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F A E I

Narcisse déboula, encore une fois impérieux. Mais ils n'avaient pas le temps de se regarder en chien de faïence, ils n'avaient pas le temps d'argumenter. Dag se laissa presque bousculer. Puisque le mâle à la truffe pointue voulait porter et montrer sa supériorité physique, qu'il le fasse donc ! Le Viking avait des choses autrement plus importante à penser, alors déjà son cerveau turbinait pour se souvenir de ses lectures concernant les brûlures et autres dégâts de feu sur l’organisme. Méridor prenait la tête pour les sortir de là, Sakura les ayant également rejointe. Ce fût un soulagement de la voir saine et sauve. Puisqu'on le guidait, il pouvait se concentrer sur ce qui les entourait, sur d'autres voix qui appelait à l'aide et sur ce qu'il lui faudrait faire une fois dehors.

« Si la porte à l'air chaude, surtout, on ne l'ouvre pas ! »

Il toussa, si fort, qu'il n'était pas sûr que Méridor ai pu entendre quoi que ce soit. Si la poignée métallique de la porte exhalait de la chaleur alors il y avait plus grand danger à ouvrir la porte que de chercher une autre sortie. Le Panseur aguerri sembla bien se débrouiller et ils finirent par atteindre une partie d'air moins brûlante. Puis à joindre, finalement, épuisés, brûlants, couverts de suie et crachoteux, l'air frais de l'extérieur. Dag sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine à cette différence impressionnante de température, quand bien même il faisait évidemment aussi très chaud autour du bâtiment en flamme. Malgré sa gorge irritée au point de ne parvenir à s'exprimer correctement, il ne se laissa pas tomber au sol de soulagement, la peur pour ses compagnons le maintenant dans un état second, qu'li payerait sans doute plus tard, galvanisant sa foi et la vivacité de ses réflexions. Les risques encourus par tous ceux qui sortiraient de là étaient de l'ordre de l'agression thermique, on parlait de brûlures plus ou moins graves, du syndrome de fuite capillaire qui pouvait bien faire suer du sang et déshydrater l'organisme et les organes gorgés habituellement de ce liquide si vital. Cela pouvait aussi provoquer une insuffisance circulatoire et donc une baisse trop importante du débit cardiaque.

Il y avait le risque d'empoisonnement aux fumées dégagées et toxiques pour le corps, saturant le sang de ce poison volatile en remplaçant l'oxygène qu'il cariait pour alimenter les organes et le cerveau. Ces mêmes fumées si âcre et brûlantes pouvaient tracer sur leur passages des brûlures quasiment impossible à soigner tout le long de la trachée et dans les poumons. Sans compter les risques de traumatismes physiques pour quelqu'un qui se retrouverait coincé ou écrasé sous des étagères, ou qui par panique, bondirait d'une fenêtre plutôt que de parvenir à trouver la sortie. Déjà tant d'horreur qu'il imaginait et qui pourtant, ne le rendait que plus rapide à l'action. A peine fût-il debout dans l'herbe humide de condensation, qu'il examina la louve la plus mal en point. Elle semblait s'enfoncer dans l'inconscience. L’inhalation de fumée était la cause majeure de mortalité chez les victimes d’incendie. Il savait que sans qu'on puisse souvent rien y faire, plus de la moitié des loups mourraient des suite de cette intoxication. Et ça ne prévenait pas. C'était ça le pire ! Les mots de Méridor le touchèrent alors que déjà il poussait la louve sur le côté et lui ouvrait la gueule. Il fallait vérifier les voies respiratoires, s'il y avait œdème ou brûlure. A priori pas, mais il était difficile de jauger dans la pénombre mouvante à cause des éclats d'orange et de jaune éclatant des fenêtres de la Bibliothèque, ce qu'il supposa cependant, c'est que de la suie collait dans sa gorge et peut-être plus loin également.


« 'Kura ! Kof- Emmène la sur la plage, plonge la dans l'eau jusqu'au buste et garde bien sa gueule et sa truffe à l'air libre ! Je vous rejoins vite ! »

Pas de temps à perdre.

