Crépuscule - RP libre - (3/x)

Étendant ses bras d'or et de feu, le crépuscule embrasait les roches et la poussière des monts de la jeune cordillère.
C'est lorsqu'enfin le Soleil se blottie sous la mer et que l'onde, au loin, se colore de reflets incandescents que les vagabonds s'asseyent et ferment un instant les yeux. Fourrures ondulant au vent tiède du soir, truffe ventilant les effluves de la nuit à venir, le vrai repos, pour certains, n'est pas le sommeil. Pour Lyria, ce repos est la contemplation aérienne des terres foulées plus tôt dans ses labeurs, des paysages trop lointains pour être parcourus de sa patte ou encore de la mer, inaccessible désert enrobant l'île de son écrin salé.
C'est à chaque fois qu'une journée se meurt que l'animal gagne les hauteurs des monts, là où le ciel ne fait qu'un avec la terre, s'accordant un temps avant que l'astre ne s'efface totalement pour simplement profiter de cette nouvelle bataille gagnée contre la mort, de cette journée vécue à la sueur de ses traques et à la force de sa condition de solitaire.
Bien aise, assise sur son train arrière, l'hybride ouvre alors à nouveau les paupières, reflétant au creux de l'iris ambré par les ombres la lumière des étoiles naissantes dans le ciel rosé et les ultimes rayons du jour glissant sur les flots lointains, par-delà le bastion des Etelkrus.

Au-delà des rocs lunaires de la cordillère, le castel de ses frères tribaux, niché quelques plateaux plus bas, sombrait peu à peu sous la noire couverture tendue par les plus hauts et dangereux pics de la montagne.
Qu'ils sont petits.
Grouillant comme des fourmis autour de leur nid, quelques louveteaux vont et viennes hors des crevasses et des grottes, petits points tantôt blancs, tantôt bariolés, suivis par d'attentifs adultes étrangement fagotés qui les ramènent un à un à un simulacre de campement.
Les flancs des roches semblaient décidément en vomir toujours plus, chaque jour.

Au-delà encore, soulignant l'horizon, les limites du monde crachent sur les plages leur écume mousseuse, crépitant d'un embrun iodé qui n'a encore jamais effleuré la truffe de la créature. Au crépuscule des vagues, de la mer d'encre qui s'échoue sans relâche sur les terres les plus avancées en elle, va le regard irisé de la lupine, au roulis de l'eau qui à chaque passage semble chasser un duo de jeunes amis ou de tendres amants, qu'importe. Ces deux points minuscules sautillent, le vent en porterait presque parfois leurs brèves exclamations étouffées dans l'immensité jusqu'à ses oreilles tandis que le Soleil se meurt toujours, un peu plus, teintant l'eau de pourpre comme si c'était d'agonie qu'il pliait le genou face à la Lune naissante.

La meute, plus proche des montagnes, semblait avoir enfin fini de collecter ses bambins et les adultes, dans leur patience infinie ressortaient des tanières ombragées. L'un d'eux leva le nez vers les sommets. Discernait-il la sage espionne sur son perchoir ? Guettait-il simplement lui aussi la venue de la nuit ? Là aussi, qu'importe.

* * *

Regard perdu sur ce groupe lointain, Lyria souffla une légère buée emportée par le vent de la montagne désormais devenu frais. En effet, le soupir des alpages s'était maintenant refroidi, agitant par grandes envolées l'épaisse et grise fourrure de l'animal perché sur son roc que le déclin du Soleil avait drapé de ténèbres encore lumineux, juste assez luisants pour illuminer les granites de quelques éclats vermillons et dorés, minuscules lucioles de cristal grouillant aux pieds de la bête.
Lentement alors, la fraîcheur du soir vint à se frayer un passage entre les épaisses fibres du manteau de poil qui couvrait cette dernière, effaçant la chaleur de la journée, refroidissant les muscles échauffés par la survie. Le poil frémis d'ailleurs, agitant l'échine dans un sursaut lorsqu'une bise trop aventureuse vint à gratter la peau.
Malgré son air de vautour guettant ses proies, malgré le climat des hauteurs, les traits de la bête demeuraient pourtant relâchés, songeurs, et le jeune dos s'était déjà voûté, osseux.

