Un faux pas [Libre]

Le loup-paon lui tira la langue :

Evidemment, les ailes, c'est pas juste pour faire joli.

Et le voila qui agite la plume entre ses crocs, tournant la tête vers la gauche, puis vers la droite, pour refléter les rayons du soleil dessus. Au claquement de mâchoire du mâle près de son oreille un frisson lui parcourut le dos - allait-il, ce gros bourrin plein de bave, lui gnaquer le cou ? Il en serait après tout bien capable... Mais Asclepia choisit de ne pas fuir, et se contenta d'un gloussement :

Allons allons, regarde, je ne cherche même pas à m'enfuir. Consomme donc, maintenant que tu es là !

Un léger grondement sortit de sa gorge et Ascle plongea ses pattes dans le cou suant de son congénère roux, s'imprégnant de son odeur. Il n'y avait dans ses mouvements aucune gêne et aucun dégout - bon il était mieux propre quand même mais c'était... Autrement intéressant.

Asclepia ne répondit pas à son défi. Du moins, pas de la façon à laquelle il s'attendait. Il ne s'enfuya pas, n'excitant donc pas son instinct de chasseur. Il n'y aura pas de traque avec la plume en récompense à la clé. Ni chasseur ni proie. Au final ils se retrouvaient au même niveau. Enfin presque car Fenouil se sentait supérieur à son camarade. Sur la terre. Dans les airs, c'était tout bonnement impossible. De toute façon, les Volants, çà devaient bien se poser un jour. Et là crac ! C'était le bon moment pour leur sauter dessus et leur briser la nuque. Ou les ailes lorsqu'on voulait s'amuser un peu avec la nourriture.

Sauf que là, il semblait plutôt que ce fut Asclepia qui s'amusait. Etait-ce un bébé grondement moqueur qu'il avait entendu ? En tout cas, il avait de nouveau mis ses pattes dans sa fourrure. En réalité, il ne comprenait pas son manège. Pourquoi cette insistance aux contacts physiques ? Il n'y avait pas de danger donc zéro besoin d'être rassuré. En plus avec sa position, il ne voyait plus la jolie plume ! Le loup-dino perdit quelques secondes à réfléchir à la situation. Et ce fut le pire qui immergea dans ses suppositions. Il cherchait peut être à le tuer ! Fenouil réagit immédiatement à cette terrible pensée. Courbant la nuque, il vint appuyer violemment la pointe de sa corne contre la gorge de son camarade. Il n'hésiterait pas à l'enfoncer plus profondément dans la chair.

"Je te déconseille d'essayer de m'étrangler. Sers-toi plutôt de tes pattes pour accrocher la plume là où elle me mettra en valeur."

Il se figea et éclata d'un rire coincé lorsque la corne se ficha dans son cou, manquant d'égratigner sa peau délicate et fragile. Il recula d'un pas et agita les pattes :

Allons allons, loin de moi cette idée !

Mais lorsqu'il lui demanda de l'orner de la plume... Asclepia retint un sourire amusé. Il savait exactement où il allait essayer de la mettre, cette plume.

L'endroit parfait, l'endroit où tous viendront la voir. Est-ce ce que tu veux ? Attirer à toi toute présence, tant créature sublime et curieuse tu seras devenu ?

Le ton est doucereux, dangereux, peut-être. Il bondit, Asclepia, tourne autour du loup orange. Et, d'un mouvement large et visible, qui ne pourrait être terminé sans l'acceptation totale de l'autre parti, plongea les pattes en avant pour diriger ostensiblement le bout piquant et pointu de la plume vers le séant de son ami (?). L'action était de sorte que, acceptée, la plume sortirait élégamment (?) de l'arrière-main de Fenouil.

Le loup-paon ne doutait pas une seconde (?) de sa "réussite".

Sa menace fonctionna parfaitement. Il retrouva instantanément sa liberté de mouvement. Il préférait mieux çà. Comme quoi, il savait encore montrer qui était le plus fort. Par contre, son cou été imprégné de l'odeur du Volant maintenant. Il espérait ne pas croiser une autre bestiole de son espèce. Il ne manquerait plus qu'il soit pris pour l'un d'entre eux en pleine période de reproduction. Pfff, il en avait sa claque de sentir des pattes autour de sa nuque. Si cette situation se présentait, il foncerait dessus sans sommation. Comme çà, il sera sûr de paraitre pour un être dangereux qu'il ne valait mieux pas câliner.