« Méri !! Vertige ? Mal au crâne ? Vision ? Tu te sens comment ? »

Plusieurs signes indiquaient les ravages de la fumées : céphalées, nausées et vomissements, faiblesse musculaire, nausées, troubles visuels, douleurs thoraciques ou abdominales principalement, mais parfois aussi dans les pattes antérieures ou dans la gorge et les sinus... D'autres symptômes comme l'agitation, la désorientation et perte de repères, la confusion voir l'inconscience laissait à penser à une atteinte plus sévère, d'autant qu'ils étaient bien trop souvent précurseurs de complications respiratoires. Vérifier le poul était utile dans l'urgence car plusieurs éléments comme l'obstruction des voix respiratoires ou l'hypovolémie le rendait fébrile et fuyant. C'était un bon indicateur. Tout en écoutant la réponse du Panseur qui semblait encore en état d'agir, il sauta jusqu'à Narcisse et le força à se redresser un peu plus afin de vérifier son rythme cardiaque et son souffle. Pas de dyspnées, des quintes de toux du même genre que celles qu'essuyaient le Viking. Rauque, râpeuse dans la gorge, douloureuse. Mais Dag n'avait pas le temps de s'occuper de lui. L’œil du disciple de Kiro était vitreux. Probablement comme ceux de toute l'équipe. Le soigneur poussa Narcisse.

« Narcisse ? Décris ce que tu sens. Si tu peux marcher, tu vas jusqu'à la plage avec Sakura et tu te met dans l'eau. Maintenant. »

Le beige invectiva Méridor.

« Trouve des Nakhus, il va falloir leurs capes, beaucoup de capes. Qu'ils t'en ramènent beaucoup. Elle agiront comme couverture rafraichissante une fois mouillée pour tout ceux qui sortent de là. Je te renvoie Sakura avec de l'eau pour tremper les tissus à chaque victime. Tu sauras les diriger vers la plage tout droit en partant d'ici ? »

Il leur fallait de l'oxygène, de l'air frais et pur et il espérait fortement que les vents marins balayeraient les abords de l'île aujourd'hui pour faciliter. Un air humide et froid qui apaiseraient les voix respiratoires abimés. Il faudrait rafraîchir rapidement tout le monde qui sortait de là, il espérait que Sakura ait assez de forme pour rapporter des seaux d'eaux régulièrement. Il le fallait, au moins jusqu'à ce que d'autres loups non blessés viennent les soutenir. Il y en avait un là, de seau, retourné dans l'herbe, non ? Sûrement abandonné pour une autre technique en voyant l'ampleur du feu. Il cracha ses poumons encore, et poussa Narcisse pour imiter Sakura et l'emmené jusqu'à la plage. Elle n'était pas loin, il le savait. Il fallait l'atteindre, c'était salutaire. Ils mirent plusieurs minutes, tout deux épuisés probablement. La respiration de Dag commençait à devenir moins stable, mais il n'avait toujours pas le temps de s'occuper de lui. Il cracha un mollard noir et continua jusq'au sable, jusqu'à Sakura et la louve à qui tenait tant son collègue. Il força ou accompagna son "gardien" ( tout dépend de son état ) à rejoindre l'eau et en lapa lui-même une grande gorgée. Dans son œsophage irrité, l'eau salée fût comme un nouveau trait de feu douloureux. Mais ce ne fût qu'une seconde, car la fraicheur était telle qu'elle supplanta le reste. Il retrouva un peu de souffle et retourna au chevet de Mildred.

« Saku... ra ! Plonge toi un peu et retourne-y. Il faut que tu trouve le moyen d'apporter de l'eau à Méridor, j'ai cru voir un seau par terre devant le batiment, peut-être trouvera tu autre chose, j'ai vu des loups avec des tonneaux aussi ! Il va falloir que tu emmène de l'eau là bas et que tu revienne jusqu'ici avec les blessés s'il y en as ! Et si des loups valides sortent, qu'ils viennent ici tout de suite. On aura besoin de tout le monde ! »

Il toussa encore, beaucoup. Ses yeux brûlait, mais il n'avait pas le temps de défaillir. Il se pencha alors sur Mildred et de sa patte en coupelle, il fit glisser un peu d'eau dans son gosier. Il espérait d'une part que la piqure de douleur l'éveille un peu, et que comme pour lui, l'eau et le sel lave au moins un peu de suie de ses conduits respiratoires. Il aurait fallu de l'eau de source, pure et douce. Mais sur une île, improbable. Il fallait faire avec les moyens du bord. Il jeta un oeil à Narcisse et vérifia son état. Dès qu'il irait mieux, il devrait mettre la patte à la patte à son tour. On n'avait pas le temps pour autre chose. Et pas un instant le petit loup ne se rendit compte à quel point il était vindicatif sous le coup de l'urgence.