Cela faisait maintenant près d'un an que ces rondes au couchant étaient devenues son quotidien. D'abord par crainte de ces épais groupements lupins autour des Monts puis par habitude, toujours, le soir venu, Lyria les scrutait d'un œil avisé.
Peut-être observait-elle maintenant les tribus plus par usage que par mépris, peut-être ne les regardait-elle même plus vraiment.

Et au delà cela, au delà ce calme olympien et de cette gueule de marbre au regard aussi ferme que neutre, une étrange force tranquille régnait autour d'elle. Presque tangible, c'était une présence qui ne disait pas son nom, comme si la poussière autour était un sanctuaire calme, inviolé et inviolable. Ancrée dans la roche sur de solides et fins appuis aux coussinets calleux, aux membres tracés et maigres, bandés à l'avant de tissus sales et gris par ses marches et tribulations, sanglés à l'arrière par des poches de cuir d'où dépassent parfois le corps d'un petit animal sans tête, quelques plantes, quelques baies ou quelques objets brisés et babioles en tout genre, le cervidé difforme se tenait là, à quelque mètres d'une falaise béante, gouffre ouvert à la mâchoire solide que le temps n'avait su faire fermer.

Oui, chaque soirs, à la même place, sans peine ou joie aucune, sans rondeurs des jeunes loups bien nourris, sans maladresses juvéniles, c'est un bloc, un roc de pierre maigre mais robuste, qui vient retrouver son socle froid, statue seule survivante d'une apocalypse qui a failli ravager un décors. C'est un instrument de roche dont le vent, dans ses ardeurs, parvient à siffler des hou hou macabres entre les dentelles de ses bois pour accompagner ceux des sirènes cachées par les sommets. Sombre représentation qui a lieu chaque soir, lorsque la nuit tombe pour faire se lever la Lune, la Montagne chante au crépuscule jusqu'au levant.

Dans ce désert en fête où se mêlent complaintes et soupirs de géants invisibles, Lyria ne hulule pas avec eux pour l'astre argenté. La cordillère vibre à sa place.
Les Monts Célestes sont sa meute, le vent est leur hymne de solitude.

* * *

C'est ainsi qu'elle se contente de, chaque soir qui vient, venir prendre part silencieusement à ce concert fantomatique, d'observer la vie de ces inconnus qui peuplent un décors à la fois lointain et familier, de tenir en respect par sa pensée ces meutes qui s'agitent joyeusement autour d'une vie commune aux codes abstraits.
Face à ce monde obscur que ces ancêtres semblent avoir renié si longtemps, nul ne sait quelles sont ses pensées. Déplore t-elle cet éloignement ? S'en réjouit-elle ? À quoi bon ?
L'animal cligne lentement des yeux pour humidifier ce que la brise, dans sa fougue a asséché puis de nouveau, elle soupire, secouant légèrement sa tête pour faire s'envoler un fin nuage de particules grisâtres.
Déjà bien ronde dans le ciel, la Lune a désormais pris la relève et veille maintenant sur les Etelkrus. Il est temps pour Lyria de rentrer, de gagner sa tanière vide et froide. Elle se lève donc, se hissant sur ses longues pattes effilées puis fait demi-tour, tournant le dos à ce peuple qu'elle ne comprend pas, à ce duo qu'elle ne conçoit pas, et d'un pas mesuré, la voilà qui fait route plus avant entre les pics. La lumière des étoiles la guide, la Lune lui ouvre le chemin, scintillant de leur éclat d'ivoire sur les mêmes pierres que le crépuscule animait plus tôt, brillant comme mille poissons argentés dans les quelques ruisseaux que le ventre de la montagne fait naître de ses rares roches fertiles.
Attirant brièvement le regard de la louve, cette eau vient à lui rappeler son gosier sec et pâteux. Elle s'approche alors, de cette même allure harassée par la journée pour venir porter son museau percé d'un bijou rustique au petit rapide glissant entre les roches. C'est alors que la gueule s'ouvre, répondant aux éclats d'argent par des crocs immaculés ornant des gencives aussi noires que la nuit. La langue, de la même teinte, frappe plusieurs fois la surface de l'eau pure dans un clapotis infime, perdu dans le ruissellement général et dans la complainte montagnarde du vent qui jamais ne semble cesser.

