Conscience - Libre

Nous n'allions pas mentir sur le sujet : Noé n'était plus vraiment le meilleur des marcheurs.
Il ne l'avait peut-être même jamais vraiment été, de par sa faible constitutions : Ses voyages s'étaient faits plus par nécessité, et un peu de curiosité, plus que par l'envie de voir ses faibles pattes avaler les kilomètres. Il peinait à marcher longtemps et cela avait été le cas, aussi, lorsqu'il était parti en quête d'une nouvelle terre en compagnie de Kerguelen.
Il y avait, cependant, des plantes intéressantes que l'on ne trouvait qu'en montagne. Alors, le loup chocolat n'avait que d'autres choix que de se faire violence, pour l'intérêt des Nakhus.

Il souffla, déjà fatigué. Il restait pourtant tant à parcourir ! Devant ses yeux verts, qui, pourtant, balayaient les alentours, il n'y avait pas l'ombre de l'une de ces plantes dont il était en quête.
Une petite pause, s'imposait. Oh, elle ne serait pas longue, tant il avait hâte de rentrer retrouver sa très chère la bibliothèque ! Une dizaine de minutes, tout au plus, dont il profiterait pour admirer le paysage.
C'était joli, ici.

Il était déjà temps de repartir. Noé s'encouragea, d'un mot, un "Allez", soufflé entre deux inspirations alors que ses pattes le portaient de nouveau vers les hauteurs.
Il fut ravi de voir le fruit de ses efforts : Devant lui, cette fois, quelques Reines des prés.
Noé posa sa cape au sol, y déposant les plantes avec soin.

Helga

Elle était sortie du territoire Etelkrus ! C'était encore un petit exploit, mais depuis sa rencontre avec le Nakhu Sortcellier, elle avait pris un peu d'assurance. Alors elle était allée jusqu'aux falaises littorales, et elle avait continué sur les pentes et elle était arrivée dans les montagnes. Ce n'était pas loin de leur frontière, se disait-elle, alors qu'est-ce qu'elle risquait ?

Surtout, elle avait pris avec elle la carte de Punk Wolf qu'elle dessinait, avec marquée dessus tous les endroits où on trouvait des plantes médicinales, ou au moins utiles pour les soins. En effet, elle avait sur elle non seulement plusieurs poches en cuir, destinés à récupérer des herbes pour son clan, mais également un tube qu’elle avait elle-même confectionné, à partir de roseaux trouvés dans le marais aux lianes, et de cuir récupéré sur le dik-dik qu’elle avait chassé avec Dough dans la Rougelande. Dedans, roulé sur lui-même, était le parchemin de la carte, et dans une des besaces se trouvait une ribambelle de bouts de charbon pour annoter la carte.
Elle gravissait durement les rochers. Elle n’était pas très bonne, pour la randonnée, mais force d’entrainement pour trouver de l’edelweiss l’endurcissait ! Elle allait explorer un coin des montagnes non annoté : pour faire ça bien, cela lui prendrait bien toute la journée - a moins que ce soit complètement vide !

Alors, sacoches autour d’elle, carte dans son étui, elle faisait attention à grimper en toute sécurité.

Au bout de plusieurs longues minutes elle s’arrêta et souffla un peu en regardant le paysage. C’était vraiment beau, la montagne. Elle imaginait que c’était similaire à voler : voir tous ces paysages d’aussi haut. Elle ne savait pas si pour autant, elle aurait aimé savoir voler. Peut être juste une fois, pour l’expérience ?
Elle repartit sur son chemin, commença à observer finement les plantes aux alentours, quand soudain, elle eut la senteur de Reine des prés. Ahah ! Par où ? Elle tourna sur elle-même, puis emprunta un chemin particulièrement esquinté. Cependant, elle ne tomba pas seulement sur des plantes, mais aussi sur le fameux loup Nakhu.
Ne sachant s’il l’avait entendu arriver, elle fit exprès de remuer un peu les cailloux sur le chemin de la patte en marchant, pour pas qu’il soit trop surpris de son arrivée.

« Bonjour, Sire Noé ! Comment allez-vous ? » demanda-elle.

Elle n’avait pas perçu son odeur bien, la dernière fois, alors elle n’aurait sans doute pas su le reconnaître plus que ‘Nakhu’. Elle resta à une distance de politesse, et s’inclina un peu en guise de salut.
« C’est la Reine des prés qui vous amène ? »

Une fois posé, Noé en venait à apprécier ces moments en terres libres, presque en Solitaire.
Oh, pas qu'il n'appréciait pas son statut de Nakhu : Bien au contraire, mais il n'était pas un individu des plus sociables et se sentait bien vite étouffé, après des contacts prolongés avec ses congénères. Partir seul, c'était l'occasion de ne croiser aucun visage connu, la plupart du temps (de toutes manières il ne connaissait pas grand monde) et, parfois, il devait bien l'avouer, feindre la surdité lorsqu'on lui adressait la parole.
Ce serait quelque chose qu'il n'avouerait jamais à voix haute, tant il craignait de passer pour quelqu'un de mauvais, ou manquant cruellement d'amabilité.
Il était seulement très introverti.

Concentré sur sa tâche, à sélectionner les plus belles fleurs, il ne sentit immédiatement la présence de Helga.
Sous sa peau, ses muscles se tendirent et il serra les crocs. Pour la tranquillité, c'était râpé.

- Bonjour.

Il l'observa brièvement, maladroit, puis, gêné, reporta son attention sur ses fleurs.

- Oui.

C'était pour cette raison qu'il en cueillait.
Uh, elle lui avait également demandé comment il allait.
Comment il allait, alors ?

- Je vais bien. Et vous ?

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