֍ Grimalk. L'Illusioniste.

Grimalk.

֍ L’illusionniste.

Spoiler:

     

 « Who are you ? »
« No one of consequence. »

֍ Mâle d’environ 5 mois [DoB : 28/08/2021].
Déposé aux frontières Nakhus un matin brumeux en tant que solitaire, il sera très certainement amené à devenir l’un des leurs.
Sa famille est étrangère à ces terres, aucun de leurs noms ne saurait ici éveiller un souvenir. Il est néanmoins le lointain descendant de Tusk, fils qui naquit de l’union défendue de Noctius et Ëmöween.

Il sera amené à s’intéresser au glowstick d’Ao la Dragonne : reste à savoir si le destin fera de lui l’un de ses disciples.

 ֍ Physique.

Adolescent déjà, Grimalk est doté d’un physique imposant.

Mais ce n’est pas tellement grâce à une taille démesurée : adulte, il sera plus grand que la moyenne des mâles, mais de peu.
Ce qui le distinguera sera surtout sa masse : son corps est épais ; combinaison de membres solides, de muscles forts et d’un poil dense. Tout en lui exprime la stabilité, de son dos droit et robuste à ses pattes larges, même la morphologie de sa carrure semble faite pour rester proche de la terre : son tronc est plus allongé que la norme pour des pattes un peu plus courtes.
Sa démarche elle aussi aura tendance à le rapprocher du sol, tête et queue souvent laissées basses dans l’alignement de son échine, chaque doigt s’enfonçant dans le sol.

L’ensemble lui donnera presque une impression de lourdeur : rien d’étonnant, quand jusqu’à son squelette même la Minéralité vient alourdir ses os.

Un autre point assez notable de son physique est l’apparence hirsute qu’il dégage. Son poil est rêche, pousse en mèches désordonnées qui rebiquent. Il en va de même pour sa crinière de longs cheveux raides.

FOR | ●●○
AGI | ○○○
END | ●○○
ING | ●○○

 ֍ Particularités.

Minéralité.
Hérédité + Fashion Design. De ce lointain héritage issu de Punk Wolf, des gênes auront subsisté.
Son squelette est parasité d’or, son sang est nacré.
L’or provient de l’influence persistante de Noctius et n’aura pas lâché son corps, même s’il s’est peu à peu dilué jusqu’à n’être que résidus. Résidus qui se mêlent à tous ses os – et particulièrement à son crâne. Là où les mâchoires de cette descendance avaient été sur plusieurs générations entièrement pourvues de crocs d’or, cette particularité se sera peu à peu diluée voire effacée aux profits d’autres gênes… Avant de ressurgir. Grimalk se voit lui être un hybride possédant une alternance irrégulière de crocs de simple émail et de crocs d’or.
Ses griffes, elles aussi faites d’or chez nombre de ses ancêtres, en auront toute l’apparence mais ne le seront que sur une surface extérieure : l’alliage métallique se contente de les enrober et non d’en constituer le cœur.

Ëmöween, elle, possédait un sang de licorne, argenté et durcissant. Son héritage lui aussi se dilua, sauta des échelons, se régénéra.
Chez Grimalk, son influence restera minime : son sang coulera de la même couleur que celui des autres mortels, mais si on y prête attention, il apparaîtra légèrement iridescent, mêlé parfois de teintes plus claires et presque lactiques dans lesquelles dansent de minuscules éclats nacrés.
En séchant il aura tendance à durcir, formant une surface solide et lisse – bien que friable.