Ce spectacle, aux portes du chaos et du merveilleux pourrait laisser les plus rêveurs imaginer qu'ils observent là un cerf ou même un Aepyceree égaré tant la Lune couvre la bête de son halo. Si celle-ci semble bien paisible, les oreilles restent droites et la truffe alerte, comme le feraient ces proies encore peu certaines d'être en paix.
Une fois sa soif étanchée, Lyria redresse la tête promptement et semble alors observer derrière elle, comme guettant un quelconque curieux ou un Mustyl aux airs couards. La truffe prend alors un peu de hauteur et les ailettes de celle-ci brassent l'air à la recherche de la moindre senteur suspecte tandis que les pattes prennent plus fermement appui sur le sol.
Quelque chose semble la tracasser, que ce soit un sentiment d'être observé fondé ou imaginé, elle ne sait que trop bien que son instinct ne la trompe pas. Du moins, pas souvent.

Nombre de mots : 1585

LYRIA
Acculée, dos au ruisseau et face à l'étranger, la louve posa son regard sur le pâle individu dont la silhouette se dégageait peu à peu de l'ombre environnante. Elle gronda d'abord, retroussant les babines, baissant le front pour présenter les cornes et courbant l'échine comme pour bondir.

Mais étrangement, à mesure que celui qu'elle identifiait désormais comme Etelkru prenait place plus avant dans le lieu, la grogne passa plus vite qu'à l'accoutumée. Non pas qu'elle éprouva un quelconque intérêt pour ce vieux loup gris, mais elle huma cependant un peu plus l'air, relevant une patte du sol.
C'est ainsi qu'en dernier le front se redressa et que les coussinets retrouvèrent la poussière.

Sans répondre aux excuses du tribal, elle le scrutait d'un regard ne semblant maintenant qu'à demi méfiant. Droite sur ses pattes, elle était alors légèrement plus haute que lui et de relativement même carrure. Plus jeune aussi, peut être ne le percevait-elle plus comme une menace aussi critique que son instinct lui criait.
Ou peut être était-ce autre chose qu'elle ne parvenait pas encore à cerner.

Sans un mot, Lyria continuait de décrire du regard le curieux, sans avancer ni reculer, portant haut ses bois dans un port altier.

( jme permet vu que c'est pas préciser si libre pour un ou plusieurs ! ^^ )

Queen • 5 ans
F A E I

La montagne ne pardonnait que bien peu d'écart... Qu'il s'agisse d'une foulée incertaine d'une proie, d'un élan mal contrôlé d'un animal en course ou d'un grondement imprévu, il était bien rare de savoir être invisible à qui savait écouter son chant. Pour une louve toujours aux aguets, forcément, quelques cliquetis de griffes et un grognement inattendu roulant sur la langue d'un individu de type prédateur au sein du calme de la nuit éveillèrent sa curiosité et sa méfiance. Il y avait bien longtemps que Queen ne dormait plus que d'une oreille. Elle se redressa lentement sur sa branche épaisse de sapin. L'écorce y était rugueuse et rendait le confort minimal, mais celui lui permettait d'être en relative sécurité pour un court repos. Veillant à ne pas perdre l'équilibre en se relevant, et a évitant des craquements sonores du bois qui résonneraient en contrebas de sa position, la blanche descendit de son arbre à petits pas. Il lui fallu louvoyer ensuite entre les saillies rocheuses et autres conifères jusqu'à entendre les échos d'une voix masculine. Sa proximité avait probablement grandement aidé à entendre le début d'altercation... Tête basse, légèrement tapie, la solitaire fit le tour des deux protagonistes en s'efforçant de rester à couvert des taillis. Elle savait très bien que lors d'une nuit avec une aussi belle lune, son pelage de neige ressortirait violemment du paysage obscur.

Le but était de se dévoilé le plus tard possible pour observer et étudier les deux loups et les jauger avant d'indiquer sa présence. Elle désirait se positionner de l'autre côté du loup -la louve à l'odeur- hybride. Habitante idéale d'une forêt celle-là, pour un camouflage facilité ! Il valait mieux -par expérience- s'éloigner des mâles souvent plus territoriaux. Par inadvertance pourtant, elle passa derrière un arbuste majoritairement défeuillé, ce qui stria d'une vive lumière argenté sa robe pâle. Dans un soupir, elle abandonna la discrétion et avança hors de sa piètre cachette sous les diaphanes rayons de lumière, tout en s'imposant verbalement. Elle usa donc d'un ton confiant et légèrement agacé en s'adressant aux deux protagonistes comme s'il s'agissait d'enfants turbulents :

« Vous êtes bruyants. »

Puis elle s'assit, bien droite et sans agressivité, elle était revenue depuis quelques jours à peine sur cette partie du continent et ne tenait pas a se faire des ennemis aussi vite. M'enfin, elle n'allait certainement pas jouer les lavette non plus.

