
Peut-être qu'il ne valait plus rien. Peut-être qu'il était cuit, et que le trésor qu'il renfermait s'était tout simplement éteint. Néanmoins il était étrange de trouver ainsi un oeuf brûlant sans quiconque pour l'avoir mis dans cet état-là autour, et ce rêve était lui-même très étrange, aussi songea-t-il qu'il était bon de tenter le coup. Il contourna la poule, se plaçant face à elle, de l'autre côté de l'oeuf, et se mit à souffler dessus, ce qui n'était pas franchement super utile comparé à des battements d'ailes, mais au moins, il faisait quelque chose.
Leurs efforts combinés parurent faire effet car bientôt il put tendre sa petite patte et effleurer la coquille sans se brûler. Avec prudence, il attrapa enfin l'oeuf, qui s'évapora aussitôt. Ca en faisait quatre. Pas la moindre idée de si c'était bien ou non, mais petit à petit ils progressaient.

— Tu es louve pirate, alors ? demanda-t-il en reprenant ses recherches.

Elle n'avait en tout cas pas l'air d'une harpie sanguinaire. C'était un peu ce qu'il s'était attendu à trouver. Ces histoires de malédiction et de créatures sans foi ni loi...
... remarque, il était solitaire, il était probable qu'on le mette dans le même panier, chez les meutards.

548 mots

Ann ; Poule à cou nu

Spoiler:

F  A E I

Très loin au Sud. Il venait donc de ce monde par delà la montagne qui touchait le ciel, de cet univers aussi lointain et mystérieux que les fonds marins, d'un morceau de terre où régnait sans doute un climat plus stable que celui de l'Océan. L’œil de la poule s'éveilla d'une étincelle avide. Ann était si curieuse, si désireuse d'en apprendre plus sur les autres peuplades, passionnée d'ethnologie et de mythologie du monde entier. Et ce lapin, là, il venait d'un ailleurs assez différent pour devenir presque plus important que ce besoin impérieux de débusquer d'autres œufs. Lorsqu'il la rejoignit pour l'aider à refroidir la coquille bouillante et finalement récupérer la précieuse potentielle progéniture d'un... Phoenix ? Puisqu'il brûlait, l'oeuf... Ca se tenait non ? La poule à cou nue gloussa, se demandant effectivement quelle type de bestiole pouvait naître de ces coquilles aux couleurs et textures variées. Puis vint la question de l'étranger avec un pirate joliment roulé. Elle sourit, et si elle avait encore été louve, ses oreilles se seraient agitées. Mais elle était volaille et plus aucun de ses gestes naturelles ne l'étaient plus. Pour remplacer cette communication non verbal, son cou se tordit en la faisant pencher la tête sur le côté, et son regard sanguin à la pupille trop ronde fixa le lapin.

« C'est comme ça qu'on nous appelle, oui. »

Ses mouvements, loin d'être fluides et souples comme savait l'être un corps de loup, reprirent, saccadés et avec forces plumes en mouvement. Ann exprima un rire, ressemblant plus à un caquètement dément. Puis leur quête reprit son cours, et il fallait meubler un peu l'histoire. Le rêve commençant à devenir un peu trop redondant avec ces textes à rallonge forcées et ce but identique à chaque nouvelle avancée. La jeune sorcière décida donc de faire fuir le silence avec quelques banalités sans intérêt pour ne pas brusquer son compagnon d'aventure. Il avait l'air assez peu loquace contrairement à elle, bien qu'elle sache parfois retenir son flux de bavardage au profit d'une étude silencieuse des situations, évènements ou protagonistes, et elle ne voulait pas le faire fuir en lui posant les milles questions sur ses origines qui lui brûlaient le bec.