Noctuidae.
Don Inné. Ils dansent autour de lui, fantomatiques.
Des papillons violets naissent dans les airs qui l’entourent. Ils ne sont pas réels, pas vivants. Vous pourrez néanmoins sentir le battement de leurs ailes s’ils venaient à se prendre dans vos cheveux, ou n’est-ce qu’une illusion ?
Grimalk n’a que peu de contrôle sur leur apparition. Ils sont de toutes formes et toutes espèces, connues ou inconnues, et partagent tous ces particularités : ce violet translucide qui luit faiblement et ces motifs qui ne suivent jamais les mêmes lignes mais pourtant se ressemblent tous dans l’entrelacs psychédélique de leurs formes.
Le loup n’a pas non plus de contrôle sur leurs actes. Bien qu’ils tendent à stagner autour de lui, ils peuvent se poser non loin, voler plus loin… Ils existent, autant que ces spectres immatériels peuvent exister, mais ne répondent à aucune commande, sont tout au plus une trace de son passage.

Ils subsistent tout au plus une trentaine de minutes après leur apparition avant de tout à fait disparaître, mais se dissipent lentement, si bien que dans les dernières minutes de leur non-vie il n’en restera que des contours à peine perceptibles.



Epilepsie.
Est-ce conséquence de ce métal qui lui vrille littéralement le crâne et dont un fragment se serait perdu dans son cerveau… Nul ne le sait.
Grimalk est épileptique. Il ne sait pas ce que ça veut dire, ne sait même pas ce dont il s’agit et que l’origine de ces étranges absences et moments de flottements est en réalité la conséquence d'une maladie neurologique.
La plupart des manifestations chez lui ne sont pas spectaculaires, et sont même difficiles à remarquer pour qui n'est pas observateur. Elles se traduisent par des crises d'absence et d'autres crises partielles qui perturbent ses sens mais sont presque invisibles au monde extérieur.
Des décrochages de son attention de plusieurs secondes, des hallucinations sensorielles, parfois quelques mouvements incontrôlés d'un membre ou l'agitation spasmodique d'un muscle... Là sont les symptômes les plus visibles de son trouble.

En revanche, bien que quelques crises puissent de manière exceptionnelle se généraliser, se complexifier et s'aggraver sous des circonstances particulières, il n'est pas atteint du "grand mal".

Du moins, pas de manière naturelle.

Son pouvoir de glowstick aura très certainement des conséquences aggravantes qui le laisseront plus vulnérable à pareille manifestation de la maladie.


Croissance lente.
1 à 3 Lifting appliqués dans sa jeunesse. De là d'où il vient, la jeunesse dure plus longtemps : le corps se construit lentement, il mature à petit feu. Son apparence d'adolescent ou jeune adulte -selon les points de vue- sera donc plus durable que chez un local de Punk Wolf : il mettra l'équivalent de deux années pour, lui, pleinement transitionner d'un corps de loup de un an à celui de loup de deux ans ; et au-delà encore, sa croissance progressera plus lentement que la norme pour un loup.


Hàrif, Maître des Lames.
Parmi les siens, Grimalk était destiné à savoir manier les lames.
C'est un rôle qu'il n'aura pas choisi mais qu'il accepta comme faisant partie de lui.

Six couteaux de lancer et une lame de corps, c'est à peu près tout ce qu'il lui reste de cette autre vie.
L'héritage qu'il apprendra à maîtriser.


La Frénésie.
Pouvoir glowstick. Le don divin qu'il obtiendra s'inscrira dans la continuité des illusions qui apparaissent autour de lui.

À l'obtention de celui-ci, son œil gauche se verra entièrement modifié : il changera non seulement de couleur, mais de structure aussi. Plus de distinction entre sclère, iris et pupille : l'ensemble deviendra bleu et marqué d'une spirale violette.
Par le miracle de la magie divine, il pourra toujours voir par son biais... En temps normal, du moins.
C'est par cet œil que prendra effet le premier acte de son pouvoir.