LYRIA
L'éclair blafard frappa alors le regard de l'hybride qui se remit en garde de plus belle. Du monde, trop de monde, ce n'était pas prévu.
Elle fit alors un premier pas à reculons, trempant une patte dans le ruisseau qui assurait ses arrières et s'arrêta, relevant légèrement le front alors que sa truffe grappilla encore quelques effluves. Cette louve, ce n'était pas une Etelkrus. L'odeur était bien plus commune, bâtarde mais pas moins singulière. Ainsi, une fois de plus, la défense s'allégea sans pour autant se laisser aller à l'insouciance.
Toujours gueule fermée, l'attention de Lyria allait ainsi d'un inconnu à l'autre, parfois du duo vers les rocs derrière eux comme cherchant un point de fuite, l'air de rien.

Queen • 5 ans
F A E I

En toute réponse, le mâle les salua, aimable. Étonnement calme et confiant en se retrouvant face à deux femelles solitaires. Qui qu'il soit, il n'avait pas peur, ne montrait en tout cas aucun signe de crainte. Queen le détailla, sans pour autant faire un pont avec un vieux souvenir. Seule l'odeur aurait pu raviver l'image car témoins puissants de mémoire, mais comme de son côté du Dôme elle n'avait pu que voir Mildred s'échapper, tout ses autres sens enfermés eux aussi par le mur de verre vert ne pouvaient donc l'aider à se rappeler. Sa décontraction apparente, par contre, intriguait la blanche. Comme l'autre femelle semblait plus tendue, elle ne lâcha pas la crispation de ses muscles. Elle ne connaissait rien d'eux, et sa curiosité restait entière.

« 'Soir. »

Réponsit-elle, simplement polie. Quand à l'hybride aux bois de cerf, nul mot ne sortit de sa gorge, et son comportement rappelait plus celui d'une bête coincée mais fière que d'un loup fort de ses positions. Surtout qu'avec son attirail sur la tête, elle risquait bien d'être la plus puissante en cas d'attaque. Partageant son attention entre les deux, la blanche ne cessait de chercher des potentiels points faibles à ses potentiels adversaires. Au cas où.

LYRIA
Toujours pas de réponse de Lyria. Du moins, pas encore.
Toujours droite sur ses pattes, elle demeurait désormais seule debout, tournant légèrement le museau vers la blanche comme lui indiquant qu'il était à son tour de se présenter. Néanmoins, patte arrière toujours au bord du rapide, les yeux balayaient rapidement les ombres au delà des deux gus de temps à autre. Voulait elle partir ? Attendait-elle quelques chose ou surveillait-elle leurs arrières ? Pour sur, la situation ne lui plaisait guère. La louve noire n'était clairement pas du genre pipelette.

Queen • 5 ans
F A E I

Un Etelkru bien sûr. Queen baissa les oreilles en le fixant quelques instants. Guérisseur ou pas il était un de ces rustres. Cette meute était faite de brutes épaisses qui n'avait pas su aider son père. Enfin, elle était passée au dessus de ça, non ? Alors pourquoi elle avait envie de gronder à nouveau ? Plutôt que de continuer sur le chemin de l'agacement, la blanche prit une inspiration profonde et expira lentement par la truffe. Probablement grandement aidée par cette petite vague de chaleur qui l'enserra, la rassura d'une certaine façon. Elle ne su pas d'où cela vint, mais une vague idée la tarauda quand elle croisa les yeux du gris. Elle tourna alors le museau vers la louve aux grands bois et attendit d'elle qu'elle réponde la première, impolie femelle qui n'avait même pas répondu à un simple salut. Comme le silence s'installa, malgré son insistant regard sur l'autre louve solitaire, elle fronça la truffe et prit la parole quand même.

« Je ne suis qu'une voyageuse. »

Pour l'instant, du moins. Mais elle tenait à faire profil bas tant qu'elle n'avait pas d'abord revu ses frères.