« J'ai l'impression de ressembler à l'oiseau de mon frère, en moins... Colorée. »

Cela dit, elle était adolescente et l'on pardonnait plus facilement aux jeunes loups leur bagou et leur curiosité trop indiscrète. Sauf qu'elle était une pintade, ou presque, et que son corps de louvette était sans doute sagement endormi sur la plage des Sargasses, sous une couche d'algues à l'odeur iodée, sous les pâles rayons de lune et pas loin de se faire lécher la truffe par une lame d'eau salée. Un instant le vent marin lui manqua alors qu'elle observait cette prairie trop verte et trop douce. Puis l'esprit revint se concentrer sur le but principal de ce moment et sur la possibilité démentielle de partager ses songes avec un étranger venus de loin. D'ailleurs, vivait-il si loin que ça ? Leur connexion mentale était-elle plus forte que la distance d'un continent ? Ou bien ce lapin était un voyageur venu découvrir les terres proches de son île ?

« Quel nom pose t-on sur ton peuple ? »

Il fallait bien commencer quelque part, et elle voulait savoir tant de choses qu'elle ne quitta plus le giron de son allié de rêve. Toutefois, l'urgence de dénicher des oeufs revint lui chatouiller les tripes et elle s'efforça de continuer aussi à chercher ces petits trésors. D'ailleurs, il y en avait un magnifique, merveilleux, brillant comme un joyau aux milles couleurs, entouré de gros rochers rouges/ocres. A priori facile à récupérer ! Elle s'en approchant en battant des ailes, de bonne humeur avec cette découverte, et soudain les rochers se mirent à rouler, à glisser, à... OH. Ce n'était pas des cailloux... Pas du tout ! C'était, un coude, une cuisse, un ventre, une queue... OH LALA. C'était un animal immense à la peau rugueuse semblable à de la pierre rouge. Un animal au naseau assez gros pour qu'elle y rentre comme dans une mini grotte. Une bestiole si haut qu'on aurait di une colline de rocaille. Un monstre si large, qu'il avait semblé faire parti du paysage. Le dragon ne s'éveilla pas pourtant, à peine gêné par les piaillements de la poule qui, si surprise et si fascinée, s'arrêta brusquement, le bec tombant. Oublié le coéquipier. Oublié le lapin étranger à l'accent chantant. Oublié l'oeuf protégé au creux de cette longue queue écailleuse qui pourrait l'écraser sans même s'en rendre compte...

Insignifiante petite poule qu'elle était dans ce rêve phénoménal. Les songes étaient si abstraits parfois, ou semblaient si réels. Elle espérait bien qu'à son réveil, tout cela lui reste en mémoire ! Elle avait rencontré un dragon ! Un vrai ! Enfin, un véritable monstre dans un monde de fantasme... La poule jeta un oeil à son compagnon de jeu, et désigna le dragon en mimant quelques mots muets : REGARDE CA IL EST GÉANT C'EST TROP DINGUE UN VRAI DE VRAI OHLALA MAVIS, BARTH ET MARY SERONT TROOOP JALOUX. REGARDE REGARDE OHLALA ! Evidemment, elle ne pouvait pas savoir que le lapin n'était pas complètement en phase avec ses pensées et qu'il saurait qui étaient les personnages susnommés. Elle sautillait sur place, excitée comme une puce, galvanisée et délicieusement effrayée en même temps. IL LUI FALLAIT UNE ÉCAILLE. ET CET OEUF. Les plumes gonflées et le démarche bondissante, elle s'approcha du trésor du dragon, retenant difficilement son entrain et son souffle. L'adolescente était redevenue une petite loupiote pour un temps. C'EST TROP FORMIDABLE mima-t-elle encore. Puis elle s'approcha de l'oeuf et le poussa délicatement vers le lapin. D'abord ça, elle volerait une écaille juste après !

1020 mots.

5 OEUFS

C'est comme ça qu'on les appelait.