Car c'est en le fixant qu'un autre individu ne pourra alors plus s'en détourner pendant de longs instants si Grimalk le décide. C'est en le fixant que cet œil étrange se mettra à tourner sur lui-même. C'est en le fixant qu'il verra apparaître autour de lui, dans un flou rapide et distordu à en faire tourner la tête, des choses qui jusqu'alors n'existaient pas. Dans cet état de transe et de conscience altérée, l'Illusionniste débutera son spectacle.
L'individu ciblé aura alors l'impression de se trouver lui-même dans une version agrandie de la spirale de l'œil de Grimalk, engagée dans une rapide rotation. Tant qu'elle tournera, les hallucinations vivront : violettes et lumineuses là encore. Elles semblent être au recoin de votre œil, cachées aux confins de votre champ de vision, mais quand vous vous tournez pour mieux les voir, elles s'échappent encore pour retourner danser à une autre extrémité.
C'est à en devenir fou.
Ils ne seront plus seulement des papillons à naître de sa présence : ils pourront être tout. Des bêtes, des créatures abstraites, des formes fantasques. De l'absurde, du grotesque, du terrifiant et déroutant.
Grimalk n'a pas de contrôle sur les illusions qui envahiront votre champ de vision : elles puisent dans votre esprit et dans on ne sait quoi pour s'animer, pourront être vos peurs comme vos désirs... Tout, tant qu'elles captivent votre conscience et volent votre attention.
Car même si l'action de ce pouvoir ne dure en général que quelques secondes, vous aurez eu l'impression d'avoir été absorbé pendant un temps indéfini. Un peu comme si vous aviez été victime de l'une des absences que lui subit de par sa maladie, qui vous laissera confus et quelque peu hébété une fois libéré.

Mais les illusions ne sont que le premier acte de son pouvoir.
La Frénésie est le deuxième, et la Frénésie est incontrôlable. Là où en temps normal Grimalk peut se servir de son pouvoir sur d'autres au prix assez minime de quelques migraines, une grande fatigue et par conséquent des crises épileptiques amplifiées... Quand il est en proie à une forte émotion ou qu'il est déchaîné, son pouvoir deviendra un gouffre sans fond d'énergie.
La Frénésie est cet état durant lequel les illusions cesseront subitement tout effet contre les autres et où toute la puissance de son pouvoir se concentrera à l'intérieur de lui-même.
Et les illusions de devenir siennes. Pour lui indiquer cette fois où frapper.
Car c'est uniquement motivée par la violence que survient la Frénésie, c'est uniquement pour déchaîner sa puissance qu'il perdra contrôle de lui-même pour devenir bête sauvage fermée au monde extérieur.

Le passage à ce mode berzerk sera facilement identifiable, car l'énergie de ses illusions se mettra à briller depuis son intérieur. De ses narines et de sa gorge, Grimalk exhalera cette lumière bleue-violette.
Le passage vers la Frénésie n'est quelque chose qu'il ne peut ni provoquer, ni retenir, ni arrêter une fois qu’elle se déclenche.
La seule chose qui le tirera de cet état sera l'inconscience. Par son propre épuisement, ou vaincu par l'adversaire. Dans tous les cas, même s'il venait à triompher du combat l'ayant plongé dans la Frénésie, il chercherait toujours à attaquer. Vaut mieux alors ne pas se trouver sur son passage ou bien être en mesure de le restreindre physiquement.
Son énergie étant un gaz qui brûle vite, il finira par être écrasé d'une fatigue si intense qu'elle le plongera dans une crise généralisée d'épilepsie. Et par action combinée de la trop grande énergie consumée et de la crise, Grimalk sera plongé dans le coma pour plusieurs jours.

Utilisation en combat:

 « Maybe there is a beast…
Maybe it’s only us. »

[ D'inspiration ISTP. ]

Comment le décrire, lui si jeune et déjà si complexe ?

Comme toute jeune âme, ce qui le résume est soumis à changement et évolution, à renforcement ou atténuation. Ce sont néanmoins des bases solides. Pour de nombreuses raisons, Grimalk semble peu prompt à une évolution drastique.
Mais cela reste à voir.

