A la recherche de réponses [PV Holly]

Droite, le museau en l'air et le regard mobile, Holly était attentive.
Il y avait eu des intrusions de solitaire, dernièrement, sans que personne ne réagisse et cela ne plaisait guère à l'Alpha qui prenait alors sur son temps de repos pour patrouiller dans son coin, prête à en découdre avec le premier inconnu croisé.
Plus aucun Solitaire ne commettrait l'affront de franchir leurs frontières.

Ses oreilles pivotèrent vers l'arrière lorsqu'elle sentit l'odeur familière de l'un de ses enfants et, plus précisément, celle de sa petite dernière.
Son expression alerte changea du tout au tout pour se parer d'un sourire rayonnant.
Elle aimait toujours passer un moment avec ses enfants.

- Je t'écoute, ma puce.

La patrouille attendrait : Ses enfants primaient sur tout le reste.

Ah.
Etait-elle réellement la plus légitime pour répondre à cette question, étant donné ses derniers échecs amoureux ?
C'était pourtant à elle que la question était posée. Holly réfléchit alors : Que souhaitait donc savoir sa fille ? Ce que l'on ressentait, lorsque l'on était amoureux ou ce qui faisait que ce lien était si spécial par rapport au reste.
De par ses blessures, il y avait cette petite voix, dans sa tête, qui lui donnait une réponse si simple et stupide "C'est quelque chose qui fait forcément mal, un jour ou l'autre".
Mais elle savait aussi que l'amour pouvait être beau.

- C'est quand tu ressens pour quelqu'un, ou pour plusieurs personnes parfois, quelque chose d'un peu spécial. Tu le sais, par ce que tu as le cœur qui bat un peu plus fort lorsque tu es ou que tu penses à cette ou ces personnes, c'est une sensation étrange et unique que je ne saurais décrire avec exactitude. Ce n'est pas quelque chose qui se maitrise, l'on ne choisit pas d'être amoureux ou non. Il peut te tomber dessus, comme ça, lorsque tu croises quelqu'un d'un peu spécial, pour toi, ou il s'installe doucement, au fur et à mesure des échanges avec une personne.

Son regard se posa sur Iris.
Avait-elle tout compris ?

- Tu penses être amoureuse de quelqu'un ?

Attention.

L'Alpha bleue ne put empêcher un sourire amusé de venir étirer ses babines, en réponse à la réaction de sa fille qu'elle attira tendrement contre elle, d'une patte.
Elle n'avait aucune idée de si son enfant lui mentait, ou non, mais finalement ça n'avait pas d'importance par ce qu'elle arrivait à l'âge ou les jeunes prenaient peu à peu leur indépendance sur certains sujets. C'était donc son droit, de cultiver son jardin secret et Holly resterait présente pour répondre à ses questions.
Elle hocha la tête.

- Oui, ou même de quelqu'un qui n'a pas de genre défini. Ou de plusieurs personnes, tant que tout le monde est consentant... il n'y a pas de règle strictes.

Elle espérait ne pas la perdre d'avantage.

Les questions d'aujourd'hui tourneraient donc autour des relations.
Cela lui convenait, quand bien même elle n'était toujours pas la meilleure pour parler de ce genre de choses.

- Honnêtement, je trouve l'amitié bien plus simple que l'amour. Des amis, l'on peut en avoir peu, ou beaucoup, et cette amitié peut avoir différents degrés, d'un simple copain, ou copine, à un meilleur ami à qui l'on est fortement lié. Les moments entre amis sont précieux et agréables.

Mais entre l'amitié et l'amour, la frontière était si mince. N'était-elle pas tombée amoureuse de sa meilleure amie, après tout ?

Ah ça.
Il n'y avait, dans leur génération, pas tant de loups que ça. Si elle savait que Nirvana s'entendait particulièrement bien avec les enfants de Perrine, qu'en était-il pour ses petits derniers ? Iberis en parlait peu, de tout cela, et Iris, elle, semblait chagrinée.

- Il n'y a pas vraiment de façon de faire. L'amitié se forge au fil des rencontres : il y a forcément des loups avec qui tu t'entendras mieux que d'autres, au cours de ta vie. Le plus important, je pense, c'est de rester soi-même.

Elle sourit.
Il n'avait pas été trop difficile pour elle, de tisser des liens avec les siens. Alors, pourrait-elle vraiment aider sa fille ?

Elle pouvait la comprendre, cette peur, pour l’avoir connue des années durant.
Puis un jour, après deux relations désastreuses et, surtout, terminée, elle s’était retrouvée confrontée à ses angoisse, s’était vue, plus que jamais, vieillir seule, sans amour et sans famille, en tant que celle qui n’avait personne d’autre qu’une meute sur qui veiller et une poignée d’amis.
Holly avait toujours su que cela ne pourrait lui convenir, qu’elle finirait par la tuer.

Ça avait été la raison de cette adoption, puis d’un ventre rond et de la naissance de deux petits-êtres venus rejoindre leur grande soeur.

Elle se voyait presque en Iris et cela ne lui plaisait pas.
Sa fille, elle voulait l’épargner de ses tourments.

- Tu ne seras jamais seule, mon bébé. Moi, je t’aimerai toujours. On est une famille et, au delà, membres d’une meute forte. Je suis certaine que tu parviendras à te faire des amis.

L’Alpha se voulait être optimiste : Tout irait bien de ce côté là. Sa fille avait, au moins, la chance d’avoir connu une enfance moins malheureuse que l’avait été la sienne. Elle avait une famille et était aimée, tellement aimée.
Leurs chemins seraient donc forcément différents.