Façonnage | Solo

Elle était enfin seule.
Un moment propice à la réflexion, depuis qu'elle avait quitté les Nakhus pour revenir sur les terres de son adoption. Un moment où elle pouvait se plonger dans sa logique. Ses leçons.

Car elle avait tiré de l'enseignement de sa nouvelle meute, simplement un autre aspect d'une notion pilier de sa vie. La logique. Elle avait simplement apprise en plus, celle des émotions. Pourquoi se mettait-on en colère ? Par sentiment d'injustice, de désordre, d'agression. Pour répondre à ces situations, agir. Pourquoi ressentait-on de la tristesse ? Pour se recentrer sur soi et essayer de se comprendre. Pourquoi la peur ? La réponse semblait un peu plus évidente pour celle-ci, fuir une chose à laquelle on ne pourrait répondre. Pourquoi l'amour. Pour se lier à quelqu'un et perpétuer la vie, sans doutes... Pragmatique mais réel.
Dans tout cela il y avait un potentiel destructeur. S'emporter et blesser des innocents, ou trop le responsable, une fois en colère. Se baigner dans la tristesse trop longtemps et tomber dans la dépression. Ne jamais se préparer pour affronter le danger, et fuir à jamais par peur. Fermer les yeux sur des maltraitances par amour, ou aller trop vite et finir par fonder une famille avec la mauvaise personne. Même dans la joie on pouvait s'égarer et ignorer les problèmes, bienheureux.

Une logique qu'elle appliquait pour elle-même, maintenant. Sur la jalousie qu'elle ressentait ; mélange de tristesse et de colère à ses yeux. Elle avait eu l'impression qu'on lui avait volé Yersine, et cette famille qu'elle avait imaginé dans un coin de son imagination. Ces petits moments de fantaisie sans réels buts autres que d'être des rêves. Elle avait eu envie d'être mauvaise, pour répondre à ce vol. Elle avait choisit la tristesse à la place pour analyser un peu plus et pleurer. Pleurer servait souvent à évacuer un trop plein, quel que soit l'émotion responsable. Dans ses larmes elle avait déposé sa colère et sa tristesse, et leur avait dis au-revoir doucement quand les perles avaient séché. Elle se sentait un peu plus prête à accepter la situation : aucune action ne pourrait enlever la présence de ces enfants, ils existeraient et auraient, pour toujours, les gênes de Yersine.

Elle s'arrêta près de la vasque asséchée, et expira, extirpant de son corps sa réflexion. Elle se sentit allégée, de se répéter cette conclusion, et de la confier à l'air. Elle pouvait maintenant se concentrée sur cette autre idée, dans le fond de l'esprit. Nocera avait bien pensé, il y avait ce besoin en elle, d'accomplir cette quête seule. C'était bien pour cela, qu'elle avait plus ou moins déposé Lewis sur les terres, comme convenu après la réunion impromptue entre tous les loups. Ici, à cause de l'eau qui avait régné et était désormais partie, chose à laquelle un groupe travaillait désormais à réparer, il y aurait quelque chose qu'elle convoitait.
Du bois flotté.

"Bien, à nous."

Elle était prête.

Elle plongea les pattes dans la boue.
Nul autre moyen existait, pour accéder aux zones où l'eau s'était retirée. Se salir devenait alors inévitable. Ce bois lui était impératif : elle ne voulait arracher plus de vie à l'endroit. C'était aussi sa proximité avec celui qui serait receveur de ce présent, qui l’intéressait. C'était un challenge en soit, et demandait la qualité qu'il attendait le plus. Les pièces de qualité seraient rare, ce qui était embêtant... Mais la souplesse des bons morceaux rendrait l'oeuvre facile à tailler comme elle le voulait. Elle aurait aussi normalement, un large choix de taille et de forme avec quoi composer.

Elle sortit un premier bout de bois flotté, et le mis de côté sur la rive tout de suite. Une fois, deux fois, trois fois. Comme si elle avait été auteur écrivant au kilomètre, elle ramena plusieurs troncs et branches retrouvés dans le lit de la vasque en plusieurs allez retours. Plus elle effectuait la distance, plus elle se couvrait de vase et détritus, également. La fille des étoiles répugna cette partie. Mais comme elle se l'était dit : indispensable.
Elle utilisa son léger dégoût pour se motiver à aller plus vite.

Quand elle en eu ramassé une douzaine, elle observa son tas.
Cela lui semblait un échantillon assez diversifié, mais elle aurait aimé plus, au cas où il y aurait des morceaux inutilisables. Il valait mieux jouer la prudence et en prendre trop que pas assez. Elle s'exécuta donc, retournant péniblement en levant les pattes, dans le bourbier.
Quelques unes encore, et enfin, elle parvint au nombre visé.

"Voyons-voir si c'est exploitable."

- - -

Dé Réussite - ING : 3
Pour le tri des morceaux de bois, déduire lesquels sont pourris ou non.