Détaché. C'est peut-être l'un des premiers adjectifs qui peut survenir pour le décrire.
Grimalk n'a pas vraiment l'air de chercher à se mêler aux autres  et à leurs problèmes. L'empathie n'est pas non plus son fort : il y a de fortes chances pour que vos émotions n'éveillent pas chez lui la contrepartie attendue.
Ce n'est pas qu'il ne les comprend pas et ne sait pas les reconnaître, ces émotions.
Il a simplement une forte tendance à ne pas y accorder grande importance.

De par son côté introverti et le besoin qu'il a d'être seul pour formuler son approche au monde et se concentrer, Grimalk aura une certaine tendance à la solitude volontaire.

Adaptable. Ne croyez pas pour autant qu'il en est inapte à vivre en société.
S'il le souhaite, Grimalk est tout à fait capable de faire semblant. Il n'a pas de difficulté particulière à comprendre et à savoir décrire les émotions de ses pairs. Et s'il y voit un quelconque intérêt, prétendre y accorder de l'importance ne lui sera pas difficile.
La majorité des éléments d'une routine l'ennuient, se conforter dans ce qui lui est facile également ; il aborde les éléments comme ils viennent et s'y confronte d'une manière frontale.
Adapter son attitude à la vie de meute, en assimiler les codes et s'y intégrer ne sont pas des problèmes.
Ce n'est qu'une compétence de plus qu'il aura pris plaisir à apprendre et à maîtriser.

Analytique. Mais même de loin, il vous observe.
Pas que les autres individus de son espèce, d'ailleurs. Grimalk aura tendance à se verrouiller sur quoi que ce soit captive son attention, et ce peut être n'importe quoi. Un détail inhabituel sur une pierre, un reflet dans l'œil d'un insecte, un rayon de soleil qui traverse la canopée.
Ou l'une des innombrables particularités qui se trouve chez les habitants de ces terres. Leurs habitudes et leurs tocs ne lui échapperont pas non plus s'ils captivent son attention ne serait-ce qu'un instant.
Il ressent un désir impérieux de décortiquer les choses, de comprendre comment elles fonctionnent, et il ne se pose pas réellement de limite pour y parvenir.

Et s'il n'est presque pas capable de se figurer une vision globale d'un concept, il collectionne en revanche une impressionnante quantité de petits détails et tableaux.
Il ne faudra pas se surprendre que dans ses accroches envers les autres, ce soit par de tels détails potentiellement insignifiants - selon la norme -  qu'il définisse quelqu'un.


Indépendant. S'inscrivant aisément à la suite de ces éléments, vous aurez sans doute déjà compris que Grimalk ne ressent pas le besoin de s'appuyer sur quelqu'un d'autre que lui-même pour vivre.
Il trouve stimulation nécessaire en la compagnie de son propre esprit, ne cherche pas l'approbation de ses pairs ni à recueillir leur avis.
Si quelque chose doit se faire, il préférera emprunter la voie qui l'intéresse lui, sans grande considération pour les autres.
Individualiste, pourrait-on dire de lui sans trop se tromper.
Sans être égoïste non plus : son détachement envers les sentiments des autres se retrouve aussi dans son rapport à ses propres ressentis. Il a  tendance à ne pas les prendre en compte et à les laisser de côté pour focaliser son attention sur quoique ce soit d'autre qui est plus intéressant à ses yeux. En règle générale, il ne cherchera pas à exploiter ou utiliser quiconque -  il peut même se mettre en retrait et s'oublier complètement si c'est la course d'action qui lui parait la plus à même d'éveiller sa curiosité.

Imprévisible. Pas vraiment fiable, pas tout à fait stable.
Grimalk n'est pas un élément fixe qu'il est possible d'appréhender avec certitude.
Il est constamment en ébullition, en permanente vibration : impulsif, il répond à des stimulus immédiats et les attrape au vol. Téméraire, il est attiré par le risque et les activités susceptibles de provoquer des fortes sensations. Au mépris d'un travail de réflexion préalable et de considération de ce qu'il pourrait ressentir en cas d'échec, sans doute un peu trop sûr de ses capacités à maîtriser rapidement un sujet et à être efficace en situation de crise.
Et ces émotions qui parfois s'empilent en lui mais qu'il a mis de côté... Parfois, elles explosent.

