Émerveillement · Libre (Terminé)

Il est arrivé par ici depuis une forêt tout à fait classique.
Puis il a vu une terre triste et avec un peu trop de trous pour son propre bien a-t-il pensé, mais il y a croisé un loup Dinosaure qui lui a parlé d'une forêt cachée. De curiosité, et plutôt que de persévérer dans la terre pleine de failles, il est parti alors vers le sud pour trouver la fameuse forêt. Il a longé les rocs, parce que la montagne n'est pas vraiment son terrain non plus ; un peu trop d'éboulements, glissement de terrains et de pierres écharpées.

Il ne s'est pas attendu à réussir trouver la percée embrumée à son pied et pourtant... Il avance prudemment dans l'air chargée des odeurs d'automne. Il découvre avec stupeur mais émerveillement ce dont on lui a parlé. C'est incompréhensible, mais incroyable, que tous ces arbres soient rouges ou jaunes.

Il se dit qu'il l'a pressentit lorsque son sang a bouillonné en s'approchant de ces terres. Pas de colère, juste comme une réaction de la tare qui rejetait ce qui se passait là : c'est un endroit chargé de magie ici. Et tout ce qui rejette l'Ankou ou que l'Ankou rejette est effrayant ainsi qu'attrayant : peut-être enfin un but à sa fuite, à son errance.

Il marche sur une branche pointue.
Couinement et il rétracte son membre vers lui, pour voir le sang perler. Le labeur inlassable et inchangé, il soupire et bloque la plaie dans sa gueule le temps de la comprimer un peu. Il ne voit pas grand chose avec toute la brume qui se dégage des arbres, même s'il n'est jamais étonné de se faire mal n'importe comment il y a raison de plus avec ça et ses réflexions. Dès que le sang arrête de sortir il repose sa patte qui pulse d'une légère douleur mais n'est pas handicapée. Il essaye de mieux capter les sons autour de lui ; le vent dans les feuilles, comme des chuintements, puis... des pas dans l'herbe.

Il y a quelqu'un d'autre.
Son corps se recroqueville automatiquement et il se recule derrière un tronc.

De bruissement à froissement, il n'y a que quelques pas.
De quoi tendre ses épaules parce qu'une partie de lui espérait qu'ils diminueraient plutôt.

Il sursaute quand même lorsque la tête d'une louve apparait au détour du tronc. Ça n'a été que couverture partielle finalement, elle a pu le repérer facilement, c'est pour cela qu'elle ne s'est pas éloignée. Il faudra qu'il revoit son talent pour la dissimulation mais une autre fois, parce que ce qui l'interpelle chez la louve c'est... deux choses, en fait.

Ses cheveux.
Il n'a jamais vu tel volume. D'épais à fins, bouclés à lisse il a pu rencontrer mais des qui s'échappent comme ça presque à l'horizontal ça n'a jamais été dans les gênes des gens par chez lui. Incapable d'éliminer sa surprise il louche dessus pendant une longue, immense, gargantuesque seconde. C'est avec une petite inspiration sèche qu'il se reprend et se concentre sur l'autre chose qui l'a marqué.

Son ton enjoué.
Le sourire sur son visage brun est rayonnant, s'il peut dire. Sa question ne porte aucun malice et il a l'impression de pouvoir respirer à nouveau. Elle est gentille, avenante, tout du moins c'est sa première réaction. Et elle a posé une question, mince, il faut qu'il lui réponde, il vient de la dévisager en plus...

"Euh... oui."

Il tourne la patte piquée par la branche, où il y a une petite croûte rougie mais de laquelle le sang ne coule déjà plus. La blessure trône parmi toutes ses autres cicatrices. Un peu plus grande qu'une simple éraflure, bien moins que d'autres qui habitent son corps.

Casse-cou, mon copain, Thorn.
Un petit "hu ?" s'échappe de lui après qu'elle ne lui donne son nom avant qu'il ne hoche la tête pour signifier qu'il a entendu. Le reste est peut-être allé un peu vite, il n'a qu'une idée globale : elle a l'air très joviale. À ses yeux il ne peut vraiment être un ami mais qu'elle l'ai appelé ainsi passe un petit frisson en lui : il est content. Sa queue bat presque le tempo de son ressentit.

Mince, la question.
Il a déjà oublié ce qu'elle lui a demandé, il patauge un peu dans sa mémoire immédiate. Elle a eu l'air intriguée par son état donc ça doit être comme pour le loup étrange avec les piques et la corne : elle s'enquiert de pourquoi il a la tête qu'il a. Avec une grande inspiration, il énonce la blessure récente.

"Une branche. Je suis maladroit, c'est rien."

La maladresse est une partie de la chose... sans doutes.
Comme elle lui a donné son nom, et de manière globale délivré plus de lignes de dialogue que lui en presque une année à barouder, il sent une légère pression à se présenter en retour et de se faire plus bavard.

"Je suis Lùgh... ça vient du dieu Lug. Euh. Thorn c'est un surnom ?"

Voilà, parfait, une petite question en retour, de quoi alimenter la conversation.
Impossible de se féliciter bien longtemps, la vie et la tare continuent et d'un arbre se décroche un fruit. Bien fermée et ferme, la pomme de pin chute et embrasse son arcade à son arrivée avec un petit bruit sourd. Apeuré, il se recule et secoue la tête, pour constater qu'elle a laissé une plaie : comme tout ce qui lui arrive fait. Le liquide vermillon coule le long de son visage et il soupire.

Manquait plus que ça.