Il haussa les sourcils en entendant les mots d'Asclepia. L'avait-il surestimé ? Ou sous-estimé ? Il y avait également beaucoup d'interrogation dans ses phrases. Fenouil essaya de comprendre tout ce qu'il disait. Il y avait des mots qui ne collaient pas ensemble. N'attendait-on pas de lui une réponse ? Mais quelle réponse ? Un oui ? Mais d'abord, pourquoi toutes ces questions ? Son ordre n'avait-il pas été assez clair ? Il finit par pousser un long soupir d'agacement. Les sous-entendus et lui ne faisaient pas toujours bon ménage. Il préféra se fier à l'intonation de la voix. C'était plus simple. Le ton d'Asclepia était doux, donc çà devrait être bon. Pas besoin de répondre.

Malgré tout, il ne quitta pas du regard son camarade. Il se contracta lorsqu'il le vit tourner autour de lui. Comme le manège d'un prédateur autour d'une proie acculée. Il n'aimait pas çà. Mais qu'avait-il à craindre d'un être à la silhouette si frêle ? L'indécision le tourmenta. Et si il faisait erreur ? Et si il avait en face de lui quelqu'un qui cachait sa force ? Non, ce n'était pas possible ! Toutes ses pensées lui firent perdre un temps d'action précieux. Quand enfin, il comprit l'objectif du joli oiseau, il était presque trop tard. Le bout pointu volait droit vers son derrière. Il s'était trompé. Le Volant voulait lui faire du mal. Dans un geste de défense, il plaqua sa queue contre sa croupe et projeta sa tête vers l'agresseur. Dans certains cas, la meilleure défense restait l'attaque.

Le membre 'Vashtoures' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'PC FOR - Attaque' :
Un faux pas [Libre] - Page 2 Reussite1

Asclepia s'attendait à ce qu'il n'apprécie pas sa manoeuvre. Il s'attendait à ce qu'il l'attaque, même, mais il n'avait pas été élevé dans la violence et la confrontation et il ne réussit pas à esquiver le coup entièrement. Laissant tomber la plume au sol, il bondit dans les airs mais ne put empêcher la corne de son compagnon d'entailler sa cuisse sur toute sa longueur. Avec un piaillement pitoyable il s'agrippa à une branche, à demi pendu dans le vide.

Ah là là. Qu'est-ce qu'il braillait ! Et qu'est-ce qu'il braillait ! Pire qu'un cochon qu'on égorge ! Et quelques gouttes de sang dégoulinaient sur sa jambe, le long de ses serres, avant tomber sur le museau de Fenouil et le long de ses cornes.

Accompagné de grosses larmes.

Bon il n'avait pas si mal que ça. Mais il fallait bien qu'il essaye de se rendre plus pitoyable encore qu'il ne l'était.

Le membre 'Edrakan' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

'PC AGI - Esquive' :
Un faux pas [Libre] - Page 2 Reussite3

Sa défense offensive toucha sa cible et son très cher derrière fut préservé. Le Volant démontra tout de même une certaine rapidité en esquivant une partie de son attaque. Mais cela ne chagrina pas Fenouil. Non, il avait atteint son but et cela lui suffisait largement. Son corps était indemne de toute offense. L'agresseur n'était plus à sa portée, donc le danger était écarté. Pour l'instant. Relevant la tête, il braqua un regard froid sur Asclepia qui pendait lamentablement au bout d'une branche. En voulait-il encore ? Ah non, il semblait perdre toute combattivité et se mit à gueuler. Et il hurlait si fort ! Ses oreilles se rabattirent en arrière. Il avait envie de le faire taire. Il allait rameuter tous les prédateurs du coin avec ses cris. Parce que sa condition d'être perdu en terre inconnue venait de lui être violemment mise sous les yeux. Il ne connaissait rien à ce qui l'entourait ni en ses habitants. Son camarade venait d'ailleurs de lui montrer son degré de fiabilité. Tout était suspect. Tout pouvait être mortel.

Le sang coulant de la blessure de l'ailé finit par lui gêner la vue. Il cligna des paupières pour le chasser. Il songea brièvement que c'était le premier sang qu'il versait dans ce monde. Çà donnait un caractère beaucoup plus réel à la situation. Il pensait être mort. Mais les défunts ne saignaient pas. Un cauchemar alors ? Il sortit la langue et lécha le liquide rouge qui souillait son museau. Le gout était familier, quoique différent. Çà lui donnait presque faim tout çà. Il réfléchira plus tard à son état de mort ou vivant. Ou jamais. Il n'aimait pas passer des heures à comprendre ce qui lui arrivait. Il préférait se concentrer sur le présent.