Dur de savoir ce qui pourrait le faire vriller.

Excessif. Et si telle chose venait à se produire, il y a de fortes chances que de rails de sécurité il n'y ait plus.

Lancé dans l'engrenage de sa lubie, Grimalk ne trouverait sans doute qu'épuisement pour l'imposer à lâcher prise.
Immodéré dans ses désirs, on pourrait dire de lui qu'il manque des inhibiteurs dont sont classiquement dotés les autres. De ces freins et ces barrières qui préservent et rétrogradent au lieu d'appuyer sur l'embrayage.
Ce n'est pas tellement par besoin de puissance ou par satisfaction de se confronter à l'autre.

C'est simplement vivre le cœur battant ces instants qui l'appellent et l'attirent, fusionner le champ des possibles et l'arbre des choix qui aurait pu quelques instants plus tôt se dessiner dans son esprit en une unique voie rapide.

Obsessionnel. Vous vous souvenez, de ces détails qui le captivent ?

Sa recherche constante de nouveaux sujets, de façons d'éclater le quotidien autour de lui, l'attireront vers certains éléments plus que d'autres. Lui-même ne saurait pas nécessairement le prévoir : il y a simplement des choses qui accaparent toute son attention, c'est tout. Derrière chaque fait se cache peut-être nouvelle passion éphémère.
Qui deviendront des obsessions pour un temps plus ou moins long - de nouvelles possibilités de se plonger à corps perdu dans la dissection d'un, dans l'absorption d'un savoir, dans la possession d'un petit quelque chose d'unique qu'il ne voudra rien que pour lui -  au moins le temps d'en avoir finir avec.

Et sans doute vous mettra-t-il mal à l'aise , si c'est à vous que se rattache pareil élément.

Volage. Par chance, il reste l'espoir d'un intérêt très passager.

Sa forte tendance à se laisser embarquer par de trop nombreux stimulis et son besoin de s'investir sans modération dans ce qui l'attire fait aussi de lui quelqu'un de prompt à s'ennuyer rapidement.
Alors à l'exception de quelques domaines, qui sans doute seront l'affaire de toute une vie à explorer sous de nouveaux angles, Grimalk s'adonne à des passions versatiles.

Ce qui l'aura consumé des jours durant pourrait bien devenir insignifiant quelques jours plus tard.
Sans doute en ira-t-il de même pour ses relations, dans la difficulté qu'il a de les considérer comme autre chose que d'autres mécaniques à décortiquer.

Proactif.  La passivité n'est pas un état qui lui convient.
Malgré le recul introverti dans lequel il se tient en général en début de course afin de considérer ses options, il s'oriente très rapidement vers l'action.
Car il se teste encore et encore, il entrechoque la réalité avec ses acquis, il se sait capable d'être efficace dans des situations d'urgence.
Les difficultés et la complexité ne m'effraient pas : elles l'excitent. Ce n'est qu'un obstacle de plus à franchir, après tout.
De ce fait, Grimalk sera prompt à faire preuve d'audace, à se détacher des règles établies et d'une quelconque autorité, à oublier tout ce qui serait susceptible de le retenir dans des manœuvres trop étroites et inadaptées à sa manière de faire -  sans doute pourrait-il en devenir autoritaire, s'il s'avérait qu'il ne puisse progresser seul et que soumettre à ses ordres d'autres individus soit la voie à suivre.

«  Somewhere between dust and the stars »

L'ombre devant lui est immense.

Cette ombre a un visage - froncé, il doit être mécontent -  et la pointe de quelques crocs dépassent de sa gueule noire.
Le contraste est saisissant.

<<  Il doit partir.  >>

Sa voix tonne, gronde. Il parle en le regardant avec des yeux aussi tranchants que ses mots, mais Grimalk voit surtout les rayons du soleil du soir qui traversent son oreille trouée.
Comme un vitrail.