Plutôt malchanceux.
Il baisse ses oreilles rongées de blessures, une sueur froide le balaie. Elle ne peut pas savoir, c'est illogique et pourtant il doute quand même l'espace d'un instant. Une contraction du diaphragme consciente pour s'obliger à respirer. Ce n'est qu'une façon de parler pour Thorn pas-si-piquante. Impossible qu'elle sache à quel point cette affirmation est vraie, elle ne peut pas lire en lui. Tout va bien.

Un contact, ah ?
Sa plaie se retrouve recouverte de cheveux, que la louve vient d'arracher. Même pas le temps de traiter l'information qu'elle repart déjà en ayant vu quelque chose ; elle gobe tout rond un champignon tout de jaune fait. Il cligne des yeux, surpris de sa nonchalance et accepte bien malgré lui de tenir la touffe marron sur la plaie. Elle est... elle n'est pas piquante c'est certain. Elle est juste très, très énergique. Il a la pensée fugace que quelque chose à propos de ses cheveux volumineux et de sa petite taille vont très bien avec ce caractère dynamique.

Il inspire, émet un petit pet de bouche surpris mais pas négatif, et termine se tapoter sa plaie.
Puis il se lève pour la rejoindre à pas lents, jetant un coup d'œil vers les arbres pour guetter quelconque autre pomme de pin. Il est curieux, il n'a pas vraiment capté ce qu'elle a pu dire avant d'avaler tout rond sa pitance surprise, alors il demande.

"C'était quoi comme champignon ? Il est bon du coup ?"

Et puis... et puis un bruit.
La sueur froide revient chez Lùgh, au centuple. Peu importe la respiration qu'il pourra prendre cette fois, il sent bien qu'il ne pourra pas raisonner la peur qui mord son âme. Parce que c'est un bruit qui se traduit comme venant d'une grande créature. Hostile. Qu'il ne voit qu'en tournant un peu la tête.

Il hurle.

Il hurle, Thorn hurle, la cockatrice hurle.
Ça fait un nombre impressionnant de bruits pour une pauvre seconde.

Pas qu'il ai le temps, les capacités ou la simple envie de s'attarder sur tel constat. Ses pattes grattent le sol et il pédale dans l'hummus une demi-seconde avant de démarrer en trombe. Son instinct lui dit de fuir et il n'a pas l'arrogance de le contredire, content de ne pas s'être paralysé face à la menace.

Il n'a pas non plus la prétention de pouvoir aller bien loin.
Son corps est souple mais fatigable au possible, surtout quand l'effort démarre comme ça d'un coup et que son cœur bat déjà trop vite de la panique qui circule dans son corps. Il ne peut que compter sur l'adrénaline qui concentre sa vision en tunnel vers un buisson pour essayer de sauter dedans.

Qui l'empêche de voir que Thorn elle, fait tout son inverse.
Il se jette juste dans les feuilles et prie une flaque de boue qui couvrira peut-être son odeur. Dé 1 pour Lùgh, AGI 2 pour se coller dans le buisson. Il y tombe sans grâce, sans coupure non plus. Il s'en réjouit avant que les cris de l'immonde prédateur ne retentissent à nouveau et le fassent se recroqueviller. Il mord sa langue pour ne pas produire de couinement apeuré ou se mettre à pleurer.

Il a si peur, il ne pense pas pouvoir aider.
Il ne veut pas encore mourir. Par pitié.

Il n'entends que des grognements, puis la voix de Thorn.
Elle assure qu'elle va s'occuper de la bête, et il a envie de la croire.

Il ne remue que pour s'enfoncer un peu plus dans le buisson. Ensuite, il reste le plus immobile possible. La peur qui le paralyse aide plutôt bien. Par contre, le mâle sait qu'il ne pourra calmer la respiration rapide qui secoue ses côtes. Il s'attèle plutôt à la faire silencieuse.

Puis se met à prier ses dieux tout bas pour Thorn.
Il se demande s'il en existe par ici, dans leurs croyances. Pour le principe, il adresse une pensées à ceux-là sans les connaître, reste juste vague avec un si des entités veillent sur ces lieux, qu'ils aient pitié d'elle.

Il prie, si fort.
Les dieux ne sont pas avec eux, s'il en juge par ce qu'il entend.

Un frisson le parcourt.
Il a amené avec lui la malchance de l'Ankou, il va la faire tuer. Une boule nait dans sa gorge et il bataille contre son corps pétrifié. Il faut bien deux secondes avant que ses muscles ne répondent et qu'il ne puisse se relever, puis atteindre les feuilles du buisson où il se trouve. Les pleurs montent à ses yeux, les tremblements agitent ses pattes et son cœur remonte entre ses crocs.

Il va mourir de trouille, puis de honte d'avoir eu cette fin là.
Mais si ça marche, s'il peut gagner quelques secondes, précieuses...

Alors il agite les feuilles et les branches du buisson. Il fait bruisser la nature assez fort pour attirer l'attention de la bête. Il ne réfléchit pas à mieux. Il n'en a pas le temps, ni les capacités. C'est une simple action née de l'urgence et de l'insupportable idée de laisser quelqu'un mourir sans assistance, pour lui qui plus est. Il y met tout ce qu'il peut produire de courage.

Ce n'est pas grand chose.
C'est déjà ça.

Dé ING pour attirer l'attention de la cockatrice sur le buisson.

Il n'entends pas de pas vers lui ou de hurlement.
C'est un échec, et la mortification n'est qu'un sentiment de plus dans la pile qu'il trimbale. Qui enveloppe son cerveau et l'empêche de trouver quelconque autre solution. Il n'y a peut-être que sa voix.

"Thorn s'il te plait, fuyons !"

Il est implorant, paniqué.