La sortie de Papi ♖ Libre

La dernière fois qu’elle s’était rendue ici… Leikn avait vu Méluciole blessée par la prêtresse de la Tigresse. Une louve imbue de sa personne, qu’elle n’avait cessé de détester. Si égoïste… que plutôt de veiller sur ses jeunes enfants récemment nés, elle en avait laissé un se faire noyer.
Stupide, elle l’avait été Anianka.
Et dire qu’elle aurait pu être l’alpha des Lazulis… heureusement que la meute avait fini par se dissoudre au bout du compte. La Licorne renifle les roses de l’île, tout y est si calme. Malgré l’odeur des fleurs, elle sent l’odeur de son Bélier, s’en approche. Teddy semble si fatigué, vieillir… ça ne lui réussissait pas tant que ça.

« — Dire que je pensais que tu venais jusqu’ici pour prier… pas pour faire ta meilleure sieste. »

Un sourire taquin, alors qu’elle le touche de son museau. La patte passe doucement dans les cheveux blanc du brun (sans pour autant les décoiffer parce que la chevelure de Mosieur malgré son âge c’était sacré).

« — Donc t’as raté l’heure du goûter pour profiter du soleil ici ? »

Les p’tits fruits du goûter là... et les p'tits gâteaux…
Au moins, il avait eu l’énergie de se rendre jusqu’ici, Leikn ça avait fatigué ses muscles de grand-mère. La disciple d’Ao s’assit aux côtés de Teddy, tout en observant les alentours. Ça avait changé depuis sa dernière visite… depuis que le temple avait été détruit.

Un teint plus éclatant peut-être, n‘empêche qu’à force de dormir, ça lui faisait de p’tits yeux. Taquine, elle donna un léger coup d’épaule.

« — Deux fois ? Ma parole quel disciple dévoué ! M’enfin évites de baver dans ton sommeil, elle risquerait de pas apprécier que tu salisses son temple. »

Leikn conserva le silence un instant, observant Teddy se relever. Il était loin le temps où ils pouvaient partir à l’aventure ou faire ne serais-ce que deux bornes sans avoir l’impression de rendre l’âme. Ils étaient vieux. Teddy encore plus, même si le temps semblait bien plus clément avec lui.
Si tu n’étais absent que depuis une heure…

« — Eh faut bien que j’entretienne ma silhouette de princesse moi aussi ! »

Même si elle ne souffrait pas de la petite bedaine de son Bélier. M’enfin avec l’âge ses cheveux initialement roses étaient devenus blancs.
Un peu plus sérieuse, elle sourit doucement à Teddy, son regard porté un brève instant sur la statue de Moiro.

« — Je me doutais que tu serais ici… puis je me suis dis que ce serait peut-être l’occasion de croiser Prudy aussi, mais t’as dû lui faire peur en ronflant, p’tit papy. »

Ou peut-être était-elle juste occupée à observer diverses créatures qu’elle appréciait tant…

Tss, qu’il était bête. Leikn souffla sur les mèches blanches. Jalouse, elle ? Voyons, elle n’avait pas de raison, quand bien même son Bélier était un séduisant retraité, la concurrence n’était plus… et si une petite jeunette se mettait en tête de le séduire, et bien… la disciple d’Ao avait des cornes.

« — Les demi-dieux ronflent par contre. »

Mais cela me fait une douce berceuse pour m’endormir.
N’empêche que sous prétexte qu’il était un demi-dieu, il en avait pris des risques. Une âme charitable son Bélier, qui ne refusait jamais d’apporter son aide à quiconque le lui demandait.
À sa remarque sur les pics, elle laisse échapper un rire.

« — Les pics me garantissent que t’es assez en forme pour me répondre, Mister Bélier. »

Pour m’assurer que tu es encore dans le p’tit jeune causeur qui ne s’arrête jamais.

« — C’est vrai, il est loin le temps où et ses soeurs dessinaient sur ton pelage… maintenant elle en aurait sûrement profité pour te rendre encore plus parfait que tu ne l’es déjà. Elles sont devenues un peu plus sages nos filles… »

Un peu.
Le museau se glisse sous celui du Bélier. Les années étaient passées si vites. Elle se revoyait encore des années auparavant, écoutant vie son pouvoir ses filles se développer en son ventre. Leur naissance. Les premiers pas. Les premières bêtises.
Le bonheur à l’état brut.

« — Je les aime tellement. »

Chacune d’elles.
Que ce soit Onyx qui bien que petite ne savait pas esquiver les problèmes.
Que ce soit Prudy, qui de toute évidence avait hérité du sacré caractère du Bélier.
Que ce soit Agathe, sa géante de fille qui bien que dotée d’une âme solitaire, avait des convictions fortes qu’elle ne craignait pas de défendre.
Les sourcils se froncent, alors que Leikn laisse sa tête reposer contre le poitrail de son Bélier, ses yeux à moitié clos, observant le glowstick rose.

« — Je t’aime tant. »