Graine d'Avenir [Noé, Kerguelen + Nakhus]

Elle avait tenté de s'en aller. De fuir le Nord pour échapper aux Créatures du Nord comme le lui avait conseillé Ao. Elle n'y était parvenue. les retrouvailles avec son frère ... La découverte de nouveau savoir ... Un ventre qui grossissait provoquant un essoufflement rapide ... Tout cela avait eu raison d'elle, la piégeant sur des terres étrangères aux visages de parfais inconnus. Serket-Beatriz grogna. Son ventre était douloureux. Les contractions commençaient. Elle avait eu quelques sessions de ces dernières les jours précédents mais aujourd’hui, c'était différent. Elles étaient rapprochées. Trop proches. Elles annonçaient l'arrivée imminente de ses enfants. Elle marchait dans les champs mystiques. De l'aide. Voilà ce qu'elle cherchait. Elle serra les mâchoires, retenant un couinement. Dieux que cela faisait mal ! Elle ne parvenait pas à voir âme qui vive alors elle finit par s'effondrer au sol.

Elle regarda son ventre. Elle tremblait de tout son être. Elle jappait et suait. Elle avait si mal puis elle sentit la poche se rompre. Ses eaux tombèrent au sol. Ils arrivaient. Non pas tout de suite ... pensa-t-elle. Elle était si seule dans ces champs. Ne pourrait-elle pas bénéficier d'aide ? Elle avait peur. Bien plus peur que lorsque Neït disparue. Que lorsque le dôme s'empara de nombreuses vis. Que quand son frère disparu. Ou encore, de quand il ne restait plus rien après la prison ... Où sa propre survie était en jeu. Aujourd'hui elle connaissait une autre peur. La peur de perdre ses enfants. Elle couina, doucement puis de manière plus audible. Elle espérait qu'on viendrait à son aide mais c'était vain. Alors, risquant de tomber sur mauvaises âmes, elle gonfla ses poumons et dans un hurlement désespéré, elle appela ...

Qu'on me vienne en aide ...


PRIO :
- Noé (Lezeis)
- Kerguelen (Vashtoures)

Dieux que cela faisait mal. Elle continuait d'haleter, ne parvenant pas à se calmer. Elle ne voyait personne venir. Allait-elle mettre bas seule ? Remarque, cela convenait bien à sa situation. Solitaire jusqu'au bout de griffes. Des perles se mirent à dévaler ses joues. Serket-Beatriz pleurait en priant les Déités de ce monde pour qu'on lui vienne en aide. c'était insoutenable. Même lorsque ses végétaux puisaient en elle pendant les fortes chaleurs du dôme, lorsque leurs racines s'enfonçaient chaque jour un peu plus dans sa chair, elle n'avait connu pareil souffrance. Son ventre se contractait, se tordait et elle, elle couinait.

Elle ferma un instant les yeux. Calmes toi ... mais c'était vint. Trop dur. Trop impensable. Puis lorsqu'elle rouvrit les yeux, une fragrance inconnue lui vint. Elle n'était plus seule. Bonne ou mauvaise nouvelle, elle jappa pour attirer l'attention du mâle qui était dans les parages. Elle regarda le brun apparaître devant lui tel un messie. Il s'approcha d'elle et elle put souffler. Il ne lui voulait aucune mal. Elle l'écouta tant bien que mal, se murant dans un drôle de silence quant on la savait bavarde. Elle fit ce qu'il dit, cherchant à inspirer profondément. Les premiers essais furent laborieux au vu de son stresse mais elle y parvint. Elle regarda ce qu'il lui tendait et sans se poser de question, elle goba les petites boulettes. Quant au morceau de tissus, il resta près d'elle mais ne chercha pas à mordre dedans.

Son silence allait tomber lorsqu'une louve les rejoignit. La Rose lâcha un petit couinement de soulagement en l'entendant. Yurai venait de la prendre sous sa coupe. Elle ne risquait plus rien. Elle et son enfant. Elle glissa son regard sur le dénommé Noé puis sur l'inconnue.

« Je ... Je ne peux ... Salir votre ... Cape ... souffla-t-elle entre deux contractions.

Les boulettes du guérisseur semblaient porter ses fruits. La douleur s'atténuait bien qu'elle demeurait présente, comme désireuse de lui rappeler que la Vie tambourinait en elle pour sortir.

« Que dois ... Je faire .. ?

Assister et aide à un accouchement, elle savait. Mais accoucher non. Elle venait de perdre toute sa logique. Ses pensées n'arrivaient pas à s'imbriquer correctement. Son cerveau était à la foi dénudé de raison comme il bouillonnait trop de pensées, de souvenirs sans parvenir à les rendre cohérentes. Il ne lui restait plus qu'à mettre son avenir proche entre leurs pattes.

Son esprit était embué. Elle ne comprenait pas tout mais elle les laissa discuter. La dénommée Kerguelen l'installa plus confortablement, glissant la cape sous elle. La Fleurie s'en voulait toujours à l'idée de la salir mais la Sans-Oreilles semblait tenir à ce petit confort alors elle ne rechigna pas, l'aidant comme elle put en se déplacement ne serait que d'un chouia. Elle commença à appliquer les conseils du mâle. Inspirer profondément, pousser sur l'expiration. Et recommencer, encore et encore. Les débuts furent difficiles, elle ne se calait pas sur les contractions puis elle eut le déclic. Elle comprit.

Kerguelen s'éclipsa et revint avec de l'eau. Elle l'écouta à peine et elle se mit à pleurer à chaudes larmes. Dieux que ça faisait mal ! Puis les deux Nakhus semblèrent disparaître. Elle reprit le travail. Inspirer, pousser. Inspirer, pousser. Encore et encore. Elle sentait les eaux s'en aller puis au fond d'elle même, elle sentit l'enfant. Il approchait ... Alors elle reprit de plus belles l'exercice de la mise à bas. Il lui fallut un moment avant d'y parvenir ... Dans une dernière contraction, le louveteau passa de l'obscurité à la lumière. Elle avait réussi, elle se laissa choir au sol, fatiguée.

« Je ... Un peu d'eau ...

Elle s'en voulait de ne pas être plus polie que ça mais elle était exténuée. elle ne parvenait même à pas se relever pour voir son unique enfant. Elle couina légèrement. Elle voulait le voir ... Elle dut faire un effort monstre pour se redresser. Son corps semblait lui peser une tonne. Elle ressentait encore plus les végétaux qui la parcouraient, ils la faisaient souffrir comme ils leur rappelaient la lourdeur qu'ils avaient. Elle regarda la drôle de créature nouvelle née. Comme c'était étrange de se dire qu'elle était face à sa descendance. Elle lança un regard aux deux Nakhus. Est-ce bien son enfant ?

Délicatement, elle l'attrapa et l'approcha de ses mamelles. Il était encore trempé et ensanglanté. Il trouva rapidement où se nourrir tandis qu'elle, poussée par son instinct sans doute, elle se mit à le lécher pour le nettoyer. Elle leva son regard sur les deux loups. Elle souriait, aux anges bien que la fatigue peignait son visage.

« je ... Merci ... Je m'appelle ... Serket-Beatriz.

Elle se laissa retomber au sol, respirant plus calmement.

« Heinly ...

Son sourire s'agrandit. Heinly comme l'enfant dans le journal de la sage-femme qu'elle avait lu au cours de sa grossesse. Oui, c'était un beau prénom.