Donc, il était au-dessous de son pitoyable attaquant qui beuglait. Prêt à l'attraper à pleine gueule si il lui tombait dessus. Mais en ce moment, c'était plutôt du sang et des larmes qui lui dégringolaient dessus. Il allait finir par être temporairement aveuglé si il restait là. Fenouil recula de quelques pas pour échapper à l'averse intime d'Asclepia. Un timide chatoiement de couleurs finit par attirer son attention. Prudemment, il jeta un coup d’œil au niveau du sol. Là, la plume tant désirée frémissait sous une légère brise. Elle n'avait plus aucun protecteur. Elle lui était offerte, à lui, le vainqueur de l'offensive fourbe. Il s'allongea sur l'herbe et la toucha du bout du museau. Elle paraissait indemne et elle était si jolie. Avec une douceur peu exprimée chez lui, il la tira à lui. Posée au creux de ses pattes, il se mit l'admirer sous toutes les coutures. Il était émerveillé par ces couleurs si peu habituelles. Absentes du plumage des Volants là d'où il venait. Il était si content de l'avoir. Encore plus satisfait que de l'entaille qu'il avait infligée à l'oiseau. Plongé dans son admiration, il oublia temporairement d'ailleurs la présence de son camarade. Ses hurlements de douleur s'intégrèrent au décor et ne furent plus qu'un fond sonore.

Et si... Et si le loup fauve avait accordé un peu plus d'attention à Asclepia ? S'il s'était ne serait-ce que tourné vers lui, s'il avait eu un minimum de compassion au lieu de se concentrer sur la plume, sur son butin ? S'il avait eu un minimum d'altruisme, s'il avait cherché à comprendre, s'il s'était intéressé à la blessure ? Mais non. Non il avait choisi de se détourner, consumé uniquement par ses propres désirs. Et s'il n'avait pas plus mal que ça, Asclepia était vexé. Il était vexé que ce loup massif ne s'intéresse pas plus à lui.

Il fit alors la pire chose à faire. La seule chose à laquelle il songea. Une bêtise, immature mais... Qui était là pour le surveiller ?

Il lui pissa dessus.

Tranquillou billou.

Soulevant sa patte blessée pour mieux visée la présence en dessous de lui, hors d'atteinte sur sa branche. Il avait cessé de gémir et de pleurnicher, avait séché ses larmes d'un mouvement de patte, et le contemplait maintenant attentivement, serein.

Moqueur.

Hilare.

La pluie recommença et le sortit de son émerveillement. Au début il ne comprit pas. Il s'était pourtant reculé pour ne plus être touché par les fluides vitaux du Volant. A moins qu'il ne soit en train de se vider de son sang et que çà éclaboussait partout ? Dans ce cas-là, il allait bientôt tomber de sa branche et Fenouil n'aura plus qu'à se baisser pour le grignoter. Son estomac émit un petit gargouillement à cette pensée. Çà faisait un moment qu'il n'avait rien consommé. Mais l'odeur qui s'infiltra dans ses narines lui indiquèrent autre chose. C'était fort. Si particulier. Si familier... Deux neurones se touchèrent. De l'urine ! L'autre était en train de lui pisser dessus ! Et volontairement en plus !

"Sérieusement ?!"

Un peu ébahi par cette réaction si puérile, si peu digne d'un prédateur, il ne se déplaça pas. Il ramena simplement sa précieuse plume contre son torse et baissa la tête dessus. Pour la protéger du jet qui pourrait la décolorer. Il ferma les yeux et laissa les gouttes ruisseler le long de sa collerette. L'averse dorée ne fut pas éternelle. Lorsqu'elle fut terminée, il redressa doucement la nuque. Ses yeux vinrent se planter dans ceux, hilares d'Asclepia. La colère rendait grondante sa voix.

"Pour viser de cette façon, tu ne peux être qu'un mâle. Mais tu portes mal ton sexe, flipette."

Fenouil venait de changer Asclepia de catégorie. Ce n'était plus un camarade un peu bizarre. Mais un être à corriger pour sa mauvaise conduite. Perché sur sa branche, il lui était inaccessible pour le moment. Si il s'écoutait, il foncerait dans le tronc pour briser l'arbre. Mais cela sera beaucoup d'efforts pour une maigre récompense. Et puis, il était sûr que l'autre en profiterait pour fuir en volant. Non, il n'avait pas besoin de gaspiller ses forces dans une vaine tentative. Il le capturera plus tard. En attendant, il gouta ce qui lui avait été offert. L'urine pouvait apporter des informations précieuses sur son propriétaire. A sa déception, il ne décela aucun signe de maladie. Temps pis. Au moins maintenant, il saura reconnaitre son odeur sans erreur. N'avait-il pas partagé tous ses fluides avec lui ?