Réussite critique : très bons, certains s’emboîtent parfaitement.
Réussite : corrects, s’emboîtent bien avec un peu de taille.
Échec : corrects, mais il faudra beaucoup les tailler.
Échec critique : une majorités de moisis, inexploitables.

C'était bon, très bon même !
Il y avait une réelle panoplie devant elle, de toute formes et de toutes tailles ! De plus, tous les morceaux avaient séchés  correctement, sans grosses moisissures pour s'infiltrer dans les fibres. Ce malgré la boue qui les couvraient. Elle avait bien choisit, elle en sentait son égo être brossé. Un petit éclat de fierté à sa propre intention, qui lui tira un sourire fugace, amusé de ce certain égocentrisme, pour une fois. Bien qu'elle n'ai jamais douté de ses capacités.

"Bien, il faut planifier maintenant."

De ce qu'elle voyait, certains bouts iraient extrêmement bien ensemble, possédant des formes similaires qui s’emboîteraient avec facilité. Moins de taille pour elle, et le résultat aurait l'air plus organique et naturel aussi. Le destin s'était emmêlé à toute cette histoire, pour lui donner un petit coup de pouce. En attendant, elle trouva une mare peu contaminée de bout, et rinça la boue de ses membres, et des morceaux de bois, avec patience. Plonger, agiter, faire sécher.
Rinse and repeat.
Elle patienta le temps du séchage en faisant une sieste, relativement méritée après l'effort de tous les rassembler.

L'attente estimée pour pouvoir les travailler atteinte, elle sortit de sa somnolence et se lança enfin.
Les morceaux furent un à un, organisés par formes qui correspondraient devant elle, et ce qui ne correspondait pas, par taille. Du plus gros elle tirerait sans doutes le contenant principal. Ensuite, il était question de comment les monter et quoi tailler pour forcer à installer des étapes. Si elle créait un loquet en quelque sorte avec ce bout là, et qu'elle coupait celui-ci en deux il faudrait d'abord pousser pour pouvoir déloger une extrémité qui enclencherait la suite et...
Son cerveau se mit à tourner à pleine allure, elle en avait jusque rêver, de ces mécanismes et ces petits morceaux de bois.

Maintenant elle pouvait le réaliser.

- - -

Dé Réussite - ING : 3
Élaboration des mécanismes de son objet, planification et taille des bouts.

Réussite critique : parfaitement réussit, tout se goupille et glisse sans problèmes.
Réussite : correct, il n'est pas le plus joli mais c'est plus qu'honnête.
Échec : faisable, mais ça coince à certains endroits et ça deviens frustrant.
Échec critique : elle le casse, il va falloir recommencer avec d'autres morceaux trouvés.

Mnh.
Il y avait un peu de jeu à certains endroit qui pouvaient donner de fausses idées, mais globalement, ça avait l'air de fonctionner. Elle tira sur le morceau de bois qui devait venir en premier, il glissa avec moins de fluidité qu'espéré, mais lui resta dans la patte comme escompté. Elle appuya sur un carré, qui débloqua en poussant un petit loquet, un petit tourillon improvisé d'un bout de branche. Ce dernier libérait un lever qu'on devait actionner ensuite un nombre précis de fois et paf, il ouvrait un compartiment. Elle poussa un rire.
Ça fonctionnait !

Son objet était fin prêt. Il était moins beau que dans son imagination.
Compte tenu de son léger manque d'expérience, elle s'estimait cependant heureuse de sa confection. Elle rassembla sa création, et s'assura que rien ne tomberait. Elle ne voulait pas l'abîmer ou le briser. Il serait bien dommage de l'endommager avant de passer même la frontière du temple. Son oreille s'agita, car il restait malgré tout des morceaux de bois flottés, et copeaux de bois de ce qu'elle avait taillé avec sa pierre.

... Elle pourrait déchiqueter tout ce bois pour faire une espèce de paillasse à mettre sur les plantes qui repousseraient, non ? Un lit qui retiendrait la rosée du matin, pour garder les plantes hydratées un peu plus longtemps. Chaque goutte serait vitale pour le bien fondé de la mission que s'était donnée le groupe disparate d'origine. Elle pourrait apporter cela à Méridor ou d'autres sur le chemin du retour pour les Nakhus.

Elle s'affaira, alors, joyeusement à cette tâche.
Le temps ne pressait pas vraiment, elle savait Ajani tolérant pour la laisser disparaître un peu de temps avant de s'inquiéter. Son objet ne s'envolerait pas non plus, il était sécurisé un peu plus loin. Les coups de silex se mirent à raisonner alors qu'elle transforma doucement ce bois de qualité en charpie pour leurs plantes. Ils avaient tous ou presque été entamés pour sa création, autant qu'ils servent pour le coup au bien commun.  Pas de perte, que de l'efficacité avec elle et pour eux, elle l'espérait.

Elle irait voir Mido ensuite.
Et elle lui offrirait ce qu'elle venait de confectionner.


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