Une autre quinte de toux, alors Narcisse écoutait d’une oreille distraite les consignes de Dag à l’intention de Mildred. Ici, ils étaient à découverts, affaiblis. Il ne fallait pas que quoique ce soit leur arrive. L’Épée se força à se remettre debout, ses pattes continuaient de trembler. Qu’importe. Dag vint le toucher. Les babines frémissent, mais il ne dit rien.
Qu’est-ce que tu sens ?

« — Rien du tout. »

Pour le moment, son odorat était hors d’usage.
Sa queue féline se baladant de gauche à droite, il finit par rejoindre le petit groupe qui était déjà dans l’eau. L’eau était chaude. Ou peut-être étais-ce lui qui l’était ? Il avait l’impression d’être encore à côté des flammes. Il s’accroupi dans l’eau, de sorte que seul son museau ne dépasse. Entre l’odeur de suie et de sel, il préférait encore la suie.
Un regard à Dag. Le Phénix sentait sa faiblesse. Les prunelles dorées se posent sur Méridor.

« — Soignes-le. »

C’est votre faute après tout si on se retrouve tous dans cet état là.
Le disciple de Kiro s’approcha de Mildred, histoire de rassurer Méri pour qu’il tente quelque chose envers Dag.

« — Tu t’étais perdue dans le nord, princesse ? »

C’était à cause de Mildred et sa famille qu’il avait fallu veiller sur Méridor. Finalement se seront jamais pointés.
Le loup se coucha sur le sable. Il devait reprendre des forces… sinon c’était le Phénix qui allait se pointer et ce serait une autre paire de manches… Cet oiseau le rendait vraiment anxieux par moment…

Surtout que, en regardant bien Narcisse, tu te tiens juste à côté d’un potentiel repas. Viendra un moment où tu ne pourras pas protéger tout le monde. Les deux autres sont-ils encore Etelkrus depuis le temps qu’ils sont ici ?
Fermes-la.

Sans vraiment s’en rendre compte, Mildred avait basculé dans une quasi inconscience au bout de quelques secondes.
Leur progression vers la sortie fut pour elle comme un rêve nauséeux, où les états d’éveil et de coma se succédaient si rapidement qu’elle ne parvenait à appréhender la situation avant de sombrer à nouveau.
Mieux valait qu’il en soit ainsi. Tout se déroula dans un flou où le temps n’était plus qu’une notion lointaine et sans importance, si bien qu’elle ne sut dire s’il leur fallut quelques secondes ou des heures pour s’extraire de la fournaise.
Son esprit enfumé ne réalisa qu’ils étaient sortis que lorsque l’air de la nuit déclencha d’importants tremblements à son corps, sa tiédeur d’été lui faisant l’effet d’un blizzard gelé après le brasier qu’ils venaient de quitter.

Sans parvenir encore à reprendre le dessus sur son état, elle se sentit être trimballée entre plusieurs loups tandis que des voix résonnaient tout autour - certaines urgentes et impérieuses, quand d’autres plus familières se réduisaient à une bouillie sonore ensevelie par les cris les plus pressants.
Un électrochoc la fit s’agiter plus encore lorsqu’elle se sentit être submergée et elle se débattit faiblement, sans savoir s’il ne s’agissait là que de son imagination ou si ses pattes étaient vraiment en mouvement.
On la traîna encore, et ce qui acheva de la faire émerger vers le monde des éveillés fut le liquide salé qu’on la força à avaler.
La descente de l’eau de mer lui brûla la gorge aussi sûrement que ne l’avait fait la fumée et son corps se contracta violemment - tout comme son oesophage et sa trachée, déclenchant une furieuse quinte de toux.
Un haut de coeur paracheva son réveil brutal et si elle parvint de justesse à éviter de vomir sur le sable ; la nausée resta ancrée à son ventre.