LYRIA
Détaillant de la tête aux pattes le plus vieux de ses grands yeux émeraudes puis portant son attention sur la solitaire, la boisée desserra alors la mâchoire, révélant des crocs nacrés dans une gueule d'encre.

"Je vis ici." laissa t-elle alors entendre d'une voix rauque.

Chaque mot semblait peser incroyablement lourd hors de cette gorge serrée, comme si la parole lui était superflue, gadget dont elle n'avait que peu l'habitude de faire usage visiblement, à entendre le grain de sa prononciation. C'était une "voix du matin" en pleine fin de journée.

Aussitôt présentée, son regard se porta encore au loin, incertain avant de revenir sur le bien étrange duo après avoir balayé les ombres qui avaient enveloppé les pics d'un épais drap.

Dire que la confiance s'installait entre les trois loups était peut être un peu exagéré pour le moment mais disons que Lyria s'était permise de redresser le front et de relâcher à peine la tensions dans ses membres.

Queen • 5 ans
F A E I

Voilà qu'elle parlait donc, qu'elle n'était pas muette celle-là ! Un timbre caverneux, comme enroué. Clairement pas une bavarde. Et si elle communiquait si peu de la voix, soit ceux de son entourage étaient sourds ou malentendants, soit elle vivait complètement seule. Hors d'odeurs différentes il y en avait des tas a distinguer. Des qui repassait plusieurs fois, il y en avait à la pelle. Comment savoir ? Demander aurait été probablement trop agressif pour cette hybride semblant déjà agacée de croiser tant de monde en cette belle soirée. Queen profita de l'occasion pour détailler ce qui se révélait à son regard pâle : des crocs d'ivoires étincelants et donc très bien entretenus, des muqueuses d'un noir charbonneux, un regard inquisiteur qui savait analyser un adversaire. Comme elle, la louve-cerf avait un instinct de protection fort. Indice quand à sa vie de solitaire, ou de louve trop souvent blessée par ses paires... Queen souffla, la fatigue revenait poser sur ses épaules le poids de son voyage. Pour garder contenance, elle avança jusqu'au ruisseau et y prit quelques fraîches lampées. De toute façon, personne n'était agressif ici, donc elle pouvait bien lâcher des yeux quelques secondes les deux inconnus.

LYRIA
Bien, il chassait. Il était donc occupé et tandis que la seconde solitaire se désaltérait un brin, la voie demeurait maintenant libre sur un des flancs du groupe. Après un autre bref regard fuyant, Lyria plongea ses iris dans ceux de son interlocuteur, sembla hocher dans un malaise et un souffle qui agita sa truffe puis profita de l'occasion pour s'éloigner dans un trot énergique, oreilles se courbant en arrière à mesure que le mâle et la femelle passaient dans son dos.

Le chasseur allait-il profiter de l'occasion pour lui sauter dessus ? Ou peut-être la solitaire le ferait ? Quoi qu'il en soit, la mine de la sombre se faisait inquiète malgré son inexpressivité habituelle. Un Etelkrus et une potentielle rivale avaient à présent en tête et en truffe son odeur. Qui sait si chaque soir qui venait désormais ils se montreraient aussi calmes et passifs ?

Accélérant peu à peu l'allure, elle finit par jetter un coup d'oeil en arrière, se figeant un moment.
La mâchoire se serra à nouveau.
Le risque semblait minime, mais il allait falloir prendre des décisions.

Queen • 5 ans
F A E I

Une chasse d'un côté, une fuite de l'autre... Queen observa, un peu interloquée, la silhouette de la louve à bois de cerf s'envoler vers les fourrées. Son poil sombre dans la pénombre de la fin du jour disparu rapidement dans le paysage, ne laissant que les sons étouffés de sa course quelques instants. Eh bien eh bien... Quelle saugrenue sauvage. La femelle haussa un sourcil, avant de faire de même de ses épaules et reporter son attention sur l'Etelkru.

« Elle a dû croire qu'elle serait le dîner. »

Ricana t-elle en traversant tranquillement le petit cours d'eau.

« Une chasse à plusieurs peut être synonyme de plus grosses proies à attraper. Si votre proposition tient toujours ? »

Manger lui était nécessaire, et elle savait que son repos serait plus agréable si son estomac n'était pas vide en s'endormant.