<< Mais il...  >>

<<   Silence !   >>

Celle aux boucles d'ivoire se recroqueville sous l'explosion de la voix qui ordonne.
Grimalk comprend qu'il est le sujet de discorde, par mimétisme courbe l'échine et s'aplatit un peu au sol.
Oreille Trouée toujours le fixe.
Il y a beaucoup de répulsion dans ses yeux bruns, il croit y déceler aussi un peu de regret.

<<  Il n'y a pas d'autre choix, tu le sais bien.  >>

Ses mots ne sont plus si sévères et  celle qui s'est opposée se redresse un peu, hoche la tête d'un geste timide. Résignée.
C'est un mouvement qui pousse ses boucles à s'entrechoquer dans une mélodie subtile.

Grimalk voit bien la direction de son regard à elle, billes d’or rivées vers le sol. Elle ne se confronte pas à l'Oreille Trouée qui l'a fait s'écraser – elle accepte sa situation et reste dans le silence, mais il pense que ce n’est pas juste qu’Elle soit par terre et muette, quand Lui trône en hauteur et aboie fort.

Alors lui le regarde, du haut de son petit corps et de ses yeux que les Autres n’aiment pas croiser.

֍ ֍ ֍

L'Ombre Chef tolère qu'il reste quelques semaines de plus.

C’est Celle qui s’écrase, qui lui a dit : parce qu’il était trop jeune, et qu’il n’avait pas la cruauté de lui imposer l’exil si tôt. Alors Grimalk continue sa vie auprès des siens comme les jours d’avant.
Mais de jour en jour les yeux qui se posent sur son passage sont de plus en plus sombres.
Il remarque les chassés exagérés qu’ils font pour ne pas le frôler, les pattes qui s’agitent plus vite pour rester le moins longtemps possible à sa proximité.

Il n’y a bientôt plus qu’Elle pour toujours le laisser venir sans fuir, et Balafré aussi. C’est celui qui lui apprend comment mettre son harnais, même s’il est pour l’instant trop grand – depuis tout petit, on lui avait dit que ce serait le sien.
Même s’il doit partir, Balafré lui a dit qu’il peut le garder.
Il lui apprend aussi comment tenir les couteaux et les bases de l’équilibre, tant dans son corps que dans les lames, parce qu’un jour il aurait dû les manier pour Eux – et puisque la tradition était ainsi faite, Lui continuera de s’occuper de son éducation jusqu’au jour où il ne sera plus là.

Et Lui saura peut-être, pourquoi tout le monde déploie ces mécanismes pour s’éloigner de lui.

Il soupire à la question, range la longue lame dans l’un des étuis accrochés à son corps.

<< A cause de ce qu’il y a dans ton sang, petit.   >>

Il s’en va déjà et ne le regarde plus.
Grimalk a pour habitude que Balafré réponde à toutes ses questions. Il n’est encore jamais parti sans lui avoir tout expliqué en détails pour être sur qu’il ait compris.

Mais il lui manque énormément de détails aujourd’hui, et Boucles d’Ivoire ne veut pas lui répondre.

֍ ֍ ֍
C’est encore Elle qui s’exclame d’un cri étranglé quand elle le trouve couvert de son propre sang, quelques heures plus tard.

Ça fait venir les autres en alerte : ils s’amassent et s’approchent plus près que d’habitude – enfin ! – mais pour peu de temps.
Certains sont troublés, d’autres effrayés – la plupart s’éloignent en silence et attendent d’être loin pour murmurer à leurs comparses.
Il n’entend pas grand-chose, juste parfois un mot qui revient plus souvent que les autres.
Nash-râa.

Les jours suivants, il n’entend presque plus que cette appellation pour le définir, lui que l’on appelait encore parfois Hàrif-rëk, Future Lame.

Maintenant il n’est plus que Nash-râa dans une gueule, Nash-râa dans l’autre.
Mauvais augure.

Et il ne sait toujours pas pourquoi : il n’a rien trouvé de particulier dans son sang qu’il a extrait pour l’observer.