"Petite proie incontinente, il me tarde de sentir à nouveau le gout de ton sang."

Il finit par briser le contact visuel. Jouer à qui baissera les yeux n'avait aucune utilité. Si ce n'était d'aviver son indignation. Ne voulant pas subir de nouvelles offenses, il choisit d'ajouter un peu plus de distance entre eux. Il se leva et glissa son objet de convoitise entre son antérieur et son bracelet. Il aura besoin de ses crocs. Alors autant ranger la plume là où elle n'entravera pas ses mouvement ni ne s'abimera. Une fois cela fait, il s'installa près d'un arbuste aux grandes feuilles. Il en attrapa une et la broya entre ses crocs. Un moyen comme un autre de contenir sa colère bouillonnante.

Asclepia se contenta de le laisser râler et de lui tirer la langue, sans respect jusqu'au bout. La menace ne lui fit ni chaud ni froid : s'il n'était pas un guerrier et piètre attaquant, il avait confiance dans sa capacité à s'échapper ou à faire tourner en bourrique quiconque lui souhaiterait du mal. Et surtout, il allait se barrer d'ici à tire-d'aile et ne pas laisser trainer ses plumes au sol. Il serait malchanceux, quand même, de le croiser par hasard sur toutes les terres du continent ! Sauf s'il le pourchassait. En ce cas... Meh, en ce cas il devrait faire quelque chose. C'était plutôt triste, comme idée, et il espérait ne pas avoir à le blesser, ou tenter de le blesser.

Asclepia observa sa cuisse qui saignait encore abondamment et la lécha précautionneusement. Il n'était plus temps de trainer ici :

Bon Choupette, tu m'as piqué le gras quand même. Et moi qui ne voulais que te papouiller et te détendre et tout ! Et t'as même eu un cadeau !

Il babilla encore un instant, agitant ses plumes et ajustant son départ :

Du coup j'vais me barrer et je te dis à la prochaine, P'tit Chou !

Et, d'un coup d'aile, il s'envola. Les paons ne volaient pas très bien, mais c'était largement suffisant pour s'enfuir d'ici et se diriger vers le continent - en sécurité, et surtout là où on trouvait du miel pour panser ses plaies.

La feuille avait un goût particulièrement amer. Il en avait goûté des bien meilleures par chez lui. Mais il fallait se satisfaire de ce qu'il avait sous la patte. Il la déchiqueta aussi lentement que possible. Un jour, peut être qu'il se laissera tenter par les exercices de respiration que lui avait appris Lame. Mais là, sa colère ne sera pas assouvie par des inspirations et expirations. Elle avait besoin de détruire pour retrouver son calme. Et un cuissot d'Asclepia n'était pas à se portée. La feuille puis ses sœurs en subirent le courroux. La plante ne ressemblera plus à rien après son passage.

Quand à sa cible, elle continua de le narguer. Choupette ? Un surnom réducteur qui ne collait pas du tout au survivant qu'il était ! Voilà qu'elle se fit ensuite passer pour une victime. Mais bien sûr. Planter une plume dans le cul de son interlocuteur était assurément une preuve d'amour. Une excellente méthode de détente mutuelle. Idem pour le coup de l'urine. Il avait un pet au casque. Ou il continuait de se foutre de sa gueule, bien à l'abri en haut de sa branche. Fenouil pencha plus pour cette deuxième supposition. Et le voilà qui décolla, préférant fuir comme un lâche plutôt que d'assumer ses gestes.

"Couard jusqu'au bout."

Le Styracosaurus ne chercha même pas à le suivre. La végétation de la forêt le ralentira en plus de lui faire perdre de vue sa proie. Il avala ses morceaux des feuilles et sortit de son abri végétal. Il lécha les quelques gouttes de sang que le sol n'avait pas encore absorbé. Il ne savait pas quelle direction avait pris le loup ailé. Mais il était sûr de le retrouver. Oh, pas aujourd'hui ni demain. Mais suffisamment tôt pour qu'il fut encore en mesure de replanter ses crocs en lui. Il le traquera si nécessaire.

"Nous nous reverrons, le Volant. Je te le promets."

Son estomac gronda et Fenouil détourna son regard du ciel. Il chassa sa rencontre de son esprit pour se focaliser uniquement sur ses besoins du moment : manger et dormir. Il quitta la zone pour combler ces deux envies l'une après l'autre.

» Faux duo | Pep's et Dough
» In the end | Libre
» I did it for you | Libre
» Feu - Libre
» l Libre