Epuisée, les flancs soulevés par une respiration profonde et quelque peu sifflante, la louve papillonna, observant sans comprendre l’environnement autour d’elle.
L’extérieur, la mer sombre - puis la haute silhouette de l’immense bibliothèque dont le coeur incandescent flambait, gigantesque torche enveloppée d’une fumée dense, vision à la fois choquante et fascinante.

Son oeil hagard continua d’explorer les alentours, s’accrochant aux quelques silhouettes, ne trouvant pas son frère mais s’arrêtant sur l’Etelkru au nez tordu au moment où celui-ci lui adressait une phrase à voix basse.
Elle avait presque oublié qu’il était là, dans tout ça.
Et ses souvenirs qui se reconnectaient progressivement les uns aux autres lui rappelèrent que c’était sur son dos qu’elle avait échappé à l’incendie qui faisait toujours rage.

Un maigre sourire étira ses lèvres.

— Ça t’aurais fait plaisir que j’y reste.

Sa voix restait un assez faible murmure et ses yeux ne restaient pas ouvert très longtemps, toujours sensibles. L’air extérieur qui glissait sur son visage était bien plus agréable que les étincelles qui avait voulu la brûler, mais il faisait presque autant pleurer ses yeux devenus réactifs.
Tout comme il la continuait à la faire frissonner, en passant sur son corps désormais trempé.

Elle ne l’avait donc pas rêvé, ils l’avaient foutue à la flotte.

Sans qu’elle ne puisse se l’expliquer, un foyer de douce chaleur avait l’air d’émaner du corps de Narcisse. Après quelques secondes d’une réflexion qui au vu de la situation peinait de toute manière à se développer, la louve se laissa plutôt guider par les besoins instinctifs que réclamaient son corps et rampa pour gagner quelques centimètres qui la rapprocheraient du mâle.

Après tout, son égo était déjà meurtri. Elle n’était plus à ça près pour le moment.

Je prends un peu d'avance afin de déterminer l'état de Dag à la fin de ce rp, quand l'adrénaline sera retombée ( histoire de pouvoir prévoir la suite ).
Les symptômes suite à un incendie pouvant être aléatoires sur un organisme intoxiqué, c'est un dé qui choisira les séquelles.

Réussite Critique : Voies respiratoires irritées, pas de soins nécessaires.
Réussite simple : VR abîmées, intoxication légère, déshydratation, petites brûlures. Pouvant mener à des complications plus tard si pas de soin.
Échec simple : VR abimées, intoxication importante menant à une perte de conscience de plusieurs heures/jours/semaines, dépendamment des soins reçus. Organisme lésé et donc séquelles inévitables. ( perte d'endurance, de souffle, organes affaiblies... Nécessitant des soins sur le long terme )
Échec critique : Empoisonnement des tissus trop important, arrêt respiro-cardiaque sans préavis.

Il faisait toujours si chaud. Malgré l’air frais, l’eau… Narcisse ne sentait aucun différence. Étais-ce le Phénix qui reserrait son emprise ? La queue féline s’agite, trahissant l’inquiétude du loup. Si vraiment l’Oiseau prenait de la puissance, les autres étaient en danger.
Au moins Mildred n’avait pas perdu de son piquant habituel.

« — Crois-tu que je me serais embêtée à te porter jusqu’ici ? »

La solitaire se mit à ramper… jusqu’à lui ?! Le poil du loup se gonfle.

« — Qu’est-ce que… »

Cherchait-elle à l’embêter, encore ? Narcisse n’était pas habitué à une telle proximité avec les autres, sauf Désastre, encore moins de la part d’une louve.
Le disciple de Kiro ne sait pas quoi faire. Il sent ses joues plus chaudes, alors que le corps de Mildred est là, près de lui.
Il en oublie le reste.
Les autres.
Ne dit rien, pendant plusieurs minutes.
Se contente d’observer Mildred.

