Préparer leur arrivée ▒ libre

▒ 5 ans+ ▒
F A E I

Ann était allongée sur une des hauteurs de Morne-Oeil d'où elle pouvait voir arriver tout le monde. Son instinct de conservation s'était très fortement développé au cours des dernières semaines, de la même manière que son ventre bien rond qui ne laissait plus de doute quand à son état de future mère. Heureusement, elle n'était pas encore une baleine et pouvait se mouvoir encore comme bon lui semblait, simplement, elle se fatiguait beaucoup plus vite, au vu du poids supplémentaire qu'elle se trimballait jour et nuit. D'ailleurs parlons-en des nuits ! Elle ne parvenait plus à trouver de position confortable et finissait par ne plus dormir beaucoup. Heureusement, Abysse savait apaiser les craintes et agacements de la femelle en gestation avec sa tendresse, ce qui lui permettait la plupart du temps de rester calme, de soupirer, et de se retourner pour essayer de s'endormir autrement. Enfin...

Elle était donc sur le haut de sa butte, entourée de nombreuses lanières de cuirs de poisson tannés par ses soins et un tas de tissus récupérés à droite et à gauche, qu'elle avait prit peine de laver à grande eau la veille. Grâce au soleil et au vent mêlés, tout avait séché très vite une fois étendu dans l'herbe rase des collines de l'île. A côté d'elle : un couteau aiguisé, du fil de pêche et une aiguille taillée dans l'os de très gros poisson attendaient sagement d'être utiles. A l'aide d'un charbon, elle traçait ses mesures sur un morceau de cuir dans l'optique de préparer quelques bracelets et ceintures pour ses futurs enfants. Avec le tissu, plus tard, elle confectionnerait des bandeaux rouges à l'étendard des Raeders, ainsi que des couvertures pour leur petite couchette de bébés, et peut-être si elle en avait assez, des petits hamacs pour quand ils sauraient se tenir debout sur leurs minuscules petites pattes.

Concentrée sur son travail, mais les oreilles alertes au cas où quelqu'un viendrait gravir sa petite montagne de sérénité, elle fredonnait une chanson pour ses bébés. Cela parlait de l'Océan et de ses merveilleux monstres y habitant, de ceux, moins sympathiques, qui cherchaient à devenir plus fort et à manger cru les pirates, et enfin, des vaillants et fiers forbans qui ne se laisseraient pas faire et finirait par gagner et festoyer d'un grand barbecue de poiscailles. Bah quoi ? Elle comptait bien élevés ses enfants dans les codes de la piraterie, et les imbiber de cette confiance et cette morgue propre aux loups des mers. Ainsi, ses petits deviendraient navigateurs, explorateurs, conquérants... Et surtout, seraient heureux et fiers d'appartenir à leur meute et à leur famille de forbans. Qu'ils sachent la chance d'être nés libres et se battent pour que jamais ne s'éteigne la flamme de leur insubordination à l'égard du continent.