֍ ֍ ֍

Ce jour-ci, il pense enfin comprendre.

Il a suivi un autre jeune, un peu plus âgé, et il a fait couler son sang à lui.
Car comment savoir ce que le sien a de si particulier s’il ne sait pas à quoi ressemble celui des autres, de ceux qui avaient le droit de rester ?

Le jeune a hurlé et les autres sont encore venus.
Il n’y a plus que de l’inquiétude et du questionnement dans les yeux tous braqués sur lui : il lit beaucoup de haine et de peur.
Mais avant qu’ils ne l’attrapent brutalement pour le tirer ailleurs, il a pu voir.

C’était vrai, que le sang de l’autre était différent.

Il trouve que le sien est plus intéressant.

֍ ֍ ֍

Il n’a plus le droit de vivre avec les autres.

Il reste dans une tente à l’écart, il attend pendant qu’il entend le monde continuer sans lui derrière les tissus rouges. Même ses sœurs n’ont pas l’autorisation de venir.
Boucle d’Ivoire vient le voir, toujours aussi courbée, toujours aussi désolée dans son attitude.
Elle lui dit plusieurs fois qu’elle aimerait qu’il en soit autrement, mais qu’il devra partir encore plus tôt – elle ne le regarde jamais dans les yeux même quand lui cherche son regard, elle s’éclipse ensuite très vite.
Il ne comprend pas pourquoi si ça ne lui plaît pas, elle ne le dit pas à l’Ombre Chef.

Balafré vient le voir aussi.
Lui ne cherche pas à fuir ni à détourner ses prunelles.

Il est le seul qui continue à l’appeler Hàrif-rëk ou petit, et il ne lit toujours pas de haine sur son visage. Juste une forme de chagrin.

Il lui dit qu’il faudra beaucoup marcher.

Grimalk répond que ça ne le dérange pas – ils étaient un peuple nomade, après tout.

֍ ֍ ֍

Le jour du départ l’est pour tout le monde.

Tout le clan reprend la route vers un autre camp, lui devra aller dans une autre direction.

C’est la première fois depuis de nombreux jours qu’il revoit la lumière du soleil sans qu’elle soit filtrée par les tissus rouges de la tente. Les autres se sont placés loin de lui – volontairement – mais il sent quand même tous leurs regards sur lui.
Ils doivent être heureux de le voir enfin partir.

Il y a Elle et Lui qui l’entourent quand l’Ombre Chef s’approche avec ses crocs trop longs et ses oreilles trouées. Il le toise en gonflant son buste plus haut que d’habitude – Grimalk trouve que c’est inutile, il est déjà beaucoup plus grand que lui.

Les derniers mots qu’il lui adresse sont secs et sans chaleur malgré le soleil qui les assassine, il ne s’attarde pas longtemps avant de faire volte-face et de le laisser dans la poussière. Il lui a donné le droit de dire au revoir à ses sœurs.
Alors Grimalk s’exécute et revient ensuite se placer à côté de Balafré.
Boucle d’Ivoire a les larmes aux yeux – aujourd’hui, elle le regarde – et le visage qui tremble, elle devait l’accompagner mais l’Ombre a décidé que l’absence d’un seul serait déjà de trop.

Elle le serre entre ses pattes et lui remet une de ses boucles – pour ne pas les oublier ; elle dit, mais Grimalk sait déjà qu’il n’a aucune raison de les oublier, puis elle se répand en milles excuses avant de se retirer, les épaules secouées de sanglots.

Il prend quelques secondes pour regarder les arabesques formées par le sable qui s’envole derrière elle.

Puis lève les yeux sur Balafré, prêt à le suivre.

« We don’t even ask happiness, just a little less pain. »

Mon pseudo est Eredhys ou 10 pour les intimes et flemmards ; j’ai utilisé les lots Fashion Design et Pouvoir Inné. Je mettrais bien les codes, mais je crois que c’est inutile.