Les autres trouveront sûrement quelque chose à dire, peut-être jacasseront-ils. Quelle importance ?
L’Épée ne bougea pas, jusqu’à ce que le pelage de la solitaire soit plus ou moins sec. Le regard se détourne, pour se poser sur ses camarades.

« — Rentrons. »

De toute façon nous ne sommes plus les bienvenus ici.
Avec difficultés, l’Etelkrus se relève. Les courbatures demain piqueraient. Les prunelles dorées s’attardent sur Mildred.

« — Tu viens avec nous ? »

Au vu de la situation, ils n’étaient plus vraiment à ça près.

Mildred n'avait pas l'énergie de secouer la tête à sa remarque, et se contenta d'agiter les oreilles. Elle n'était pas dupe.
Si son frère n'avait pas été là pour l'entendre et se précipiter à ses côtés, Narcisse l'aurait quittée sans un regard en arrière pour pouvoir protéger ses précieux Etelkrus, les seuls qui méritaient vraiment grâce à ses yeux.
Alors d'une manière détournée, elle devait certainement sa vie à Méridor.
Elle souffla un rire sans joie entre ses crocs à cette idée. Au fond, ce n'était pas la première fois qu'elle s'était retrouvée en danger de mort et que quelqu'un de sa famille était là pour la ramener parmi les vivants. Quelle triste et incompétente idiote elle faisait.

Où était-il, d'ailleurs, son frère ?
Elle entrouvrit les yeux quelques secondes afin de le chercher, malgré les images qui étaient encore floues et confuses pour ses yeux restés larmoyants d'avoir été tant agressés par la fumée.
Sa silhouette était encore trop loin, en train de s'affairer à quelques tâches sous les directives du petit loup qui l'avait aidée, lui aussi.
Son coeur se serra légèrement à cette idée. En aurait-elle fait de même pour eux, après toutes les choses sinistres qu'elle avait souhaité au sort des Etelkrus ?

Dans un dernier soupir, ses paupières se fermèrent à nouveau et elle patienta sans bouger, dans le silence qui les entourait dans une étrange bulle alors que plus loin résonnait toujours l'agitation liée à l'incendie.
Peu à peu, le feu sembla mourir, et l'agitation changea.
Et le regard de réapparaître encore, quand elle sentit Narcisse se relever pour intimer à ceux de son clan de rentrer. Un frisson la saisit maintenant que l'étrange chaleur émanant de son corps s'en était allée, mais elle rassembla ses pattes et parvint à se remettre en position assise pour agiter la tête dans un geste négatif.

— Non. J'ai à faire dans les terres du Nord.

Ses yeux se déportèrent vers Méridor, enfin revenu près d'eux, et elle lui accorda un faible sourire.
Je dois chercher Isrâ. Je sais qu'il est proche, qu'il est venu ici il y a peu. Je dois encore le retrouver, et après... Nous nous reverrons.
Elle savait qu'il comprendrait.

Puis le son d'une voix puissante et lointaine la surprit et détourna son attention pour constater que dans la bâtisse trouée par les flammes régnait désormais une lueur verte, rapidement interchangée par le violet - et que ce violet s'échappa en volutes pour les rejoindre.
Mildred redressa les oreilles et la tête d'un geste soudain, alerte. Pas encore très vive, mais ça allait déjà mieux.
C'était Yurai.
Elle écouta ses mots avec stupeur, tout comme elle réagit à peine au souffle apaisant qui les balaya. Déjà, la Déesse Nakhu repartait - non sans les congédier, elle aussi.

Elle fronça les sourcils.
Il lui faudrait regagner rapidement d'autres terres, elle qui avait cru pouvoir remonter sa piste au travers des territoires Nakhus... Tant pis, elle se débrouillerait malgré tout.
Le souffle de la Corneille lui avait rendu une bonne partie de sa vigueur, ainsi pourrait-elle reprendre ses recherches dès maintenant sans perdre davantage de temps dans du repos après cet... incident.

D'une foulée elle se rapprocha de son frère et échangea un fugace contact avec lui, joue contre joue.
Puis un signe de tête discret à Narcisse et à l'autre petit loup -et un bref regard perçant envers la louve grise qui ne cessait de l'observer avec mépris- furent ses derniers adieux avant de s'éloigner de son côté, queue haute.