Les longues moustaches qui garnissaient le museau rondouillard de Joaquín s'agitèrent tandis qu'il réfléchissait. Un vieux cliché aurait voulu qu'elle bombe fièrement le torse en revendiquant son appartenance au terrible peuple des mers, mais tout juste se contenta-t-elle d'un caquètement strident qu'il comprit comme un petit rire, plus que comme un éclat bruyant et machiavélique. Mais peut-être était-il trop habitué aux réactions souvent caricaturales des renommés grands méchants de son pays natal. Il n'était pas rare d'y voir des énergumènes se vanter d'appartenir à ce qui se faisait de pire sur le marché en terme de respect des mœurs et du droit à la vie et à la tranquillité d'autrui. Oubliant temporairement l'objet de sa quête, il l'observa attentivement. Difficile de jauger quelqu'un qui n'était pas un loup. Il aurait probablement croisé la femelle dans la vraie vie qu'il ne l'aurait même pas su. A moins qu'elle n'ait eu le cou rasé, ce qui aurait peut-être pu justifier le choix du volatile. Sans être une énorme boule de fluff ronde et informe, Joaquín était doté d'un pelage remarquablement épais pour un mec qui venait d'un endroit désertique : il supposait que son apparence en tant que lapin venait de là.
Il l'écouta parler d'un oiseau et d'un frère qui n'était de toute évidence pas là, laissant son regard se balader sur la prairie autour d'oeufs, sans jamais vraiment faire l'effort de chercher. Trop occupé à réfléchir pour vraiment porter attention à ce qui se passait autour de lui.

Ce fut une question de sa co-équipière quant à ses origines qui le rappela à l'ordre, et il tourna la tête vers elle, avant de s'humecter les lèvres, dubitatif.

— Nous sommes Mexicanos. Mon pays s'appelle México.

C'était là l'appellation la plus simple, et la plus véridique. Il y avait bien un nom à la région qu'il habitait, et un autre nom plus spécifique pour les habitants de son Canyon, mais Mexicanos était de loin le plus prononçable et mémorable pour quelqu'un qui n'avait sans le moindre doute jamais entendu parler de l'endroit, et qui par ailleurs ne parlait pas espagnol. Accessoirement, la joueuse n'avait elle-même pas la moindre idée de ce que pouvaient être ces termes, ne s'étant jamais penchée là-dessus, donc ça l'arrangeait bien.

Il était sur le point d'amener la conversation dans une direction qui l'intéressait et de la questionner un peu à propos de ce rhum maudit que recelait son île — se retrouver avec une louve qui venait de là-bas, c'était quand même une aubaine ! Il espérait juste se rappeler de sa réponse en se réveillant, en admettant que ce qu'ils vivaient actuellement était tangible, et n'était pas un simple délire particulièrement excentrique de son subconscient – quand elle eut une exclamation de surprise. Tournant rapidement la tête, il la vit qui s'approchait d'un magnifique oeuf multicolore qui luisait sous le soleil... escaladant quelque chose qui, il le vit avant elle, n'était pas une nature morte.
Ecarquillant les yeux avec effroi, il constata, stupéfait, que la petite poule était actuellement en train de crapahuter joyeusement sur ce qui n'était autre qu'un dragon. Il n'avait rien du serpent à plumes et des autres chimères qui peuplaient les mythes de ses ancêtres, mais c'en était de toute évidence un. Et s'il s'était habitué à voir des choses étranges depuis qu'il avait décidé de s'installer sur les terres de Punk Wolf, celle-ci était d'un tout autre niveau.

— Cuidado - commença-t-il à la mettre en garde, juste avant qu'elle ne réalise elle-même sa méprise et, contrairement à lui... soit visiblement gagnée par une excitation folle.

Faisant de grands gestes à son adresse, elle semblait s'évertuer à lui signaler quelque chose qu'il avait déjà remarqué. Les oreilles basses — sous-entendu : plus basses qu'elles ne l'étaient déjà –, Joaquín la vit qui articulait en silence des mots qu'il ne comprit pas, principalement parce que s'il pouvait lire sur les babines, la tâche devenait bien plus rude lorsque son interlocuteur était doté d'un bec, et deuxièmement parce qu'il n'aurait pas compris grand chose dans tous les cas, la mission étant hors de la portée d'un non-natif comme lui.
Figé, il la vit qui gesticulait et était prêt à prendre ses pattes à son cou à tout moment, mais à aucun moment le dragon ne se réveilla.
S'il avait l'intime conviction que rien de ce qui ne pouvait lui arriver ici n'était susceptible de se répercuter dans la réalité, il eut fortement envie de se barrer, et de tout laisser en plan. Cependant, un oeuf comme ça devait avoir de la valeur. L'appât du gain était fort. Le danger imminent. Ca sonnait, à bien y réfléchir, comme un bon plan merdique bien digne de lui. Dommage qu'il ait été coincé dans le corps d'un animal aussi faible.

Il s'approcha à petits bonds prudents de la créature, marquant de longues pauses lorsqu'elle lui semblait respirer un peu trop fort. La poule avait déjà commencé à faire rouler l'oeuf vers lui, aussi finit-il par se hâter de parcourir la distance qui les séparait, avant de, très doucement, tendre ses pattes vers l'oeuf. Il le fit lentement rouler plus loin, tâchant de ne pas trop le secouer, et lorsqu'une bonne dizaine de mètres le sépara du monstre, il finit par le saisir, pour le voir finalement disparaître dans un nuage de fumée multicolore qu'il jugea tout à fait délicieux.
C'est avec la satisfaction du travail accompli qu'il se tourna vers la poule, s'attendant à la voir à ses côtés. Mais il constata avec effroi qu'elle n'était pas avec lui, mais plutôt du côté du dragon. Son coeur rata probablement un battement ou deux, et il la fixa, atterré. Ne manquait plus que sa partenaire se fasse boulotter. Il avait été tomber sur une gamine, putain. Que voulait-elle faire ? Récupérer quelque chose ? Etait-elle consciente que cette chose ne la suivrait probablement pas dans leur monde véritable, une fois qu'elle se réveillerait ? Il voulu le lui crier, la mettre en garde, mais ç'aurait été prendre le risque de réveiller le gardien de l'oeuf, et ça, même s'il se savait apte à courir vite avec ses grandes pattes, il n'en avait guère envie.

1031 mots

Ann ; Poule à cou nu

Spoiler:

F  A E I

Oh elle aurait rêvé, vraiment de cette belle écaille luisante qu'elle aurait accrochée à son cou en trophée. Mais ses prunelles sanguines remarquèrent un tout autre trésor et juste avant de poser ses plumes sombres sur la Bête mythique endormie paisiblement et dont on venait de dérober l'oeuf, Ann partie en courant, directement dans un buisson d'épine. Il y avait là un oeuf ! Encore un, et sur le coup, ça lui parait bien plus indispensable. Heureusement pour eux deux d'ailleurs !

Dé Réussite sur 3 AGI.

[ Tkt nickel, ce qui compte c'est le loot de toute manière ]

C'est les mâchoires serrées que Joaquín observait la poule, prête à venir toucher le dragon. Prête à transformer ce qui était jusque là une tranquille chasse aux oeufs multicolores en... eh bien, en quelque chose de potentiellement très chaotique. Quelque chose de stupide et d'inconscient. Quelque chose qu'il aurait bien malgré sa capacité de raisonnement fortement apprécié, pour peu qu'il ait eu la possibilité d'évoluer dans son corps originel.
Et pas dans celui d'un lapin.

Mais voilà qu'en un battement de paupières la silhouette de la poule disparaissait pour aller voleter plus loin, directement dans un buisson épineux. Intrigué, Joaquín se hâta d'aller la rejoindre, et depuis derrière le rideau d'épines il la vit aux côtés d'un nouvel oeuf. Qui n'était pas sans lui rappeler celui qu'il avait trouvé dans son terrier, quelques temps plus tôt.
Il fronça le nez, mécontent.
Puis se plaqua du mieux qu'il le pouvait au sol, avant de tendre ses pattes vers l'oeuf depuis l'autre côté des épines, jusqu'à venir effleurer la coquille sertie de piquants de leur nouvel objectif.

— Pousse vers moi et je vais essayer de le sortir de là, fit-il, tentant du mieux que possible de ne pas s'aventurer directement dans le buisson, où ses poils auraient vite fait de s'accrocher à... à peu près tout, en fait.

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